Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre
Chapitre 59 : XVIII Ensemble maintenant
2833 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 01/12/2019 22:11
CHAPITRE XVIII : ENSEMBLE MAINTENANT
La chaleur était devenue insoutenable. Les flammes générées par Alex rendaient l’atmosphère irrespirable. Ramus ne la ressentait pas. Ce genre de sensations, c’étaient pour les vivants. Il avait oublié ce qu’était la douleur, la chaleur et le froid. Il se rendait compte malgré tout qu’il ne fallait pas que ce combat s’éternise. Déjà, des lambeaux de sa peau tombaient sur le sol.
Il ne ressentait pas la chaleur, mais son corps ne la supportait pas pour autant. Et avec cette confrontation qui monopolisait toute sa concentration et ses ressources, il ne pouvait user d’un sortilège pour le soulager.
Ramus observait Alex. Il devait être à bout. Il utilisait son flux magique sans discontinuer et en plus, il subissait également la chaleur. Pour lui, ce devait être comme combattre dans un four. Le draugr voyait qu’il était ruisselant de sueur.
— Alors ? As-tu deviné ce qui te manquait ? questionna Alex.
— Il ne me manque rien, répondit Ramus. Je n’ai plus la peur de mourir, ni celle de la souffrance. Plus rien ne me rattache à ce monde. J’ai la puissance et la connaissance. Je suis le guerrier parfait qui ne recule devant aucun combat et qui ne peut pas perdre.
— Et pourtant, tu ne m’as pas encore vaincu. Je suis même plus proche de la victoire que toi.
— Je suis plus fort que lors de notre dernière confrontation.
— Ah ! Enfin tu commences à comprendre.
— Quoi ? Que veux-tu dire ?
— Ah non, tu as dit ça sans comprendre. La dernière fois qu’on a été confronté, tu te souviens quand c’était ?
— Oui, à Londres, quand je me suis emparé du Crâne gardé dans la cité souterraine[1].
— Et qu’est-ce qui a changé depuis ?
Ramus réfléchit. Il ne comprenait pas où le Corbeau voulait en venir. Qu’est-ce qu’il insinuait ?
— Rien.
— Tu te trompes.
— Et en quoi ?
— Le fait de devenir un draugr t’a rendu plus fort d’un coup. Mais as-tu évolué depuis ?
Ramus comprenait enfin où voulait en venir Alex. Il n’y avait jamais pensé jusqu’à maintenant mais le Corbeau avait raison. Certes, il avait acquis de nouvelles connaissances, en particulier en nécromancie, sa puissance avait fait un bond. Mais elle n’avait fait que ça. Depuis, malgré les combats qu’il avait menés, elle n’avait pas augmenté. Il avait stagné.
— Ton maitre ne t’a-t-il pas enseigné la différence majeure entre un mort et un vivant ? reprit Alex. Tu ne peux pas améliorer ton potentiel. Tu auras beau faire tous les efforts possibles et imaginables, ta puissance restera la même. L’avantage, c’est qu’elle ne peut pas diminuer non plus.
— Je comprends maintenant, dit Ramus. Mais cela ne change rien, je reste plus fort que toi. Lors de notre précédent combat, j’ai failli te battre.
— Es-tu aveugle ? Contrairement à toi, j’ai évolué au gré des combats et des entrainements. J’ai appris, j’ai augmenté ma puissance. Je suis vivant, je peux donc continuer d’évoluer. Et c’est ce que j’ai fait. Je me suis remis en question sans cesse. Ces derniers mois, j’ai appris de nouvelles façons de combattre au contact des pirates de l’Ankou. Je ne sais pas qui de nous deux gagnera ce combat. Mais je sais que je ne suis plus le même que tu as connu.
Ramus en avait assez de parler. Il voulait le faire taire, lui prouver qu’il était bien le plus fort. Mais au moment où il allait lancer un nouvel assaut, il reçut un message d’alerte : la passerelle venait d’être prise. Les Crânes risquaient d’être repris par la DE.
— Mauvaise nouvelle ? interrogea Alex.
Sans répondre, Ramus frappa une nouvelle fois le sol de son bâton. Il produisit une lumière aveuglante et en profita pour passer la porte menant à la passerelle. Alex éteignit les flammes de son sabre avant de le ranger et se lança à sa poursuite en lançant divers sortilèges pour tenter de le stopper.
