Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 51 : X Aveux

2623 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/06/2019 13:56

CHAPITRE X : AVEUX

 

La visite de l’Ankou parut longue à Ariana. Même si elle s’y intéressa, elle voulait se retrouver en tête à tête avec Alex pour savoir enfin pourquoi il n’était pas revenu.

La passerelle n’avait rien à envier à celle des meilleurs vaisseaux de guerre. Elle les surpassait même de par l’utilisation de la technomagie. Une entité énergétique assistait l’équipage dans toutes les manœuvres et pouvait même contrôler l’Ankou. Ariana se dit que Joshua devrait un jour voir ça, il en tirerait beaucoup d’enseignements.

Rozenn les guida à travers tous les ponts[1], leur montrant tous les lieux les plus importants. L’Ankou comportait une salle de sport aussi bien équipée que celle dont ils disposaient à la DE.

— Je me suis entrainé avec Rozenn, dit Alex. Elle est vraiment très forte. Elle maîtrise le daisho à la perfection et l’entremêle à la magie sans difficulté.

— C’est quoi le daisho ? questionna Ariana.

— C’est ainsi qu’on nomme l’ensemble formé par les deux sabres que portaient les samouraïs. « Dai » signifie grand et « sho », petit. Les samouraïs portaient un katana long parfois d’un mètre et un wakizashi plus court.

— Et qui est le plus fort de vous deux ? demanda Tony.

— On n’a jamais réussi à se départager en combat d’entrainement, répondit Rozenn. Il faudrait qu’on fasse un match à mort mais je ne crois pas qu’on ait envie de s’entretuer.

Elle lança un sourire railleur à Alex qui lui rendit. Ariana se sentit d’un coup de trop. Elle se posait des questions. S’était-il passé quelque chose entre Alex et la pirate ?

— Alex m’a expliqué que dans votre famille le meilleur reçoit le titre de Corbeau, dit Rozenn à Tony. Vu que vous pensiez qu’il était mort, vous avez dû en désigner un autre, n’est-ce pas ?

— Effectivement, acquiesça Tony en sortant l’épée des Chaldo.

— Je savais que ce serait toi, sourit Alex. Je vais enfin pouvoir me décharger de ce poids.

— Pas si vite frangin, arrêta Tony. Tu oublies qu’il y a un précédent qui fait que tu es toujours le Corbeau toi aussi.

— Ah ! s’exclama Rozenn. Ça a l’air intéressant. Peut-on en savoir plus ?

— Il y a deux cents ans, Julien Chaldo, le Corbeau de l’époque a été porté disparu durant une mission. Il a été considéré comme mort et Nathalie Chaldo a été nommé à sa suite. Deux ans plus tard, il est revenu. Il avait été retenu prisonnier et avait finalement réussi à s’échapper.

— Et donc ?

— Le conseil de famille a décidé que les deux porteraient le titre de Corbeau et qu’il redeviendrait unique quand les deux en décideraient.

— Il n’y a pas eu de rivalité entre eux ? interrogea Kat.

— Non, ils ont souvent fait équipe.

— Alors je suis encore un Corbeau selon toi, dit Alex son sourire cynique aux lèvres. Bon, tant pis.

La visite continua par les réserves de munitions. Celles-ci étaient produites par le vaisseau lui-même. Tout comme les différentes denrées pour nourrir l’équipage, l’Ankou parvenait à contourner la première exception principale de la Loi de Gamp sur les métamorphoses élémentaires[2] grâce à la magie eldare.

Quelque chose attira l’attention des visiteurs. Un bloc de cristal inséré dans une cloison. Comme une porte miroitante. Rozenn sourit et expliqua la nature de cette porte de cristal à ses invités :

— Voici le cœur de l’Ankou. Derrière cette porte que seul un Morbrez peut passer se trouve l’Araryou Nëmarialey, en eldar cela veut dire matrice cristalline de transfiguration physico-énergétique. C’est à partir de cette pièce que l’on peut modifier à l’envie l’Ankou. On peut aussi en prendre le contrôle. Pour se faire, nous devons fusionner avec le vaisseau. Joshua Ollivander a travaillé trente ans pour le mettre au point. Araya en est une extension.

