HP et l'attrait des ténèbres

Chapitre 23 : Jour XX

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:20

Je laisse un sourire effleurer mon visage. Ma main court sur la douce couverture qui recouvre le lit. On m'a donc attribué une chambre, finalement. Il y a même une petite salle de bain privée. La lumière de la pièce est tamisée, et une douce chaleur y règne. J'ai à peine le temps de me lever que Snape, sans plus de précautions, pénètre dans la chambre.

- Toute une suite pour ma personne ? Bien trop aimable.

- Faites taire votre insolence Potter. La chambre est une idée d'Albus.

Il avance jusqu'au lit et dépose un plateau sur le meuble de chevet. Je m'approche : un café, des gâteaux, un verre de jus d'orange et à côté, une petite fiole bleue, que je saisis d'une main. Une potion. Encore.

- Je ne boirais pas ceci

- Buvez Potter, ou je finirais par vous l'administrer d'une façon certainement moins plaisante

Il ne me fait pas peur mais je bois, bien qu'à contrecœur. Cependant j'ai soudain une irrépressible envie de rire. Lui. Snape. Il est à quelques centimètres de moi et un étrange frisson traverse mon corps. Je sais qui il est. Je sais ce qu'il est.

- Snape ?

- Depuis quand vous permettez-vous de m'appeler ainsi ?

Il se détourne et se dirige vers la porte de la chambre, mais je le rattrape par mes mots :

- Snape, tu m'appartiens n'est-ce pas ?

- La ferme. Je n'appartiens à personne. Buvez cette potion ou je vous fais avaler le reste de force.

Mais ses mains tremblent, son souffle est rauque. La fiole de potion glisse de mes doigts et se brise à mes pieds. Je sais qu'il est à moi. Bien sûr qu'il l'est. Je le sens de tout mon être. Je peux toucher son esprit.

Snape se fige et fait un autre pas en arrière, le regard toujours braqué dans le mien.

Je m'avance et saisis vivement son avant bras. C'est ici qu'est la source de sa soumission. Il tombe à genoux et se met à hurler, mais ses cris me semblent si lointains.

- Ne me mens pas Severus, je sais que tu es à moi.

Je lâche son bras, ce qui semble lui permettre de récupérer son souffle. Du sang goutte peu à peu sur le sol. Il saigne. Il ne mérite que ça. Oui, il ne cesse de me trahir, il me retient ici comme un esclave. La colère monte en moi et mon bras s'élance vers lui. Il s'écrase contre le mur dans un bruit mat avant de retomber violement contre le sol. Je ris aux éclats. Ils peuvent m'enlever baguette, liberté, et tout ce qu'ils veulent : je suis bien plus fort qu'eux. Je fais un pas dans la direction de l'homme. Il est à mes pieds, là où il aurait toujours du rester. Je le relève par le col de sa chemise et le plaque contre le mur. Il souffre semble-t-il. Mon rire ne se fait que plus gras.

Je colle ma bouche contre son oreille et lui susurre :

- Tu me manques Severus. Tu me manques atrocement même.

Mon autre main court le long de son visage. Une myriade d'émotions me traverse. J'approche lentement ma bouche de la sienne. Mais il me repousse avec une force dont je ne le croyais pas capable et me crie :

- POTTER !

Un violent vertige se saisit de moi et je me retrouve incapable d'avancer. Mes mains enserrent mon crâne et tirent sur mon cuir chevelu : la migraine qui me frappe est si violente que je tombe à genoux. J'entends des bruits, je vois même Sirius accourir vers Snape. J'ai la sensation d'être déchiré en plusieurs morceaux. Je veux appeler à l'aide mais mes ongles griffent ma peau sans que je ne puisse rien y faire, et un long cri résonne dans mon âme. Ce cri est en moi, bien qu'il ne soit pas mien. Je suis devenu fou. Nous le sommes tous deux Harry.

oOoOoOoOoOoOoOo

- Severus ! Que s'est-il passé ? Réponds !

- Arrête de hurler sac à puces !

Les deux hommes étaient maintenant dans le salon. Sirius avait réussi à assommer son neveu, et l'avait enfermé dans la chambre. Ses poings avaient été liés, de sorte qu'il cesse de griffer et entailler la peau de ses bras et de son visage. Le jeune homme était finalement tombé de fatigue et le calme était peu à peu revenu dans la demeure, comme si rien ne s'était produit en cette chaude après-midi d'été.