Ramus parvint à esquiver les attaques d’Alex en continuant sa course. Alors qu’ils passaient dans un couloir assez large, Ramus se retourna et planta son bâton dans le sol métallique. Un mur d’énergie bleuté s’étendit en partant du bâton et boucha le couloir.
Alex s’arrêta à quelques centimètres de l’obstacle. Il l’observa un moment et le toucha du bout de sa baguette, produisant un grésillement. Lorsque son regard revint sur Ramus, celui-ci lui lança un sourire railleur.
— Ce n’est pas ainsi que tu me vaincras, dit Alex.
— Nous reprendrons notre combat une autre fois, répliqua Ramus. Même si je souhaite ardemment battre un Corbeau, certaines choses sont plus importantes. Ne meurs pas avant notre prochaine rencontre.
Et sur ces mots, laissant son bâton, Ramus repartit, laissant Alex seul face au mur d’énergie. Il tenta un Finite Incantatem pour le dissiper mais rien ne se produisit.
— Ça ne va pas être simple.
Sur la passerelle, Nayu continuait d’étudier la chambre forte, cherchant un moyen de l’ouvrir. Le groupe UA de Gurda s’était déployé en protection au cas où des ennemis arriveraient.
— Alors ? questionna Kat.
— Il me faudrait plus de puissance, avoua Nayu. Seule, je n’y arriverai pas.
— Capitaine Morbrez, vous pouvez venir l’aider ?
— Ce n’est pas vraiment ma spécialité, confessa Rozenn. Il va falloir me dire clairement quoi faire.
— Je peux m’occuper de la conjuration, tout ce dont j’ai besoin c’est de puissance magique, expliqua Nayu.
— Alors ça, je peux le faire.
Nayu se mit face à la chambre forte, les yeux fermés, tenant un shiki devant son visage entre deux de ses doigts. Rozenn vint se mettre juste derrière elle. Elle posa ses mains sur ses épaules. Ses yeux devinrent dorés et une sorte d’aura chaleureuse se propagea dans tous le corps de la shugenja.
Nayu psalmodia des imprécations incompréhensibles pour les non-initiés. Les kanji[2] écrits sur son shiki se mirent à briller d’un éclat vert pâle. Ses yeux brillaient de la même couleur lorsqu’elle les ouvrit.
Lorsqu’elle lança le shiki en direction de la porte blindée, un des sorciers du Serpent Blanc tué lors de l’assaut surgit et s’interposa. Le shiki agit sur lui, le faisant retomber au sol. Surpris, tout le monde se retourna mais les autres cadavres se jetaient déjà sur eux, les désarmant et les plaquant au sol. Les agents de l’UA tentèrent de riposter mais les zombies les mirent hors de combat, certains en leur dévorant la gorge.
— Dommage pour toi Nayu, ça aurait pu marcher je pense, lança Ramus en entrant. Bonjour Kat. Gurda, toujours à la DE après toutes ces années !
— Ramus, cracha Kat alors que le draugr passait près d’elle.
— J’ai été impressionné de vous voir vaincre mes hommes, ajouta-t-il à l’attention de Rozenn. Il s’agissait pourtant de combattants chevronnés.
— Ils étaient bons, dommage qu’ils étaient du mauvais côté, répondit Rozenn.
— Êtes-vous vraiment du bon côté ? interrogea-t-il en se plaçant devant la chambre forte. Tout ce qu’on peut dire c’est que nous ne sommes pas dans le même camp. C’est pourquoi je ne peux vous laisser les Crânes et que je n’aurai aucune pitié envers vous. N’y voyez rien de personnel.
Ramus leva la main. Kat savait que lorsqu’il la baisserait, les zombies sous son contrôle les tueraient tous. Elle sentait déjà l’haleine nauséabonde du sien s’approcher de son cou.
— Incendio !
Des flammes lancées avec précision vinrent frapper les morts-vivants. Ils reculèrent en jappant comme des chiens blessés, libérant les agents de la DE et la capitaine pirate qui se relevèrent. Aussitôt, kat pointa son arme vers Ramus. Rozenn, les yeux flamboyants, tenait son sabre prêt à frapper. Mais personne ne bougea.
