Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 49 : VIII L'Ankou

2635 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/06/2019 11:48

CHAPITRE VIII : L’ANKOU

 

C’était la première fois qu'Ariana entendait le nom de ce vaisseau. Par contre, le nom du capitaine lui évoquait vaguement quelque chose. Elle jeta une œillade à Tony. Il semblait en savoir un peu plus qu’elle sur le sujet à son expression.

— Morbrez ? répéta-t-il. Ça me rappelle une vieille histoire qu’on me racontait quand j’étais enfant. L’histoire du navire pirate « La Mort » commandé par le capitaine Mortbreuz. Mais ce n’est qu’un conte.

Ariana se souvenait maintenant en avoir parlé une fois avec Tony et Julia.

— Je crois que le temps à légèrement modifié les noms, sourit le capitaine Morbrez.

— Vous voulez dire que ce vaisseau, c’est « La Mort » de ce conte ? questionna Ariana. Le nom me semble très différent.

— En fait, dans ce cas c’est une traduction. L’Ankou désigne la mort personnifiée en breton. C’est une légende celte.

— Donc vous voulez dire que ce vaisseau était d’abord un navire sur Terre avant de devenir un vaisseau, dit Tony. Et qu’il vogue, sur les océans et dans l’espace depuis le seizième ou dix-septième siècle.

— En fait, le voyage de l’Ankou a commencé bien avant ça, il existe depuis près de mille trois cents ans je dirai.

— Mille trois cents ans ! s’exclama Ariana. Et depuis, le capitaine s’appelle toujours Morbrez ?

— Je veux bien tout vous expliquer, mais nous pourrions nous mettre plus à l’aise, proposa le capitaine Morbrez. Et vos compagnons le voudront sûrement aussi.

— Nous ne sommes pas encore sûr de pouvoir vous faire confiance, dit Tony.

— Oui, je comprends. J’ai une solution pour vous convaincre définitivement.

— Laquelle ?

— Je vois avec plaisir que tu n’as rien perdu de ta prudence, lança une voix. Et Ariana à l’air de rester sur le qui-vive aussi. C’est bien, elle progresse.

Ariana n’en crut pas ses oreilles. Ça ne pouvait être possible. Ça ne pouvait pas être… lui ! Et pourtant, cette voix, ce ton légèrement cynique… Elle regarda vers l’entrée du hangar. Et là, elle le vit apparaître, son habituel sourire moqueur aux lèvres, mêlé à une certaine douceur dans le regard quand ses yeux se posèrent sur elle.

— Je me disais bien que j’avais senti une présence familière, dit Tony. Tu sais que Julia va te tuer.

— Moi qui viens à peine de ressusciter à vos yeux, ce serait dommage.

Alex s’avança jusqu’à eux. Il s’arrêta juste devant Ariana et lui adressa un sourire plus doux.

— Tu vas bien ? demanda-t-il.

Ariana était estomaquée. Des mois à le croire mort et tout ce qu’il trouvait à lui demander c’est si elle allait bien ! Elle aurait aimé lui répondre, lui lancer une réplique cinglante pour se venger. Mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Les yeux écarquillés, elle leva une main vers son visage et lui toucha la joue pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. Alex apprécia ce contact.

— C’est bien moi, dit-il.

Alors, les yeux éberlués d’Ariana se remplirent de fureur et sa main le gifla violemment. Elle savait très bien qu’il aurait pu l’esquiver mais il n’en avait rien fait. Il lui adressa un sourire appréciateur :

— Tu as gagné en force.

— Pourquoi n’es-tu pas revenu ? questionna-t-elle. Si tu savais tout ce qui s’est passé pendant ton absence.

— On en parlera plus tard si tu veux bien. Seul à seul. Je te dois une explication et tu l’auras. Mais comme a dit Rozenn, nous avons beaucoup de choses à aborder et nous serions plus à l’aise ailleurs.

