Un amour hors du temps

Les jours qui suivirent furent, au grand plaisir de Harry, calmes et sans surprise. Des jours si différents de ceux qu'il avait connu depuis qu'il était entré en Poudlard. Harry se sentait bien ici. Heureux. Bien sûr, ses amis lui manquaient. Il était nostalgique des soirées qu'ils passaient, tous les trois, juste à discuter. Il regrettait l'absence du Sirius et du Remus de son époque. Cependant, il réussissait à ne pas trop y penser. Surtout depuis que les maraudeurs avaient recommencé à lui parler. Cela avait mis quelques temps mais ils finalement suivi l'exemple de Remus. Harry savait que c'était, surtout, la déclaration qu'il avait faite aux Serpentards qui les avait décidés. Elle leur avait, sans doute, fait réalisé qu'il n'était pas un mangemort en dépit du fait qu'il protège un serpentard qui étudiait la magie noire. Quoiqu'il en soit, quelque soit la raison la raison de leur revirement, le résultat était là. Ils lui reparlaient malgré qu'il continue à fréquenté Severus. Harry en était soulagé. Il appréciait de pouvoir connaitre, un peu, ses parents. Même si ce n'était que du point de vue d'un ami et non d'un enfant. Il en profitait, aussi, pour récolter le plus d'informations possibles sur les parents de Neville. Harry avait décidé que Neville serait une des rares personnes à savoir qu'il avait été dans le passé. Si possible. Harry aurait trouvé cela injuste de ne pas pouvoir parler à Neville de ses parents alors que celui-ci n'avait, comme Harry, jamais eu de réelles interactions avec ses parents. Harry espérait que les quelques informations et les quelques bricoles qu'il lui donnerait ferait plaisir à son ami. Harry voyait ce voyage comme une chance de pouvoir mieux connaitre les adultes qui comptaient dans sa vie.

Dire qu'Harry n'avait pas été surpris de placer Severus Rogue dans cette catégorie aurait été faux. Il s'était surpris lui-même à vouloir en apprendre davantage sur son futur professeur de potion. Il avait été encore plus ahuris lorsqu'il avait, finalement, mis un nom sur le sentiment qui le parcourait lorsqu'il était en compagnie du jeune homme. Du désir. C'était ce qu'il ressentait. Du moins, dans un premier temps. Car, maintenant, Harry savait que ses sentiments pour Severus étaient beaucoup plus profonds. Lorsqu'il avait finalement admis ce qu'il ressentait, Harry s'était isolé une journée entière. Il avait été incapable de croire qu'il avait fait cela. En si peu de temps. On ne tombait pas amoureux en quelques semaines, n'est-ce pas ? Néanmoins, il avait dû se rendre à l'évidence qu'il était irrévocablement tombé amoureux de son futur professeur de potion. Professeur qui le haïssait. Mais, le plus troublant, c'était que le Severus Rogue de ce temps semblait lui retourner son sentiment. Il, pour la première fois, Harry se surprenait à penser égoïstement. A ne penser qu'à lui et non aux autres. A ne pas penser aux conséquences. Il se surprenait à vouloir vivre cette romance. En dépit de qui était, ou plutôt serait, Severus. Il ne voulait plus penser au professeur et se concentrer, uniquement, sur le jeune homme qui n'avait pas encore subis les épreuves qui le rendraient amer et froid. Il voulait aimer, intensément, Severus Rogue.

C'est avec ce désir, cette volonté, à l'esprit qu'Harry se trouvait, en cet instant, dans la salle de classe désinfectée. Il regardait, justement, Severus avec intensité alors que celui-ci lui parlait, avec potion, d'une potion de soin. Ils avaient décidé de continuer à se voir, bien qu'ils aient terminé l'apprentissage de l'Occlumentie. Harry avait proposé à Severus de l'aider en défense où, à la grande surprise d'Harry, il ne brillait pas. Pas encore, du moins. En échange, Severus devait lui donner des cours de potion. Séances qui, ironiquement, fonctionnaient très bien et étaient couronnées de succès. Le jeune Severus avait beaucoup plus de patience que son futur en matière d'apprentissage.

