Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 75 : XVI La bataille de Rome

2602 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/03/2021 06:13

CHAPITRE XVI : LA BATAILLE DE ROME



Rome n’avait plus été aussi silencieuse depuis des siècles. Pourtant, aujourd’hui le temps était clément. Une météo propice aux promenades et flâneries.

Les rues n’étaient pas désertes pour autant. La police romaine et l’armée européenne patrouillaient. Un périmètre de défense avait été dressé tout autour de la ville. Comme dans toutes les villes importantes du pays. La population avait été mise à l’abri dans les tunnels du métro et autres caves qu’ils espéraient suffisamment solides pour résister aux assauts dæmoniaques.

Le Vatican avait offert d’abriter toute personne le souhaitant, les cachant dans les cryptes et catacombes.

Christianus Féndès se trouvait au centre opérationnel des Services Secrets Pontificaux où étaient centralisés les renseignements pour la région. Il sentait les regards assassins braqués sur lui. Si tous maintenant savaient pour l’existence de la DE et la défection de Christianus à son profit, les agents qui participaient au combat de l’Inquisition s’avérèrent les plus virulents. Aucun de ces derniers n’acceptait de lui adresser la parole et évitait de rester dans la même pièce que lui.

Il les ignorait. En tant qu’agent de liaison, il n’avait eu affaire qu’à Samus Denler jusqu’à maintenant.

— Pas de mouvement ? demanda Christianus.

— Le front européen tient, répondit l’opérateur sans lever les yeux. Ils sont loin, nous ne devrions pas être touchés.

— Au vu des informations venues de Mars sur les capacités des légions, il vaut mieux demeurer vigilant et prêt au pire.

L’opérateur leva les yeux et reconnut Christianus. Il se renfrogna immédiatement.

— Ces légions ont des sorciers avec eux. Et des sorciers se disent de notre côté. Un bon moyen pour eux d’être gagnants quoiqu’il arrive.

— Ne considérez pas quelques-uns comme une généralité. Les guerres qui émaillent notre Histoire sont de bons exemples que même au sein d’un même pays ou d’un même peuple, des dissensions existent. La seule chose importante, c’est qu’au-delà de la victoire ou de la défaite finale, nous aurons tous perdu quelque chose.

— Féndès ! appela Denler.

Christianus entra directement dans le bureau de son ancien chef. Celui-ci ferma la porte et rendit opaque les vitres donnant sut l’open space.

— Je vous prierai de ne pas essayer de retourner mes agents, dit-il.

— Je n’ai fait qu’exposer une vérité. Vous êtes suffisamment intelligent et pragmatique pour comprendre ce que j’ai voulu dire.

Denler préféra laisser tomber et changea de sujet :

— Avez-vous de nouveaux renseignements de la DE ?

— Concernant la bataille terrestre, pour le moment rien d’important ou rien que vous ne sachiez déjà. Une équipe IS sur Mars a porté un coup important aux Dæmons. Et ils sont en chemin pour un autre objectif d’importance stratégique.

— Quelle équipe ? Quel coup ? Et quel nouvel objectif ?

— Je suis désolé, je ne peux pas répondre.

— Car vous n’en savez rien, n’est-ce pas ?

— Effectivement.

— Mais vous avez des hypothèses.

En effet, Christianus devinait quels agents avaient été impliqués dans cette action. Et s’il supposait que la mission sur Mars concernait les Atlantes, il en ignorait les tenants et les aboutissants.

— Dès que j’aurais d’autres informations, je vous les transmettrais.

Il y a des moments où il suffit d’évoquer quelque chose pour que cela arrive. Tout le monde a expérimenté ça au moins une fois dans sa vie. Christianus connut à l’instant un de ces moments.

Son terminal opérationnel intégré lui signala la réception d’un message prioritaire. Immédiatement, sans se soucier du regard scrutateur de Denler, il déploya l’écran holographique de son TOI et prit connaissance de la missive.

— Des nouvelles que vous pouvez partager ? questionna Denler au bout de quelques secondes.

— Une escadrille de flyers a été repérée en approche de la ville.

— Une attaque !

— Peut-être juste une reconnaissance. Quoiqu’il en soit, il faut alerter l’armée.

— Allez-y !

Christianus fonça immédiatement vers l’opérateur. Il ignora son regard réprobateur et déclama :

— Une escadrille de flyers a été repérée en approche par le sud-ouest. Aucune information sur ses intentions. Transmettez à l’armée, qu’elle passe en alerte maximale.

— Tout de suite monsieur, s’exécuta l’opérateur.

L’ordre fut transmis. Dans toute la ville, les militaires redoublèrent de vigilance, en particulier dans la direction désignée.

Une batterie antiaérienne de missiles repéra les flyers s’approchant comme un vol d’oies sauvages. Vu leur nature organique, elle ne pouvait pas les verrouiller au radar. Les tireurs devraient guider leurs munitions en manuel de bout en bout.

