Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 67 : VIII Vainqueurs ou Vaincus

3288 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/07/2020 08:17

CHAPITRE VIII : VAINQUEURS OU VAINCUS

Ariana et Joshua rejoignirent les frères Chaldo, Kat et Rozenn sur la passerelle. Si Kat parut surprise de les voir arriver, ce ne fut pas le cas des autres.

Joshua se pencha immédiatement sur la projection holographique de l’objet qu’il avait repéré dans la ceinture de Kuiper. Il manipula l’image pour le regarder sous différents angles. Personne n’osait l’interrompre.

Finalement, il se retourna pour leur faire face.

— Je ne suis pas expert militaire, dit-il. Mais je pense qu’un vaisseau de cette taille abrite dix fois plus de légions qu’il y en a actuellement sur Mars. Et c’est une estimation basse. Il se déplace vers nous à allure lente. S’il garde sa vitesse actuelle, je dirai qu’il arrivera au niveau de Saturne dans à peu près trois ans.

— Il est peu probable qu’il garde cette vitesse, intervint Tony. S’il s’agit de troupes de réserves, alors il attend des ordres, sûrement liés à l’évolution de la situation. Si nous prenons le dessus, ce qui risque d’être le cas avec l’arrivée des renforts de la Terre sur Mars, il va accélérer pour renverser la situation.

— Il fera certainement de même si le statu quo est maintenu trop longtemps je pense, ajouta Alex. Les Dæmons ont l’air d’avoir la patience comme vertu, mais quoi qu’on en dise, toute patience a une limite. Mais gardons à l’esprit que ça peut être totalement autre chose.

— Quoi donc ? demanda Ariana.

Alex haussa les épaules en hochant de la tête.

— Une arme de destruction massive, une arche,… proposa-t-il.

— Une arche… reprit Joshua. Selon cette possibilité, ce serait la population Dæmone qui arrive.

— On sait qu’ils ont quitté leur monde moribond et sont arrivés dans notre système solaire il y a douze milles ans. A l’époque, ils ont provoqué la guerre contre les Atlantes et les Eldars. Avec les conséquences que l’on connait. Qui nous dit que ce n’étaient pas que des éclaireurs. Le vaisseau transportant leur peuple n’arriverait que maintenant.

— Cette théorie est plausible et n’exclut pas celle de Joshua, ajouta Tony. Ce vaisseau peut également abriter des renforts conséquents.

— Dans tous les cas, il faut transmettre cette information à la DE, intervint Kat. Le Patron sera quoi en faire. Je me charge du message. Et on fait quoi sinon ?

— On continue de chercher les Crânes de Cristal. Il faut les récupérer, c’est la priorité. Dans combien de temps arriverons-nous dans l’orbite de Mars ?

— Après-demain normalement, renseigna Rozenn.

— Bien, jusque-là on se prépare, dit Tony. Je vais briefer les UA et les STAR. Julia m’a dit qu’il y avait des difficultés à contacter Mars. On aura plus de chances de prévenir le Temple quand la flotte terrienne sera arrivée.

— Je pense que je peux faire quelque chose pour ça, fit Joshua. Enfin, si vous le permettez capitaine, c’est votre vaisseau.

— Vous en êtes le créateur, sourit Rozenn. Ma famille n’a fait que l’emprunter durant mille trois cents ans.

— Vous savez ce qu’on dit : si personne ne le demande durant mille ans et un jour, il est à vous.

— Profitez-en ! C’est rare qu’il fasse une bonne blague ! rit Ariana.

Le Patron venait de recevoir les informations de l’Ankou. Elles étaient minces et donc ouvraient à plusieurs théories toutes moins réjouissantes les unes que les autres. D’un autre côté, elles se révélaient vitales pour anticiper la suite de la guerre.

Une attaque sur Terre était toujours plausible, surtout au vu des capacités de camouflage dont les Dæmons avaient fait preuve. Le fait qu’ils n’aient pas utilisé cette tactique plus tôt et plus souvent laissait entendre qu’elle comportait des limitations techniques importantes. Mais même sans ça, le risque demeurait.

Les Dæmons, bloqués dans leurs offensives sur Mars et dans l’espace au-delà de la Ceinture, pourraient vouloir ouvrir un nouveau front plus proche du centre du Système. Les Colonies Orbitales de Vénus n’avaient envoyé qu’une flotte en direction de la Ceinture pour ne pas se découvrir. Leurs autres forces spatiales stationnaient en alerte autour de leur planète et dans l’espace la séparant de la Terre.

De même, plusieurs flottes terriennes se tenaient en position défensive dans la périphérie de la planète bleue. Á la surface, les forces armées maintenaient leur niveau d’alerte. Des contingents issus du Monde Magique les renforçaient.

