HP et l'attrait des ténèbres

- Harry, tu te joins à nous ? Je te rappelle qu'on a pas encore fêté ta majorité !

Le ton d'Hermione est forcé mais elle m'indique d'un signe de tête réprobateur de regarder Ron. Assis à la table, il fait tourner une plume entre ses doigts. Je me rends compte qu'il fait tout pour sembler joyeux. Il m'impressionne. Les sillons qui tailladent ses joues sont pourtant bien visibles, mais il est présent, et il sourit, parfois.

- Pourquoi pas. Je suppose qu'il faut fêter ça – je réponds.

Hermione, confortablement installée dans un des fauteuils de la salle commune des gryfondors me regarde avec attention. J'ai l'impression qu'elle voit en moi ce que les autres ne voient pas. Je lui tourne le dos pour rétablir mon masque.

Je dois être joyeux. Pour eux, pour Ron et sa famille décimée.

- On devrait aller faire un tour à Pré-au-lard, prendre l'air nous ferait du bien – s'exclame Hermione, un peu trop fort pour que je ne comprenne pas qu'elle m'adresse clairement un message.

- Oui, bonne idée. Je vais juste prévenir quelqu'un.

Je sors de la pièce avec un sourire aux lèvres, sourire qui s'affaisse automatiquement dès que je suis hors de vue.

Sirius est à Sainte Mangouste, auprès de Lupin, qui se remet petit à petit de la rafale de sorts qu'il a subie. Dumbledore est certainement absent, à courir entre le ministère et les journalistes, qu'il essaie de contenir. Demain, Ron rentrera chez lui, Hermione retrouvera ses parents. Moi je ne sais pas encore. J'irai certainement retrouver Sirius au Square dans un premier temps. J'ai le temps d'y penser, non ? Macgonagall est partie depuis longtemps afin d'apporter son aide dans les hôpitaux surchargés, tout comme Pompresh. Et alors que je suis sur le point de me dire qu'il n'y a personne à prévenir de notre petite escapade à Pré-au-lard, Snape apparaît au bout du couloir.

- Potter, qu'est-ce qu'il vous arrive ?

C'est drôle, il pense tellement fort au ''encore'' à la fin de sa phrase que j'ai l'impression qu'il le crie.

- Rien de spécial, je voulais prévenir quelqu'un qu'on allait faire un tour à Pré-au-lard.

- À Pré-au-lard ? Vous êtes tout de même au courant qu'une bonne partie des mangemorts est toujours en fuite ? Si l'un d'eux …

- Peu importe. On sait se défendre – je riposte.

- Toujours aussi prétentieux Potter !

Ce mec m'énerve. J'ai envie de lui hurler de la fermer. Je ne sais pas ce qui me retient.

Snape devient blême et détourne le regard. Qu'est-ce qui lui prend ? Renoncer aussi facilement n'est pas son genre. Soudain, je me souviens de la conversation que j'ai eue dans le bureau du directeur. Snape était impliqué au départ ? Pourquoi ? J'avais complètement oublié ce détail, plongé dans les révélations que m'avait faites Albus. Snape était tombé en même temps que moi, et Albus m'avait parlé d'un certain lien entre nous, non ?

- Monsieur, de quoi voulait parler le directeur hier ? Cette histoire de chute et de lien ?

- Il vaudrait mieux voir ça avec lui, je..

- Vous êtes concerné non ?

Je me rends compte que j'ai crié ma question. Peu importe, il faut que je sache.

- Effectivement, je suis concerné Potter, mais vous feriez mieux de redescendre d'un ton avec moi, je suis toujours...

- Répondez-moi !

Je hurle clairement cette fois. La colère monte en moi avec une force surprenante. Pour la deuxième fois, je me demande ce qu'il m'arrive. Après tout, cette histoire n'est certainement pas si grave, et je pourrais toujours demander à Albus de m'éclairer à son retour. Cette colère n'est pas la mienne. Je le sais, je le sens. Je blêmis à mon tour et fixe Snape.

Il a les yeux clos, la tête basse et ses mains sont agitées de légers soubresauts. J'aurai pensé qu'il était en colère si seulement il m'avait renvoyé une réponse cinglante de son cru. Mais non, tout ce qu'il fait, c'est relever calmement la tête.

- Je ne peux pas vous l'expliquer Potter. Il faudra attendre Albus.

Je lui en veux de cette réponse. Pourquoi ne me rabaisse-t-il pas ? Pourquoi ne me hurle-t-il pas que je n'ai aucun droit de lui parler comme je viens de le faire ? Il aurait du me remettre en place, me dire que je n'étais qu'un gamin arrogant et mal élevé. Je ne sais plus quoi penser, je m'excuse rapidement et m'éclipse afin de rejoindre mes amis, laissant Snape en plan, seul au milieu du couloir.

oOoOoOoOoOo

Toujours debout, Snape regarda vaguement Harry s'éloigner. Lorsque celui-ci disparut de son champ de vision, il s'adossa au mur le plus proche et serra les poings si fort que tout son corps se mit à trembler de manière convulsive. Une goutte de sueur perla sur son front.

- Foutu Potter – siffla-t-il.