Apprends moi à te haïr

Chapitre 4 : Le journal de Tom Jédusor

6530 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:45

C'est la première fois que je commence à écrire ce journal. Il est étrange d'en posséder un d'ailleurs mais je crois qu'il me sera utile un jour ou qui sait peut-être le sera-t-il pour d'autres sorciers. Je dirais que c'est à Little Hangleton que tout a commencé. Le meurtre de Mimi Geignarde n'était qu'une erreur de parcours, une erreur jouissive certes mais une erreur tout de même. J'ai même failli me faire prendre heureusement ce benêt de Hagrid m'a servi a quelque chose.

Little Hangleton est un village étrange, froid et rempli de moldu ce qui est une abomination à mes yeux. Ces moldus sont étranges, comment peuvent-ils vivre sans magie ? Je les hais. Le village s'étend en contrebas de la colline sur laquelle se découvre un vieux manoir d'un style étrange et aux murs de brique rouge. Je sais que je dois m'y rendre mais avant je rendre une petite visite à mon cher oncle. Un villageois m'indique de ne pas me diriger vers le chemin des Gaunt avec une peur sans nom dans la voix. Je l'ignore puisque je n'ai pas peur mais avoir n'est-il pas le propre de toute créature inférieure après tout. La maison est assez éloignée du village mais sa réputation ne l'est visiblement pas. De nombreux panneaux sur le bord du chemin préviennent les touristes égarés de ne pas se diriger vers la maison des fous furieux. J'arrive enfin à destination même si je n'ai pas manqué de me tordre la cheville plusieurs à cause des nombreuses ornières qui hantent le chemin. La barrière qui se dresse devant moi est défraîchie, la peinture s'écaille et pire le bois manque de tomber sur le sol boueux. J'enjambe le tout sans grande difficulté, la magie protectrice est quasiment insignifiante pour un sorcier comme tel que moi ! Le jardin est totalement abandonné tout comme l'endroit où je me trouve. Tout respire la médiocrité en fait, que dirait Salazar en voyant cela. Sa famille, ses héritiers réduits à vivre dans un tel taudis. Une petite cabane se dresse face à moi après que j'ai parcouru quelques mètres en suivant un chemin boueux et herbeux. La maisonnée grince tant le bois semble rongé par les mites et les rats qui s'y donne visiblement à cœur joie. Un chat sauvage miaule non de loin de moi avant de s'enfuir à toutes jambes vers la forêt. Alors que je m'approche enfin de ma destination finale, j'aperçois un serpent cloué sur la peau. Je grimace. Comment peut-on tuer un animal aussi noble surtout lorsqu'on est l'héritier de Serpentard ? Je trouve cette idée horriblement irrespectueuse envers notre sang, ils ont souillés leurs origines. Ce sont des monstres, des bêtes immondes indignes d'un tel rang ! C'est impossible que ces Gaunt soit les derniers héritiers de Salazar tandis que les Jédusor et leur manoir sont digne de cet héritage !

Mon idée est faite avant même que j'entre dans la cabane. Tout pue ici. Je toque néanmoins par politesse avant d'entrer en poussant la porte, elle grince fortement, laissant partir un bruit strident dans l'atmosphère. L'intérieur est encore pire que l'extérieur à ma plus grande surprise. Une puanteur indescriptible prend mon nez d'assaut. J'éternue malgré moi tant l'épaisseur de poussière est énorme sur les quelques meubles qui remplissent l'endroit. Un fauteuil grince sur ma droite. Je me tourne doucement vers le son même si mon cœur bat la chamade malgré moi. Un homme vêtu de haillons se lève difficilement, il titube jusqu'à moi, se rattrape au mur à ma gauche avant de se redresser. Il est légèrement plus petit que moi tant il est vouté. Ses cheveux gras lui retombent sur le visage mais je ne peux donner leur couleur exacte. Il finit par me sourire après m'avoir inspecté pendant plusieurs longues secondes, il ne lui reste que quelques dents et son haleine est infernale. Je recule instinctivement pour m'éloigner de ce furoncle ambulant. Serait-ce lui le dernier des Gaunt ? Ce n'était pas possible, c'était même impossible ! Une immondice pareille …