Tony acquiesça immédiatement et donna l’autorisation aux équipes STAR et UA, ainsi qu’aux équipages de débarquer des navettes. Certains s’accrochaient à leurs armes, prêts à s’en servir.

— Pour tous, mesures de sécurité, ordonna Tony. Nous ne sommes pas à bord d’un vaisseau ennemi.

Les chefs d’équipe UA furent les premiers à réagir en répercutant l’ordre à leurs hommes. Les STAR les imitèrent, rendant leurs armes inopérantes. Le capitaine Morbrez demanda à un homme d’approcher.

— Mon second, le lieutenant Yvain Morbrez, va vous montrer vos quartiers et vous donnez les consignes de vie à bord, dit-elle.

— Suivez-moi, lança le lieutenant.

— Un cousin ? questionna Tony.

— Mon frère, répondit Rozenn. Venez avec moi.

Nayu et Zoé suivirent le lieutenant. Kat se joignit à Tony et Ariana. Rozenn Morbrez les emmena jusqu’à une petite pièce qui devait servir pour les repas en petit comité et les réunions. Elle les invita à s’installer autour de la table et leur proposa des boissons et des sandwichs.

Ariana s’assit naturellement à côté d’Alex, sans vraiment s’en rendre compte. Elle avait encore du mal à croire qu’il se trouvait là, tout près d’elle. Elle ne pouvait s’empêcher de lui lancer des œillades. Parfois, il les interceptait d’un léger sourire.

Une fois qu’ils furent tous servi, Rozenn prit la parole :

— Alors je crois que votre dernière question concernait le fait que depuis que l’Ankou existe, il a toujours été commandé par un Morbrez. C’est effectivement le cas. En fait, ce vaisseau est particulier. Et sa particularité principale c’est d’être liée par le sang à la famille Morbrez.

— Une magie du sang, fit Tony.

— D’une certaine manière. En fait, ce vaisseau mêle la technologie, la magie sorcière et la magie eldare.

— Comment est-ce possible ? Il y a mille trois cents ans, les Eldars vivaient en isolement. Et mêlé magie et technologie c’est…

— De la technomagie, finit Alex. J’ai pu un peu étudier ce vaisseau durant ces derniers mois. Du moins, ce que j’ai pu en voir : la partie principale n’est accessible que par les Morbrez. Mais ce que j’en ai vu me fait penser irrémédiablement aux travaux de Julia et Joshua. Le tout mêlé à la magie cristalline eldare.

— Je ne connais qu’une seule personne qui ait des connaissances dans ces trois domaines, et assez d’intelligence pour les mélanger, fit remarquer Tony. Mais c’est impossible si l’Ankou a mille trois cent ans.

— Tu penses à Joshua, dit Ariana.

— Joshua Ollivander, n’est-ce pas ? intervint Rozenn. Avant de devenir capitaine de l’Ankou, chaque génération de Morbrez doit passer par un lieu secret nommé l’Entréyou. En ce lieu, durant des heures, nous apprenons tout ce que nous devons savoir sur ce vaisseau. Ce savoir nous ait donnés par l’hologramme de l’homme qui a créé l’Ankou, et disant s’appeler Joshua Ollivander.

— Je ne comprends pas, soupira Ariana. Joshua a mon âge ! Pas plus de mille ans !

— Le Joshua que vous voyez dans cet Entréyou, il a quel âge selon vous ? questionna Kat.

— La soixantaine je dirai.

— Je crois que je comprends mieux, dit Tony. Il a voyagé dans le temps. Le Joshua Ollivander qui a créé l’Ankou vient de notre époque mais pour une certaine raison, il a remonté le temps.

— Mais dans quel but ? demanda Ariana. Pourquoi devait-il remonter le temps ?

— Parce que, dans son époque, les Dæmons ont gagné la guerre, annonça Rozenn. Il a donc remonté le temps, abandonnant tous ceux qu’il aimait pour pouvoir doter l’Humanité d’une arme qui pourrait, l’espérait-il, faire pencher la balance de notre côté. Et depuis, l’Ankou vogue sur les flots et dans les cieux dans un seul but : combattre les Dæmons.