Ramus tenait Nayu étroitement, appuyant la lame d’un couteau sur sa gorge.
— Ariana Potter ! C’est toujours un plaisir de vous voir, dit-il.
Ariana venait d’entrer, ses baguettes pointées vers Ramus, prêtes à l’arroser de maléfices. Derrière elle, Tony et le groupe UA de Férus entrèrent à leur tour.
— C’est fini Owali ! Vous avez perdu, annonça-t-elle.
— Elle a pris de la confiance à ce que je vois ta protégée, Tony, apprécia Ramus. C’est le fait d’avoir retrouvé Alex qui lui fait cet effet ?
— Où est-il d’ailleurs ? questionna Rozenn. Il te combattait.
Ariana pâlit. Si Ramus était là, cela voulait certainement dire qu’il était sorti vainqueur de sa confrontation avec Alex. Or, jamais Alex ne se serait rendu. Elle sentit une vague d’inquiétude et de colère l’emplir. Des étincelles rougeoyantes crépitèrent au bout de ses baguettes, faisant rire le draugr.
— Calmez-vous agent Potter, dit-il. Votre amoureux va bien. J’ai dû abréger le combat sans aller au bout quand j’ai su que la passerelle était entre vos mains.
— Tu penses pouvoir t’en sortir ? interrogea Tony. Nous sommes bien trop nombreux pour toi.
— Oui, et je sais que la vie de Nayu, aussi précieuse soit-elle, est sacrifiable. La mission avant tout, n’est-ce pas ?
— Non, mais parfois, nous n’avons pas le choix.
— Et la jeune Ariana est d’accord avec ça ? Ce n’est pas facile de devoir sacrifier une amie.
Ariana faisait tout ce qu’elle pouvait pour rester neutre. Elle savait qu’elle ne devait pas montrer ce qu’elle ressentait. Et pourtant, Ramus semblait l’avoir percé à jour. Elle ne se sentait pas encore prête à sacrifier quelqu’un pour remplir une mission.
— Ariana, brûle-le, ordonna Nayu. Ne t’en fais pas pour moi, je suis prête.
— Que c’est noble de ta part, applaudit Ramus.
— Que tu la tues ou que nous le fassions, dans les deux cas, tu as perdu Ramus, fit remarquer Tony. Nous allons récupérer les Crânes. Rends-toi et je t’accorderai une fin rapide.
Les secondes passèrent lentement. La tension était palpable.
Rozenn reçut un appel en provenance de l’Ankou :
— Rozenn ! appela Igor Stradus. Un autre vaisseau s’approche ! Il est comme sorti du néant !
— Qui est-ce ?
Mais avant que son second ne lui réponde, un fracas se fit entendre alors que la passerelle se déchirait. La coque autour de la chambre forte se fissura. Même Ramus Owali en fut surpris. Nayu en profita pour se dégager de son emprise. Elle allait lui poser un shiki sur le front quand la chambre forte fut arrachée du vaisseau.
Ramus se retrouva emporter dans l’espace avec la chambre forte. Nayu allait le suivre sans pouvoir résister mais la main de Rozenn la saisit au vol. L’air s’était échappé hors du vaisseau. Avant de manquer d’oxygène, les sorciers entourèrent leurs têtes d’un sortilège de têtenbulle et le lancèrent également sur les moldus.
Les portes anti-explosions s’étaient refermées dès que la passerelle fut dépressurisée, empêchant le vaisseau de se vider entièrement de son air. Les agents de la DE et la pirate ne risquaient plus d’être emportés à l’extérieur. Le froid était saisissant, les combinaisons de combat étaient heureusement conçues pour y palier.
Ariana s’approcha du trou béant formé par l’arrachement de la chambre forte. Celle-ci flottait dans le vide spatial, attiré vers un vaisseau ressemblant à un rocher de forme tronconique.
— Un vaisseau dæmon, dit Tony par télépathie.
Les agents de la DE ne pouvaient rien faire à part observer. La chambre forte et Ramus Owali furent recueilli par le vaisseau ennemi qui s’éloigna aussi rapidement et mystérieusement qu’il était venu.
— Merde ! s’écria mentalement Ariana. C’est fichu, ils ont les Crânes maintenant ! Tout ça pour rien.
