HP et l'attrait des ténèbres
J'ai beaucoup de mal à retenir les gémissements de douleur qui s'échappent de ma bouche. Je ne sais plus ce qui m'arrive j'ai le sentiment depuis plusieurs minutes de tomber dans le vide, encore et encore, sans qu'aucun atterrissage ne vienne mettre fin à ce calvaire. Je traverse ma geôle, j'en fais le tour, encore et encore. J'ai l'impression d'être sur le point de vomir, mais rien ne veut sortir. Je me sens étrangement vide, perdu, à la recherche de quelque chose que je vois mais ne peux pas saisir.
Lorsque la migraine commence à doucement cogner contre mes temps et mes paupières, je ne peste même pas j'y suis presque habitué, à cette lente montée de douleur dans mon crâne, à la douloureuse arrivée de cette amie de fortune.
Et puis, soudain, mon ventre se tord, comme si une barre de fer m'avait frappé l'estomac. J'essaie de me redresser mais la douleur est bien trop vive. L'impression de chute qui que j'ai depuis le début de la matinée revient en moi avec une terrible intensité.
J'ai la sensation qu'on m'arrache de mon corps, qu'on m'expulse. Je tombe à genoux, et je ne résiste pas longtemps je ferme les yeux, et je me vois sombrer.
Je brule. Je brule car je n'ai nulle part où aller. Il me rejette, Harry, mon ami, mon frère. Il me rejette alors qu'il a tant besoin de moi.
Ils veulent nous séparer. Ils veulent me voir disparaître. Ils ne comprennent pas que je suis lui. S'ils me tuent, ils le tueront aussi. S'ils me tuent, je ferais en sorte qu'il me suive.
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Snape fait les cent pas dans la maison toute entière. Il traverse les couloirs d'un pas soutenu. S'arête, regarde autour de lui, et reprend sa marche sans but. Harry a complètement disparu. Même lui l'a senti. Son filleul n'est plus dans la cellule.
A ces pensées, Sirius panique d'avantage si c'est possible et porte à ses lèvres le goulot de la petite fiole de scotch qu'il a dans la main.
Snape est parti, par sa faute, et Harry a disparu.
A la place du jeune, il y le corps d'un homme, un regard glacial, des mots tranchants, et des mains qui se jettent à son cou. Il a du l'attacher. Il ne pouvait en aller autrement, il refusait de prendre la potion de Severus et Sirius s'attendait à chaque seconde à devoir parer une attaque.
Des hurlements résonnent dans la maison. C'est encore elle. C'est encore la bête qui hurle, pleure et saccage l'esprit de son neveu, et le sien au passage.
L'animagus n'a qu'une envie s'enfuir de cette maison du diable, et disparaître. Trouver une taverne et s'y enfoncer, plongeant son esprit torturé sans l'alcool, le plonger peut-être si loin qu'il lui serait impossible de remonter à la surface. Mais il ne peut pas, et il le sait. Il ne peut pas laisser Harry ici. Peut-être ce serait-il permis une sortie si Snape avait été là, mais il s'est enfui, comprenant peut-être avant lui que cette journée allait être terrible. Non, Sirius n'avait d'autre choix que de rester là, à tourner en rond, avec pour seul fond sonore les cris angoissants du garçon qui fut autrefois son neveu. Alors l'animagus repris sa marche incessante à travers la maison de bois.
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Lorsque j'ouvre les yeux, je suis incapable de me souvenir si j'ai dormi ou si je me suis évanoui. La seule chose dont je me rends compte, c'est que j'ai les mains liées, que mes cordes vocales me brûlent, et que je ne m'étais pas senti aussi épuisé depuis le jour de l'attaque, le jour de la chute du Lord.
J'ai terriblement soif et mes lèvres prononcent en silence le nom de Sirius. Je me rends compte qu'à ce volume, il ne m'entendra jamais et je mourrai de déshydratation avant son arrivée. Je ferme les paupières et force sur ma gorge douloureuse :
-Sirius !
