HP et l'attrait des ténèbres

Chapitre 9 : Jour VIII

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:13

J'ai la sensation de chuter, de très haut. Je me réveille en sursaut et tombe presque de mon lit. Je déteste cette sensation. Mes draps sont humides de sueur, mon front est moite, tout comme mes mains. L'odeur est assez chaotique. Je lève les yeux sur la petite horloge qui orne l'un des murs de la pièce : 5H27. Génial. Déjà que réussir à m'endormir est un combat difficile ces temps-ci, si je commence à jouer le lève-tôt, mes journées risquent de devenir interminables.

Je ne me rendormirai pas, je le sais pertinemment. J'ai besoin d'une douche. Une douche froide peut-être. Je tâte la table de nuit avant de me souvenir que je ne porte plus de lunettes. C'est vrai, trop dangereux au cas où je les perdrai dans le combat. Je soupire et me met debout lentement, de peur d'être en proie à des vertiges. J'attrape quelques vêtements propres et ouvre la porte le plus silencieusement possible. Mes années à Poudlard ont été une bonne formation : l'art de se faufiler n'a plus de secret pour moi et l'obscurité ne me gêne pas. Je me dirige vers la salle de bain et ferme le verrou avec précaution : ce n'est pas le moment d'inquiéter Sirius sur mes réveils plus que matinaux; il est déjà assez nerveux comme ça en ce moment. Je me glisse sous la douche et me prépare mentalement au contact de l'eau glacée sur ma peau. Au bout de cinq secondes, ou peut-être trois, je me ravise : la douche froide est biens moins tolérable que je ne le croyais. Je me sèche rapidement et enfile mes vêtements. Je passe devant la porte de la chambre de Sirius. Il dort sûrement. Je décide de m'aventurer au rez-de-chaussée ; un café, ou une bière ne me ferait pas de mal. J'évite consciencieusement les marches grinçantes de l'escalier et arrive rapidement dans la cuisine.

Alors j'hésite : je prendrai bien un café mais il faudrait que je le prépare, tandis que des bières fraiches dans le frigo n'attendent que moi : je n'ai qu'à en décapsuler une. J'ouvre le frigo et attrape une HK. Sirius est de plus en plus adepte des alcools moldus.

- Un café serait peut-être plus approprié à cette heure-ci Potter.

Je retiens de justesse le hurlement de panique que j'avais failli lâcher, et me retourne, encore un peu sonné ; Snape est assis à l'autre bout de l'immense table de la salle à Manger. Qu'est-ce qu'il fout là, au bout milieu de la nuit, dans un noir quasi-total ? Il ne me laisse pas l'occasion de lui poser la question.

- J'ai préparé du café. Posez-donc cette bière. C'est répugnant.

- Qu'est-ce que vous faites là ?

- Votre accueil chaleureux me va droit au coeur Potter. J'espère que tout va bien pour vous également – me dit-il, avant de replonger dans son journal.

Je grogne et ne m'attarde pas sur lui. Ses sarcasmes sont déjà difficiles à supporter en plein jour, mais là, au réveil et à cette heure assez peu raisonnable, je n'ai vraiment pas le courage de l'affronter. D'ailleurs, je sens déjà un début de migraine me vriller les tempes. Je repose la bière, attrape une tasse et me verse le café qu'il a préparé, avant de m'installer à mon tour au bout de la table, face à lui.

Je sens qu'il m'observe. C'est le moment où jamais de lui demander ce qu'il fait là, et par la même occasion, lui demander de m'expliquer cette histoire de chutes et de lien. Je sors de la contemplation de ma tasse et m'apprête à ouvrir la bouche. Mais elle se referme lentement. Finalement, peu importe. Je me fous de savoir pourquoi ce dingue est tranquillement assis au beau milieu du salon de son ennemi d'enfance, et je me fous plus encore de cette histoire de lien.

Il a vu mon manège. Je crois qu'il se fout de moi.

