Un amour hors du temps

Chapitre 20 : Dursley

3412 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 16:06

Severus grogna et se frotta, encore une fois, la poitrine, les sourcils froncés. Il ne comprenait pas l'étrange chaleur qu'il ressentait depuis maintenant trois jours. Une chaleur qui était loin d'être désagréable en plus. Une chaleur douce, réconfortante, bienveillante. Trois jours qu'elle perdurait. Elle avait diminué depuis le premier jour, jusqu'à devenir presque indiscernable mais elle était toujours bien présente. Ce qui rassurait Severus. Il savait que c'était important.

Principalement parce que c'était vraiment la première fois qu'il se sentait bien depuis le départ de Ry de sa vie, il y a plus de vingt ans. Malgré le manque d'indices, il s'était douté que le phénomène était lié au jeune homme. Cela n'avait fait que renforcer sa détermination à retrouver le jeune homme. Même s'il se n'était que pour entendre le garçon lui dire qu'il ne voulait plus de lui. Ce qu'il voulait, c'était revoir, peut-être une dernière fois, Ry et savoir, de façon nette et précise, ce qu'il en était de leur relation.

Il aurait bien aimé être certain que cette chaleur soit vraiment liée à Ry. Maeldan aurait pu le renseigner à ce propos, il en était certain, mais il n'était pas parvenu à repérer l'oiseau depuis ce jour dans le bureau du directeur. A croire qu'il l'évitait.

Ce qui était sans doute le cas après réflexions. Après tout, si Ry avait découvert que le phénix était entré en contact avec lui alors qu'il ne voulait pas être découvert, le garçon avait pu interdire à son familier de recommencer. Severus espérait que ce qui poussait son amour à se cacher de lui étaient de mauvais raisons. Il espérait qu'il n'était pas responsable de cet éloignement. C'était l'une des raisons pour lesquelles, Severus voulait retrouver Ry.

Cependant, la fuite de l'oiseau le freinait mais elle ne l'arrêterait pas. Contrairement aux espérances d'Harry, sans doute. Non, il continuerait à chercher. Malgré la déception d'aujourd'hui. Malgré la déception de voir une de ses pistes disparaitre encore une fois.

Depuis quelques jours, il avait orienté son attention sur un garçon discret de Serdaigle qui semblait correspondre à ce qu'il savait de Ry. Malgré sa discrétion, sa présence presque effacée, le jeune homme avait des amis, plus ou moins proches, dans toutes les maisons. Il ne savait pas pour Serpentard. Ce qui n'était pas sans le surprendre. Après tout si quelqu'un était ami avec un Serpentard, au vue du climat actuel, les personnes concernées avaient tout intérêt à se montrer prudent.

En fait, c'était le caractère du garçon et son climat familial qui l'avait porté à croire que Thomas Emerileau était son Ry.

C'était un garçon calme et serein. Un jeune homme patient et, donc, pas à l'aise en public du tout. Un caractère très semblable à celui de Ry. Bien que le visiteur temporel fût bien moins effacé qu'Emerileau l'était, Severus devait bien l'avouer. Ry lui avait toujours semblé sûr de lui, indépendant et téméraire malgré son état d'elfe.

Cependant, Severus avait vraiment cru avoir trouvé son amour en la personne de Thomas Emerileau. D'autant plus que récemment son climat familial s'était détérioré en raison d'un divorce. D'après Flitwich, cela couvait depuis longtemps. Emerileau était venu parler, quelque fois, des tensions qui existaient chez lui depuis presque sa naissance.

Oui, Severus avait vraiment cru trouvé l'elfe de sa vie. La déception en était que plus intense, aujourd'hui.

Severus avait surpris l'adolescent dans la salle de bain des préfets avec sa petite amie après le couvre feu. Il avait, malgré lui, vu que la peau du garçon était vierge de tatouages. Ce qui indiquait très clairement qu'il ne pouvait pas être celui qu'il recherchait avec acharnement. Ry ne pourrait pas dissimuler ses tatouages, même avec la meilleure volonté du monde. Et, ajouter la présence d'UNE petite amie à ses côtés, il était devenu évident que le Serdaigle ne pouvait pas être l'elfe.