Ceux-ci étaient composés en grande partie des Eldars et des Vampires. Les Sorciers avaient rejoints les armées de leurs pays en tant que réservistes. Des peuples minoritaires du Monde Magique, tel que les Tengus ou les Chevaucheurs de Dragons de Scandinavie, complétaient le dispositif par endroit.

Malgré toutes ses mesures, le Patron n’était pas rassuré. Serait-ce suffisant ?

La devineresse n’avait plus donné de nouvelles depuis un certain temps et il savait qu’elle ne le contacterait plus. Il ne pouvait plus que spéculer sur les raisons et les objectifs qu’elle poursuivait en le contactant. Il en était venu à la conclusion qu’elle n’avait cherché qu’à le guider pour qu’il prenne la bonne voie. Et maintenant que la guerre se déchainait, elle avait cessé car tout était en place et qu’elle ne pourrait le guider plus.

Et c’est alors qu’il allait se recentrer sur son travail que son holophone sonna. Un appel direct de l’extérieur, un numéro masqué, la méthode de la devineresse. Etait-ce possible que ce soit elle ?

Il décrocha mais garda le silence, attendant que son interlocuteur engage la conversation.

— Je vois avec plaisir que vous êtes toujours aussi circonspect et prudent monsieur Guillou.

— Je croyais que vous ne me rappelleriez plus, dit-il.

— Effectivement, je ne devais plus vous rappeler. Mais le temps est en cela intéressant qu’il est imprévisible et toujours en mouvement. Je ne vais donc pas vous dire une fois de plus que c’est la dernière fois que je vous parle, car je n’en sais rien finalement.

Il sembla au Patron qu’elle riait doucement en disant ça.

— Vous avez donc quelque chose à m’apprendre ? reprit-il.

— Juste une indication : regardez le ciel, cadran trois.

— Vous n’avez pas une indication plus précise ?

— J’en suis désolée. Je peux vous dire une dernière chose : cette guerre est terrible, sur tous les plans, mais sachez qu’elle ne sera pas longue. Que nous soyons vainqueurs ou vaincus, vous n’attendrez pas longtemps pour le savoir.

— Et vous ne pouvez pas nous dire ce qui en sera.

Ce n’était pas une question, malgré tout, la devineresse ajouta :

— Si je savais, je ne vous le dirai pas. Car si vous le saviez, tout changerait, et pas forcément comme il faut. Je suis heureuse de l’ignorer. Je le saurai en même temps que vous, ou à peine un peu avant. N’oubliez pas, cadran trois.

La communication se coupa. Le Patron ne perdit pas de temps et se rendit immédiatement au bocal. Il s’adressa à un des analystes :

— Sur écran principal, je veux une image de surveillance du ciel cadran trois.

— A vos ordres monsieur, obéit l’analyste.

Certains dans le bocal interrompirent leurs mouvements pour savoir ce que voulait voir le Patron. Il n’était pas du genre à faire une demande pour rien.

Le ciel étoilé apparut sur l’écran. Le Patron le regarda attentivement sans rien y déceler.

— Un cadran, c’est vaste, pensa-t-il. Et que devons-nous chercher ? Rien d’anormal ? questionna-t-il à l’intention de l’analyste.

— A première vue rien monsieur. Mais si vous le souhaitez, je peux lancer une recherche toutes fréquences.

— Faîtes-le.

L’analyste se mit immédiatement au travail. L’image changea plusieurs fois de couleur au gré du spectre analysé. A chaque fois, cela prenait plusieurs minutes. Le Patron ne se détachait pas de son air concentré, ce qui attira l’attention de Christianus quand il vint se rendre près du poste de travail de Mahmoud.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il.

— On ne sait pas, répondit Mahmoud. Le Patron a demandé une recherche toutes fréquences sur le cadran trois.

— C’est assez proche de la Terre ! Si c’est l’ennemi qu’il cherche, on aurait dû les repérer depuis longtemps.

Mahmoud leva les mains en signe d’ignorance. Il commença à montrer à son chef d’équipe les résultats de ses dernières investigations concernant les groupes extrémistes.

Le Patron n’était pas loin de penser que la devineresse s’était trompée. Les minutes passaient et toujours rien de probant. Il faut dire qu’un cadran entier représentait un grand volume à sonder.

Soudain, l’analyste se figea et blêmit. Il quitta des yeux son écran pour les lever vers son chef.

— Monsieur… balbutia-t-il.

— Montrez-moi, ordonna le Patron.

Un silence impénétrable venait de tomber sur tout le bocal. A l’écran, un agrandissement montra l’image floue d’une escadre de cinq vaisseaux dæmons croisant en direction de la Terre.

