HP et l'attrait des ténèbres
Je m'assois sur le bord de mon lit. Il faut bien que je bouge. J'ai envie d'aller me promener, seul. Me laisser sombrer au coin d'un arbre, dans un parc. J'ai vu qu'il y en avait quelques uns dans les environs. Des Parcs de moldus. Comme les Dursley. Ces monstres. Ces vermines.
Je m'habille rapidement, attrape ma baguette et me dirige au rez-de-chaussée.
Sirius est assis à la table de la cuisine. Je n'ai pas le temps de m'approcher de lui que du petit salon s'élève le bruit du crépitement de la cheminée. Sirius relève les yeux sur moi, en proie à une panique sans nom, se redresse tout à coup et se met presque à courir en direction du bruit. Alors que j'étais sur le point de m'engager à sa suite, j'entends de grands cris.
- Remus ! Mon vieux ! Déjà de retour ?
- Et oui Patmol. On ne met pas un loup comme moi au tapis aussi facilement !
J'entends des rires, et des bruits d'accolade. Et soudain, on m'appelle ;
- Harry ! Viens voir, Remus est sorti de l'Hôpital.
Ah. Il faut que j'y aille. Et que je souris. C'est obligatoire. Je met un pied dans la pièce et tend les bras vers celui qui fut l'un des amis de mes parents. Remus me rend mon étreinte avec vigueur. Il est fier de moi lui aussi. Je le sens. Est-ce qu'il y a de quoi ? Oui, bien sur qu'il y a de quoi. J'ai terrassé le mage noir, le Lord des ténèbres.
- Harry ! Je suis tellement heureux de te revoir !
Sirius me jette des coups d'œil anxieux. Il a certainement peur que je sorte une connerie. Ne t'en fais donc pas tant parrain. Je ne suis pas stupide.
- Moi aussi Remus. Je suis ravi de voir que tu es de nouveau sur tes pattes.
Remus me répond d'un large sourire et d'une tape virulente dans le dos. Puis il lance :
- Bon, vous êtes gentils, mais j'ai une faim de loup moi !
Sirius, plus détendu, rit exagérément à la blague de son ami et le conduit rapidement vers la cuisine, me laissant seul au milieu du petit salon. Je ne pourrais certainement pas sortir aujourd'hui. Il faut faire honneur au lupus. Dumbledore sera surement là aussi, tout comme Snape. Où est-il celui-là d'ailleurs ? Sirius m'avait dit qu'il emménageait ici pour plus de sécurité. De toute façon, peu importe.
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Le repas s'était déroulé sans heurt. Seule l'arrivée tardive du maître de potions était venue troubler l'apparente quiétude du repas. Dumbledore avait félicité Remus de son prompt rétablissement et chacun avait devisé joyeusement. Personne ne s'était en apparence rendu compte que le jeune Harry était resté silencieux comme une tombe. En apparence seulement : hormis Remus qui ignorait les derniers événements, chacun guettait discrètement le jeune Homme. Sirius avait tenté toute la soirée de le faire participer aux conversations, en vain. Dumbledore lui avait lancé quelques sourires bienveillants qui avaient laissé Harry de marbre, et même les tentatives de Snape de le faire sortir de ses gongs à coups de remarques acerbes avaient échouées. Ainsi, lorsque Remus prit congé et que Harry les salua peu de temps à près en prétextant être fatigué, les trois hommes étaient plus inquiets que jamais.
- Il n'a toujours pas demandé des nouvelles de ses amis. C'est comme si Ron n'avait jamais existé pour lui, et le nom d'Hermione n'a pas franchi ses lèvres depuis des jours – souffla Sirius, en tournant son visage inquiet vers le vieux directeur.
Dumbledore se leva et se dirigea vers le petit salon, invitant d'un geste de la main les deux hommes à le suivre. Il s'installa sur l'un des moelleux fauteuils et se mit à caresser sa longue barbe blanche.
- Albus – reprit Sirius – je m'inquiète vraiment. Il passe sa journée dans sa chambre. Il ne me parle pas, mange à peine. Il faut qu'on lui parle, lui dire qu'il nous inquiète, qu'il doit se reprendre. Peut-être que nous nous trompons, qu'il est simplement un peu dérouté par ce qu'il lui arrive.
Snape leva les yeux au ciel et Dumbledore ne put retenir un soupir.
- Sirius, je comprends aisément que tu souhaites que je me trompe. J'aimerais aussi beaucoup n'avoir fait qu'une erreur, une de plus du moins. Mais je suis de plus en plus formel, et le comportement d'Harry ne fait que conforter mon idée. Maintenant il faut accepter la situation et trouver des solutions avant que cela dégénère.