Sous le coup de la frustration et de la déception, Severus avait retiré, à chacun d'eux, cinquante points et leur avait donné une retenue avec Rusard. Une punition sévère, même de sa part. Bien qu'il ait pu déjà le faire à Potter. Il ne s'en souvenait plus. Mais cela n'avait que peu d'importance. L'important était qu'il était parti sur une fausse piste qui lui avait fait perdre du temps.

Toutefois, Severus ne s'avouait toujours pas vaincu.

Ce soir, c'était la pleine lune. Avec un peu de chance, Ry était dans cette école et irait se ressourcer dehors. Avec un peu de chance, il pourrait retrouver celui qu'il aimait, enfin.

C'est pourquoi il se trouvait maintenant dehors, indifférent au vent froid qui soufflait. Il regardait minutieusement autours de lui. Il était certain que Ry reviendrait au même endroit que la dernière fois pour se ressourcer. Il ne savait pas d'où lui venait cette certitude mais il en avait la conviction, si Ry était à Poudlard, c'était là qu'il viendrait se ressourcer.

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Et, bien sûr, Severus ne s'était pas trompé. Avec le retour à son époque, Harry avait eu énormément besoin de se rendre à l'extérieur pour se ressourcer. Il avait pris sa cape d'invisibilité pour ne pas être surpris par les professeurs et obtenir, de cette manière, une retenue et des points en moins. Il en avait loué merlin lorsqu'il avait vu Severus Rogue venir, à grandes enjambés, dans sa direction. Il s'était figé, apeuré que l'homme ne le repère en dépit de sa cape. Mais aussi parce qu'il n'avait pas été aussi prêt de l'homme depuis que la panthère était apparue sur sa peau. Avec Rogue aussi prêt, Harry ressentait d'autant plus intensément les émotions de ce dernier à travers leur lien. Harry sentit la panthère sur sa peau s'agiter nerveusement en adéquation avec les émotions de celui qu'elle représentait.

Harry sentit sa gorge se nouer alors que la culpabilité l'envahissait. Il était devenu, très vite, clair que le but dominant de Severus, en ce moment, était de trouver Ry. Severus mettait toute son énergie dans cette tâche, ou presque. Profitant du fait que Voldemort se faisait calme, sans doute. Sa présence dans le parc, si tard dans la nuit, montrait parfaitement sa détermination… Et son résonnement infaillible. Apparemment, Severus n'avait rien oublié de ce qu'Harry lui avait dit ou de ce qu'il avait vu. Harry réalisait, avec un peu d'appréhension, que son amour se souvenait de tout et ce chargeait de tout ce qu'il avait découvert à son sujet pour le traquer. Harry ne pouvait qu'espérer qu'il ne le trouverait pas avant la fin de Voldemort. Il ne fallait pas que Severus découvre qu'Harry était son compagnon. Qui sait ce qui se passerait alors. Qui sait comment réagirait Severus. Non, vraiment, le mieux était que Severus ne connaissait pas la vérité avant qu'Harry combatte véritablement Voldemort. Oui, c'était le mieux. Le risque était trop grand si Severus découvrait la vérité sur l'elfe qu'il avait appris à aimer avant le duel ultime qui opposerait celui-ci au dangereux mage noir.

Harry se tiendrait donc à sa résolution de ne rien dire à Severus. Il ne lui avouerait la vérité que dans le cas où il serait mis au pied du mur.

Harry contourna donc son professeur de potion avec prudence et s'éloigna vivement, le cœur lourd. Arrivée à l'entrée principale du château, Harry se retourna une dernière fois pour regarder la silhouette solitaire qui continuait d'arpenter le parc dans l'espoir de rencontrer le seul homme à lui avoir fait battre le cœur.