— Mais si Joshua ne remonte pas le temps, ce vaisseau va disparaître, n’est-ce pas ?

— Je ne comprends pas vraiment pourquoi, mais dans les explications qu’il donne, il semble que non. Et ce même si on le rencontrait.

— Joshua pourrait sûrement nous expliquer, sourit Ariana. Peut-être que je lui demanderai. Mais je suppose qu’il ne faut pas lui parler de l’Ankou.

— Oui, c’est aussi une chose dont il nous parle à l’Entréyou. Maintenant à vous, dîtes-nous pourquoi vous poursuiviez le Voldemort ?

— Le Voldemort ? interrogea Ariana troublée d’entendre ce nom ressurgir d’outre-tombe.

— C’est le nom que le Serpent Blanc a donné à son vaisseau, renseigna Alex.

— Ramus a volé les crânes de cristal atlantes que nous avions en notre possession, informa Tony.

— Je vois, dit Alex. Cela pourrait avoir de graves conséquences. Il va falloir me dire tout ce qui s’est passé depuis que je vous ai… quittés.

Ariana voulait lui dire immédiatement que Fred était mort, que Christianus avait failli lui aussi y rester, lui parler de la guerre sur Mars et même de la mort de Jeremy. Mais elle préféra se taire et laisser Tony se charger de lui relater les faits de manière plus professionnelle.

Lorsque Tony évoqua la mort de Fred, la tristesse voila le regard d’Alex. Ils étaient amis depuis des années. Ariana savait qu’il se sentait en partie responsable de sa mort. S’il avait été là, peut-être n’aurait-il pas été tué. Il n’avait peut-être pas tort mais elle ne put s’empêcher d’être compatissante envers lui. Elle faillit même lui prendre la main sous la table mais se ravisa.

Rozenn Morbrez écoutait attentivement l’exposé de Tony. Quand vint le moment d’évoquer la bataille à Valinorya, elle expliqua l’intervention de l’Ankou par le fait qu’il suivait le Voldemort depuis des jours. Alex ajouta qu’il les avait tous vus ce jour-là grâce aux capteurs de l’Ankou.

Tony parla ensuite du début de la bataille de Mars. Mais Alex et Rozenn semblait déjà au courant de l’évolution de la situation militaire.

— Nous avons fait quelques frappes stratégiques pour empêcher la flotte dæmoniaque de détruire des convois logistiques et militaires en direction de Mars, dit Rozenn. Nous sommes aussi venus en aide à des vaisseaux de réfugiés venant de Jupiter, Saturne et la Ceinture. Nous avons fait ce qu’on a pu mais malgré toutes les capacités de ce vaisseau, nous ne pouvons être partout.

— Nous avons appris ça via des rapports faisant état d’un vaisseau mystérieux qui apparaissait et disparaissait une fois sa tâche accomplie, dit Kat.

Tony continua avec le récit des intrigues du Vatican et la fin du Secret Magique. Ariana ne put s’empêcher de sourire en voyant l’air satisfait d’Alex à cette nouvelle. Elle savait que c’était une de ses raisons de combattre dans les rangs de la DE. Il lui adressa un léger sourire qui la fit rosir.

— Enfin, soupira-t-il.

— Oui, mais attendons l’issue de cette guerre pour voir les conséquences de ce choix, ajouta Tony.

Ariana comprenait ce qu’il voulait dire. Pour le moment, l’Humanité était en guerre. La nécessité faisait qu’à part quelques voix dissonantes, tout le monde célébrait l’union du monde magique et du monde moldu. Mais en cas de victoire, quand la paix sera revenue, l’union de ces peuples sera plus difficile à maintenir. Des deux côtés, il y aura des voix qui s’élèveront.

Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher d’être confiante. Cette année fut lourde en drame mais elle conservait l’optimisme qui ne la quittait pas depuis enfant.