_ Jédusor finit-il par railler d'une voix grave et rauque comme s'il n'avait parlé depuis plusieurs années. Mérope te manque, c'est ça hein? Sa voix monte légèrement dans les aigus à la fin de sa question tandis qu'il se cramponne à l'appui-porte pour tenir debout. Je fronce les sourcils, comment me connaît-il ? Méope, ell'est mote, Jédusor finit par crier après avoir repris son souffle comme si les phrases précédentes étaient un effort trop grand pour lui.

_ Je suis au courant lui répondis-je en m'enfonçant un peu plus dans la maison afin d'échapper à son odeur. La cuisine est dans un état indescriptible. Depuis bien longtemps le blanc a fait place à une épaisse couche de saleté. Morfin finit par sursauter comme s'il venait de comprendre le sens de mes paroles.

_ Que m'veux-tu a'ors ? Marmonne-t-il en se grattant l'arrière comme un chien plein de puces. Je détourne le regard, détourné par une attitude aussi déplorable. Il tente de se redresser plus pour paraître imposant mais il manque son action et rétame la figure sur le sol comme le vulgaire déchet qu'il est.

_ Je souhaite voir Jédusor lui annonçais-je en lui jetant un regard dédaigneux alors qu'il tente de se relever. Un rire rauque lui échappe alors qu'il est à quatre pattes devant moi. Une envie soudaine de lui coller mon pied en pleine figure me prend mais je me retiens, j'ai besoin de lui pour retrouver mon père. Ne te ris pas de moi, sale vermine ; je suis un sang pur et tu n'es rien d'autre qu'un rat ! M'écriais-je finalement après qu'il ait osé cracher sur mes chaussures neuves. Je recule également pour être désormais hors d'atteinte de ses crachats intempestifs. J'ai besoin qu'il me confirme ce que je viens d'apprendre à la lecture de mon acte de naissance quelques jours plus tôt.

_ Un sang pur s'étonne-t-il tandis qu'un rire tonitruant, presque théâtral s'échappe de sa gorge. Toi, l'sang de bourbe qui a conquis l'coeur de m'soeur. Il continue de rire tandis que je me sens blêmir. C'est impossible. C'est donc vrai ! C'est une mauvaise plaisanterie. Ce déchet, mon oncle, est l'héritier de Salazar. Où est la grandeur ? Le luxe ? Le pouvoir ? Je finis par sortir ma baguette alors qu'il achève de se relever en s'appuyant contre le chambranle de la porte. Il lève un regard surpris vers moi. Je le stupéfixe. Il retombe dans un bruit sourd sur le sol mais il laisse échapper des gémissements qui laissent parfaitement transparaître sa colère seulement il ne peut m'avoir, je reste bien plus puissant que lui. Je ressors précipitamment du jardin pour rejoindre le chemin de randonnée. Je sais qu'il mène également au manoir Jédusor même si le chemin est plus escarpée et moins beau que celui que j'avais aperçu lors de mon arrivée quelques heures plus tôt. Une colère froide envahi mon cœur sans que je n'ai l'idée de la contrôler, elle m'évite de réfléchir. Je suis mon instinct. Ma main tremble tandis que ma baguette me hurle de tuer. Rapidement le manoir apparaît au détour d'un virage, je me rapproche de ma destination à pas raide et rapide. Mon père, un sang de bourbe ? C'est impossible. Un sang impur ne peut couler dans mes veines. C'est une honte ! Je me sens souillé, mon sang me brûle. Ma mère n'avait pas pu se compromettre avec une merde pareille … Elle, c'était elle le maillon fort de mon sang. Cette mère morte en couche, cette stupide femme m'avait offert le sang le plus pur que la terre pouvait porter et elle l'avait souillée avec celui d'un moldu. Heureusement pour elle qu'elle était morte. L'idée que je suis un sang-mêlé fait peu à peu son chemin dans mon esprit, elle s'impose comme une évidence. Ma mère est morte pour son péché, par sa propre faute. Le domaine est entouré par une haute barrière en fer forgée. Je l'explose d'un simple coup de baguette. Les morceaux de portails atterrissent quelques mètres plus loin dans une herbe verte parfaitement entretenue même par cet été chaud et étouffant. Au loin, le carillon de l'église du village sonne les neuf heures du matin. Je rejoins l'allée centrale à grand pas, mes chaussures crissent sous les gravillons qui l’ornent. Je dissimule ma baguette sous ma cape tandis que la porte d'entrée s'ouvre face à moi pour laisser apercevoir un homme habillé d'un costume noir qu'il a agrémenté d'un nœud papillon. Il s'avance lentement sur le parvis à l'aide d'une canne en nacre. Un domestique … Je grimace, ils envoient un déchet à me rencontre. Il semble surpris de me voir, fronce les sourcils et s'écroule finalement sur le sol marbré de l'entrée. La canne se casse et explose en mille petits morceaux lorsqu'elle touche le sol. Je pénètre dans le manoir sans plus de cérémonie. Sans la moindre marque de politesse, je commence à explorer le rez de chaussée sans être attentif à la décoration somptueuse qui semble m'entourer. Je finis, enfin, par tomber sur le salon ou se déroule le petit déjeuner.

