HP et l'attrait des ténèbres
Après-midi du jour XV
Devant moi, la maison d'Hermione. Bien. J'avance prudemment sur le pallier de la demeure et tape trois coups brefs à l'immense porte d'entrée. Je n'ai pas le temps de m'impatienter. Vingt secondes plus tard, une femme d'une quarantaine d'années, au style pompeux et à la coiffure parfaite ouvre la porte et m'offre un large sourire :
- Bonjour, Monsieur ?
- Peter Lewis. Madame Granger je suppose – dis-je en lui tendant la main et en lui offrant un sourire aussi large que le sien.
Elle me rend ma poignée de main avec chaleur et je commence à trouver cette femme un peu trop naïve.
- Oui. Que puis-je faire pour vous Monsieur Lewis ?
- Je travaille pour le ministère de la Magie. On m'a envoyé ici pour que je puisse m'entretenir avec votre fille, Miss Hermione Granger.
Je m'épate moi même. Le mensonge vient à ma bouche avec une facilité déconcertante. Me vieillir d'une dizaine d'années n'était pas une mauvaise idée.
- Oh ! Rien de grave j'espère ?
Je lui offre mon plus beau sourire et la rassure immédiatement :
- C'est tout le contraire Madame. Son profil nous intéresse, au vu de ses capacités scolaires plus que remarquables. On m'envoie lui proposer d'effectuer un stage au sein du ministère.
Elle rayonne littéralement et m'ouvre un peu plus la porte. Imbécile.
- Oh ! Entrez, je vous en prie, je l'appelle immédiatement.
Je pénètre d'un pas vif dans le hall de la demeure. Elle est aussi élégante à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Le hall d'entrée semble disproportionné et un immense escalier en fer forgé borde les deux côtés de la pièce. Devant moi, une large ouverture en arche semble donner un accès direct au salon.
À mon grand étonnement, la mère d'Hermione ne crie pas son nom pour l'appeler. Elle me fait simplement un sourire d'excuse et se dirige au premier étage.
Bien. Tout semble se dérouler correctement. Je dois faire comprendre à Hermione qui je suis. Elle va m'aider.
Au bout de quelque minutes, la mère et la fille apparaissent dans mon champ de vision. Hermione semble se tortiller et la couleur brique qui orne son visage me laisse penser que sa mère lui a déjà expliqué la situation. Je souris, lui serre la main, tandis que Madame Granger nous installe dans un coin tranquille de l'immense salon. Elle s'excuse rapidement et lance un regard bienveillant à sa fille :
- Je vous laisse donc discuter. Et offre quelque chose à boire à Monsieur Lewis ma chérie.
- Bien sur maman. Monsieur ?
Je souris et hoche négativement la tête :
- Non merci mademoiselle, c'est très gentil. Bien. Comme votre mère a du vous l'expliquer, je travaille pour le ministère et nous avions pensé que..
Je ne termine pas ma phrase. La mère d'Hermione est sortie discrètement. C'est le moment où jamais. Hermione, elle, me regarde toujours, une expression soucieuse sur le visage :
- Monsieur, vous disiez ?
Je plante alors mon regard dans le sien :
- Hermione !
À la façon dont elle m'observe, je pense qu'elle croit que je suis fou. Je mords ma lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire, chose qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps.
- C'est moi, Harry – je lui souffle.
- Comment ? Mais ..
- Hermione Granger, je suis Harry James Potter, actuellement sous un sortilège de glamour et j'ai besoin de ton aide.
Je crois qu'elle va s'étouffer. J'observe les différentes expressions qui se succèdent sur son visage : choc, méfiance, déception. Bien.
- Harry ?
- Oui c'est moi.
- Qui est Patmol ? - me demande-t-elle, soudain plus tendue.
- Sirius Black, mon parrain, meilleur ami de mon père, et stupide chien baveux à ces heures perdues.
Elle me sourit enfin. Bien, on avance.
- Harry, mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? Et pourquoi toute cette comédie ? Je ne..
- Hermione, écoute-moi. Je n'ai pas le temps de tout t'expliquer mais je te promets que je le ferais. Si j'ai besoin de toi, c'est parce que j'ai besoin que tu retires le sort anti-transplannage qui m'empêche de ..
- Quoi ? anti-transplannage ? Mais qui t'as posé ça ? Harry tu m'inquiètes, qu'est-ce qu'il t'arrives ?
Je mords l'intérieur de ma jour. Rester calme. Surtout rester calme. Espérer qu'Hermione obéisse sans poser de question était complètement utopique.
- Dumbledore me l'a jeté. Je ne peux pas t'expliquer pourquoi en détails maintenant. Peux-tu m'aider oui ou non ?
- Non ! Je veux d'abord savoir ce qu'il se passe.
Sale peste. La colère gronde en moi. Je savais qu'elle ne m'aiderait pas. Personne ne le fait.
- Je t'en prie Hermione.
- Non. Explique-moi d'abord et j'essaierai de t'aider ensuite.
Je me lève brusquement de ma chaise et attrape le poignet d'Hermione, avant de le secouer fortement.
- Je ne peux pas t'expliquer Hermione !
Une lueur de peur traverse les prunelles de mon amie. Enfin, mon semblant d'amie. Mes mains tremblent. La colère . La déception. La rancune. Les émotions m'immergent, et je suffoque presque.
- Granger, tu vas m'aider. Que tu le veuilles ou non.