- Qu'est-ce que tu fous là Black ?

- Oh ! De rien Servilus, je suis sur que tu aurais fait de même pour moi, si j'avais été à terre et désarmé.

Snape ne répondit rien mais grogna fortement tout en époussetant ses robes. Mis à terre par un gosse, Potter de surcroit ! Il n'était pas sur de pouvoir s'en remettre. Sans compter qu'effectivement, sans l'intervention de Black, il aurait pu se retrouver dans une situation bien plus embarrassante, ou mort, au choix. Aujourd'hui n'était décidément pas un jour qui allait lui plaire. Potter s'était clairement révélé, et les propos du gamin résonnaient encore dans sa mémoire, provoquant un frisson d'effroi chez le potionniste.

- Bon, tu vas me dire ce qu'il s'est passé ou je peux prendre un verre en attendant que tu atterrisses ?

- Ton filleul me les brise, voilà ce que se passe.

Devant tant de relâchement, Sirius ne put empêcher un léger rire nerveux s'échapper de sa gorge. Mais si Snape se mettait à jurer, c'est que la situation devait s'être encore empirée. Son filleul n'allait pas s'en sortir, et lui, son parrain, se trouvait encore une fois impuissant à lui apporter une aide quelconque. Sirius sentit le malaise jusque là refoulé faire doucement surface. Malgré l'optimisme de Dumbledore, il ne reconnaissait plus son filleul. Harry sombrait. Il n'était plus qu'un corps vide, qu'une âme errante. Sirius secoua la tête et tenta de penser à autre chose.

- Qu'est-ce que tu as au bras ? C'est du sang ?

Snape blêmit encore un peu plus si cela était possible, et détourna sa manche ensanglantée du regard un peu trop inquisiteur de l'animagus.

- C'est l'œuvre de ton adorable filleul – détourna Snape

- Comment peut-il te maitriser sans baguette ? Je croyais que vous aviez placé des barrières magiques pour empêcher ce genre de débordements ?

Snape grogna à ses paroles, appréciant peu que le cabot rappelle ouvertement qu'il s'était fait avoir par un mioche sans baguette.

- J'avais placé des barrières dans la cellule. Mais Albus a eu la merveilleuse idée de donner une chambre à ce morveux. Je n'ai pas eu le temps de lancer les protections. Il m'a tout simplement pris de court.

Sirius ne put s'empêcher de lancer un regard moqueur à son ennemi d'enfance. Severus Snape, pris de court ? C'était presque risible quand on connaissait un minimum le professeur ; paranoïaque, distant et froid, il était aussi difficile de le surprendre que d'effrayer un détraqueur.

- Peut-être devrions-nous joindre Albus et le tenir au courant- proposa l'ancien prisonnier

- Albus n'a pas besoin d'être prévenu. J'ai le sentiment que la gravité de la situation lui échappe complètement

Alors que Snape s'attendait à ce que Black s'échauffe à ces mots, il n'en fut rien. L'animagus hocha simplement la tête, et commença à servir deux verres de whisky.

- C'est aussi mon impression- répondit-il finalement-, notre vieux directeur commence à ressentir les effets du temps. Ou bien il fait semblant- souffla-t-il imperceptiblement- mais dans tous les cas, le résultat reste le même.

-Je crois qu'il en a tout simplement trop vu pour une vie – souffla Snape.

-Oui. Inutile d'en rajouter. Et pour la potion ?

- Je suis sur que celle de tout à l'heure à eu l'effet escompté. Des chaudrons sont sur le feu en ce moment-même. La potion sera plus fortement dosée. D'ici deux jours, je pense que nous pourrons réellement commencer. Nous n'avons plus le temps d'effectuer de véritables tests.

Sirius hocha de nouveau la tête, et sa souffrance toucha malgré lui l'homme en noir, bien qu'aucune parole de réconfort ne sortirait jamais de sa bouche. Sirius savait que l'heure était grave, que si Potter n'était pas sauvé maintenant, il ne le serait jamais. Dumbledore était à côté de la plaque. Oui, le sauveur avait besoin d'être sauvé à son tour. Et Sirius allait peut-être pouvoir l'aider. Oui, le cabot pourrait lui être utile.

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