Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 58 : XVII La danse des flammes

2300 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/11/2019 21:25

CHAPITRE XVII : LA DANSE DES FLAMMES

Christianus commençait à se dire que le bocal était constamment en ébullition. Les analystes qui y travaillaient et les autres agents qui y passaient avaient visiblement du mal à se concentrer sur leurs missions.

L’ancien agent pontifical n’eut aucun mal à localiser l’origine de cette sourde agitation. Julia Chaldo se trouvait au terminal qu’elle utilisait depuis plusieurs jours, le Patron et d’autres responsables de la DE dressés juste derrière elle, observant par-dessus son épaule.

Christianus devina qu’il se passait quelque chose du côté de la mission de l’équipe d’Ariana. Malgré l’envie qu’il avait de savoir, il préféra ne pas venir au renseignement et alla directement au terminal de Mahmoud.

Son analyste discutait avec Winston. Le jeune sorcier tendit une tasse de café à Christianus quand il arriva.

— Merci, dit-il. Vous savez ce qui se passe ?

— Ils ont abordé le vaisseau ennemi d’après ce que j’ai compris, répondit Mahmoud. Je n’ai pas plus de précisions pour le moment.

— On en aura bien assez tôt. Concentrons-nous sur notre propre mission. Le cardinal a bien dormi ?

— Pas vraiment, il n’a pas arrêté de se retourner dans sa couchette, de se lever et de faire les cent pas. Dommage, il ne réfléchit pas à voix haute.

— Il n’est pas idiot, il sait qu’on le surveille. Et les mails envoyés par Denler ?

— Je n’ai pas eu le temps de tout éplucher encore. Il y en a pas mal.

— On va s’y mettre à plusieurs. Au boulot, conclut Christianus. On a jusqu’à ce soir.

L’étude de la correspondance du cardinal Pantalini permit d’identifier quelques points de contact que ce dernier avait utilisés. Ce n’était pas directement avec les groupes terroristes, il s’agissait d’intermédiaires. La majorité des boites des destinataires avaient été fermées entretemps. Une procédure classique et bien connue dans les milieux terroristes et mafieux pour ne pas être repéré : changer de messagerie régulièrement.

Quelques-unes étaient encore actives. Et malgré les dispositions prises par leurs propriétaires, les moyens informatiques de la DE et les connaissances de Mahmoud en la matière permirent de les identifier et de les localiser.

— Ce ne sont que des intermédiaires, mais les antennes locales de la DE pourront remonter jusqu’aux organisations terroristes avec lesquelles ils ont mis le cardinal en contact avec de la chance, dit Mahmoud.

— Oui, et cela nous donne un moyen de pression sur le cardinal pour avoir plus de précisions, ajouta Christianus. Il est assez simple de faire des recoupements entre la localisation de ces intermédiaires et les groupes avec lesquels le cardinal voulait entrer en contact.

— Effectivement, j’en ai déjà identifié quelques-uns. Regarde.

— Eh bien !

Le cardinal Pantalini fut escorté de nouveau en salle d’interrogatoire. Winston et Christianus l’y attendaient déjà. L’ecclésiastique essaya de rester digne alors qu’il s’assit devant les deux agents de la DE.

— Avez-vous bien réfléchi cette nuit ? questionna Christianus sans introduction.

— Je n’ai pas à réfléchir à mes actes, répondit avec hargne le cardinal. Je sais que je suis dans le droit chemin.

— Ce genre de certitude peut être dangereux. Vous devriez apprendre à vous remettre en question. En attendant, ce que je veux, c’est connaître la liste des organisations terroristes que vous avez contacté.

— Je ne vous aiderai pas à arrêter notre guerre sainte.

— Vous la menez au nom de Dieu et du Christ, n’est-ce pas ? Alors comment justifiez-vous d’avoir noué des relations avec des groupes intégristes islamistes, judaïques et même de sectes diverses ? Un prélat de l’Eglise Catholique qui s’acoquine avec des extrémistes juifs et islamistes, si le Pape s’avait ça, vous seriez excommunié sans attendre.

— Vous n’avez aucune preuve.

— Pas formellement. Mais les éléments que nous avons sont assez probants pour que Samus Denler puisse facilement arriver aux mêmes conclusions que nous.

— Jamais Denler ne fera une enquête contre moi.

— Sauf s’il y est obligé. Si l’ordre vient par exemple du Pape lui-même. Et pour avoir parlé à Denler hier, je sais qu’il est conscient que vos actions sont préjudiciables au but de l’Inquisition. Il est pour une action plus politique et idéologique.

