HP et l'attrait des ténèbres
Snape était dans le laboratoire depuis maintenant plus de 6 heures. Il tenait quelque chose, il en était certain. Le morveux avait semblé complètement médusé la veille, comme s'il avait compris que quelque chose n'allait pas, comme s'il était effrayé par ses propres actes. La potion qu'il lui avait fait ingurgiter le matin même ne devait pas être étrangère à cette réaction. Mais ce n'était pas assez. En allant le chercher ce matin, le gamin avait reprit son regard froid, ses gestes calculés. L'effet s'était donc dissipé. Et il n'était pas envisageable de lui donner chaque jour une dose de la potion : le morveux avait eu de la fièvre toute la nuit, et ne s'était endormi que sur les coups de quatre du matin. Un tel traitement, au quotidien, finirait par le tuer. Non, il fallait creuser encore, trouver une potion qui pourrait définitivement séparer les deux facettes de la personnalité du morveux. Le professeur soupira lourdement, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Il avait face à lui un défi cornélien, voire impossible, à relever.
Mais Snape n'était pas homme à se laisser abattre. Il fallait reprendre les ingrédients, en trouver d'autres il fallait sauver ce foutu gosse auquel tenait tant le vieux fou.
Gosse qui décidemment, avait décidé de l'emmerder jusqu'à ce que mort s'en suive.
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Je me réveille sur un matelas miteux qui semble avoir été disposé dans la cellule hier soir. Les draps sont imbibés de sueur et tous mes membres semblent engourdis. Mais je me sens bien mieux aujourd'hui. Je n'arrive même plus à me souvenir de ce qui m'est arrivé la veille. Ils ont voulu m'empoisonner. Oui. J'ai le vague souvenir d'une conversation où Snape dit m'avoir donné une potion. J'essaye de me souvenir plus en détails de la veille mais mon cerveau refuse de me donner une quelconque information. Je dois rester sur mes gardes. Et surtout, il faut que je parte. Je ne me laisserai pas faire par ces ingrats. Je les ai tous sauvé, j'ai sacrifié ma vie pour la leur. Ils me le rendent d'une étrange façon.Ils tentent de me faire passer pour un fou. Ils sont jaloux de mes pouvoirs. Ils ont peur de moi. Ils ont raison de me craindre. Je les hais tous.
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- Bonsoir Albus. Mademoiselle Granger.
Le ton clairement irrité de Snape fit sourire le vieux directeur.
- Bonsoir Severus. Comme tu le vois, mademoiselle Granger m'accompagne ce soir. Elle est venue me trouver, sur tes conseils, et je n'ai pu me résoudre à lui cacher la vérité plus longtemps.
Le grognement qu'émit le professeur ne sembla pas décourager la jeune femme.
- Bonsoir professeur Snape
- Vous ne pouvez pas le voir. C'est trop dangereux.
- Voyons Severus – souffla le directeur – je suis sûr que si l'un de nous l'accompagne, la rencontre pourra se dérouler sans embuche.
Snape fit le geste aux invités de s'asseoir et se mit à préparer du thé, qui calmerait sans doutes les pulsions trop optimistes du vieux fou.
- Albus, la courte phase de lucidité de Potter dont vous avez été témoin est terminée. Permettre à mademoiselle Granger de voir son… ami, dans de telles circonstances, ne me paraît que très peu judicieux. De plus on ne sait pas quelle réaction il peut avoir suite à ce qui s'est passé chez elle.
- Je prends le risque dans ce cas – sourit le vieil homme.
- Quel risque ne prendriez-vous pas Albus ? - marmonna le professeur.
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- Bonjour Hermione
- Harry- souffle-t-elle
Elle me lance un étrange regard, mi- inquiet, mi- effrayé. Dumbledore m'accorde un chaleureux sourire tandis que Snape reste sur ses gardes, les jointures de ses mains se crispant comme par automatisme.
Je prends un air contrit, abaisse lentement mon visage vers le sol et tortille mes doigts. L'image de repentant que je souhaitais donner semble avoir son effet sur Hermione. Elle reprend peu à peu son assurance et adresse à Dumbledore un léger sourire rassuré, qui ne tarde pas à avoir l'effet recherché.
- Nous devrions laisser ces jeunes gens à leurs retrouvailles Severus. Un petit thé nous ferait le plus grand bien, et puis vous me semblez bien pâle…
Snape lève les yeux au ciel, adresse un dernier regard à Hermione et quitte la pièce à la suite du vieux directeur.
- Je suis terriblement désolé de ce qui s'est produit chez toi. J'espère que tu sais que je n'étais plus moi même à ce moment là ?
Elle semble décontenancée de me voir entrer si rapidement dans le vif du sujet. Mais elle est venue pour ça. Et j'ai besoin de son soutien auprès d'Albus. Un peu de confiance me permettra peut-être de trouver une échappatoire.
- Et bien…oui
Un lourd silence s'installe. Hermione est intelligente. Elle sait que je suis moi-même, elle sait que je ne suis pas un autre. Sait-elle que je les hais tous ?
- C'est difficile pour nous tu sais, on ne comprend pas vraiment ce qui se passe mais..
- Je sais ma belle, mais sache que je vais mieux. J'ai des sortes de crises, mais Snape s'efforce de trouver une potion. Mes absences sont de plus en plus rares, et je me sens bien mieux.
J'ajoute à mon discours le sourire qu'elle est seule à connaître, celui qui lui était autrefois réservé, lorsque j'éprouvais pour elle autre chose que du dégout.
Cela semble même trop facile une larme coule le long de sa joue et elle penche doucement la tête sur le côté, comme toutes les fois où elle est émue. Elle veut tellement retrouver son Harry que la convaincre est pitoyablement aisé. Si leur faire croire que j'éprouve toujours les mêmes sentiments à leur égard me permet de fuir ces malades, je suis prêt à feindre et imiter.
Elle s'approche doucement et je l'attire dans mes bras. Sa tête se blottit contre mon épaule et je l'entends chuchoter mon prénom, comme un parent chuchote le prénom de son enfant suite à un accident évité de peu. Un chuchotement soulagé, rassuré. C'est très bien. Puisque être celui que je suis ne semble convenir à personne, peut-être devrais-je devenir celui qu'ils veulent que je sois. Oui. Je serais un menteur, mais un menteur libre.