Ne m'appelle pas Potter !
Pétunia soupira et regarda le petit garçon.
« Harry... C'est une longue histoire... Le visage de l'enfant devint immédiatement angoissé, il avait tant espéré que sa mère lui assure de suite qu'il n'avait pas à s'inquiéter, qu'il était Harry Dursley et personne d'autre.
-Maman, Je veux comprendre ! Vous m'avez mentis ? Il sentit les larmes lui monter aux yeux.
-Non mon chéri ce n'est pas ça ! C'est que... Écoute, ton père et Dudley doivent aussi participer à cette conversation. Descends dans le salon, je vais les chercher. »
Harry descendit les escaliers et alla s'asseoir dans le sofa. Il sentait une grosse boule dans son ventre, il avait tellement peur ! Dans sa main fermée il tenait le galet que Lina lui avait offert, quelques heures plus tôt.
Pétunia s'arrêta quelques secondes dans le couloir. Son cœur battait à tout rompre. Elle avait tellement redouté cette conversation et désormais... Elle ne concevait pas de mentir à Harry, elle devait lui dire la vérité. Mais en elle, quelque chose remuait, quelque chose de mauvais. La rancune ancienne et tenace qu'elle avait envers sa sœur n'était jamais morte, pour elle Lily l'avait trahie, toujours, elle avait emporté leur amitié de sœurs, elle lui avait volé l'amour de leurs parents, elle lui avait volé la réussite à laquelle elle aspirait tant. Harry était comme un baume sur ces blessures anciennes. La seule chose que sa sœur lui avait offerte, même si c'était en mourant. Maintenant elle devait expliquer à Harry qui était sa mère, la lui décrire peut être. Elle ne voulait pas que l'enfant, son enfant, change son regard sur elle. Elle ne voulait pas qu'il la voit comme sa tante, et elle ne voulait pas qu'il voit Lily comme sa mère. Ce serait comme si sa sœur lui volait une dernière chose. Mais après tout il ne connaissait pas Lily, du moins il n'en avait aucun souvenirs. Quel mal cela ferait-il qu'elle noircisse un peu le tableau ? Quel mal cela ferait-il qu'elle décrive Lily comme une femme égoïste, qui n'avait même pas su protéger sa famille ? Après tout, n'était-ce pas ce qu'elle était ?
Alors que ces réflexions lui traversaient l'esprit, l'image de sa sœur lui revint en tête, celle qu'elle avait toujours gardée au fond d'elle-même. Celle d'une petite fille aux yeux d'un vert intense, brillants, joueurs. Aux cheveux roux sombre, secoués par le vent. En ce temps-là Lily admirait encore Pétunia. Elle la suivait partout. La grande sœur faisait semblant de s'en plaindre, mais au fond, elle adorait ça. Mais quand la Lettre était arrivée...
Pétunia soupira. Sa sœur n'était pas égoïste, c'était elle qui l'était. Mais cela ne changerait rien qu'elle le soit encore un peu plus. Après tout Lily était morte ! Oui, Harry apprendrait peut être ses origines biologiques, mais elle ferait en sorte qu'il ne change pas de regard sur Vernon et elle, elle ferait en sorte qu'il les considère toujours comme ses parents. Au fond d'elle-même, elle avait le sentiment que Lily aurait compris. Mais c'était peut être uniquement elle qui tentait de se départir de sa culpabilité.
Elle entra tout d'abord dans la chambre de Dudley. Son fils était en train de jouer sous sa couette à la Game boy qu'il venait de recevoir. Normalement il n'en avait pas le droit, mais Pétunia n'avait pas le cœur à le rouspéter. Elle l'appela doucement et lui dit de descendre dans le salon. Il prit un air interrogateur mais descendit sans insister. Il était trop heureux de ne pas s'être fait disputer pour la console.
Ensuite, elle rejoignit sa chambre où Vernon se préparait pour aller se coucher. Elle s'assit sur le lit alors qu'il lui tournait le dos.
« Les enfants sont couchés ? Demanda-t-il.
-Pas tout à fait...
-Comment ça ? Dit-il en se retournant.
-Vernon... Harry m'a posé des questions... Il semble qu'il ait entendu des conversations parlant de son adoption. Il veut savoir.
-Tu veux dire... Il veut savoir qui sont ses parents ?
-Oui. Enfin il veut déjà savoir s’il a réellement été adopté. J'ai préféré lui dire de descendre dans le salon et venir te prévenir, nous devons mener cette conversation tous ensembles !
-Mais... Tu veux lui dire la vérité ?
-Je n'ai pas le choix Vernon, lui mentir ne serait pas une bonne idée.
-C'est toi qui choisit sur ce point-là, dit-il en la regardant gravement, mais veux-tu lui dire tout la vérité ?