— Ils sont camouflés dans une fréquence où on est censé ne rien voir, expliqua l’analyste. C’est pour quoi aucun de nos sites et satellites de surveillance ne les ont repérés avant. En automatique, cette fréquence n’est jamais analysée.

— Quelle est leur vitesse ?

— Ils sont lents… Je veux dire, par rapport à ce qu’on a observé de leurs mouvements jusqu’à maintenant autour de Mars et dans la Ceinture, ils ne vont qu’au quart de leur vitesse habituelle. Ils devraient être là dans une journée s’ils se maintiennent ainsi.

— Une théorie ?

— Le fait de se camoufler les ralentit, je ne vois que ça, sinon je ne sais pas.

— Transmettez au commandement terrestre immédiatement.

— A vos ordres.

— Je vois que j’ai l’attention de tout le monde. Bien. Quoique vous étiez en train de faire, je suspend toutes les opérations mis à part celle de liaison avec les théâtres d’opération martiens et ceinturiens. Il est possible que nous subissions un débarquement de forces ennemies sur notre planète. Je dis possible car je ne doute pas que nos forces armées vont tout mettre en œuvre pour contenir la bataille dans l’espace. Malgré tout, nous devons nous préparer au pire scénario. Réunion de tous les chefs d’équipe IS et de services dans un quart d’heure en salle de briefing principale. Monsieur Féndès, envoyez un message à monsieur Denler qu’il soit au courant. Je ne sais pas si le commandement terrestre préviendra le Vatican. Je préfère qu’on s’en assure. Et prévenez aussi mademoiselle Irael, qu’elle assiste à la réunion. Faites prévenir les Eldars, les Vampires et toutes les unités magiques. La Terre ne sera peut-être pas épargnée par cette guerre finalement.

Aussitôt qu’il eut fini de parler, tout le monde se mit au travail avec plus de ferveur. Christianus envoya le message à Denler et se rendit au bureau d’Irael. Cette dernière sourit en le voyant entrer. Dans un premier temps mais remarqua son regard soucieux.

— Réunion générale convoqué par le Patron, annonça Chritianus. Des vaisseaux dæmons ont été repérés en approche de la Terre.

Irael suivit immédiatement Christianus. Lorsqu’ils arrivèrent, la salle était déjà à moitié remplie. Voyant Erius leur faire signe, ils vinrent s’installer près de lui. Le vampire ne dit rien. Comme beaucoup, il était plongé dans une intense réflexion.

Le Patron fut légèrement en retard et s’en excusa :

— Pardonnez mon retard, j’étais en ligne avec le commandement terrestre. Pour que tout le monde en soit au même point, voilà la situation. On vient de repérer cinq vaisseaux ennemis qui approchent en se servant d’un camouflage tel qu’ils auraient pu arriver sans que nous les repérions. S’ils gardent leur vitesse actuelle, ils devraient atteindre l’orbite terrestre dans vingt-quatre heures. Mais attention, nous avons déjà vu ces vaisseaux se déplacer plus vite. Il n’est donc pas exclu qu’ils arrivent plus tôt. Les forces armées ont élevé leur niveau d’alerte au maximum. Les forces spatiales en particulier se préparent au premier choc, la difficulté étant de ne pas éveiller les soupçons de l’ennemi. Nous souhaitons qu’ils ignorent que nous les avons repérés. Ces vaisseaux ont été repérés dans le cadran trois. Actuellement, les autres cadrans de la périphérie terrestre sont scannés. Si les combats en restent au domaine spatial, ce que tout le monde souhaite, nous n’aurons rien à faire. Mais comme toujours, il faut se préparer au pire scénario. En cas de débarquement ennemi, nous joindrons nos forces à celles des armées. Monsieur Sornas, vos UA rejoindront les commandos européens et américains pour compléter le dispositif des forces spéciales. Pour les équipes IS, mis à part celles que je vais citer après : renseignements dans la profondeur et interventions ciblées, aux ordres directs du commandement terrestre. Vos analystes vous appuieront d’ici. Pour le service médical : nous ouvrons un hôpital de campagne dans les niveaux moins un et moins deux. Installez-vous. Tout le personnel de sécurité est rappelé à son poste. Pour le reste du personnel, certains demeureront ici pour poursuivre leurs tâches habituelles si elles sont essentielles. Pour les autres, vous serez dispatchés en fonction de vos capacités soit en renfort du service médical, du service de sécurité ici ou ailleurs si besoin. Tout le monde doit y mettre du sien. Je veux un rapport de l’avancé des préparations toutes les deux heures. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire la différence entre être vainqueurs ou vaincus. Est-ce bien compris ?

Personne ne dit un mot, signe que les consignes avaient été bien comprises.