_ Tom, je suis heureuse de te voir. As-tu bien dormi ?

Je me retourne vers la source de la voix. Une vieille dame et un vieil homme me font face. Mes grands-parents, je suppose. Leurs sourcils se froncent tandis que leurs yeux cherchent a apprivoiser mon image. L'homme ouvre la bouche pour parler mais il n'as pas le temps de prononcer une phrase que déjà le sort file droit sur sa poitrine. Il retombe lourdement dans son lourd fauteuil de bois. Un cri strident s'échappe avant même que le deuxième sort n'atteigne la vieille femme. Des pas précipités retentissent dans l'escalier. Je laisse échapper un rire nerveux. L'adrénaline envahit mon sang. Il est là, sur le pas de la porte ; face à moi. Ses yeux s'arrêtent de nombreuses fois sur le visage de ses parents décédés.

_ Qui est-tu ? Demanda-t-il.

Je vois avec regret que je suis son portrait craché. Au moins est-il bel homme, je ne peux que le reconnaître. Il recule mais j'avance à chaque pas en arrière qu'il effectue.

_ Vous ne m'échapperez pas, père chuchotais-je finalement en levant ma baguette vers son visage.

_ Méro …

Le sort l'atteint en pleine tête. Sa puissance est telle que je suis envoyée au fin fond de la pièce. Je me relève en grimaçant. Je sais que personne ne viendra chercher de lien entre ce moldu et moi. Que je ne suis qu'un simple passant pour les villageois qui auront tôt fait de m'oublier. Alors que je passe a côté de mon défunt patriarche, je lui mets assène plusieurs coups de pieds afin de le défigurer. Il ne mérite pas d'être enterrer dans la dignité. Je finis par me calmer, mes bouffées de haine se calmant peu à peu. Maintenant l'envie de tuer Morfin me prend. J'ai besoin de tuer pour me calmer, je veux dominer. Personne ne doit savoir que je suis un sang mêlé. Je suis leur maître et rien ni personne ne doit pouvoir remettre en cause cette autorité, mon autorité. Je finis par redescendre vers la maison de Morfin en prenant afin de réfléchir froidement à la situation. Une idée me vient, une idée parfaite. Fébrile, je cours presque jusqu'à la vieille cabane, je manque même de tomber plusieurs fois dans le chemin boueux. Il est toujours là, allongé dans l'entrée à gémir comme le taré et le raté qu'il est. Je le relève en l'attrapant par les cheveux, en tirant la peau de son crâne au maximum. Ses gémissements se font plus puissants et forts. Je rigole presque en le voyant ainsi à ma merci, qu'il est bon de le voir ainsi, peureux et pleurant comme un enfant.