— Oui, on a perdu aujourd’hui, acquiesça Tony. Retournons à bord de l’Ankou. Il faut qu’on rende compte et qu’on réfléchisse à la suite.
Les STAR remontèrent dans les navettes et vinrent récupérer tous ceux qui étaient sur la passerelle par l’extérieur. A bord, Ariana retrouva Alex. Elle se jeta dans ses bras. Tony lui expliqua en détail ce qui s’était passé.
— Il m’a bloqué derrière une barrière, raconta à son tour Alex. Quand l’alerte de dépressurisation a retenti, j’ai compris que ça ne servais à rien que je rejoigne la passerelle. J’ai fait demi-tour pour retourner à une navette.
— Igor vient de me dire qu’il ne les voit plus au radar, renseigna Rozenn. On ne peut pas se lancer à leur poursuite.
— Encore un échec, dit Tony. Et on a perdu plusieurs agents.
— Nous n’avons pas encore perdu la guerre, fit Alex.
— Et nous ne la perdrons pas tant qu’un de nous continue de combattre, ajouta Ariana. Et je compte bien continuer tant qu’il me reste un souffle de vie.
Personne n’eut à redire. Tous étaient d’accord avec les paroles d’Ariana.
Lorsqu’ils revinrent à bord de l’Ankou, l’équipe médicale prit en charge immédiatement les blessés. Zoé, qui avait suivi toute l’action via les TOI, se jeta dans les bras de Nayu.
Tony se chargea d’envoyer un message vers la Terre pour rendre compte au Patron de leur échec. La réponse fut de rester en stand-by pour le moment.
Le Patron s’enferma dans son bureau. Il activa son holophone. Aucun visage n’apparut mais une voix féminine se fit entendre.
— Ils ont échoué, n’est-ce pas ? demanda-t-elle.
— Vous le saviez déjà ? fit le Patron.
— Disons que c’était le plus probable. Et même, d’une certaine manière, il le fallait.
— Je ne comprends pas.
— Bientôt monsieur Guillou. Vous saurez tout ou presque bientôt.
— Comme votre identité et votre but.
— J’ai dit presque monsieur Guillou. Certaines choses ne seront jamais dévoilées.
— Et maintenant ? demanda le Patron.
— Il faut attendre. Mais je vous rassure, l’attente ne sera pas longue. Je vous dis maintenant au revoir monsieur Guillou. A moins que je ne me trompe, c’était la dernière fois que nous nous parlions. Vous n’aurez plus besoin de moi.
L’holophone se coupa, laissant Hector Guillou seul avec beaucoup de questions sans réponse.
Alex et Ariana se tenaient dans les bras l’un de l’autre en regardant l’espace infinie qui s’ouvrait au-delà du hublot.
— J’aimerai rester ainsi éternellement, dit Ariana. Que le temps reste figé. Ne plus avoir à combattre. Ne plus m’inquiéter pour Tony, pour toi, pour Sarah ou n’importe qui d’autres à qui je tiens. Mais je sais que c’est impossible. C’est juste le calme avant la plus terrible tempête que l’on puisse imaginer.
— Quel que soit la tempête, peu importe la fin, on sera ensemble.
Ariana vint embrasser Alex et s’offrit corps et âme à lui.
Quoiqu’il arrive, ils seraient ensemble maintenant.
FIN
La bataille finale approche. Celle qui décidera de l’avenir des Peuples du Système Solaire. Serons-nous annihilés et soumis à l’esclavage sans nous souvenir de ce que nous avons été ? Ou parviendrons-nous à gagner notre droit à vivre libre et à prospérer ? Je l’ignore. Tout est possible.
Mais maintenant, tu es là, près de moi. Ta voix, ton sourire, ta force, tout en toi me guide vers un sentiment, me rappelle que nous ne pouvons abandonner.
Quelqu’un d’important m’a dit un jour que notre vie c’était se battre et mourir. Peut-être avait-il raison. Mais je préfère me battre ou mourir.
Le monde a changé. Mais notre volonté de survivre reste la même. Pour ce monde, pour ceux à qui l’ont tient. Que le combat fasse rage…
À suivre :
ARIANA POTTER
Et
L’Ultime Apocalypse
Je me souviens
[1] Voir « Ariana Potter et la Cité des Ténèbres ».
[2] Nom des idéogrammes d’origine chinoise utilisés en japonais.