Harry ne réalisait pas ce qui s'apprêtait à faire. Ce qu'il fit. Il regardait, émerveillé, Severus lui parler avec passion de la potion et la seconde suivante, il s'était penché sur le jeune homme et l'embrassait. Severus écarquilla les yeux dans un premier temps mais, très vite, il fondit entre les bras qu'Harry n'avait pas tardé à passer autours de lui. Harry eut l'impression de goûter le paradis lorsque Severus lui rendit timidement son baiser. Harry poussa un soupire de contentement et approfondis son baiser. Tout était si facile, si naturel. Si normal. Ce n'était pas comme avec Cho où il n'avait pas cesser de se poser des questions. Cette fois, il savait quoi et quand faire les choses. Il avait l'impression d'être à sa place entre les bras de Severus. Il n'avait encore jamais ressenti cela.

« Sev… »

Harry se recula pour reprendre son souffle, incitant Severus à ouvrir les yeux. Harry fut satisfait en découvrant que ceux-ci étaient troublés par la passion. Harry sourit et passa, presque distraitement, les doigts dans la chevelure de Severus. Elle n'était pas graisseuse comme tous les pensait. Les cheveux de Severus étaient si épais et si raide qu'ils en donnaient l'impression. Et, Harry savait que passer ses journées autours de chaudrons jouaient aussi un rôle dans cette apparence.

« Ry ? »

Harry cligna des yeux surpris à cette appellation et reporta son attention sur le jeune homme qui était à genoux à ses côtés. Severus se troubla et commença à marmonner des excuses.

« Stop… Severus, pourquoi tu t'excuses ? »

« Je pensais que tu n'avais pas apprécié que je… »

« Non, non… Ca me va. Tu es le seul à m'appeler comme ça. »

Severus ne répondit pas et sembla hypnotisé par le sourire sincère d'Harry. Il carra les épaules et sembla prendre sous courage à deux mains avant de se pencher sur son camarade de classe pour l'embrasser, cette fois de sa propre initiative.

Un trille et un flash de lumière leur firent rompre leur baiser quelques temps plus tard. Harry poussa un soupire exaspéré et tourna la tête vers le phénix qui était perché sur le dossier d'une chaise de la pièce.

« C'est ton phénix, n'est-ce pas ? Il est apparu en même tant que toi. »

Harry hésita puis décida que même s'il ne pouvait pas dire la vérité à Severus à son propos, il pouvait lui parler, tout de même, se confier sur certaine chose. Il avait des choses à son propos que personne ne savait. Qu'il n'avait dire à personne, des choses dont il n'avait jamais voulu parler. Il se surprenait, pourtant, à vouloir se confier à Severus comme jamais il ne s'était confié.

« C'est lui qui m'a transporté ici. Et, c'est lui qui me ramènera… lorsqu'il jugera qu'il est temps. Il est apparu lorsque j'ai reçu mon héritage magique. Il s'appelle Maeldan »

« Et, c'est à quelle époque qu'il te ramènera ? »

« Je ne peux pas te le dire, Severus. »

Severus le fusilla du regard mais n'insista pas. Pour le moment. Il savait qu'il n'obtiendrait pas de réponse. Toutefois, il n'allait pas abandonné. Il allait obtenir des réponses, foi de Severus Rogue ! Et puis, pour le moment, il avait d'autres questions plus urgentes.

« C'était pour quoi le baiser ? Un pari de Griffondor. »

« Non ! J'ai… J'ai juste eu envi de t'embrasser. Je ne ferais pas de blagues aussi cruelles… J'aime être avec toi. »

« C'est fou ! Je suis plus âgé que toi ! »

« N'importe quoi ! Tu es né en septembre, je suis de juillet. Je suis l'ainé ! »

« Arrête tes idioties. Je ne plaisante pas. »

Harry soupira et relava les yeux pour les planter dans ceux de Severus, avec détermination.