— Araya ! s’exclama Ariana.

— Ah oui ! J’ai oublié de vous le dire tout à l’heure. L’entité énergétique qui habite l’Ankou se nomme Araya. En eldar, ça signifie…

— Lumière, acheva Ariana.

— Vous le saviez ?

— Ça pour une coïncidence, fit Tony.

— Que veux-tu dire ? questionna Alex.

— Quand nous sommes allés à Valinorya, nous avons vu l’Eldyr, une sorte d’oracle. Elle a prophétisé qu’Ariana se dresserait contre les Dæmons. Elle l’a nommé Araya Meyana, la Lumière Salvatrice. D’ailleurs, en y réfléchissant, sa prophétie parle de toi aussi.

— Trop d’honneur. Tu te souviens des paroles exactes ?

— Elle a dit : « Ariana Potter. La Lumière Salvatrice. Celle qui se lèvera devant les Dæmons. Porteuse du Cristal. Celle qui pourfendra l’ennemi de toutes les Âmes de ce monde. Avec l’Oiseau d’Espoir, elle se dressera ». Comme tu es le Corbeau légitime, et que je n’avais pas encore reçu le titre à ce moment-là, c’est donc de toi qu’elle parlait. Chez les Eldars, le corbeau est symbole d’espoir comme chez les Romains.

— Qui sait ? Une prophétie parle du futur, elle pouvait aussi bien parler de toi.

— Joshua m’a dit que l’Eldyr lui avait fait une prophétie juste avant de mourir, dit Ariana. Ça vient de me revenir. Ça disait… Attendez… Voilà, elle l’a appelé « Le Créateur de la Mort ». Puis a dit : « La Mort sera-t-elle votre salut ? ». Et juste au moment où l’Ankou est apparu, elle a dit : « La Mort, Porteuse d’Espoir ».

— Elle parlait vraisemblablement de l’Ankou et savait que j’étais à bord, dit Alex. Enfin, en imaginant que je sois cet « Oiseau Espoir ». Bon, nous n’allons pas baser notre stratégie là-dessus. Nous devons être cartésiens pour gagner.

La visite ne dura plus très longtemps. Elle se finit par leurs quartiers. Rozenn leur désigna leur cabine en leur disant qu’ils avaient bien mérité de se reposer.

— Nous vous tiendrons au courant de la poursuite du Voldemort, dit-elle. Nous ne le lâcherons pas, soyez-en sûrs.

Rozenn repartit. Ariana allait s’approcher d’Alex quand une voix l’appela. C’était Annya qui vint jusqu’à elle.

— Alors Ariana, tu as des nouvelles ? demanda-t-elle.

— Je vais tout vous dire, intervint Tony. Le capitaine Morbrez m’a permis d’utiliser une salle de détente pour y faire une réunion. Rassemblez vos hommes, je vais vous faire un point de situation, ordonna-t-il aux chefs des UA et des STAR.

— Je m’occupe d’en parler à Nayu et Zoé, assura Kat.

— Très bien. Ariana, on se retrouve plus tard. Je pense que vous avez une discussion à avoir mon frère et toi.

— C’est le fameux Alex Chaldo dont tu m’as parlée ? fit Annya alors que Tony s’éloignait.

— Oui, souffla Ariana. Je… Excuse-moi mais je dois…

— Oui, je comprends. On se voit plus tard. Dex, rassemble les hommes et transmets l’info à Bright et aux UA, on a un point de situation immédiatement, ordonna-t-elle avant de partir.

Les hommes et femmes des UA et des STAR sortirent des cabines et passèrent à côté d’Ariana et Alex. Les deux agents ne se quittèrent pas des yeux, comme s’ils ne voyaient pas les soldats. Quelques instants plus tard, ils étaient seuls dans la coursive.