Sirius hocha la tête et ses joues déjà habituellement creuses semblaient aujourd'hui cadavériques. Il n'était plus en forme. Askaban et la guerre l'avaient usé, la mort de ses amis l'avait enfoncé et désormais, c'était son filleul qui le préoccupait. Il devait offrir à Harry ce qu'il n'avait encore jamais eu : une vie calme, sereine, sans présages de mort et menaces constantes au dessus de la tête.
Snape eut un rictus narquois qu'il se hâta de cacher devant les yeux menaçants de Dumbledore. Mais il n'en pensait pas moins : Black n'était pour lui qu'un homme pitoyable, qui avait depuis toujours prôné la fierté et l'amour et qui se retrouverait aujourd'hui seul, usé, détruit. Lamentable. Black était lamentable.
- J'ai cru comprendre que tu n'avais pas eu le temps d'offrir de cadeau à Harry pour ses dix-sept ans ?
Sirius tourna mollement la tête vers le vieil homme et hocha la tête pour toute réponse.
- Et bien je pense qu'il serait bienvenu de lui offrir ceci– dit-il tout en sortant de sa poche un large bracelet de cuir noir.
- Qu'est-ce que c'est ? - demanda Sirius, tout en se saisissant de l'objet que lui tendait Dumbledore.
- Un bracelet de détection.
Devant l'air hagard de Sirius, Snape lui lança, un rictus dans la voix :
- La version sorcière de ce que les moldus attachent à leurs prisonniers en liberté conditionnelle.
À ces mots, Sirius se leva d'un bond et se tint debout face au directeur.
- Vous voulez que je trompe mon filleul en lui faisant croire que ceci n'est qu'un simple cadeau ? – cracha-t-il tout en secouant le bracelet dans sa main – Vous voulez le pucer comme un vulgaire chien Albus ?
- Cela vous rapprochera d'autant plus tous les deux – souffla Snape.
- La ferme Snivelus ! Je t'ai accepté sous mon toit jusqu'ici, ne me force pas à te foutre dehors !
- Du calme jeunes gens- tempéra le vieux directeur- Severus, il serait profitable à tous de ne pas entendre ce genre de remarques.
Il regardait le maître de potions d'un air sévère et hochait imperceptiblement la tête de gauche à droite en signe de déception.
- Sirius, ce n'est pas une puce mais un simple bracelet. C'est dans l'intérêt de Harry. Je te rappelle d'ailleurs que nous travaillons tous à son bien-être dans cette pièce. Il s'agira simplement de savoir où Harry se trouve, au cas où un problème surviendrait.
Le silence se fit durant quelques secondes dans le petit salon. Puis Dumbledore reprit :
- Entre autres, ce bracelet nous permettrait de laisser Harry sortir seul, ce qui était depuis l'épisode de Londres totalement impossible, tu t'en rends bien compte. Il gardera ainsi sa liberté, ce qui améliora certainement son humeur, et nous aurons toujours un œil sur lui.
- Bien. S'il le faut. Mais je refuse de lui mentir. Autant lui dire clairement que ce bracelet nous permettra de nous garantir qu'il est en sécurité.
- Non Sirius- coupa le Directeur - il ne doit pas savoir. Il l'enlèvera dès qu'il en sentira le besoin, j'en suis bien certain. Et nous ne pouvons pas non plus celer son bracelet, il ne le supporterait pas. La meilleure solution est qu'il le considère comme un simple bijou ; il ne se posera pas de questions si c'est un cadeau de son parrain.
Et alors que Sirius était de nouveau sur le point de protester, Dumbledore reprit, plus fermement :
- Je crois que tu ne saisis pas la gravité de la situation Sirius. Harry peut devenir dangereux, autant pour lui que pour les autres. Il l'a déjà prouvé. Peut-être s'imagine-t-il que nous n'agissons pas dans son intérêt, peut-être même, et j'en ai bien l'impression, qu'il ne se rend pas compte du changement qui s'opère en lui. Il faut cesser de se poser des questions et agir Sirius. Il s'agit là de sa protection. Tu ne dois pas te laisser duper. Harry n'est déjà plus lui-même.
Sirius hocha la tête, planta son regard dans celui du vieil homme, marmonna un – très bien – et sortit du salon, laissant là les deux autres hommes.
- Tiens Severus, voici le bracelet récepteur. Il te permettra de transplanner auprès d'Harry à tout moment. Je t'expliquerai son fonctionnement précis plus tard. N'hésite pas à t'en servir si tu as un quelconque doute.
Snape grogna, attacha le second bracelet à son poignet droit et servit à son mentor et lui même un verre de Whisky-pur-feu.