Un amour hors du temps

Chapitre 19 : Bénédiction

2318 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 16:01

Quinze jours avaient passé depuis ce diner lourd de révélations implicites. Il ne restait plus que deux semaines avant les prochaines vacances. Le temps avait passé rapidement. Sans problème pour une fois. Ce n'était pas une habitude pour Harry mais il ne s'en plaignait pas. Cette année se révélait être la plus calme d'entre toutes… En dépit de ce voyage dans le temps improbable et incroyable…

Après tout, il n'avait pas encore été blessé ou proche de la mort par rapport au reste de ses années passées à Poudlard. Après tout, en première année, entre la rentrée et noël, il avait déjà croisé le chemin d'un chien à trois têtes et celui d'un troll. En deuxième, cela avait été le saule cogneur, le Basilic qui venait d'être libéré et ce maudit cognard. En troisième année, il avait eu un assassin supposé dans l'école (même s'il s'était révélé que Sirius ne lui avait voulu aucun mal) et les détraqueurs. En quatrième année, il avait eu à affronter un dragon et, enfin, lors de la cinquième, il avait échappé, de justesse, à des détraqueurs à nouveau.

Alors, cette année était tranquille comparée à ces années passées.

Du moins jusqu'à présent…

Toutefois, paradoxalement, elle était aussi la plus pénible. Harry ne pouvait plus ce le cacher.

Il était aussi amoureux du professeur de potion que de l'adolescent que celui-ci avait été. Bien sûr, il le savait déjà en revenant à son époque légitime mais cela était devenu évident lorsqu'il avait été contraint de le fréquenter chaque semaine. C'était donc très pénible d'être près de l'être que l'on aimait sans pouvoir le lui dire.

Au moins, Harry n'avait pas à supporter les regards et les remarques haineuses et piquantes de Severus. Le maitre des potions semblait vocalisé sur autre chose de bien plus intéressant et préoccupant et s'était totalement désintéressé d'Harry. Ce qui avait amené Harry à ressentir un certain pincement au cœur. Personne n'aimait être ignoré par la personne que l'on aime. Et, malgré ses efforts, il ne parvenait pas à passer à autre chose. Pour lui, il était évident que Severus serait toujours le seul et l'unique.

Et, d'après le comportement de ses proches, il était clair qu'ils le savaient eux aussi. C'est pourquoi Harry était si reconnaissant à leur égard. Ils respectaient son choix de garder le silence. Et, pourtant, ils agissaient, tous, de manière à ce que les choses se passent le mieux possible s'il décidait, un jour, de révéler la vérité à Severus à son propos.

Toutefois, il n'avait pensé à l'action de son nouveau familier, Maeldan, dont les réactions avaient été jusque là imprévisibles et non voulu par Harry. Alors, connaissant l'animal, Harry aurait sans doute du se méfier et le surveiller davantage. Cependant, il n'avait rien fait de cela. Il avait encore l'espoir que le phénix se calme et devienne un peu plus comme Fumseck avec qui il passait régulièrement du temps. Ou même plus comme Hedwige qu'il voyait tout aussi souvent. Cependant auprès ce que fit Maeldan, quelque jours avant les vacances, fit comprendre à Harry que l'oiseau de feu ne changerait pas et resterait tel quel. Imprévisible et espiègle. Si on devait le qualifier avec des mots raisonnables. Harry aurait dû se douter que Maeldan ne s'en tiendrait pas à la décision de son maitre. Qu'il irait contre les ordres de ce dernier si cela se révélait agir pour son bien être. Et cela en dépit des conséquences futures.

Il agit donc, quelques jours avant les vacances de février alors qu'Harry suivait un cours de potion. Cours de potion durant lequel il essayait de croiser le moins possible le regard du maitre des potions qui, d'ailleurs, ne lui accordait toujours que peu d'importance. Comme toujours depuis son retour. Harry ne comprenait pas ce brusque changement d'attitude. Il se doutait tout de même que Severus était à la recherche de Zachary (à sa recherche) cette année…

Mais il était, tout de même, loin de se douter que Severus était certain de sa proximité grâce à Maeldan. Le phénix s'était bien gardé d'avertir son maitre que le maitre des potions l'avait vu et lui avait parlé.

Quoi qu'il en soit, l'attitude de Severus rendait Harry nerveux. Cette nervosité expliquait, sans doute, pourquoi Harry n'avait pas noté plus tôt l'attitude curieuse de son familier de feu. S'il l'avait réalisé plus tôt peut-être aurait-il pu agir pour contrer le phénix. Peut-être… Ce n'était pas non plus certain compte tenu du caractère de l'oiseau.

Ce fut donc en cours de potion, parmi tous les autres cours, que l'oiseau décida d'agir. Il avait bien observé Severus et Harry depuis le retour de celui-ci dans son temps. Il avait conclu que ce n'était qu'une question de temps pour que les deux êtres se rejoignent et s'unissent. Ils étaient bien destinés l'un à l'autre. L'un comme l'autre s'était choisi et s'aimait profondément. Pour des raisons absurdes, son maître s'obstinait à rester éloigner du seul humain qui pouvait faire son bonheur. La peur prédominait les autres émotions qui l'habitaient, obscurcissant sa vision des choses. Or, Maeldan ne pouvait pas faire cela. Il ne pouvait pas laisser son maitre renoncer au bonheur à cause de la peur. A cause d'un être maléfique qu'il pourrait battre sans trop de difficultés. Maeldan avait confiance en son maitre. Il était assez puissant pour venir à bout de cet être détestable. D'autant plus s'il avait son compagnon pour l'aider. Il allait donc donné sa bénédiction à son maitre et son compagnon. Il allait bénir leur lien. Il allait le consolider pour le rendre valide, incassable.