_ Écoute moi bien, Morfin. Mérope était ma mère … Il écarquille les yeux. Eh oui ! Jédusor était mon père mais maintenant il ne devrait plus trop poser de problème lui racontais-je en mimant le sort de mort avec mes lèvres. Un mince voile de sueur commence à recouvrir ses tempes. Maintenant la vérité hurlais-je dans ses oreilles avec un sort d'amplification. Le maintenant avec un couteau sur la gorge, la baguette sur la tempe, je le libère afin qu'il puisse me dire la vérité, qu'il me raconte enfin mon histoire, la véritable version.

_ Un jour, j'ai taqué ce Jédusor parc'que ma sœur, ell'tait amoureuse de lui. J'en pouvais plus des regards amou'eux qu'elle lui j'tait. J't'ai convoqué au ministère qui m'a cheté en prison mais p'pa y s'est opposé aux aurors quand y sont venus me chercher donc l'ont arrêté aussi. P'pa, il est mort à Az'aban. Méope, elle en a profité pour s'barrer d'ici, ell'est partie avec l'autr'con mais y était pas amou'eux d'elle alors elle lui a fait boire un phitre. Ça a duré deux ans avant qu'elle tombe enceinte de toi puis elle a arrêté les phitres parce qu'elle pensait que J'dusor était tombé amou'eux d'elle mais c'tait faut. Il est partie et elle a disparue avec le pendentif c'te trainée !

_ Bien dis-je plusieurs minutes après la fin de son récit. Il me fixe en se demandant ce que je vais lui faire. J'appuie ma baguette plus fort contre sa tempe, il grimace fortement tandis que je commence à parler en fourchelang. Je sais qu'il le comprend parce qu'il est un Serpentard, un véritable héritier malgré son apparence détestable. Maintenant tu vas oublier ma venue. Quand tu es rentré de prison, ton père et ta sœur était morte, tu as sombré dans l'alcoolisme. Puis un matin, tu t'es dit que tout était de la faute de Tom Jédusor. Tu es monté au manoir par le chemin qui borde ta propriété. Tu as fait exploser le portail en fer forgé avant de rentrer dans la maison grâce à l'entremise d'un domestique enfin tu les a tous tués. Tu as même achevé Jédusor avec des coups de pieds en plein visage. Tu vas assumer ces meurtres et te les approprier comme si c'était les tiens. Tu le crieras avec fierté quand ils viendront t'interroger.

Peu à peu, je laisse mon venin envahir ses souvenirs, les mélanger afin qu’ils les confondent avec les vrais. Ce sort me prend beaucoup de temps et d'énergie mais il est jouissif à utiliser. Je finis par transplaner vers ma prochaine destination en laissant Morfin Gaunt, allongé et perdu sur le carrelage de sa pauvre cabane. Je suis heureux de le laisser à sa misérable vie. L'atmosphère qui m'accueille est plus sereine et saine également. Le portail s'ouvre devant moi alors que j'effectue mes premiers pas vers le Manoir Malefoy. Je reste indifférent aux nombreux animaux qui se baladent dans le parc, je ne sais que cette famille ne se refuse rien au niveau des excentricités. L'énorme porte de bois d'acacia s'ouvre avant même que j'ai atteint les premières marches du perron. Un elfe s'incline en me faisant signe de passer.

_ Monsieur Malefoy Junior est absent, Monsieur Jédusor croasse-t-il.