Bien que mon appel au secours ne soit qu'un chuchotement, j'entends immédiatement des pas se diriger dans ma direction. La porte s'ouvre, lentement, et mon parrain me regarde d'un air incertain.
-De l'eau – je marmonne.
Je le vois disparaître un instant avant qu'il ne revienne les bras chargés d'un plateau sur lequel je distingue une carafe d'eau et de la nourriture. Je veux lui demander un verre mais ces pensées n'atteignent pas mes lèvres et je sens de nouveau un vertige s'emparer de moi. Cependant Sirius semble me comprendre sans trop de mal il libère rapidement mes poignets douloureux et me tend un verre d'eau fraiche. Alors que je m'attends à un soulagement, la première gorgée m'arrache une affreuse grimace. Je prends mon temps pour finir mon verre et observe Sirius. Ses traits sont cadavériques et il empeste l'alcool. Sans songer à la tête que je dois moi même avoir en cet instant, je le regarde le plus intensément possible et lui demande, en jetant un rapide coup d'œil à la fiole coincée dans la poche avant de sa chemise :
-Donne-moi en un peu Sirius.
Je n'ai aucun espoir de le voir abdiquer à ma supplique, et ne peux retenir un air de surprise sur mon visage lorsqu'il me tend la petite bouteille. Je ne prends cependant pas le temps de le remercier, ayant bien trop peur qu'il change d'avis pour ça je porte la bouteille à mes lèvres et bois tout ce que je peux. Je sens l'alcool traverser ma gorge et venir apaiser le feu de mon estomac. Les tremblements de mes mains s'apaisent, et j'ai le sentiment de respirer correctement à nouveau.
Mon parrain ne prononce pas un mot, attendant visiblement que je fasse ce premier pas, que je ne suis pourtant pas près de faire.
Au bout de quelques minutes pourtant, il s'avance d'avantage et s'accroupit devant moi :
-Ça va aller ?
Je ne sais pas quoi lui répondre. Je voudrais lui dire oui pour que l'affreuse angoisse qui abime son visage disparaisse, mais je n'ai pas envie de lui mentir. Je suis plus perdu que jamais. J'ai des trous noirs inquiétants. Je ne sais pas quelle heure il est et ce que j'ai bien pu dire ou faire aujourd'hui. Et je sens que l'accalmie qui m'est offerte en ce moment n'est que passagère.
-Je ne sais pas Sirius. Je ne contrôle rien.
Un long silence s'installe alors entre nous deux. En voyant la panique qui illumine son regard habituellement si fier et sur de lui, je me doute que quelque chose s'est produit.
-Severus est parti ?
J'en ai le pressentiment. Il a du en avoir assez. Je crois me souvenir qu'à notre dernière rencontre, il m'a donné une gifle. Je ne sais pas pourquoi et je ne suis même pas certain de cet état de fait, mais mon visage s'embrase. J'ai honte d'avoir reçu une gifle, et j'ai plus honte encore d'avoir forcé Severus à le faire.
-Oui – souffle Sirius, et je devine qu'au delà d'être angoissé, il est aussi en colère. Contre moi, contre Severus, peut-être même contre lui même.
-À cause de moi ? – au moment même où je prononce ces mots, je me rends compte de la puérilité de ma question. Mais j'ignore pourquoi, je ne m'en préoccupe pas. Je m'en moque. Severus est parti, et j'aurais préféré qu'il reste. J'aurais préféré qu'il reste pour moi. Parce qu'il comprend des choses que Sirius ne peut pas comprendre. Et au moment où ces pensées résonnent dans mon esprit, l'affreuse migraine refait surface et en un instant, j'ai de nouveau sombré.
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-Je suis désolé Sev, je ne voulais pas. S'il te plait, reviens, je n'y arrive pas !
Severus observait la tête de l'animagus flotter dans le feu de la cheminée de son salon et poussa un soupir imperceptible. Il n'avait même pas le cœur à savourer cette situation où un Black complètement paniqué venait le supplier de venir l'aider. Il hocha la tête, se saisit des diverses affaires qu'il avait rassemblées sur la table et, dès que l'animagus disparut, il s 'engouffra à son tour dans l'âtre brûlant.