HP et l'attrait des ténèbres

Chapitre 4 : Jour III

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:09

- Harry, il va falloir que nous discutions de choses assez...pénibles. Non Severus, Reste ici, tu es fortement concerné.

Avec un soupir las, Snape vint reprendre le siège qu'il avait tenté de quitter, en vain.

Le Bureau du Directeur avait retrouvé toute sa splendeur, tout comme Poudlard. On m'avait annoncé dans la matinée que j'étais resté dans le coma pendant huit jours après la grande bataille, chose qui ne m'avait absolument pas traversé l'esprit. Là, dans le bureau d'Albus, je ne me sentais pas vraiment à l'aise. Seul Snape était là, et même si les entrainements et les conseils dont il m'avait fait bénéficier avaient quelque peu calmé nos rancoeurs communes, il n'était tout de même pas devenu un grand ami. Se retrouver ainsi avec Albus m'avertissant que ce qu'il allait me dire n'avait rien de très sympathique tout en étant assis à côté de Snape n'avait donc rien de relaxant.

- Je vous écoute Monsieur- dis-je alors au directeur, tout en hochant lentement la tête.

- Bien. Tu ne dois certainement pas t'en souvenir, mais lorsque tu as…chuté, je dirais, lors du combat, le professeur Snape est également, comment dire, tombé lui aussi.

- Tombé ? Je demande, incrédule.

- Oui. Tombé. Dans la précipitation des choses, je n'ai pas vraiment fait de rapprochement, mais aujourd'hui, à la lumière des événements, j'ai compris que ta chute était liée à la sienne.

Le directeur gigote presque dans son siège, ce qui est loin d'être habituel. Il reprend cependant bien vite :

-Le professeur s'est réveillé bien avant toi, mais il est tombé pour la même raison que toi.

Du coin de l'oeil, je vois Snape bouger quelque peu et grogner à voix basse.

- Je ne comprends toujours pas Monsieur. Snape est… je veux dire- je reprends très vite. Un Snape outré est absolument insupportable – le professeur Snape est tombé aussi ?

Albus tourne la tête en direction de Snape et une sorte de discussion silencieuse semble lier les deux hommes. Je commence à en être vexé mais après un hochement de tête quasiment imperceptible, le directeur me répond finalement :

-Nous devrions commencer par le commencement et ça risque d'être long et assez compliqué. Si tu ne comprends pas, pose-moi des questions, entendu ?

Le rire sarcastique de Snape ne met pas longtemps à se faire entendre, cependant il est bien vite interrompu par la remarque acide du Directeur.

- Si j'étais toi Severus, je ne rirai pas tant.

- C'est gentil de me le rappeler mon cher Albus, j'avais eu l'audace d'oublier quelques secondes – souffle Snape.

Sans se démonter, le directeur repose son regard sur le mien :

- Bien. Il faut donc que tu comprennes ce qui s'est produit ce soir-là. Comme tu l'as déjà fait remarquer, perdere, qui aurait permis d'ôter une partie des pouvoirs de Tom, n'a pas fonctionné.

Je hoche la tête pour lui assurer que je suis son raisonnement attentivement.

- Il s'est passé en fait quelque chose de très rare ce soir là. Je crois pouvoir dire sans me tromper que c'est ton humilité qui t'a sauvé, et nous a donc tous sauvé. Je m'explique : une fois le duel commencé, tu as tenté de te battre, puis tu as perdu espoir, n'est-ce pas ?

J'hoche honteusement la tête. Oui, à ce moment là, j'étais complètement désespéré.

- Sauf que quand Tom t'as envoyé le Dies irae, il s'est passé une chose étonnante : tu n'as pas semblé fléchir sous le sort. Il a en effet directement été renvoyé vers son lanceur.

Je suis toujours son raisonnement mais je ne comprends absolument pas en quoi l'humilité a pu jouer un rôle là dedans.

- Ce soir là, tu as suivi ta destinée : tu savais que tu ne ferais pas le poids, cela ne t'a pas empêché de te sacrifier, parce que tu savais que cela était ton rôle. Ce qui s'est produit ce soir-là ne semble ne s'être jamais produit dans l'Histoire de la magie : il existe cependant une sorte de précepte sorcier très ancien qui nécessite des conditions bien particulières et qui me semble être plausible dans notre cas.

Dumbledore me regarde avec attention et je luis fais signe de continuer.

