HP et l'attrait des ténèbres
Hermione m'a envoyé une lettre. Elle m'explique qu'elle n'aurait pas du avoir cette réaction, et que c'était à elle de s'excuser. Je ne lui ai pas répondu. Peu importe. Je n'ai pas envie de la voir.
Je dois sortir de cette chambre. M'aérer l'esprit.
Je descends en vitesse les escaliers. Il semble n'y avoir personne. Faisons les choses bien; je laisse rapidement un mot à Sirius pour éviter qu'il s'inquiète de mon absence, et je sors de la maison.
Le soleil rayonne et la chaleur frappe brusquement ma peau. Peu de gens ont eu le courage d'affronter le soleil de cet été brulant : les rues sont vides, hormis quelques groupes de touristes moldus, armés de leurs appareils photos dernier cri. Je les ignore complètement : de toute façon, ils ne me reconnaissent pas. Ils ne savent même pas qu'une guerre s'est jouée sous leurs nez. Ils ignorent à côté de quelle catastrophe nous sommes tous passés. Ils auraient pu tous mourir. Et ils l'ignorent. Je me sors ces idées déplaisantes de la tête et longe le trottoir de l'autre côté de la rue, là où les arbres amènent un peu d'ombre aux passants essoufflés. J'avance à grands pas et me retrouve rapidement devant les grilles d'un grand parc. J'y étais déjà venu, avec Hermione, aux vacances dernières. J'ai l'impression qu'une décennie est passée entre temps. C'était une autre vie. Une vie où ils étaient importants, où ils comptaient pour moi. Je ne sais même pas comment vont Ron, et Ginny. Je n'ai pas demandé de leurs nouvelles. Mais ont-ils demandé des miennes? Je ne crois pas. C'est fini. C'était une autre époque. Désormais, chacun est retourné à ses propres préoccupations. Il est normal que je fasse de même.
Je traverse le parc pour m'asseoir sur le seul banc à l'abri des regards indiscrets.
Quelques gosses jouent au ballon un peu plus loin. Je fais tourner autour de mon poignet le bracelet que m'a donné Sirius ce matin. Pour mon anniversaire. Merci Sirius. C'est gentil. J'apprécie beaucoup. Quelle blague. Avec sa grande sollicitude, et toute sa compassion dégoulinante, Sirius m'agace. Il m'étouffe même.
oOoOoOoOoOoOoOo
Severus Snape n'avait jamais été un homme compréhensif, et sentir le bracelet qu'Albus lui avait confié vibrer sous son poignet l'agaça au plus haut point. La couleur verte qui commençait à teinter légèrement le bijou indiquait que le jeune homme était sorti du Square. Ce gosse ne tenait donc pas en place ?
Il soupira, rangea rapidement les manuels et différents livres de magie noire étalés sur la table de son salon. Il n'avait pas envie de retourner à Grimmaurd. Son petit appartement de Spinner's end lui était familier, et presque agréable. Il caressa comme à regret le bois de la porte et transplanna.
oOoOoOoOoOoOoOo
Je fais silencieusement venir de petits cailloux dans mes mains, avant de les jeter le plus loin possible devant moi, et de les récupérer de nouveau. Utiliser la magie sans baguette est parfois plutôt sympa. Snape n'avait pas tord. Bien que je doute qu'il m'ait appris à le faire pour que j'attire des pierres dans ma main sans lever le petit doigt. Je vois finalement au loin s'approcher une femme d'une trentaine d'années ; elle pousse un bébé dans une poussette et tient un jeune enfant par la main. Je ne peux m'empêcher de les observer avec plus d'attention. Ce sont des moldus. Je le sens.
oOoOoOoOoOoOoOo
Après avoir constaté que le jeune homme avait laissé un mot pour indiquer qu'il était sorti, Snape décida de lui laisser le bénéfice du doute. Tant que le bracelet ne passait pas au rouge, rien n'était encore arrivé. Il s'installa confortablement dans le petit salon du Square et se mit à feuilleter un magazine de potions.
oOoOoOoOoOoOoOo
Je ferme les yeux. La femme n'a pas de magie en elle. Elle n'a rien. Elle continue de marcher pour enfin s'asseoir sur le banc le plus proche de moi. Je l'entends crier sur l'enfant. Elle l'insulte je crois. L'enfant se met à courir. Elle se lève, l'attrape férocement par le bras et lui assène une gifle violente.