C'est avec cette idée en tête que le phénix se rendit au sommet de la tour d'astronomie du château. C'est à cet endroit qu'il était le plus en phase avec la magie et les éléments. Une chose qui était indispensable pour qu'il puisse sanctifier l'union de son maitre et de Severus. Après cela, il serait simple de découvrir si leur lien s'était bien consolider de manière permanente. Il lui suffirait de découvrir s'il était capable de communiquer avec le compagnon de son maitre ou de découvrir si celui-ci avait vu apparaitre un nouveau tatouage sur son corps. Ce tatouage représenterait le soi intérieur de Severus Rogue et montrerait au reste du monde magique que l'elfe était uni.

Maeldan se posa, ainsi, sur la rambarde, tout en haut de la tour d'observation, ferma les yeux et s'ébouriffa avant de se concentrer sur sa magie et celle de son maitre.

Au même instant, Harry écoutait avec une intention soutenue les dernières explications du maitre des potions. Les ingrédients de la potion de jour était déjà sur la table et n'attendait plus que d'être préparés. Enfin, Severus Rogue se tut et s'installa derrière son bureau, sans pour autant détourner son attention vigilante de la classe.

Harry tendait la main pour s'emparer de la belladone lorsque l'évènement survint.

Le jeune homme étouffa de justesse un halètement de douleur et de surprise.

Heureusement, se dit-il plus tard, sinon il aurait attiré la suspicion de Severus Rogue sur lui. Il était bien conscient que seule la haine irraisonnée de Severus envers lui l'avait protégé jusqu'à présent. Il était clair que Severus, en raison de cette haine, n'avait sans doute même pas songé qu'il puisse être le garçon qu'il avait aimé dans son adolescence. Pas de doute que s'il avait vraiment ouvert les yeux, s'il avait vraiment examiné les choses objectivement : il aurait rapidement orienté ses recherches dans la bonne direction : celle d'Harry. Mais il ne connaissait pas le vrai Harry à cause de son ressentiment aveugle (et aussi parce qu'Harry ne s'était vraiment dévoilé qu'à quelques personnes).

Harry ressentit une légère mais intense brûlure sur son avant bras qui n'était pas sans lui rappeler celles que ses tatouages lui avaient infligé lorsqu'ils étaient apparus le jour de son anniversaire. Ce qui l'inquiéta avant même qu'il ne pose les yeux sur bras. Il cacha rapidement son bras découvert sous la table afin que personne ne découvre ce qui, à n'en pas douter, était apparue sur son membre et baissa les yeux.

Il n'en crut pas ses yeux lorsqu'il y vit une magnifique panthère noire qui se cambrait, comme pour si elle se réveilla d'un long sommeil. Il tressaillit lorsqu'un flot de sentiments qui ne lui appartenait pas le frappa. Impuissance, détermination, exaspération, espoir, agacement, curiosité… Mais surtout, l'amour. Harry cligna des yeux pour chasser les larmes qui affluaient. Il ne quitta pas des yeux le magnifique animal qui représentait Severus, il le savait. Le félin s'étira et, lentement, partit à la découverte de son nouveau territoire, disparaissant sous la manche de la chemise de son propriétaire.

Il savait ce qui signifiait l'apparition de ce tatouage, bien sûr. Maeldan avait, contre ses ordres, bénit leur lien. Tout ce qu'Harry ne voulait pas. Cependant, Harry ne pouvait pas lui en vouloir. L'apparition de ce tatouage représentait trop de bonnes choses pour qu'Harry en veuille à son nouveau familier.

Il releva finalement la tête alors qu'il ressentait un malaise provenant de Severus. Le sévère professeur s'était redressé et se frottait la poitrine distraitement. Lui aussi avait ressenti la bénédiction de Maeldan. Toutefois, en raison de ses boucliers d'Occlumens, il ne pouvait pas l'identifier comme tel. Il ne pouvait pas mettre de nom sur ce qu'il ressentait. Cependant, Harry savait que si Severus laissait tomber ses boucliers, celui-ci ressentirait les émotions de son compagnon, les émotions d'Harry. Harry le savait. Tout comme il savait qu'il pourrait, grâce à ces émotions, remonter jusqu'à Harry.

Harry avait l'avantage d'être un elfe. D'être à l'origine du lien. C'était l'unique raison pour laquelle il était capable de ressentir les émotions de son compagnon en dépit de ses boucliers mentaux levés. Rien n'était capable d'obstruer le lien de son côté. Si un jour, il ne pouvait plus percevoir les émotions de Severus, cela ne pourrait signifier qu'une seule chose. Un drame aurait survenu. Un grave drame.

Mais heureusement (ou malheureusement, Harry ne savait plus quoi penser), Severus ne laisserait jamais ses boucliers tomber. Certainement pas en pleine guère, certainement pas tant que Voldemort vivrait. De cela aussi, Harry en était certain.

Pour le moment, Harry était encore capable de tenir son identité secrète aux yeux de Severus. De protéger l'homme de la vérité. De le protéger de Voldemort et des mangemorts qui n'hésiteraient pas à ce servir de lui pour atteindre le garçon qui a survécu. Oui, grâce à l'Occclumencie dont il lui avait vanté les mérites, Severus était en sécurité.

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