- Bien, je vais tenter de t'expliquer ce phénomène le plus simplement possible : Tom était fier, la personnification même de l'orgueil. Lorsque tu as ressenti que tu n'étais pas de taille à l'affronter, Tom a tout simplement jubilé. Cette opposition a déclenché le précepte de l'Humilité. SI Tom avait été moins prétentieux, moins sur de lui, tu serais tout simplement mort ce soir-là. Mais non. Quand il a été touché par son propre sort, cela l'a rendu fou de rage, et au lieu de réfléchir et de craindre que la même chose se reproduise s'il te réattaquait, il t'a lancé l'avada, qui s'est directement retourné contre son lanceur. Il est mort de sa trop grande prétention, quand tu as été sauvé par ton humilité.

Je fixe le directeur, incapable de dire un mot. Encore un coup de chance alors ? Ma simple humilité ? La belle affaire.

- Je pense que tu comprends que l'histoire ne s'arrête pas là , Harry – dit alors le Directeur, d'une voix bien trop lasse à mon goût.

- Et bien …- je reste coi. Que dire ? - Je ne vois pas le problème. Humilité ou pas, il est mort non? - Je demande

- Et bien, le problème est que Tom ne t'était pas totalement inconnu. C'est à dire qu'il avait un certain lien avec toi, ta cicatrice en est le témoin physique.

Je hoche la tête, peu sûr de vouloir continuer cette conversation.

- En te sacrifiant Harry, tu as... permis à une infime partie de l'âme de Tom de rester en toi.

- Quoi ?

- Calme-toi Harry, il n'y a rien de dramatique. Tu possédais un lien avec Tom. Quand il est mort, tu en a été affecté d'une certaine manière: tu ne t'ai réveillé qu'après un coma prolongé. Une partie de l'âme de Tom est donc resté assez ancrée en toi pour que tu puisses subir des dommages de sa mort réelle, physique, je veux dire.

Je panique complètement. Je me lève, sans prêter attention aux deux hommes qui me scrutent, inquiets, et je me sers un verre d'une vielle bouteille d'alcool qui traine dans les étagères du bureau du Directeur. Je ne prête pas attention au rire outré de Snape ni au soupir de Dumbledore. Je bois avidement le premier verre et m'en resserre un deuxième, que je sirote plus calmement avant de reprendre ma place dans mon siège.

- Vous êtes en train de me dire qu'une partie de Voldemort est dans ma tête ?

Albus soupire. Je remarque aujourd'hui qu'il a l'air usé, et vieux. Son sourire me semble faux, ses prunelles plus aussi éclatantes. Je soupire en retour. Cela ne cessera jamais.

- Je sais que c'est pénible à avaler Harry, mais je t'assure que nous ferons tout pour trouver une solution à ce problème. Tu n'en auras normalement que peu de répercussions. Ton humeur risque cependant d'être plus lunatique, plus semblable à celle de Tom..

Je m'étouffe avec mon verre.

- Lunatique ? Semblable à celle de Tom ?

- Oui, mais je suis certain que ton entourage te permettra de faire face à ces désagréments le temps pour nous de trouver une solution. Il faudra cependant que tu nous écoute, je veux dire par là qu'il serait étonnant que tu te rendes compte toi-même des changements qui s'opèrent en toi, cela te paraitra certainement normal. Il faudra que tu prennes le contrôle si tu sens que tu vas trop loin.

- Trop loin ? Albus ! Crachez le morceau ! Vous me faites peur là ! Je hurle quasiment sur le directeur. Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

J'ai la décence de rougir, et de bafouiller quelques excuses tout en regagnant mon siège, que je n'avais pas eu le souvenir de quitter.

- Peut-être ce genre de comportement te donne une idée de ce qui peut se passer par la suite - soupira le Directeur - Harry, nous ne t'en tiendrons pas rigueur bien évidemment, mais essaie de limiter les dégâts. Je te promets de trouver une solution le plus rapidement possible.

Je suis épuisé. J'en ai tout simplement trop vu pour qu'on me sorte encore un truc de cette ampleur.

Il faut que je prenne l'air, il faut que je sorte de ce bureau suffoquant.

- Puis-je sortir Monsieur ? Il faut vraiment que je prenne l'air – je demande.

Dumbledore me lance un regard sévère, se tourne quelques instants vers Snape puis répond, comme résigné :

- Oui, vas-y Harry, je sais que c'est beaucoup pour une soirée. Tu as besoin de te reposer.