Je l'ignore tout en lui jetant ma cape sur le visage. Un déchet ramasse les déchets après tout. Après avoir déposé mon manteau dans l'un des nombreux placards cachés sous l'immense escalier qui jouxte l'entrée, il me fait signe de le suivre afin de monter à l'étage. A mesure que je m'approche du salon, la chaleur se fait plus englobante, plus accueillante. Je serre ma baguette dans ma poche afin de me persuader de la réalité de mes souvenirs. Je souris en apercevant le contraste saisissant entre ma vie secrète et ma vie publique. Le salon est éclairé par de large baie vitrée qui monte jusqu'au plafond. De tout le manoir, je sais qu'il est le préféré d'Abraxas pour une raison que j'ignore. Cet endroit est trop confortable néanmoins je dois bien reconnaître qu'il est parfait pour nos longues conversations.

_ Déjà là s'étonne une voix légèrement moqueuse sur ma gauche. Je me tourne vers Marius en lui souriant avant de m'asseoir à son côté sur le canapé.

_ Bulstrode dis-je finalement pour le saluer.

_ Jédusor.

Un mince sourire naît sur ces lèvres fines. Il porte son habituel costume noir même si celui-ci n'est qu'une variante de celui qu'il porte à Poudlard. De tous les Serpentard, il est le premier à m'avoir adressé la parole notamment parce que nous étions partenaire en potion. Il s'est rapidement révélé un adversaire à ma hauteur. Je le respecte surtout à cause de cette compétition permanente qui a fini par s'instituer entre nous dans les salles classes. Il reste impassible même si je sais que ses yeux verts me fixent. Il est le versant sympathique de notre duo tandis que je reste le maitre véritable. Il est le parfait bras droit tant le contraste est saisissant entre nous deux. Il est la seule personne que je traite presque comme un égal. Bien sûr, il n'aura jamais le prestige de mon sang mais au moins est-il d'une famille ancienne et noble. Il possède un regard froid, calculateur mais qui a un je ne sais quoi de séducteur pour les filles qu'il attire comme des mouches d'ailleurs. Toutefois, je sais qu'il est bien différent avec sa famille surtout avec sa sœur jumelle dont il est très proche. Il est presque un ami même si je ne connais pas vraiment le sens de ce mot ; je dirais que d'après la définition que j'en connais, il s'en approche !

_ Alors ces vacances ? Finit-il par demander en attrapant l'un des verres que vient de nous apporter une elfe affublée d'un tablier déchiré et sale à souhait. Il a le temps de boire plusieurs gorgées avant que sa question me parvienne. Je suis obnubilé parce ce que je viens d'accomplir, mes mains en tremblent encore d'excitation.

_ Excellente et les tiennes alors ? Je demande plus par politesse que par réel intérêt.

_ Pareil répond-t-il laconique en faisant tourner le jus de fruit dans son verre.

Le silence s'installe peu à peu. Je me laisse aller à ce silence reposant après le chaos de la matinée. Je suis épuisée, c'est la première fois que j'utilise ce sort autant de fois à la suite et contraindre Morfin a été plus difficile que prévu. Je rêve d'un lit pour dormir, recharger ma magie mais je sais que ce n'est pas possible. J'ai souhaité ou plutôt ordonner ce rendez-vous chez Abraxas alors je ne peux pas me défiler. Parfois être un chef demande des sacrifices surtout quand ce sont des crétins qui vous accompagnent. Contrairement aux autres, l'attente ne me fait pas peur, elle m'excite ! Je sais qu'un jour le monde, je posséderai tout. En sept années, je suis parvenu à infiltrer les sangs-purs pour devenir leur futur chef même chez les adultes. Tous savent que demain, je les gouvernerai sans qu'ils n'y puissent rien. Le temps est cadeau précieux qu'il faut savoir apprécier. Je suis né pour les gouverner tous.

_ Tom ! S'écrie une voix féminine et légèrement trop aiguë à mon goût. Je grimace à l'entente de mon prénom. Que faisait cette cruche ici ? Alors qu'elle entre dans le salon, je lui adresse un immense sourire comme si elle était la personne que j'aimais le plus au monde … Les femmes ! Son sourire s'élargit tandis qu'elle rejette sa longue chevelure blonde derrière son épaule. Un ricanement discret échappe à Marius qui la salue en se resservant un nouveau verre. Cette fille et ses manigances pour me séduire vont finir par me tuer ou me faire fuir ! Elle s'assoit face à nous puisqu'heureusement pour moi, il n'y'a plus de place sur le petit canapé. Elle continue de minauder comme une adolescente amoureuse et stupide, je soupire discrètement en jetant un regard amusé à Marius.