Le silence s’imposa durant de longues secondes. Alex brisa cette immobilité en lui lançant son habituel sourire cynique :

— Je vois que tu t’es faite une amie de plus.

— Oui, Annya est sympa, répondit-elle.

— C’est bien. Veux-tu qu’on aille dans ma cabine ? On y sera plus à l’aise que dans le couloir pour parler.

Ariana acquiesça et suivit Alex jusqu’à sa cabine située un pont au-dessus. C’était assez petit mais il y avait tout le confort de base. Un lit se trouvait au fond. Une porte sur la droite menait à la salle de douche et aux toilettes. Du côté gauche, la place était occupée par un bureau sur lequel se trouvaient quelques livres. Alex s’installa sur la chaise du bureau et invita Ariana à s’asseoir sur le lit.

— Bienvenue chez moi, sourit-il.

— Elle ressemble aux chambres qu’on a à la DE, dit Ariana.

— C’est vrai, en plus petit. Je ne savais pas que c’était possible.

Ariana rit. En quelques mots, Alex était parvenu à la détendre. Mais rapidement, la raison de sa présence dans sa cabine s’imposa à son esprit.

— Alors, je sais comment tu as survécu, dit-elle. Maintenant, peux-tu me dire pourquoi tu n’es pas revenu ?

Alex ne baissa pas les yeux. Ses commissures se relevèrent en un léger sourire.

— Il faut déjà que je continue mon histoire, dit-il. J’ai été récupéré par l’Ankou. Je suis tombé inconscient et je me suis réveillé trois jours plus tard comme je vous l’ai dit. Lorsque j’ai repris conscience, je me suis demandé où j’étais et ce qui m’étais arrivé. J’ai d’abord vu que j’étais dans une infirmerie. Les souvenirs me sont revenus ensuite, je me suis souvenu de mon transplanage, de mon combat à bord de l’oliphant ennemi, de la mort de Noah et du sabotage. Puis je me suis souvenu des derniers mots que je t’ai dits. Il n’y avait rien après ça. Je ne pensais pas survivre mais je devais me rendre à l’évidence : j’étais vivant. La première personne que j’ai vu, c’est le médicomage N’Gol, puis sa femme. Ils ont tout de suite prévenu Rozenn. Je faisais ce qu’on m’avait appris à faire, j’ai analysé mon environnement pour savoir si j’étais entre les mains de l’ennemi, si je pouvais avoir une arme ou un objet pouvant servir d’arme à portée de main. Je n’ai rien trouvé, ils avaient eu des consignes vraisemblablement. Rozenn est arrivé et elle m’a dit où j’étais, qui ils étaient. Mon instinct me disait qu’elle ne me mentait pas. Et, sans vouloir me vanter, mon instinct n’est pas infaillible mais m’a rarement induit en erreur. Je me suis remis petit à petit.

— Et quand as-tu décidé de rester à bord de l’Ankou ?

— Je savais que moi parti, Tony reprendrait le flambeau. Je me suis donc dit que je n’étais pas nécessaire dans l’équipe.

— Pas nécessaire ! s’écria Ariana qui sentait une pointe de colère monter en elle.

— Je veux dire, pour la réussite des missions. Tony est un excellent agent. J’ai donc décidé de rester pour apporter mon aide à l’Ankou et servir de lien avec la DE le moment venu.

— Je comprends l’intérêt tactique, dit Ariana. Mais as-tu ne serait-ce qu’une seconde pensé à moi dans tout ça ? À ce que je pourrais ressentir en te croyant mort ? Tu aurais pu nous contacter, nous parler de l’Ankou et nous dire que tu étais vivant.

— J’ai préféré ne pas le faire.

— Pourquoi ?

— Encore une raison tactique. Au cas où contacter la DE ne serait pas sûr.