— Bien. Je ne garde que monsieur Sornas ainsi que les chefs d’équipe IS suivant : Féndès, Jörgen, Nakuzo, Smitson, Neglisias et Deriov. Ainsi que vous mademoiselle Irael. Les autres au travail.

Tout le monde sauf les personnels désignés sortit. Ils se rapprochèrent du Patron pour l’écouter attentivement.

— Monsieur Sornas, je vous ai demandé de rester pour que vous connaissiez l’ensemble du dispositif au cas où vous devriez intervenir pour les épauler.

Le vampire acquiesça d’un mouvement de tête.

— Vos équipes vont servir de liaison avec ce qu’on appelle « les unités magiques atypiques », des peuples qui ne sont sous l’autorité d’aucun ministère ou assimilé, et qui entendent le rester. Malgré ça, ils nous ont assurés de leur concours dans cette guerre si elle atteignait la Terre. Jörgen, les Chevaucheurs de dragons. Nakuzo, les Tengus. Smitson, la Nation Magique Hopi. Neglisias, les Tribus Amazoniennes Cachées. Deriov, les Dompteurs de Démons de Roumanie. Allez-y.

Une fois les cinq chefs d’équipe sortis, le Patron se tourna vers Christianus.

— Féndès, vous continuez à faire la liaison avec le Vatican. Au vu de leur force, ils vont se contenter de protéger la cité pontificale ou de se joindre à la protection de Rome. Vous travaillerez à visage découvert. Denler pourra dire ce qu’il voudra, le temps n’est plus aux dissimulations.

— Je m’y rendrai si nécessaire, dit Christianus.

— Non, dès le début de la bataille spatiale. Et déjà là, ce sera peut-être un peu tard. Vos anciens collègues vont vous mépriser.

— Il y a des choses plus importantes que ma petite personne.

— Mademoiselle Irael, pourriez-vous prévenir les seigneurs Abbadona, Hermoni, Satan et Lucifel. Ils auront sûrement des indications à nous donner.

— Je le fais immédiatement monsieur, assura Irael.

Le Patron sembla penser à une nouvelle chose en regardant la jeune ange, mais visiblement plus amusante. Irael répondit à son léger sourire en lui demandant ce qui l’amusait.

— J’ai l’habitude d’appeler les gens par leurs noms de famille, précédés de leurs titres ou à défaut, de leurs civilités, expliqua le Patron. Vous êtes la seule que j’appelle par le prénom, et pour cause, vous n’avez pas de nom de famille.

— Au Temple, sur Mars, c’est inutile, nous nous connaissons tous, expliqua-t-elle. En fait, nous sommes une grande famille. Inutile de rajouter un nom dessus.

— Peut-être faudra-t-il que vous preniez un nom dans quelques temps. Et qui sait par quelle façon cela arrivera ?

Il sembla à Christianus que le Patron lui lança une œillade amusé avant de leur signifier de prendre congé.

— Tu sais ce qu’il a voulu dire ? demanda Irael quand ils furent sortis.

— J’en ai peut-être une petite idée, ne put s’empêcher de rougir Christianus. Mais ce n’est pas vraiment le moment d’en parler. Et c’est peut-être même surtout trop tôt.

— Si toi aussi tu fais des mystères, c’est sûr que je ne vais rien comprendre. J’espère que tu m’expliqueras quand on aura cinq minutes. Là, on a du travail.

— Et pas des moindres, conclut Christianus.

Ils échangèrent un rapide baiser avant de se séparer dans les couloirs.

Erius Sornas et Hector Guillou étaient restés seuls dans la salle de réunion.

— En combien de temps vous pouvez être prêt à cent pourcent ? questionna le Patron.

— L’urgence est notre cœur de métier, répondit Erius. J’ai donné l’ordre de se préparer avant même de venir assister à cette réunion. Pour cent pourcent, comptez deux heures. Je vais contacter le responsable des opérations spéciales du commandement terrestre et je gère. Je vous ferai des rapports mais rassurez-vous, je m’occupe de tout concernant l’UA. Je vous laisse un cadre pour faire la liaison.

— Je sais que vous allez remplir votre mission parfaitement. Vous êtes à la DE depuis plus longtemps que n’importe qui. Vous pourriez même la diriger.

— Non, je suis un homme d’action. Ou un vampire d’action. La partie jeu d’espion et intrigue, je ne pourrai pas y arriver. Là-dessus, vous et vos prédécesseurs m’ont toujours été supérieurs. Je serai à ma place, à la tête de mes hommes, au combat.

— Nous avons de la chance de vous avoir et que la Nation Vampire soit avec nous.

— Je devine pourquoi mes ancêtres se sont alliés aux Dæmons. Mais quelques soient leurs raisons, c’était une erreur. Et nous comptons bien racheter cette erreur aux yeux du monde.


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