La colère monte en moi comme un haut-le-cœur. Cet enfant n'a pas quatre ans. Comment peut-elle lui faire ça? On dirait Pétunia. Aussi stupide, aussi monstrueuse. Je me mets à rire. Pétunia. Je devrais peut-être lui rendre une petite visite un jour. Pour que tous puissent se remémorer les bons souvenirs de mon enfance ; le placard, les injures, les coups. Toute mon enfance rendue misérable par une vipère. Vernon n'avait néanmoins jamais été en reste.
Je repose mon regard sur cette femme. Oui. C'est exactement le même genre de femme que Pétunia : grande, maigre, le regard haineux. Je souris.
oOoOoOoOoOoOoOo
Alors que le bracelet se remettait à vibrer, Snape grogna clairement cette fois-ci. Quoi encore ? Ce morveux était donc totalement incapable de se tenir tranquille un petit quart d'heure ? Il ne s'était passé qu'une dizaine de minutes depuis qu'il avait transplanné au Square ! Le professeur s'apprêtait à replonger le nez dans son magazine lorsqu'il s'aperçu que le bracelet virait au rouge. Le rouge signifie un danger, avait dit Albus. Snape jura tout bas et posa sa main gauche sur le bracelet.
Il transplanna alors directement dans un parc, caché derrière un arbuste. Il ne mit pas longtemps avoir d'apercevoir le jeune homme, qui se tenait à une dizaine de mètres sur sa gauche. Il était assis sur un banc. Qu'avait-il bien pu se passer ? Personne n'était à côté de lui. Cependant, un cri d'enfant alerta le professeur de potions. Celui-ci sortit alors discrètement de sa cachette et retint un juron face à ce qu'il voyait. Une jeune femme était agenouillée dans l'herbe ; ses deux mains venaient serrer son cou avec force. Son visage se colorait de rouge, et ses doigts semblaient provoquer des hématomes sur sa peau pale. Un enfant hurlait à ses côtés. Snape était dérouté. Dans son moment de panique, Snape tourna la tête vers le jeune Potter. Le sourire qui flottait sur les lèvres du jeune homme horrifia le professeur. Il avait le sourire des mangemorts, le sourire des bourreaux qui prennent plaisir à voir la souffrance des autres. Magie noire. Potter usait de magie noire pour étrangler cette femme.
Snape se hâta en direction du jeune homme et le saisit par le col.
oOoOoOoOoOoOoOo
Snape. Il a tout fait foiré. Comme à son habitude. Son regard est incendiaire mais je ne baisse pas le mien. Croit-il me faire peur en m'attrapant ainsi ? Il se trompe. Je n'ai pas peur de lui. Je n'ai peur de personne. La vipère semble reprendre son souffle peu à peu. Les gamins qui jouaient au foot accourent vers elle. L'enfant pleure toujours. J'aimerai lui expliquer que j'ai fait ça pour son bien, lui expliquer que cette femme n'a pas le droit de le frapper, mais je sens déjà Snape me tirer plus loin du banc. Il n'a toujours pas parlé. Il ne peut pas comprendre. Il n'a pas vu ce que cette femme a fait à ce gosse. Elle méritait d'être punie. Elle méritait la mort. J'entends Snape m'insulter et les effets du transplannage ne tardent pas à se faire ressentir.
oOoOoOoOoOoOoOo
L'arrivée au square Grimmaurd fut bruyante. Snape jeta Harry sur un des fauteuils et hurla le nom de Sirius. Sans attendre que celui-ci réponde, il prit une poignée de poudre de cheminette, en jeta dans le feu et cria le nom du bureau d'Albus Dumbledore.
Bientôt, les trois hommes entouraient Harry pendant que Snape expliquait la situation.
Harry ne parlait pas. Personne ne l'interrogeait. On le jugeait, encore, et bientôt tomberai la sentence.