« Ecoute, je sais dans quoi je m'engage. Davantage que toi, en tous les cas. Et, l'âge ne serait pas un problème pour moi… Nous sommes des sorciers, Severus. Nous vivons bien plus vieux que les moldus. Regarde Dumbledore ! Et, je peux te certifier qu'il est toujours aussi bien portant à mon époque. »

« Pourquoi tu ne eux rien me dire sur toi. Je… je t'aime. Je veux que l'on reprenne notre histoire à ton époque. »

Harry pinça les lèvres et détourna quelques instants la tête. Il s'était douté dès la fin de leur premier baiser que Severus poserait cette exigence à un moment donné. Il ne pensait pas, toutefois, que ce serait aussi vite. Les sentiments du jeune homme devaient déjà être profonds. Ce qui, à la grande honte d'Harry, lui faisait plaisir. Il savait, pourtant, que ce serait mieux pour Severus que ce ne soit pas le cas. Harry avait énormément réfléchissait. Il mentirait en disant qu'il n'avait pas envisagé de tout dire à Severus à propos de lui. De lui révéler de quelle époque il venait, quel était son véritable nom. Mais il était bien conscient que dans son présent, une relation ne serait pas possible. Pas en raison de la différence d'âge. Harry avait dit la vérité en proclamant que ce n'était pas important pour lui. Non, en vérité, il craignait la réaction de son petit-ami – car, c'est ce qu'était Severus, à présent – s'il découvrait qu'il aimait le fils de James Potter. Harry ne pouvait pas penser que le Severus de son présent puisse être heureux de découvrir qu'il avait touché, embrassé, aimé Harry Potter, son élève honnis. Si Severus Rogue ne le rejetait pas pour cette simple raison, Harry était sûr qu'il le rejetterait à cause de sa duplicité. L'adulte Severus Rogue se complaisait à croire que Harry était arrogant, imbécile, fainéant… Il penserait, irrévocablement, que Harry l'avait trompé et s'était moqué de lui. Harry était sûr que le Severus de son temps ne lui laisserait pas la chance de s'expliquer et le rejetterait cruellement. Or, Harry ne voulait pas vivre cela. C'était lâche d'agir ainsi, il le savait, mais il ne voulait pas prendre le risque de souffrir. Même s'il savait qu'il souffrirait en le côtoyant sans pouvoir l'aimer ouvertement. En recevant les insultes que son amour ne manquerait pas de lui lancer. Tout plutôt que de se faire rejetait à cause de son nom.

Aussi, Harry se tourna-t-il vers Severus et dit la vérité à Severus. Il lui dit d'une voix tremblante qu'il ne lui dirait pas qui il était, ni de quelle époque il venait. Qu'il ne lui dirait jamais.

« Je ne prendrais pas contact avec toi, Severus, lorsque je rentrerais. Tu es quelqu'un de bien de mon présent mais tu te méfie de tout le monde… Tu te méfieras de moi. Tu douteras de ce que nous avons vécu. Je suis certain que tu penseras que tout était faux. Je ne veux pas voir la méfiance dans tes yeux. »

Severus le regarda fixement de ses yeux d'encre et hocha simplement la tête d'un geste sec, si semblable à ceux de son futur que Harry eut un léger sourire.

« Je comprend ton choix. Mais je ne l'accepte pas. Je te guetterais, Ry, et je te trouverais. Et, je t'aimerais comme jamais tu n'auras été aimé. »

Harry sourit simplement, tristement. Il n'était pas surpris par la déclaration de Severus. Toutefois, il doutait sincèrement qu'il le découvre. Jamais il ne verrait, n'admettrait que le Zachary Serpendor qu'il aimait tant et l'Harry Potter qu'il détestait tant étaient une seule et même personne. Il le nierait, inconsciemment, sans doute. Jusqu'au bout.