_ Pardon pour le retard s'excuse Abraxas en rentrant à son tour dans la pièce. Il retire son manteau qu'il offre à un jeune elfe qui s'incline avant de repartir avec le vêtement dans les bras.

_ Bonjour lui lance Walburga en lui adressant également un grand sourire. Je secoue la tête imperceptiblement tant son attitude est indigne d'une sang pure, je vais devoir la corriger pour qu'elle apprenne à se tenir correctement enfin heureusement elle reste un monstre derrière cette façade maladroite et irrespectueuse. Abraxas s'assoit à ses côtés, attrape un verre avant de relever la tête vers moi. Un silence s'installe, j'aime savoir qu'ils ne parleront pas avant que je ne l'ai fait. Tous sont à mes ordres, m'obéissent comme les chiens qu'ils sont. Abraxas Junior Malefoy, le fils du grand Abraxas Malefoy, Ministre de la défense magique ou plutôt le pathétique fils de son père. Malefoy père avait un point faible : son fils unique qu'il chérissait comme la prunelle de ses yeux seulement ça n'avait en rien servi à faire de lui, un homme fort, un Malefoy. Je devais le former, le préparer à son futur rôle de faux leader afin qu'il fasse véritablement illusion auprès des autres. J'ai besoin de lui et de l'argent de sa famille pour ma grandeur heureusement il est facilement manipulable.

_ Pour ce début d'année, je souhaite que vous vous teniez tous tranquille jusqu'à nouvel ordre ; la moindre incartade sera sévèrement punie. Aucune émule ou sinon … Je laisse volontairement ma phrase en suspend afin de les laisser deviner la suite, seul Marius et Abraxas laissent un sourire mauvais naître sur leurs lèvres tandis que Walburga déglutit péniblement. C'est vrai qu'il est difficile pour elle de ne pas s'énerver, elle ne sait malheureusement pas garder son sang-froid comme le devrait tout sang pur. Je vous rejoindrai directement à la gare demain vers neuf heures juste avant l'embarquement, j'ajoute en évitant les regards interrogatifs de Walburga. Marius est le seul, qui selon moi, est capable de tenir le rôle que je lui assigne. Il est mon bras droit, il me suivra ou que j'aille car il aime le pouvoir, presque autant que moi. Il est né et a été élevé pour cela seulement pour lui, c'est différent, il veut réussir mais ses ambitions ne sont pas aussi dantesque que les miennes. Il réussira seul ; pas comme Abraxas dont le père sera toujours derrière chacune de ces actions. Ils finissent par entamer une conversation sur leurs vacances en voyant que je n'ai pas l'attention de leur dire autre chose. Au bout d'une demi-heure, Walburga disparaît afin d'envoyer mes ordres à tous les serpents avant la rentrée. Dès demain, ils devront être respectés quoiqu'il arrive. Mes pensées se tournent vers Poudlard. Demain, je retourne chez moi, sur mon territoire. Cette école m'a sauvé de l'ennui, d'une vie sans ambition mais je dois faire attention cette année, Dumbledore me soupçonne depuis le début pour le meurtre de Mimi. Il n'a pas tort mais rien ne doit transparaître, je dois continuer d'avancer mes pions dans l'ombre désormais. Le jeu se corse enfin ! Mes pensées vagabondent à travers mes souvenirs lointains ou non.