- Dur le matin, Potter ?

Je plante mon regard dans le sien mais je ne réponds pas. Son petit jeu ne m'amuse plus. Je ne suis plus son élève ; les retenues, retraits de point et humiliations sont loin derrière moi. Je replonge le nez dans ma tasse de café.

oOoOoOoOoO

Harry,

Je suis avec mes parents. Je te remercie, tout va bien.

Concernant tes excuses, je pense qu'il faudrait peut-être se laisser un peu de temps tous les deux.

J'ai vraiment été déçue par tes paroles, et te dire que je te pardonne (en tout cas aujourd'hui) serait un mensonge.

Je pense à toi.

Hermione.

Bien. Hermione tire la tronche donc. Je froisse le papier sous mes doigts et le jette dans un coin de la pièce. Il ne manquait que ça. J'ai besoin d'elle ! Pourquoi est-ce qu'elle me fait ça maintenant ? Je me suis excusé non ? Je jure à voix haute et commence à tourner dans la chambre comme … un rat en cage. C'est ça, oui ! Je suis un rat en cage ! Je fulmine et balance mon point contre le mur en placo. Je hurle de douleur, bien plus que le mur, qui se retrouve défiguré d'un trou béant juste à côté de la porte. Les jointures de mes doigts gonflent à vue d'œil et l'élancement est plus que douloureux. Je mords ma lèvre avec violence pour tenter de stopper mon cri de douleur, peine perdue.

Sirius ouvre précipitamment la porte, un air de panique totale sur le visage.

- QUOI ? QUOI ?

- Rien, rien Sirius. Je... Je me suis juste fait mal à la main et – je m'empresse de le rassurer. Il a l'air au bord de la syncope – du coup j'ai un peu crié mais…

- Mais t'es malade ou quoi ? Tu vas me tuer à hurler comme ça !

Il pose ses mains sur ses genoux et tente de reprendre son souffle.

- J'ai jamais traversé cette maison aussi vite ! Même quand je fuyais mes parents j'atteignais pas cette vitesse ! - reprend-t-il un sourire aux lèvres.

Je lui rends maladroitement son sourire. Ma colère s'est calmée, pas la douleur qui pulse dans ma main, qui prend d'ailleurs un couleur assez peu naturelle.

- Qu'est-ce que tu t'es fait ? Fais-voir – me dit-il en prenant ma main d'autorité, avec douceur cependant – Mais comment ..

Il commence sa question mais son regard dérive rapidement sur le mur défoncé. Il blêmit un peu et pose un regard sur moi qui, je pense, se veut mi- sévère, mi- inquiet.

J'ai bien peur qu'il se mette à prendre son rôle de parrain un peu trop au sérieux.

- Harry, mais pourquoi…

- Je ne sais pas, Sirius. J'ai reçu la réponse d'Hermione et ça m'a légèrement mis sur les nerfs.

À en croire l'expression de son visage, il n'a pas la même définition de ''légèrement'' que moi.

- Harry, tu t'es explosé la main, sans parler du mur. La prochaine fois que tu es légèrement énervé, comme tu dis, tape dans le matelas de ton lit, ou mieux, va faire un jogging.

On y est. Le regard sévère a pris le dessus sur le regard inquiet.

- Désolé Sirius. Je vais trouver un truc pour ce mur.

- Mais je m'en fous du mur – souffle-t-il, comme exaspéré – J'ai juste pas envie que tu rentres dans une rage pareille pour des choses aussi anodines. Ça lui passera à Hermione. C'était pas si grave que ça, si ?

- Non, non, t'as raison. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

Snape apparaît soudain à la porte.

- Un problème ?

- Non, non. Harry a juste... c'est rien.

Le visage de Sirius, déjà pâle, se décompose encore un peu plus et détourne son regard de Snape pour le planter dans le mien. Je baisse la tête; il a certainement honte de moi.

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