-Que veux-tu dire ? Répondit sa femme, en le regardant d'un air interrogateur.
-Eh bien je parle de la magie bien sûr ! Il avait dit le mot avec répugnance, avec dégoût.
-Oh, je vois... » Dit-elle, interloquée. En fait elle avait complètement oublié cet aspect-là de la question. Elle avait tout simplement oublié que Harry était de nature magique. Après tout il n'en avait encore jamais manifesté les effets. Mais peut-être était-il encore trop jeune.
« Je ne sais pas, mais il me semble qu'il faut aussi lui en parler. Si sa magie se manifeste plus tard il ne comprendra pas pourquoi nous ne lui en avions pas parlé avant. Et puis c'est le moment propice pour lui expliquer qu'il ne devra pas l'utiliser !
-Sa magie... répéta-t-il, songeur. Tu as raison Pétunia, si on ne veut pas que ces satanés ''magiciens'' viennent nous le prendre, il faut lui expliquer tout de suite que cette ''chose'' qu'il a en lui est mauvaise.
-Alors... Descendons si tu veux bien.
-Passe devant, j'arrive. »
Resté seul, Vernon finit de se préparer. Lui aussi avait redouté ce moment. Depuis que son cœur avait adopté Harry. Mais c'était surtout le côté magique qui le dérangeait. Comment réagirai l'enfant face à sa nature ? Et s’il concevait une admiration de ses parents biologiques ? Après tout, les livres d'histoires sont plein de sorciers et de magiciens qui sauvent et protègent des royaumes, comment faire en sorte que l'enfant abandonne son don ? Don qui correspondait plutôt à une tare selon Vernon. Il avait peur de cette chose, tout cela défiait la science ! Il n'arrivait tout simplement pas à concevoir que des êtres possèdent des pouvoirs. De plus, cette fichue magie mettait tout le monde en danger. La mort de sa belle-sœur et de son mari l'avait prouvé. Ces sorciers était dangereux et, selon lui, il aurait mieux fallut les mettre tous hors d'état de nuire ! Mais quand il pensait de cette façon, l'image de son fils, de Harry, lui venait à l'esprit. Comment cet enfant aurait-il pu être dangereux ? Il savait qu'il portait cette tare, cette maladie. Mais il pensait pouvoir le ''soigner'', il suffisait de lui montrer que cette ''chose'' apportait le malheur. Après tout, ce n'était que la vérité !
Enfin il rejoignit le reste de sa famille dans le salon. Dudley était sur un fauteuil, et Pétunia était assise aux côtés de Harry, sur le sofa. Vernon remarqua qu'elle avait fait des chocolats chauds aux garçons. Harry n'y avait pas touché. Vernon s'assit sur le second fauteuil. Il commença :
« Harry, mon enfant, qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?
-Je ne sais pas Papa, on m'a dit... J'ai entendu des gens parler d'adoption... Et puis je ne vous ressemble pas, physiquement je veux dire. On m'a dit que vous m'aviez menti...
-Qui t'as dit ça ? Dit Vernon, énervé.
-Peu importe ! Intervint Pétunia. Mon chéri, nous sommes là pour répondre à tes questions.
-De toute façon celui qui t'as dit ça est stupide ! Ça se voit que tu es mon frère quand même ! Dit Dudley, se mêlant de la conversation. Harry jeta un coup d’œil vers le garçon. Il compara ses cheveux bruns avec ceux de son frère, blonds. Son visage fin avec celui plus rond de Dudley. Leur carrure était également très différente. Il leva donc un sourcil dubitatif.
-Bon, oké on se ressemble pas beaucoup, se reprit Dudley, mais tu es mon frère, un point c'est tout !
-C'est à vous que je pose la question, est-ce que je suis votre fils ? Dit Harry, se tournant vers ceux qu'il considérait comme ses parents.
-Bien sûr que tu es notre fils, la parenté ne se résume pas à la conception d'un enfant ! Mais... Il est vrai que tu n'es pas notre fils biologique. Répondit Pétunia.
-Ah... Je vois... Harry avait l'air totalement désespéré. En fait il avait l'impression que tout s'écroulait autour de lui.
-Harry, ne fait pas cette tête, intervint Vernon, nous t'aimons tu le sais bien !
-Oui mais... Vous contiez me le cacher jusqu'à quand ? Répondit le garçon, se retranchant derrière la colère.
-Jusqu’à ce que tu le demandes Harry, dit doucement Pétunia, si nous avions décidé de prendre l'initiative, ça n'aurait jamais été le bon moment ! Alors nous avons décidé d'attendre.
-Je crois que je comprends, dit Harry d'une tout petite voix. Mais alors... Pourquoi vous m'avez adopté ?
-Harry écoute moi bien d'accord, tu ne dois pas m'interrompre. Dit Pétunia.