— Denler ! Un traitre ! s’exclama Pantalini.

— Je dirai plutôt quelqu’un qui sait quand une bataille est perdue et qu’il faut changer de tactique, fit remarquer Christianus. Je veux bien ne pas transmettre ces renseignements au Pape. À la seule condition que vous me donniez ce que je vous demande. Ainsi, vous pourrez continuer votre carrière ecclésiastique. Je vous suggère quand même de choisir un rôle plus tranquille.

— Et vous comptez mettre tous ces groupes hors d’état ?

— Mon but est de protéger des innocents. Donc oui. Si l’Inquisition s’en tient à un simple rôle politique, ça en restera là. Sinon, je vous jure que je n’aurai de répit avant de voir votre organisation disparaître.

Le cardinal ne répliqua pas. Il réfléchit en silence sans que les deux hommes qui le fixaient n’ajoutent rien, attendant qu’il parle. L’homme d’église se tordait nerveusement les doigts.

Il se disait que si l’Inquisition disparaissait, alors les ennemis de son dieu auraient véritablement gagné.

— Très bien, finit-il par dire. Je vais vous faire votre foutue liste.

Alexandre Chaldo se releva difficilement. Ramus Owali s’était reculé après son dernier coup dans la mâchoire. Du sang coulait de la bouche du Corbeau.

— Suis-je devenu trop fort pour toi ou es-tu devenu trop faible pour moi ? lança le draugr.

— Tu es devenu fort, acquiesça Alex.

— Alors tu acceptes ton infériorité !

— Non. Tu es devenu plus fort que de ton vivant, c’est un fait.

— Tu suggères qu’il y a un mais. Eh bien non, il n’y a rien à ajouter, pas de contrepartie qui te permettrait de gagner ce duel.

— Je pense que tu vas te rendre compte de ton erreur avant la fin.

Alex ressortit son sabre. Il ouvrit le logement caché dans la poignée et y inséra une de ses baguettes.

— Flamare Gladius, incanta-t-il.

Aussitôt, une flamme partit de la garde se propagea le long du fil de la lame du sabre. Alex tenait toujours son autre baguette dans sa main gauche.

— Je suis prêt, annonça le Corbeau.

Ses yeux noirs reflétaient la danse des flammes alors qu’il fixait son ennemi. Ramus se sentit oppressé par la seule présence d’Alex. À croire que ce n’était pas le même combat qu’il allait mener, que son adversaire avait changé.

Ramus se ressaisit. Si, c’était toujours le même combat. Son adversaire n’avait pas changé. Et il pouvait le vaincre. Battre celui qui était considéré comme l’un des meilleurs Corbeaux depuis Pierrick Chaldo. Autant dire l’un des meilleurs combattants sorciers qui soit. Lui-même n’appartenait plus aux Sorciers depuis qu’il était devenu un draugr.

Ce combat opposait la Vie et la Mort.

Ramus enserra son bâton et passa à l’action. Il lui fit faire une arabesque au-dessus de sa tête pour finir par l’abattre en direction d’Alex. Une onde d’air tranchante siffla vers ce dernier. Alex esquiva d’un pas sur le côté avant de tendre sa baguette pour lancer une boule de feu.

D’un geste de son bâton, Ramus dissipa la sphère incandescente. Les flammèches lui bouchèrent la vue une seconde. Alex en profita pour s’approcher et frapper de son sabre enflammé mais Ramus avait anticipé et le bloqua.

Le coup de pied du draugr le repoussa. Il enchaina en tendant son bâton en direction d’Alex. La masse noire d’une ombre pourvue de griffes tranchantes en surgit, fondant sur lui.

Alex dressa un bouclier pour dévier le fantôme au-dessus de lui pour le faire passer de l’autre côté.

— Escu Vitae ! incanta-t-il pour le conjurer.

Sans même se retourner, il para le coup de bâton que voulait lui asséner Ramus grâce à son sabre. Son talon vint frapper Ramus au menton alors qu’il effectua un salto avant.

Alex fit de nouveau face à Ramus. Un fouet de flammes surgit de la pointe de sa baguette. Il le fit tournoyer au-dessus de sa tête avant de l’envoyer dans la direction de son ennemi. Ramus esquiva d’un bond mais il ne put riposter, le Corbeau était déjà sur lui et abattit son sabre sur lui en une pléthore de coups enflammés que le draugr bloquait in extremis.

