HP et l'attrait des ténèbres

Chapitre 33 : Jour XXX

Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:46

Albus. Albus Dumbledore est mort. Sirius est entré dans la cellule, s'est assis à mes côtés, et me l'a annoncé ainsi :

-Albus. Albus est mort cette nuit Harry.

Et je l'ai regardé, j'ai hoché la tête, et je me suis rallongé, à même le sol.

Je l'ai entendu rester quelques instants dans ma cellule. Il attendait peut-être une réaction de ma part. Je n'en ai aucune à lui offrir.

OoOoOoOoOoOoOoOoOoO

Alors que Sirius et Severus était à nouveau installés l'un face à l'autre dans le petit salon de la maison, le potionniste songea un instant que boire en compagnie de l'animagus était en train de devenir une salle habitude.

Mais que faire d'autre ? Albus était mort. D'une mort semblant presque trop triviale pour le grand homme qu'il était. Mort de vieillesse, semblait-il.

Severus avala d'un trait le whisky glace qu'il tenait en main. Albus n'était pas mort de vieillesse. Il était mort de s'être battu toute sa vie. Il était mort parce qu'il avait vu tellement de choses qu'il en était devenu fou.

Il se servit à la hâte un autre verre, qu'il avala de nouveau sans plus de cérémonie. Il tentait de faire cesser la lame qui écorchait son cœur, la lame qui le poignardait sans relâche depuis que Minerva l'avait contacté ce matin pour lui annoncer que le vénérable directeur de Poudlard avait finalement cessé de résister au temps.

S'il s'était écouté, il serait rentré chez lui. Il aurait bu autant que dans cette maison, voire plus, mais il l'aurait fait seul. Cependant il y avait Potter. Potter à qui on allait désormais devoir annoncer que le seul véritable mentor qu'il n'ait jamais eu avait passé l'arme à gauche. Et il y avait Black, qui l'avait regardé, le suppliant sans aucune parole de ne pas lui laisser la lourde tâche de tenir le rôle de sinistre messager. Mais Severus avait été clair.

''Je reste Black, au cas où. Mais tu te charges de lui dire''.

Sirius n'avait rien répliqué. Il avait hoché la tête et s'était tout de suite dirigé vers la cellule, préférant peut-être égoïstement se débarrasser immédiatement de ce poids trop lourd pour lui.

Lorsqu'il était revenu, il avait l'air plus abattu encore, si une telle chose était possible.

Il s'était alors rassis et ils s'étaient tous deux saoulés en l'honneur d'Albus. Severus n'était pas certain qu'un tel comportement aurait réellement pu faire plaisir au directeur, mais il s'en moquait et l'alcool commençait à embrumer son esprit. Albus l'avait laissé tombé. Albus était mort, et il serait incinéré le surlendemain. Que pourrait lui rapprocher le directeur de là où il était ?

OoOoOoOoOoOoO

Cette mascarade m'ennuie. Alors je me lève. Je touche une fois encore la pierre froide de la cellule. Je ferme les yeux, et je m'en vais. Je sens les sorts de protection anti-transplannage effleurer ma peau mais il me suffit de forcer un peu pour qu'ils s'évanouissent. J'ai transplanné à Midtown, à New York, où j'étais déjà venu avec Hermione, un an auparavant. J'ai du mal à réaliser que cela ne fait qu'un an. Dans mon esprit une éternité me sépare de ces agréables moments. Je flâne dans les rues et je bois quelques bières sous la chaleur étouffante. On me bouscule à plusieurs reprises, comme si j'étais invisible, inexistant. J'entends même des jeunes rire et m'insulter. En effet, je n'ai pas fière allure. Mes vêtements sont restés tâchés de sang, des bandes sales recouvrent mes bras et mes cheveux n'ont jamais été aussi longs. Je ressemble à un clochard, sans même parler de l'odeur de whisky et de bières qui me colle à la peau.

Je lève le regard. Je suis maintenant au bas de l'Empire State Building. À ce moment là, je sais que Severus est au courant de l'endroit où je me trouve. Je ressens la connexion qui existe entre nous et je me suis rendu compte, malgré mes nombreux passages à vide, que je me servais de sa marque des ténèbres pour l'atteindre. Mais peu m'importe. Le temps qu'il me localise exactement, je ne serai plus là. Je transplanne sur le haut du gigantesque immeuble, juste en dessous de l'énorme antenne qui lui sert de toit. Je ne prête même pas attention aux possibles regards des passants moldus.