— Ennemi à portée ! annonça un tireur.

— Feu ! ordonna le chef de pièce.

Dans un panache de flammes et de fumées, plusieurs missiles prirent leur envol. Voyant le danger arriver, les flyers se dispersèrent. Les engins obliquèrent leurs courses pour les suivre. Si certains atteignirent leurs cibles, les réduisant en charpie dont les morceaux finirent dans la Méditerranée, d’autres ne purent suivre les manœuvres d’évitement des légionnaires volants et se perdirent dans l’eau.

Les flyers continuèrent d’approcher de Rome.

— Ils sont à portée de tir canon !

— Feu de tous les postes !

Comme un tonnerre constant, le grondement des canons rafaleurs annonça un déluge de métal. L’efficacité fut bien supérieure à celle des missiles. Quelques flyers réussirent malgré tout à atteindre la cité et s’attaquèrent aux batteries de défense.

Les militaires se défendirent et malgré quelques pertes, les flyers furent tous tués en quelques minutes, étant moins à l’aise au sol.

— Compte-rendu des forces de défense : les ennemis ont tous été éliminés, informa l’opérateur des SSP, triomphant. Ils ne sont pas si terribles finalement.

— C’est par leur nombre qu’ils sont dangereux, intervint Christianus. C’est étrange qu’ils aient attaqué avec une si petite unité… Rien n’a été signalé dans d’autres secteurs ?

— Non, rien à signaler.

— Ce n’est pas normal…

Le TOI de Christianus lui signala un appel en provenance du quartier général de la DE. Il s’isola dans le bureau que lui avait alloué Denler et se protégea dans une bulle de silence. Il eut la surprise de découvrir le visage soucieux d’Irael apparaître. Celle-ci soupira en le voyant.

— Ouf ! Tu vas bien !

— Bien sûr, assura-t-il. Les flyers n’ont même pas passé le périmètre de défense.

— Quels flyers ?

— Ceux qui se sont approchés de Rome…

— Je n’étais pas au courant… J’ai fait un rêve où tu mourais.

— Je vais bien. Je suis resté au QG des SSP.

— Alors soit je m’inquiète trop, soit ça ne s’est pas encore passé. Tu m’as dit que Rome a été attaquée ?

— Oui, il y a quelques minutes, une escadrille de flyers. Il n’était pas assez nombreux pour faire des dégâts importants. Je me pose des questions sur l’intérêt tactique de cette action.

— Tu penses à quoi ? Une diversion ?

— Oui, mais rien n’a été décelé aux alentours.

— Sois prudent.

— Je te le…

Une explosion déchira un mur du centre opérationnel, répandant des gravas et de la poussière. Par l’ouverture béante, des silhouettes attaquèrent avec force éclairs verts. Les analystes présents, pas ou peu entraînés à ce genre d’assaut, furent pris pour cible alors qu’ils essayaient de se mettre à l’abri dans le désordre le plus total. Plusieurs furent foudroyés.

De longues secondes après le début de l’attaque, les premiers tirs de riposte se firent entendre par les quelques agents armés présents. Christianus y participa, visant les formes hostiles.

— Bombarda !

Le sortilège frappa le mur juste derrière Christianus, le poussant violemment au sol et projetant des débris sur lui. Il se releva et traita l’ennemi responsable de l’explosion de plusieurs balles.

— Perforo ! incanta un autre.

Le maléfice le transperça à l’abdomen, le renvoyant genoux à terre. Son sang se répandait autour de lui. Dans un effort, il parvint à se maintenir assez droit et leva une fois de plus son arme. Mais un Expelliarmus le désarma.

Le sorcier s’approcha de lui, un rictus mauvais accroché aux lèvres. Il propulsa violemment Christianus sur le dos du pied. Il pointa sa baguette sur lui, prêt à l’achever.

— Que croyais-tu moldu ? cracha-t-il. Que tu survivrais à cette guerre ? Que vous allez la gagner ? Vous n’êtes que des animaux. Vous mourrez comme des animaux.

Le sorcier n’eut le temps que de prononcer les deux premières syllabes du maléfice de mort. Une lumière aveuglante emplit la pièce et le fer d’une lance surgit par sa poitrine, lui arrachant un gémissement douloureux.

Lorsqu’il s’effondra, jeté sur le côté, Christianus découvrit la silhouette imposante de Lucifel. Derrière lui, le chaos d’un combat se fit entendre. L’agent de la DE vit furtivement des eldars se déplacer avec souplesse et célérité. De même qu’une forme gracile et furieuse frappant l’ennemi à l’aide d’un trident.

Lucifel regarda autour de lui et voyant que le combat tournait à l’avantage des eldars, il s’agenouilla à côté de Christianus. Il examina sa blessure et apposa sa main dessus. Christianus sentit un picotement. Son sang cessa de couler.

— Merci seigneur Lucifel.