Les deux combattants ne s’arrêtaient pas. Ils se rendaient coup pour coup sans parvenir à se toucher. Maléfices et techniques d’arts martiaux se mêlaient en une dangereuse étreinte au rythme de la danse des flammes.

Rozenn dut plusieurs fois se plaquer au sol pour ne pas se prendre un sortilège perdu. Finalement, elle parvint à sortir et referma la porte derrière elle. Elle préférait ne pas interférer dans leur combat et se rendre au poste de commandement du Voldemort.

— C’est donc ça le niveau d’Alex, pensa-t-elle. Je n’aimerai vraiment pas l’avoir pour ennemi.

Sur le chemin menant à la passerelle, Rozenn ne rencontra que peu d’ennemi qu’elle put tuer sans mal. Elle finit par tomber sur l’équipe de Kat au détour d’un couloir.

— Vous avez trouvé les Crânes de cristal ? demanda-t-elle.

— Pas encore mais on sait où ils sont, répondit Kat. On a interrogé un homme. Ils sont dans une chambre forte. On y accède par la passerelle.

— Bien. Allons par là. Nous devrions pouvoir l’atteindre.

— Et Alex ?

— Il est en plein duel contre un certain Ramus Owali. J’ai préféré partir. J’ai failli me prendre plusieurs maléfices dans la gueule.

Le groupe UA en tête, ils marchèrent vers la passerelle. Ils trouvèrent la porte d’accès mais elle était blindée.

— Je devrai pouvoir la faire sauter, dit Nayu.

— Vas-y, on te couvre, assura Kat.

Nayu s’approcha de la porte avec prudence. Elle était consciente qu’il y avait plusieurs ennemis juste derrière et qu’ils l’observaient. Elle plaça plusieurs shikis à certains points autour de la lourde porte. Une fois sa tâche terminée, elle revint se mettre à couvert.

— Attention ! Ça va péter ! prévint-elle en sortant un autre shiki.

Elle le lança sur la porte. Aussitôt, il prit une couleur pourpre. Les autres shikis firent de même et une déflagration arracha la lourde porte blindée de son emplacement.

Il ne fallut qu’une poignée de secondes pour que les premiers maléfices et tirs d’armes à feu ne fussent échangés.

— Grenade ! ordonna Gurda, le chef de l’UA.

Un homme du binôme de tête exécuta immédiatement l’ordre de son chef. Il se découvrit pour lancer sa grenade mais se faisant, il fut touché par un éclair vert et s’effondra. Malgré tout, une fois que la grenade explosa, les hommes de l’UA s’engouffrèrent dans la brèche et arrosèrent la dizaine d’ennemis.

Alors que Rozenn, Kat et Nayu entrèrent à la suite. Une explosion retentit non loin d’eux, projetant deux hommes de l’UA en l’air. Kat tira immédiatement vers la source de l’agression. Rozenn, les yeux brillants, dressa un bouclier autour des deux blessés. Nayu lança un shiki qui produisit une sphère d’éclairs, éliminant plusieurs adversaires.

En quelques instants, le fracas du combat s’estompa. L’infirmier du groupe se mit tout de suite au travail sur les deux blessés. L’un d’eux était Gurda, sa jambe avait été arrachée par le sortilège explosif. L’infirmier lui injecta immédiatement de quoi soulager la douleur. Le garrot automatique de sa tenue de combat avait fait son office, arrêtant l’hémorragie.

Alors que l’infirmier examinait le second blessé qui n’avait pas bougé, Gurda s’enquit du sort de l’agent qui avait lancé la grenade.

— Désolé chef, c’était un Avada, informa-t-il.

— Je m’en doutais, dit Gurda. Et Haarson ?

— Le cou brisé, fit l’infirmier en arrêtant là son examen.

— Kat, tu as les Crânes ?

— Je pense que la chambre forte est là, apprit-elle. Nayu, tu peux t’en occuper ?

La shugenja s’approcha et examina l’accès à la chambre forte. Ce n’était pas comme la porte de la passerelle. Celle-ci était équipée d’un verrou énergétique, et le blindage s’avérait plus épais. De plus, les sorciers du Serpent Blanc l’avaient renforcé par divers enchantements. Nayu essaya de trouver une faiblesse à exploiter mais la porte était visiblement infranchissable.

— Je crois qu’on est coincé, avoua-t-elle.

— Il faut qu’on trouve une solution et vite ! dit Kat. Plus on reste ici, plus on a de chance que les ennemis encore présents nous tombent dessus.


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