Arrivé en haut de l'immeuble, je contemple la ville qui s'étale sous mes pieds, et je m'approche au maximum du bord du gigantesque édifice. La vue est impressionnante, presque irréelle. Je respire un air qui me semble plus pur, ici, à près de quatre cents mètres de haut. Puis je pose un premier pied sur le rebord de l'immeuble, avant d'y poser l'autre, délicatement. Et puis j'avance. J'avance comme un funambule incertain. J'avance, un pied après l'autre. Je tangue dangereusement, et je sais que cette chute peut être la dernière. Mais je me rattrape. Encore, toujours, et je finis par m'immobiliser.

OoOoOoOoOoOoOoOoOoO

Lorsqu'il arrive à Midtown, Sirius à ses côtés, Severus a un mauvais pressentiment. Ses yeux se mettent immédiatement à la recherche des plus hauts buildings, connaissant le gout du jeune homme pour la dramaturgie. Lorsque ses yeux s'arrêtent sur l'Empire State Building, il saisit le bras de Sirius et transplanne au plus haut point de la tour qu'il peut atteindre. Alors que les effets du transplannage ne sont pas encore dissipés, il aperçoit vaguement Harry, debout, au bord de l'immeuble. Et lorsque Severus tend le bras pour retenir son geste, le jeune homme a déjà sauté. Severus reste là, immobile, et remarque que Sirius a déjà disparu, certainement pour se rendre aux pieds du building. L'homme en noir, lui, serre les mâchoires. Il aurait du le prévoir. Il aurait du aller lui parler lui même.

OoOoOoOoOoOoOoOoOoO

La chute est vertigineuse, est malgré la vitesse à laquelle je tombe, je pourrais croire que le temps s'est arrêtée autour de moi. L'adrénaline court dans mes veines et bloque ma respiration. Mon visage, déformée par le vent qui vient durement heurter mon corps, semble être en feu et mes yeux se ferment automatiquement.

Cependant, avant même d'arriver en bas, j'ai la sensation que cela ne fonctionnera pas. Et alors que je ne suis plus qu'à quelques mètres du choc imminent contre le bitume de l'avenue, un puissant halo bleu m'enveloppe tout entier et ma chute effrénée se transforme soudain en une lente et ridicule descente, comme la douce dégringolade d'une feuille qui serait tombée de son arbre. Lorsque je pose pied à terre, je ne peux m'empêcher de soupirer, de colère ou de soulagement, je n'en suis pas sur. Ma magie. C'est elle qui m'interdit un tel geste. Elle qui me protège.

Je vois Sirius accourir vers moi et une rage que je ne contrôle pas m'enveloppe soudain tout entier. Il n'est plus qu'à deux mètres de moi et je vois à sa bouche entrouverte et son air sonné qu'il est sur le point de dire quelque chose, quelque chose que je n'ai pas envie d'entendre.

-Dégage Sirius – je lui lance, comme si je lui avais toujours parlé de cette façon.

Je me détourne de lui et commence à marcher dans la rue quand sa main agrippe mon épaule, fortement, me propulsant en arrière. Il n'a pas le temps de commencer sa phrase. Je lui assène un violent coup de poing en pleine mâchoire et il tangue sous le choc. Je me détourne alors de nouveau mais il me suit, m'attrape par la nuque et me plaque tout à coup contre le mur de l'immeuble. Une traitre larme vient glisser le long de ma joue et mon parrain plaque son front contre le mien. Je sais que sa seule envie serait de me remettre à ma place mais je ne reçois toujours aucun coup, et sa peau effleure toujours la mienne. Plus par principe que par réelle envie, je tente de me dégager de son étreinte, ce qu'il ne me laisse pas faire, sans être violent ou abrupt pourtant. Et la tristesse qui me submerge se transforme en colère, en rage que je voudrais déverser sur ce monde pourri. Sirius me lâche, conscient peut-être de ce qui se joue en moi. Et je frappe le mur de mes poings, j'en hurle de douleur. Mais je frappe, encore et encore. Je sens mes os se fendre sous les coups, tandis que le mur reste intact, comme si là encore, je n'étais pas vraiment réel. Cette pensée ravive ma colère et je dirige de nouveau mon poing en direction du mur. Mais un bras d'homme m'en empêche et mon coup reste en suspens, coupé dans son élan ravageur. Je n'ai cette fois-ci plus beaucoup de force pour résister à la pression qui me retient. Severus m'attire plus étroitement contre lui et je laisse la tristesse reprendre ses droits.

-Il est mort Severus – lui dis-je.

-Je sais.

-Pourquoi ? - je lui demande, désormais le visage baigné de larmes, bien que je ne ressente aucune honte face à cet état de fait.

Severus à cette question se contente de me serrer encore un peu plus fort contre son torse et me répète :

-Je sais.

Laisser un commentaire ?