J'observe avec un certaine satisfaction la jeune fille paniquer. Très bien. Tout va bien se passer.
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Severus Snape se réveilla en sursaut, faisant chuter son verre d'alcool. Ses épaules s'arquèrent, sa nuque se raidit. Appuyant sur son bras gauche de toutes ses forces, il se leva et se précipita vers la cheminée pour contacter le vieux directeur.
- Albus. Vous êtes seul ?
- Oui Severus. Que se passe-t-il ?
En une seconde, le vieil homme traversa la cheminée et se retrouva dans le salon de son professeur de potions.
- Le môme est en colère.
- Mais il ne vous appelle pas n'est-ce pas ? Demanda le vieux directeur, une lueur inquiète au fond du regard.
- Non. Il ne m'appelle pas, mais c'est tout comme. Comme il ignore ma... condition, comme vous dites, il ne se contrôle pas et je reçois sa colère, assez spectaculaire d'ailleurs. Il y a peut-être un moyen ici de le rejoindre.
- Combien de temps avons-nous Severus ?
- Je ne sais pas. Mais s'il se calme, nous perdrons cette chance.
Snape lança un regard interrogateur à son mentor. C'était le moment. Albus le savait.
- Allez-y Severus – souffla-t-il – et soyez prudent.
- Ne vous inquiétez pas Albus.
- Transplannez directement à Hastings Severus, et mettez les protections en place.
Snape hocha imperceptiblement la tête, posa sa main droite sur la marque des mangemorts, ferma les yeux et disparut. Lorsqu'il les rouvrit, il était sur le porche d'une maison, dans un quartier certainement moldu. Bien. Cela semblait avoir fonctionné. Mais où Potter était-il allé se fourrer ? Le morveux était probablement à l'intérieur. Ses yeux balayèrent la place dans l'espoir de trouver un quelconque indice. Une petite boîte en acier attira son attention. Un journal moldu dépassait de sa fente. Sur la petite plaque qui ornait la boîte aux lettres, les noms ''Mr et Mrs Granger'' apparaissaient. Granger. Bien sur, la petite amie inavouée du morveux. Il laissa un rictus s'échapper de ses lèvres avant de se demander ce qui avait pu pousser Potter à ressentir une telle colère face à Miss-je-sais-tout.
Il n'avait pas de temps à perdre. Il entra le plus silencieusement possible dans la maison et se jeta rapidement un sort de silence. Des échos de discussion provenaient de la pièce en face de lui, tandis que quelques bruits de pas se faisaient entendre à l'étage supérieur. Il fallait espérer que Potter ne soit pas en haut. Alors qu'il s'approchait à pas feutrés de ce qui semblait être un immense salon, les bruits étouffés de la conversation lui parvinrent de manière plus audible.
- Harry, je t'en prie, lâche-moi, tu me fais mal.
Un rire aigre lui répondit.
- Harry ! QU'est-ce que tu fais ? S'il-te-plait je..
- La ferme Granger. Si tu m'aides, je partirais, et je te foutrais la paix. Tu vas seulement aller chercher tes bouquins sur le sujet. Je t'attends ici. Ne tente rien, ou tu risques de le regretter.
Snape, malgré le sort de silence, retint sa respiration. Ce n'était pas Potter. En tout cas ça ne l'était plus. Comment Miss parfaite pouvait ne pas s'en rendre compte? Snape se faufila contre le mur du hall jusqu'à être au plus près de l'arche. Il glissa un pied à l'intérieur de la pièce. Potter lui tournait le dos tandis qu'il serrait le bras d'Hermione. Parfait. Il attira le regard de la jeune fille et posa rapidement un doigt sur ses lèvres, lui intimant le silence. Futée, la jeune gryfondor ne posa les yeux sur son professeur que l'espace d'une demi-seconde. Potter, lui continuait à parler sans se rendre compte qu'une nouvelle personne avait fait son entrée dans le salon.
Snape sortit sa baguette et se prépara à immobiliser le jeune Homme. Même dépourvu de sa baguette magique, Potter pouvait s'avérer dangereux. Snape grogna intérieurement en pensant que c'était lui qui lui avait appris à utiliser sa magie par sa seule volonté. La situation pouvait maintenant se retourner contre lui.
Sans plus attendre, Snape pétrifia silencieusement le jeune Homme qui tomba à Terre dans un brut mat. La jeune fille ne put retenir un cri d'effroi.
- Professeur, qu'est-ce qu'il lui arrive ? Expliquez-moi, je ne ..
Snape ôta rapidement le sort de silence qu'il s'était jeté et planta ses prunelles noires dans celles de la jeune fille :
- Taisez-vous Granger. Et cessez donc de m'appeler Professeur.
- Non ! - Cria presque la jeune femme – j'exige que vous m'expliquiez ce qu'il se passe et..
Soudain, des bruits de pas se firent entendre, ce qui fit taire Hermione. Quelqu'un descendait les escaliers.
- Écoutez Granger – souffla Snape, d'un ton sec qui fit frémir la jeune fille – Je n'ai pas le temps, je dois partir. Si vous tenez tant à savoir, allez voir le directeur. Mais si vous tenez un tant soit peu à votre petit-ami, taisez cette visite à toute autre personne.
Après un dernier regard glacial à son ancienne élève, Snape s'agenouilla auprès du jeune homme toujours tétanisé et transplanna dans un mouvement de cape.