HP et l'attrait des ténèbres

Chapitre 20 : Jour XVII

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:19

Je me réveille en sueur. J'ouvre les yeux avec difficulté. Un pichet d'eau et un verre sont posés devant moi. C'est certain désormais. Je suis un genre de prisonnier. Le sang semble pulser contre mes tempes et je me sens fiévreux. Snape m'a fait comprendre que je pourrais avoir un lit, une chambre, si je restais tranquille. J'en rêve. Mon dos est tout simplement foutu et l'idée même de prendre une douche, même tiède, me paraît merveilleuse. Il faut que je lui parle. Je crois que ça va mieux. Je vais lui expliquer. Tout ça doit être le contrecoup de la guerre. Je vais lui expliquer. Il va comprendre. Il le faut.

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Dumbledore n'allait pas tarder à arriver et Snape se sentait de plus en plus mal. Il n'avait encore rien trouvé. Rien. Il avait tenté plusieurs fois d'élaborer, au moins théoriquement, une potion assez forte qui aurait pu redonner pleine conscience au garçon. Mais les quelques tests qu'il avait fait sur Potter s'étaient avérés non concluants. Le gamin avait semblé redevenir un peu plus lucide, oui. Mais le changement drastique et la douleur vivace qu'il aurait du ressentir ne s'étaient pas pointés, ce qui signifiait que la potion n'avait pas réussi à séparer les deux âmes.

Snape se triturait les méninges depuis plus d'une heure, et avait bu entre temps un nombre de verres d'alcool dont il n'était pas capable de se souvenir, quand Albus se décida finalement à faire son entrée dans la triste demeure.

Le regard nerveux que peu de personnes lui connaissaient le hantait à ce moment-même et Snape déglutit intérieurement. Il n'avait pas réussi. Pas encore. Et le vieil homme semblait pourtant reposer tous ses espoirs en lui, et en ses talents de potionniste.

- Severus.

Le vieux mage inclina légèrement la tête et força un pâle sourire sur son visage. Seulement Snape n'était pas un gryfondor et voir qu'Albus l'avait oublié lui fit claquer la langue.

- Albus, ne songez même pas à me faire croire que tout va bien. Que s'est-il passé avec le ministère ?

Le vieux directeur sembla plus amusé qu'autre chose par la réplique du maître de potion et lui lança un vague regard d'excuse.

- Ils se posent des questions. Trop idiotes sans doute pour qu'elles puissent nous inquiéter mais j'ai bien peur que la disparition d'Harry finisse par semer le doute. Les gens sortent à peine d'une guerre terrible et imaginer un revirement catastrophique ne leur paraît certainement pas absurde.

Snape soupira discrètement et Albus finit par prendre place en face de lui, redonnant d'un coup de baguette magique quasiment invisible une deuxième jeunesse au fauteuil miteux qui trônait dans la pièce quelques secondes auparavant.

- Albus, je n'ai pas beaucoup avancé. J'ai testé certaines choses mais cela n'est pas suffisant.

Le vieux directeur leva son regard sur l'homme en face de lui et lui offrit un sourire indulgent.

- Severus, mon enfant, je ne m'attendais pas à ce que tu trouves un tel remède en si peu de temps. Ne t'accable pas pour quelque chose dont tu n'es pas responsable.

- Je ne m'accable pas Albus. Je vous fais mon rapport, rien de plus.

Albus sourit encore et voir le vieux bonhomme se moquer de lui si directement fit presque tiquer le maitre de potions.

Le silence s'installa sur la pièce. Un silence reposant et confortable, comme souvent entre les deux hommes. Severus devait bien reconnaître ça au vieux fou. Sa présence, bien qu'insupportable de mièvrerie, n'était pas oppressante, bien au contraire.

- Fais le venir Severus. Je dois, je crois, me rendre compte par moi-même de la situation.

Snape ne sembla pas enchanté mais acquiesça et se dirigea vers l'escalier.

oOoOoOoOo

Alors que je commençais sérieusement à déprimer, Snape entre dans la pièce. Dire qu'il le fait violemment est un euphémisme.

- Potter ?

Il me regarde étrangement. C'est en croisant ce regard que je me souviens de ce qui s'est produit lorsqu'il m'a retrouvé. Je tourne la tête, par honte je crois. Mais qu'est-ce qui m'arrive ?

- Levez-vous. Albus est ici et voudrait vous voir.

Je ne peux m'empêcher de ressentir un vague espoir. Albus. Albus va m'aider.

Je me lève précipitamment et sors de la pièce. J'ai la sensation de me réveiller peu à peu, comme si le voile qui opacifiait mon esprit se retirait lentement.

- Venez, il est au salon.

Je hoche la tête et le suis sans un bruit dans les escaliers.

Le Directeur se lève à notre arrivée et me fait signe de m'asseoir face à lui. J'obéis sans rechigner. Le mal de tête qui me vrille les tempes est de plus en plus insoutenable.

- Harry ?

Je lève la tête et fixe mes yeux dans ceux de celui que j'ose encore considérer comme une sorte de parent. J'ai besoin de lui. Il doit m'expliquer ce qui m'arrive.

- Comment vous sentez-vous ?

La question vient de Snape. Ce n'est pas la première fois qu'il me la pose. J'essaye de lui répondre mais un violent vertige se saisit de moi et je ferme les yeux pour essayer de le chasser.

- Peut-être que les derniers tests que j'ai effectués sont plus probants je ne l'aurai cru.

- Expliquez vous Severus – le pressa le directeur

- J'ai l'impression qu'il est en état de panique. Son cerveau a du se rendre compte de l'invasion, mais il est incapable de réagir de manière cohérente – tout en parlant, Snape scrutait le visage du jeune homme : son regard fiévreux, son souffle rauque tout indiquait une réaction à la potion.

J'entends ce qu'ils disent. J'entends tout mais je ne comprends pas, je ne comprends rien.

- Ecoute moi Harry, me dit Dumbledore, Tom a envahi ton esprit et t'as fait accomplir des choses que tu n'aurais jamais eu idée de faire seul. Le professeur Snape essaye de trouver une solution, mais ce ne sera certainement pas facile pour toi.

- Mais, quoi ? Je …

Je n'arrive pas à aligner une phrase. Mon cerveau n'est plus qu'un vague chaos sans plus aucune cohésion. Je sens une chaleur monter le long de mon thorax, mes mains, ma nuque. La sueur qui s'échappe de moi ne m'empêche pourtant pas de frissonner. Et je sombre, encore, comme un énième rappel de la guerre, des morts, des larmes. Comme l'écho incessant des pas du Lord noir.

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