-D'accord Maman. Il avait utilisé ce qualificatif tout naturellement et se rendit soudain compte qu'il ne pouvait pas réellement utiliser ce terme, la boule dans son ventre s'accentua.
-Tu es le fils de Lily et de James Potter. Ces noms ne te disent rien, bien entendu, Lily est... était ma sœur. James était son mari, je ne le connaissais pas bien je ne l'ai vu que très rarement. Un soir, je t'ai trouvé devant la porte, dans des couvertures. J'ai très vite compris qui tu étais car j'ai reconnu certain traits de ma sœur en toi. Il y avait aussi une lettre, elle expliquait que Lily et son mari étaient... étaient morts. Ils avaient été... Assassinés. Et la Lettre disait que j'étais la seule à pouvoir m'occuper de toi, à pouvoir te protéger. Car les assassins de tes parents constituaient un danger pour toi, ils auraient pu chercher à te récupérer.
-Mais qui m'avait amené là ? Et comment étaient mes parents ? Tu peux me décrire ma mère ? Et qui les a assassinés ? Harry était plein de questions.
-Doucement s'il te plaît. Je ne sais pas qui t'avais amené ici, j'ai supposé que c'était des amis de tes parents. Leur assassin... Harry écoute moi, ce que je vais te dire est assez incroyable, mais c'est la vérité je te le promets. Tes parents étaient des sorciers.
-Des sorciers ??? Qu’est-ce que tu veux dire ??
-Rien de plus que ce que j'ai dit. Tes parents avaient certains pouvoirs, ils pouvaient faire des choses étranges. Il y a plusieurs personnes comme eux... Et on les appelle des sorciers.
-Mais... C'est incroyable ! Harry était estomaqué.
-J'aurais plutôt dit effroyable ! Écoute-moi Harry, ce ''don'' ne leur a apporté que des problèmes. A cause de ça ma sœur s'est éloignée de moi. Nos parents étaient normaux, je n'ai jamais compris pourquoi elle avait ces pouvoirs. Mais elle a dû aller étudier loin dans une école spéciale. Et elle a changé. Je ne reconnaissais plus ma sœur. Elle était hautaine avec moi, comme si le fait que je n'ai pas de pouvoirs la rendait supérieure. Pétunia avait dit tout cela d'une traite, elle était essoufflée. En un sens elle avait laissé parler ses sentiments, mêlés de rancœur.
-Mais...
-Et puis c'est leur fichue magie qui a entrainé leur assassinat. Celui qui les a assassinés était un sorcier, apparemment puissant. Tes parents et plusieurs autres personnes s'opposaient à lui car il voulait plus de pouvoirs. En un sens il était comme tous ces dégénérés, pour lui les sorciers étaient supérieurs et tous ceux qui n'avaient pas de pouvoirs devaient disparaitre... tu vois ce que la possession de cette magie entraîne !
-Et mes parents...
-Cet homme les a tués car ils s'opposaient à lui, alors même qu'ils t'avaient toi, qu'ils devaient te protéger. Je n'ai pas pardonné ma sœur pour cela, pour t'avoir exposé au danger alors que tu n'étais qu'un bébé. Et ils t'ont laissé seul.
-Mais ils auraient pu ne pas mourir ?
-Pour moi oui, ils leur suffisaient de vivre normalement, sans magie, sans cette recherche de gloire...
-Je vois... Mais pourquoi moi j'ai survécu ?
-Je ne sais pas Harry, vraiment pas. Mais je ne peux que remercier le ciel que tu sois là !
-Merci, Harry fit un léger sourire, mais alors mes parents... Ils n'étaient pas très très gentils.
-Je ne dirais pas ça mon chéri, je les trouve plutôt inconscients. Mais maintenant c'est trop tard ! En tout cas, il faut que tu comprennes une chose, la magie est mauvaise ! Et si tu l'utilises, tu seras en grand danger ! Les acolytes de celui qui a tué tes parents pourraient te retrouver, ils te cherchent ! C'est en tout cas ce que disait la lettre.
-Que j'utilise la magie ?? Par ce que j'en serais capable ?? Le garçon n'avait pas envisagé les choses sous cet angle-là. Il se sentait excité, mais un peu refroidit par ce que Pétunia lui avait dit sur ce don.
-Eh bien... Je suppose que oui ! Après tout tes parents étaient tous les deux des sorciers. Mais rappelles toi ! Il ne faut pas que tu l'utilises ! De plus, il se pourrait qu'a tes 11ans des sorciers viennent te chercher pour t’emmener loin de nous, dans leur école, tu ne voudrais pas ça n'est-ce pas ?
-Non surtout pas !
-Alors, si on leur dit que tu n'utilises pas la magie peut être qu'ils te laisseront tranquille.