_ Le dîner est servi, maitre croasse un elfe avant de disparaître dans un pop sonore. Mes pensées s'évaporent tandis que nous nous levons tous pour nous rendre dans la salle à manger. La salle est luxueuse et démesurée comme le reste du manoir d'ailleurs mais la chaleur de l'or réserve un étrange et chaleureux accueil au final. Je m'installe en tête de la table tandis qu'ils se placent instinctivement autour de moi. Le repas se fait en silence comme à Poudlard. A la fin du dîner, Abraxas nous invite à passer dans la bibliothèque mais je refuse cordialement son invitation ; je suis exténué.

_ Tu n'as pas tort, nous devrions tous nous reposer souligne-t-il finalement, intimant discrètement aux elfes de préparer nos chambres pour la nuit le plus rapidement possible. Je monte lentement l'escalier, chaque pas est difficile tant les courbatures qui parcourent mon corps sont nombreuses. Mes mains se remettent à trembler, il faudra que je trouve une solution, que je devienne plus fort afin de n'être plus fatigué après trois sorts banal. Mes yeux se ferment seuls, contre ma volonté alors que j'approche de ma destination finale. Alors que je tourne la poignée, j'entends un pop sonore qui signifie que l'elfe vient de partir, je m'appuie fortement sur le chambranle avant de parcourir les quelques mètres qu'il me reste à faire ; je me jette littéralement sur le lit avant d'être accueilli avec soin par Morphée. Je tombe dans les limbes de l'oubli.

***

La gare est bondée. Une voix nasillarde et monotone répète trois fois le même texte toutes les deux minutes. Dans ma poche, je serre ma baguette aussi fort que je le peux afin de me calmer, l'envie de tuer un petit moldu ou deux me saisit rapidement surtout quand je les entends pleurer leur mère à côté de moi. Walburga est en retard comme à son habitude. La voix reprend son texte stupide tandis qu'un militaire nous invite à montrer dans le train qui se trouve sur le quai à côté de nous. Les sangs de bourbes nous bousculent. Marius finit par se caler contre un pilier afin de n'être plus embêté. Walburga finit enfin par arriver, elle agite sa main au-dessus de la foule afin qu'on la remarque.

_ Elle ne cessera donc jamais de nous pourrir la vie laisse échapper Abraxas tandis qu'elle court vers nous en tentant de ne pas perdre un bras au passage à cause de son énorme, immense et inutile valise.

_ Jamais.

_ Pourquoi c'est elle qui porte sa valise ? Remarque le blond en fronçant les sourcils.

_ Tu n'es pas au courant, sa famille vient de perdre une grosse somme d'argent ; ils sont pour ainsi dire pauvre explique Marius en chuchotant afin qu'elle ne nous entende pas même si elle est encore loin de nous.

_ Marius s'écrit une voix juvénile derrière nous. Nous retournons dans un même mouvement ce qui fait rougir Pollux qui passe une main dans ses cheveux court afin de reprendre une certaine contenance. Je n'apprécie pas tellement cet enfant, trop innocent, trop gentil pour un serpentard mais par égard pour Marius, je le laisse tranquille ou plutôt parce que je sais que je perdrais la conscience de ce dernier si il m'arrive, un jour, de toucher à un seul cheveu du petit. La confiance et la peur sont les clés de ma réussite mais pour le moment, j'ai surtout besoin de la première partie alors je joue le jeu.

_ Bonjour Tom crie presque Walburga en arrivant enfin à nos côtés. Je regarde ma montre, le train ne va pas tarder à partir.

_ Bonjour nous lance Cassiopeia alors que nous arrivons enfin à la hauteur de la voie 9 ¾ à mon plus grand soulagement. Je lui adresse un sourire qu'elle me rend. Des jumeaux Bulstrode, Cassiopeia est la plus réservée mais également la plus intelligente même si comme le convient la tradition, elle se montre moins brillante que son frère seulement qu'elle peut parfois être plus redoutable et dangereuse que lui surtout quand on s'attaque à sa famille et ses amis. Le quai est bondé, les enfants parlent tandis que les parents tentent de les retrouver pour un dernier au revoir. Je soupire de rage devant tant de niaiserie, de sentiment, c'est à vomir. Je me fraye tant bien que mal un chemin dans la foule afin d'atteindre le wagon réservé aux serpents. Alors que le dernier d'entre nous, Pollux, met un pied dans le train, ce dernier sonne le départ. Chaque année, c'est le même cirque heureusement c'est la dernière. Pour la première fois de la journée, un sourire sincère naît sur mes lèvres ; je suis enfin de retour à Poudlard, mon domaine, mon royaume. Nous rejoignons assez rapidement le compartiment que j'ai réservé il y'a plusieurs années maintenant mais un attroupement se tient devant.