— Comment ça pas sûr ? questionna Ariana qui ne comprenait pas.

— Tu ne le voyais pas encore à l’époque, mais il y avait des signes que certaines informations de la DE étaient transmises au SSP. Dévoiler trop tôt l’existence de l’Ankou aurait été un risque trop grand. Maintenant que Ferson a été confondu, ce n’est pas pareil.

— Tu avais deviné pour Ferson ?

— Non, je ne savais pas. Je ne me serais jamais douté que cet arriviste était une taupe à son insu. De même, je n’aurais jamais vraiment suspecté la secrétaire du Patron. Comme quoi, je suis loin d’être infaillible.

— Et un agent de ton niveau n’aurait pas pu trouver un moyen de nous contacté discrètement ? interrogea Ariana.

— Si, sûrement. Mais autre chose me bloquait.

— Quoi donc ?

— Mes sentiments pour toi.

Ariana fut désarçonné par cette déclaration directe. Que voulait-il dire ? comment ses sentiments pouvaient-ils être un frein à une simple communication ? Elle ouvrit la bouche mais rien n’en sortit.

— Je me suis rendu compte, peu de temps avant l’explosion qui aurait dû m’être fatale que je tenais à toi plus que je ne devais. Une fois sur ce vaisseau, j’ai eu le temps d’y repenser, d’y réfléchir. Ais-je le droit d’aimer encore une fois ? Ais-je le droit d’être aimé encore une fois ? N’allais-je pas gâché la vie de quelqu’un encore une fois ? Et sais-tu qu’elle fut la réponse à ces questions ?

Ariana ne pouvait toujours pas parler. Elle n’en croyait pas ses oreilles. Alex venait de dire qu’il l’aimait. Elle sentit une douce chaleur envahir sa poitrine et se répandre dans tout son être. Sa respiration se fit plus profonde. Elle sentait le rouge lui monter aux joues. Elle se contenta d’hocher la tête d’un signe négatif.

— Je n’en ai pas eu, répondit Alex. Je ne parvenais pas à trouver les réponses à ces questions. À chaque fois, je revoyais tes yeux et je ne parvenais pas à imaginer la vie sans toi. Je ne suis arrivé qu’à une conclusion : quel que soit tes sentiments à mon égard, je ferai tout pour que tu sois heureuse. Si c’est avec quelqu’un d’autre, et bien, ce sera ainsi. Mais dans mes rêves les plus fous, j’espère que ce sera avec moi. Même si je suis bien conscient de ne pas te mériter.

Ariana tremblait. Elle fixait Alex, ses yeux ronds comme des soucoupes. La chaleur ne voulait pas diminuer. Au contraire. Elle ne savait pas quoi dire. Était-elle seulement capable de s’exprimer de nouveau ? Alex lui adressa un sourire. Pas son sourire cynique et moqueur. Un sourire léger et tendre. Un sourire qu’il ne forçait pas. Un sourire discret. Un sourire qu’elle aimait.

Ariana ne pouvait pas parler. Elle ne voyait qu’un moyen de lui exprimer ses sentiments à son tour. Elle se leva et vint l’enlacer tendrement. Ses lèvres se posèrent sur les siennes en un doux aveu de l’amour qu’elle ressentait pour lui. Elle sentit les bras d’Alex l’entourer et le baiser se faire plus profond.

Combien de temps ils s’embrassèrent, elle ne le savait pas. Elle ne savait pas non plus quand ils s’étaient allongés sur le minuscule lit de la cabine. Quand ils mirent leurs lèvres au repos quelques instants, plus rien n’existait à part les yeux sombres d’Alex. Ce dernier la regardait tendrement.

— Je t’aime, dit-il simplement.

— Moi aussi.


[1] Désignation pour les étages à bord d’un navire.

[2] Il est impossible de faire apparaître de bons petits plats à partir de rien. C’est Hermione qui le dit dans « Harry Potter et les Reliques de la Mort » (chapitre 15).

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