-Je comprends... Je te promets que je ne l'utiliserai pas ! Et...
-Et moi ??? Le coupa Dudley. J'ai de la magie ou pas ?
-Non mon chéri, dit Pétunia, surprise, bien sûr que non !
-Et pourquoi ? Je veux être comme Harry moi !
-Mais, Dudlichounet chéri, je viens de dire que la magie est mauvaise !
-Je m'en fiche, si il le fait je veux le faire aussi ! Et il partit en courant vers les escaliers.
C'est alors que Pétunia reconnu la même jalousie que celle qui l'avait animée des années plus tôt, quand Lily avait reçu la Lettre.
-Vernon, occupe-toi de Harry s'il te plaît. Je dois aller parler à Dudley. Harry, mon chéri, ça ne te dérange pas ?
-Non, non. »
Harry et Vernon restèrent silencieux pendant quelques minutes. Puis Vernon pris la parole :
« Mon garçon, tu as bien compris n'est-ce-pas ? La magie...
-Est mauvaise, oui je comprends bien. Je ne l'utiliserai pas je te le promets ! Est-ce-que tu connaissais mes pa.... Lily et James ? Se reprit Harry. Il avait décidé d'appeler ses parents biologiques par leurs prénoms.
-Eh bien non, pas vraiment. Lily et Pétunia étaient en froid.
-Et Maman a quand même accepté de s'occuper de moi ?
-Bien sûr ! Elle ne pouvait pas te laisser, elle a un trop grand cœur.
-Et toi ?
-Moi... Je ne pouvais pas m'opposer à sa décision. Cette nuit-là, son regard avait changé, pour elle tu étais un cadeau. Et un signe, le signe que notre vie allait changer. Quand j'ai vu ses yeux me supplier... Tu sais, sa sœur, Lily, l'avait profondément blessée. Et ce mal teintait toutes ses actions. C'est un peu complexe pour toi, mais tu comprendras peut être un jour. Mais quand elle t'a vu, tu as soigné ce mal. D'ailleurs je me souviens que la naissance Dudley l'avait déjà un peu atténué. Vous étiez ses deux soleils ! Harry je te dis ça car il faut que tu comprennes que tu as changé notre vie, et en bien ! C'était très dur au début, et par ce que tu portes cette... tare qu'est la magie, j'avais du mal à t'accepter. Mais c'était par ce que je craignais de te perdre à cause de ça ! Désormais tu es notre enfant, nous te protégerons.
-Merci Papa ! »
Harry vint se blottir contre Vernon, et ils restèrent comme ça jusqu'à ce que Pétunia arrive. Elle avait réussi à parler avec Dudley. Et elle pensait l'avoir convaincu que la particularité d’Harry n'était pas un avantage, mais une sorte de maladie.
Elle prit Harry dans ses bras et l’emmena jusqu'à son lit. Elle lui fit un bisou sur le front et lui dit :
« Bonne nuit mon chéri !
-Bonne nuit Maman ! »
Le cœur de Pétunia fit un bond dans sa poitrine quand elle comprit qu'il la considérait toujours comme sa mère. Elle était rassurée et elle rejoignit Vernon pour aller se coucher.
Harry était calme, mais il n'arrivait pas à dormir, tout cela était si extraordinaire ! C'est alors que sa porte s'ouvrit doucement et que Dudley entra sur la pointe des pieds.
« Harry, tu dors ?
-Non... Je n'arrive pas....
-Je peux venir ?
-Oui, si tu veux.
Dudley ramena sa couette au pied du lit de son frère et s'assit dessus.
-Je voulais te dire... Maman m'a expliqué que tu étais en danger et... Je veux que tu saches que je te protégerais toujours ! Je vais devenir assez fort pour me battre même contre des magiciens ! Comme ça ils ne pourront pas t’emmener !
-Merci Dudley, dit Harry. Les mots de son frère lui faisait chaud au cœur. Il se sentait même rassuré.
-Et puis, chuchota Dudley, tu pourras toujours m'apprendre un peu de magie, pour que je puisse mieux te protéger !
-Je ne veux pas l'utiliser... Mais pour qu'on se protège... On verra ! Au fait Dudley...
-Oui ?
-Tu peux rester ici cette nuit ?
-Bien sûr petit frère ! »
Dudley s'installa plus confortablement au pied du lit de Harry. Celui-ci tendit sa main à son frère. Ils s'endormirent tous les deux, mains dans la main.
Quand Pétunia entra dans la chambre d'Harry, au matin, elle sentit le bonheur l'inonder. Ses deux anges étaient si beaux ! Elle fit le vœu que ce bonheur dure éternellement.
Mais ça n'était pas si simple.
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Voilà ! J’espère que ça vous a plu ! L’action ne va pas tarder à arriver…