_ Dégagez, j'hurle presque aux élèves dont le nez est trop proche de la fenêtre, à mon goût. Je m'arrête, surpris devant la porte vitrée. Une fille est assise dans mon compartiment, elle lit un énorme bouquin qu'elle tient calé contre ses cuisses tandis que ses pieds sont calés contre la banquette face à elle. Elle porte déjà l'uniforme de l'école mais il n'y'a pas d'insigne.

_ C'est une nouvelle alors cesse de t'énerver, Walburga chuchote Abraxas, énervé en tentant de la repousser afin qu'elle n'entre pas en trombe dans le compartiment pour la tuer. Elle déteste qu'on désobéisse à mes ordres et tente de punir tout ce qui paraît les contredire. Une partie de moi avait envie de la laisser faire afin de voir le massacre car elle est une duelliste remarquable pour son âge seulement je dois me tenir à mes propres directives : pas d’esbroufes. Finalement, je me décide à entrer en me sommant de me montrer diplomate avec elle. Elle relève la tête vers moi lorsque la porte coulisse. La première chose que je remarque chez elle, ce sont ses yeux marron presque noirs qui m’absorbent. Elle se relève, pose son livre sur ses genoux dans une attitude assez hostile. Je serre les poings pour me calmer même si utiliser ma baguette pour la dégager du train me démange.

_ Tu es dans notre compartiment, je finis par dire en m'asseyant face à elle. Elle me fixe, de bas en haut, me jauge avant de laisser échapper un sourire presque ironique.

_ Oh pardon … Je n'avais pas vu ton nom sur la porte mais attends, y'a rien de marquer alors j'ai parfaitement le droit d'être ici, non me répond-t-elle d'une voix ferme.

_ Tu dois partir, je me décide à répondre en ignorant sa question rhétorique. Elle fronce les sourcils avant de me sourire puis de finalement reprendre sa lecture comme si ma présence n'existait pas. Dégage de mon compartiment, je finis par lui dire d'une voix calme en m'emparant de son livre. Elle sort sa baguette si rapidement de sa cape que je n'ai pas le temps de réagir, les autres réagissent immédiatement mais ils se heurtent à une barrière invisible.

_ Dis à tes amis de se calmer, rends moi mon livre et je te promets de partir, Jédusor chuchote-t-elle en appuyant sa baguette un brin plus fort contre ma gorge.

_ Bien dis-je en leur faisant signe de s'éloigner. Ils m'obéissent au bout de plusieurs secondes, ne comprenant visiblement pas mon ordre contradictoire par rapport à la situation présente.

_ Merci dit-elle en replaçant son livre dans ce qui semble être une sacoche au cuir tanné par des années d'utilisation.

_ Comment sais-tu qui je suis ? Je finis par demander en lui bloquant la porte alors qu'elle s'apprête à sortir. Un étrange sourire naît sur ses lèvres, comme si elle savait tout de moi, qu'elle me connaissait déjà sans que je ne sache ou j'avais bien pu la rencontrer. Elle finit par passer en-dessous de mon bras puis elle disparaît dans la masse d'élèves qui commence à envahir les couloirs, poussé qu'ils sont par une curiosité sans nom. Walburga continue de s'agiter entre les mains d'Abraxas qui la contient difficilement.

_ Je m'occupe d'elle finis-je par leur dire en rentrant à nouveau dans le compartiment.

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