— Votre blessure saignait beaucoup, mais il n’y avait pas trop de dégâts, dit Lucifel. Restez ici pour récupérer.

— Il y a des attaques ailleurs dans la ville ?

— Oui, je vais aller épauler les Européens avec le bataillon eldar. Irael !

La jeune ange se porta immédiatement auprès de Christianus. Son visage exprimait le soulagement.

— Veille sur lui, ordonna le seigneur atlante.

Lucifel lança une poignée d’ordres aux eldars qui le suivirent à l’extérieur du centre opérationnel dévasté.

— Vivement que cette guerre se termine ! s’exclama Irael. Je n’ai plus envie qu’on ait à se battre.

— Une vie de paix avec toi, c’est tout ce que je demande, acquiesça Christianus.

Autour du couple, les agents des SSP survivants venaient en aide aux blessés. Irael laissa Christianus pour venir leur prêter main-forte. Elle repéra un homme gisant entre deux bureaux, la tête suintante de sang. Elle apposa ses mains sur la blessure et fit appel à sa magie. Un agent valide la voyant la repoussa et pointa son arme sur elle.

— Ne t’approche pas, sorcière ! hurla-t-il.

— Cet homme a besoin de soins urgents, se défendit la jeune ange. Je ne veux que l’aider.

— Et lui jeter un sort au passage ! Tu vas payer pour tous les autres, sorcière !

Irael se releva d’un bond et, d’un mouvement rapide, désarma l’agent furibond. Elle jeta l’arme plus loin et revint près du blessé.

— Je ne suis pas une sorcière, dit-elle en reprenant sa besogne. Je suis une atlante, une ange comme vous nous appelez.

— Menteuse démoniaque !

— Laissez-la faire ! ordonna Denler.

— Mais monsieur…

— Elle dit vrai : elle est une ange. Je l’ai vue. Si elle peut sauver nos blessés, alors je l’en remercie. L’Inquisition n’est plus, rappela-t-il.

Denler se posa sur une chaise à côté de Christianus, toujours assis sur le sol, adossé à un mur.

— Qui était l’ange qui vous a sauvé ? demanda-t-il.

— Le seigneur Lucifel.

Denler haussa les sourcils et soupira.

— Rome va être sauvée par Lucifel en personne… Il va vraiment être temps que je prenne ma retraite.

À l’extérieur, Lucifel et le bataillon eldar se portèrent en renfort de l’armée européenne pour réduire les poches de résistance du Serpent Blanc.

Ceux-ci espéraient vaincre les moldus et s’emparer de Rome par une action rapide de type guérilla urbaine. Ils s’étaient infiltrés par les souterrains lors de la diversion obtenue par l’attaque des flyers.

— Seigneur Lucifel ! appela un eldar. La DE nous signale des flyers en approche. Ils volent trop bas pour les défenses humaines. Ils viennent droit sur nous.

— Je m’en charge, annonça-t-il.

Déployant ses ailes, Lucifel s’éleva rapidement sous les yeux ébahis des moldus et sorciers. Il repéra l’escadre ennemie sur l’horizon. Il brandit sa lance, attirant un éclair venant du néant. Il tendit l’arme chargée de cette énergie vers les flyers, semant la mort dans leurs rangs.

Les survivants fondirent sur le vieil ange en feulant de rage. Lucifel accueillit le plus rapide en tournoyant sur lui-même pour venir frapper de sa hampe dans le dos du flyer, le brisant. Ce fut un véritable ballet aérien à la lance.

Lucifel transperça de part en part un flyer. Il le fit tourner autour de lui pour le projeter sur un autre qui, perdant l’équilibre, s’écrasa au sol où il fut achevé par un eldar. D’un large mouvement circulaire, il trancha la gorge d’un quatrième.

Les corps des flyers tombèrent lourdement sur la place Saint-Pierre sous les yeux incrédules de quelques religieux. Quand il eut fini, Lucifel redescendit tranquillement, tenant sa lance recouverte de sang. Ses ailes noires le portèrent jusqu’au pavé en plein centre de la place.

Il jeta un rapide regard vers le balcon où se trouvait un homme habillé de blanc. Celui-ci était livide, l’existence de cet être venait de détruire les fondements mêmes de ce qu’il défendait si ardemment.

Lucifel repartit au combat, rejoindre les eldars et les soldats de l’armée européenne.

Il fallut plusieurs heures pour ratisser la ville et mettre hors d’état de nuire les derniers belligérants. Les SSP assurèrent la continuité de leur mission en activant leur centre opérationnel secondaire.

Irael enlaçait Christianus dans un coin avant de repartir.

— Tu es sûr de ne pas vouloir rentrer ? demanda-t-elle.

— La guerre n’est pas finie, dit-il. Et ma mission non plus. Tu as la tienne aussi. On se retrouvera vite.

— Pas assez à mon goût.

Christianus l’embrassa une dernière fois avant de la laisser repartir avec Lucifel et les eldars.


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