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Severus voyait une silhouette à contre jour, juste devant lui. Il ne voyait pas grand-chose à son propos. Pour ce qu'il en savait, cela pouvait tout aussi bien être un ennemi qu'un ami. Pourtant, Severus était inexplicablement certain que cette mystérieuse personne ne lui voulait aucun mal. Il se sentait bien en sa présence. Il était rassuré. Sans même penser à ce qu'il faisait, sans même le réaliser, le maitre des potions s'avança de quelques pas. S'approchant assez de la silhouette pour réaliser qu'elle ne pouvait appartenir qu'à un homme. Soudain, il sursauta, un léger rugissement le surprit. Un petit lion, de la taille d'un chat, se glissa alors entre ses jambes, juste derrière un serpent. Les deux créatures filèrent vers la silhouette mystérieuse et semblèrent se fondre en elle. La silhouette sembla irradier et, ensuite, Severus put mieux distinguer la silhouette. Le cœur battant, Severus ne comprit pas sa réaction euphorique. Pas alors que cette réaction était lié à cet homme. L'homme devant lui sourit et tendit la main vers lui. Et, alors, Severus ne sentit qu'une seule envie. Celle de s'emparer de cette main tendue.

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Severus se réveilla en sursaut dans son lit. Il se redressa dans son lit, humide de sueurs froides. Quelques secondes plus tard, rassuré par son environnement, il se laissa retomber en arrière et replia son bras gauche devant son front. Comment diable en était-il venu à rêver de Potter ! Et pourquoi en éprouvait-il du bonheur et pourquoi en était-il rassuré ? Severus grogna. Il voulait oublier les sentiments que ce fichu rêve incompréhensible avait fait naitre ne lui. Il ne pouvait pas ressentir ce genre d'émotions pour cet arrogant gamin. Pourquoi rêvait-il de Potter ? Il voulait rêver de Ry. Il ne voulait penser qu'à Ry.

Il lança un tempus et soupira en constatant qu'il était huit heures. Décidant, qu'il était inutile de s'attarder au lit, Severus se leva et gagna la salle de bain pour se préparer.

Il en sortit une demi-heure plus tard, seulement pour trouver une lettre voletant dans le salon de ses appartements, à son attention. Il soupira profondément en y découvrant son nom, écrit de la main de Dumbledore. Il était rarement bon que le directeur le contact si tôt le matin. C'était rarement de bon augure. La minute suivante, Severus soupira profondément après avoir lu l'injonction de Dumbledore de venir le retrouver au bureau.

Dix minutes plus tard, il arrivait à proximité de la statue qui fermait le bureau directorial. Il fronça les sourcils de mécontentement lorsqu'il découvrit Potter planté devant la statue, immobile.

« Potter ! Qu'est-ce que vous faite ici ? »

Le garçon – le jeune homme – sursauta et se tourna vivement vers lui en rougissant.

« Je… je… J'ai été convoqué par le directeur… Mais, il ne m'a pas donné le mot de passe. »

« Je vois. »

Severus se détourna du griffondor, donna le mot de passe et franchit le passage sans attendre le jeune homme qui lui emboita le pas. Il pénétra dans le bureau d'un pas vif et se ralentit assez brutalement ses mouvements en s'apercevant qu'Albus était en compagnie de Minerva, de Black et de Lupin. Et, à en juger leur mine sombre, la conversation n'allait pas être joyeuse. Severus se reprit et alla s'installer à l'écart du groupe de Griffondor. Potter hésita un peu puis alla s'installer auprès de son parrain qui lui faisait signe.

« Si je t'ai fait venir, Harry, c'est parce qu'une affaire grave est survenue. Une affaire qui ne semble pas être sans rapport avec Voldemort. J'en ai déjà parlé avec Sirius et Remus… »

« De quoi s'agit-il professeur ? » Le coupa Harry, tendu.

Severus grogna pour la forme à propos de l'insolence de Potter mais il l'approuvait tout à fait. La manie qu'avait parfois le directeur de tourner autours du pot l'horripilait. Surtout lorsqu'il s'agissait d'une affaire importante et délicate. Comme c'était le cas ici, de toute évidence.

« J'y viens, Harry. Les autorités moldus viennent de nous contacter à propos de ta famille. Je suis navré, Harry, mais ils sont décédés il y a quatre jours. Les autorités ont eu du mal à trouver à nous joindre. »

Severus se tourna vers Potter. Le garçon était immobile et son visage était vierge mais Severus pouvait dire qu'il n'était pas aussi chagriné par la nouvelle qu'il l'aurait pensé. Ce qui ne correspondait pas à ce qu'il savait du garçon. Severus savait que Potter était très sensible. Un décès aussi intime aurait dû lui faire verser des larmes. Or, ce n'était pas le cas. Et, le plus incroyable, c'était que les autres personnes de la pièce ne semblaient pas en être étonnées.

« Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il y a un lien avec Voldemort ? »

« La marque des ténèbres étaient peintes près des corps… Tout indique que les attaquants savaient parfaitement qui étaient leurs victimes. »

Severus regarda attentivement Potter alors qu'il restait silencieux. Black resserra son étreinte sur l'épaule de son filleul mais celui-ci ne donna aucun signe comme quoi il l'avait senti. Et, Severus ne voyait toujours aucun signe de chagrin dans les yeux ou l'attitude du garçon. Etrange.

« Qu'est-ce que cela signifie pour moi ? Qu'est-ce qu'il se passe maintenant ? »

« Sirius a officiellement obtenu ta garde… Cependant, avant toute chose, les autorités moldus souhaite te parler… Ainsi que des hommes de lois à propos de ce qui te revient. »

Potter eut l'air surpris mais il ne répliqua pas. Dumbledore l'observa un moment en silence avant de reprendre.

« C'est ici que vous intervenez Severus. Harry doit être accompagné d'une personne qui connait convenablement le monde moldu. Ce qui n'est le cas que pour vous. »

Severus serra les dents et hocha simplement la tête. Il lança un bref regard vers Potter, surpris que le garçon n'ait pas protesté contre le choix de la personne. Cependant, rien sur le visage du garçon ne le renseigna sur ce qu'il pensait à ce sujet. Il réalisa, pour la première fois, que Potter savait très bien dissimuler ses émotions.

« Vous devez rencontrer ces personnes au 4 Privet Drive à quatorze heure. »

« Il vaut donc mieux partir dès maintenant. Je préfère être sur place avant qu'ils arrivent. »

Albus hocha la tête et Potter se leva après avoir reçu une dernière étreinte et des murmures rassurants de la part de Black et Lupin. Ils prirent ensuite, tous les deux, la direction du portail de Poudlard, sans échanger un mot.

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Severus regardait discrètement Potter alors que le garçon fermait la porte de ce qui avait été la maison de son enfance. La nuit était tombée depuis une heure déjà. L'après midi avait été éprouvante et riche en surprise. Pour eux d'eux. Severus avait eu connaissance de certaines vérités qu'il n'avait pas cherché à nier. Les nier aurait été faire preuve de sottise. Or, Severus n'était pas sot.

Les révélations étaient survenues à peine la porte la porte franchie. Severus n'avait pas tardé à remarquer qu'il n'y avait rien dans la maison qui indiqua que Potter ait vécu, un jour, dans la maison. Pas de photos, pas de magasines pouvant être reliés à Potter. Rien. Pas la moindre trace qui pouvait indiquer qu'un enfant magique ait vécu dans cette maison pendant quinze ans. Lorsqu'il l'avait interrogé à ce sujet, Potter lui avait dit que c'était parce qu'il n'aimait pas être photographié mais Severus avait très bien décelé le mensonge. Il n'avait pas relevé, cependant. Il avait silencieusement relevé tous les indices qui montraient qu'Harry Potter n'avait pas été gâté par sa famille contrairement à ce qu'il avait toujours cru. Il avait été clair que la famille de Potter n'avait jamais voulu de lui en ces lieux.

La suite avait confirmé ce que pensait Severus. Potter avait fait son possible pour donner le plus possible à la sœur de son oncle. Une manière de se débarrasser de souvenirs non voulu. Severus l'avait bien compris. Et, il avait demandé à l'homme de lois de vendre les biens restants en son nom.

Ensuite, Severus avait vu la chambre de Potter. Une cellule plus qu'une chambre à vrai dire. Une pièce qui n'avait fait que lui confirmer que sa famille n'avait jamais approuvé sa venue dans leur foyer. Une pièce qui lui avait confirmé qu'il ne savait rien de Potter. Qu'il s'était, apparemment, totalement trompé à son propos.

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