- Merci Monsieur le Directeur.

Sans un regard de plus et ignorant le sifflement de Snape, je saisis le reste du Whisky qui trône toujours sur l'étagère et m'éclipse du bureau.

oOoOoOoOoOo

- Faut-il vraiment lui dire Albus ?

- Oui, il va le falloir. Je suis réellement désolé Severus, j'avais espéré que sa chute ferait de toi un Homme libre.

- Je n'ai jamais été libre Albus, et il faut croire que je ne le serais jamais. Cependant, être à la merci d'un gosse casse-cou et incontrôlable... je ne m'étais pas attendu à ça.

- Tu verras qu'Harry est bien plus que ce gosse casse-cou que tu te plais tant à imaginer.

- Mouais …

- Severus ?

- Monsieur ?

- Je t'en prie, il a besoin de toi et tu as en quelque sorte besoin de lui. Il a été plus qu'impressionnant, reconnait-lui au moins ce mérite.

- Je ne le nie pas Albus. Mais il était déjà assez perturbé comme ça sans qu'on lui annonce qu'une partie de l'âme du dangereux psychopathe qui essaie de le tuer depuis sa naissance a trouvé refuge dans sa tête. J'ai peur qu'il ne bascule Albus – lança Snape, d'un ton plus que sérieux – il va sombrer, et si la haine et le pouvoir lui montent à la tête, il sera perdu.

- Non. Tu seras là pour l'aider Severus – à ces mots, le directeur lança un regard appuyé à son maître de potions – Tu vas t'assurer qu'il ne 'bascule' pas, comme tu dis.

- Puisque j'ai le choix, Albus - grimaça Snape, tout en quittant à son tour le bureau du Directeur.

oOoOoOoOoOo

La bouteille dans la main, j'emprunte les couloirs de l'école pour me rendre dans le parc. Le silence du château est presque effrayant, bien que logique ; aucun élève ne reste ici durant les grandes vacances. Une fois dehors, je rabats la capuche de ma veste sur ma tête. Malgré le mois de juillet, le vent me fait quelque peu frissonner. J'avance lentement dans le parc et décide de m'asseoir près du lac, au pied du grand chêne. Je ne veux voir personne. J'ai tout simplement honte. Et puis je suis lassé de toutes ces histoires et de cette vie aussi. La victoire n'a pas le goût qu'elle aurait du avoir. La victoire nous a tous trop coûté, et elle m'a trop coûté.

Arrivé au pied de l'arbre, je m'adosse à celui-ci avant de laisser mes jambes s'effondrer. Tout est calme ici, comme si rien ne s'était jamais passé.

Je porte la bouteille à mes lèvres : l'alcool me réchauffe le coeur. Je me suis bien trop habitué à cette chaleur. Personne n'a rien dit par rapport à ça. Que pouvaient-ils dire ? J'avais toutes les raisons de boire. Boire pour oublier, comme on dit. Et puis, je suis majeur désormais. Si j'ai envie de me morfondre dans l'alcool, j'en ai le droit, non ?

Ah oui, c'est vrai, je suis majeur. Mon anniversaire ! Je m'esclaffe tout seul. Dire que ce jour avait tant d'importance pour moi auparavant. Je repose la bouteille désormais presque vide et laisse courir mes doigts sur l'herbe humide.

Je me sens vide. Je sors mon paquet de Camel, le contemple quelques secondes et en extirpe une cigarette, que j'allume avec lenteur. J'ai l'impression de jouer un mauvais rôle dans un film, celui de ce jeune garçon déboussolé qui se renferme sur lui-même, parce qu'il a trop souffert, quelque chose comme ça. Je ris encore, plus fort. Je ne sais plus qui je suis, et je ne sais plus non plus ce que je dois faire. J'ai terminé mes études à Poudlard. Voldemort a eu la courtoisie de nous laisser passer nos examens avant de nous massacrer. Quelle bonté !

Je fume lentement et observe avec attention le fin papier se consumer sous mes lèvres.

J'ai la sensation d'être une cigarette moi aussi, une cigarette qu'on aurait fumée le plus possible, jusqu'au filtre. Une cigarette usée qu'il faut jeter à un moment ou a un autre, parce qu'il n'y a tout simplement plus rien à inspirer ; en continuant à tirer dessus, on ne fait que suffoquer.

Je l'écrase contre l'écorce du grand arbre qui m'abrite. J'ose espérer qu'il ne m'en voudra pas.

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