Ariana fut tirée de ses réflexions par la voix de Tony s’adressant à son frère :

— À toi maintenant, raconte-nous comment tu t’en es sorti.

— Oui, effectivement je vous dois de vous raconter à tous au moins ça, dit Alex. Je venais de mettre l’Oliphant qui nous poursuivait hors service. Je me sentais vidé de toute énergie. Je savais que l’explosion allait m’emporter. Mais alors que j’entendais tes derniers mots Ariana, je sentis un reste d’énergie au fond de moi. Peut-être n’était-ce que l’adrénaline ? Je n’en sais rien. Je n’ai pas eu le temps de ma demander si cette énergie suffirait à me permettre de survivre. Une demi-seconde avant l’explosion, par réflexe, sans même me servir de ma baguette, j’ai levé autour de moi un bouclier. Celui-ci m’a protégé de l’explosion et des flammes. Mais je me suis retrouvé flottant dans le vide. Je suis tombé inconscient. Le froid prenait possession de moi. Finalement, j’allais tout de même mourir. Et puis l’Ankou m’a récupéré. Vous ne l’avez sûrement pas vu car vous vous éloigniez à ce moment-là, et il sait se montrer discret. Je me suis réveillé trois jours plus tard dans l’infirmerie de ce vaisseau. Et depuis je suis là.

Il n’en dit pas plus. Ariana comprit qu’il gardait les raisons de son silence pour plus tard, en privé.

— Nous ignorions qui il était, compléta Rozenn. Mais dans le doute, nous l’avons ramené à bord. J’ai usé de légilimancie sur lui alors qu’il était encore inconscient pour être sûre que ce n’était pas un ennemi.

— Vous êtes sorcière ! s’exclama Kat. Pourtant je ne vois pas où vous mettez votre baguette. Vous la cachez bien.

Pour toute réponse, Rozenn la fixa. Ses yeux devinrent dorés, arborant une fente reptilienne pour iris.

— Vous êtes une métisse dragoniare ! Pourtant vous n’avez pas l’air d’avoir de sang asiatique.

— Une de mes ancêtres appartenait au clan Ryukawa, un ancien clan de samouraïs dragoniars, répondit Rozenn. J’ai d’ailleurs hérité de ses sabres. Ils passent de génération en génération. Avec le temps, les traits asiatiques se sont dilués. On a du sang de tous les continents dans la famille.

— Capitaine, appela une voix par l’interphone. Nous avons récupérer trois capsules du vaisseau américain.

— J’arrive tout de suite.

Rozenn Morbrez et ses invités se rendirent au pont d’envol. Des pirates s’affairaient autour des capsules pour les ouvrir. Elles avaient visiblement subit des dégâts. Finalement, les écoutilles cédèrent. Les pirates sortirent des capsules plusieurs personnes dont certaines blessées. L’une d’elles était le colonel Vaindieu. Elle était gravement blessée.

— Il y a plusieurs morts dans les capsules, informa un pirate.

— Transportez les blessés immédiatement à l’infirmerie, ordonna Rozenn.

L’équipe médicale de l’Ankou se composait de deux personnes : un médicomage noir répondant au nom de Fabrice N’Gol et son épouse, une médecin blonde, Lana N’Gol. D’autres membres d’équipage les assistaient en cas de rush. À l’arrivé le colonel Vaindieu, le médicomage l’examina immédiatement.

— Priorité ! lança-t-il. Au bloc tout de suite. Lana, je vais avoir besoin de ton aide.

La médecin donna des instructions aux hommes pour qu’ils continuent les soins sur les autres blessés et alla rejoindre son mari.

— Mieux vaut les laisser travailler, dit Rozenn. Nous ne ferons que les gêner à rester là. Nous poursuivons le Voldemort actuellement. Je vais vous faire visiter l’Ankou en attendant. Il faut que vous puissiez vous y repérer.

 

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