Apprends moi à te haïr
Journal d'Hermione
Le lendemain, le réveil fut assez difficile tant la nuit avait été courte et agitée mais mon intégration s'était finalement bien passée et j'en étais heureuse.
_ Réveille-toi la marmotte me secoue Lucretia dont j'arrive déjà à identifier la voix. Je me retournai vers elle en tentant d'émerger doucement. La salle de bain est libre m'annonça-t-elle en me montrant la pièce. Ton uniforme est à l'intérieur me précisa-t-elle en disparaissant derrière la porte. Dépêche-toi, tu es la dernière cria-t-elle depuis le couloir. J'entrais alors dans la salle de bain, la cabine de douche était impressionnante et agréable à utiliser. Le jet d'eau chaude me détendit lentement mais j'avais l'esprit occupé. La vision d'une première journée avec Jédusor ne m'enchantait pas du tout, c'était même plutôt le contraire. Sortir de la douche fut une véritable épreuve tant le contraste de chaleur était important. J'entrepris avec difficulté de tresser mes cheveux mais je finis par parvenir à un résultat à peu près convenable. J'enfilais alors mon uniforme qui était un brin trop grand pour moi mais je fus ravie de la constater, au moins, j'étais plus à mon aise.
_ Mon dieu ! S'écria Daphné en m'apercevant alors que je sortais de la salle de bain.
_ On a u boulot les filles murmura Cassiopeia en me fixant de haut en bas avec une grimace.
_ Quoi demandais-je en tentant de comprendre ce qui n'allait pas.
_ Si tu sors comme ça, Tom te tue. Il nous demande d'être irréprochables sur notre uniforme et là, tu ressembles à un sac ! Précisa Lucretia en riant à moitié.
_ On va ajuster ça. Cassiopeia s'approcha alors de moi avec un sourire mauvais tandis qu'elle sortait sa baguette de sa veste. Sans que je ne comprenne pas le moindre sort, elle ajusta peu à peu mes vêtements.
_ Va falloir du maquillage également continua-t-elle en me regardant.
_ Ah non, je n'aime pas ça précisais-je alors en me reculant.
_ Ça sera discret me promit-elle. Crois-moi, il vaut mieux que tu sois prête à affronter les regards. Tout est jugé ici alors le moindre faux pas n'est pas permis.
J'hochais finalement la tête à contrecœur, la laissant faire ce qu'elle souhaitait. Elles m’amenèrent finalement vers la salle de bain afin d'utiliser leurs propres produits. Je pus constater dans le miroir que le maquillage qu'elle m'appliquait était somme toute discret tout en me rendant presque jolie. L'ajustement de l'uniforme était parfait. Les filles finirent par me montrer leur travail. J'en reste bouche bée, je savais désormais d’où venait l'attitude impeccable des Serpentards. Ce n'était pas involontaire, c'était un art de vivre. Lucretia finit par dénouer mes cheveux afin de les laisser libre mais afin de calmer ma masse capillaire, elle prit plusieurs mèches afin de les attacher à l'aide d'une petite pince à l'arrière de ma tête. C'est alors que je me rendis compte qu'elles étaient toutes coiffées de la même manière ; seul l'habillement nous permettait de nous démarquer. Cassiopeia me tendit alors des chaussettes longues qu'elle me conseilla d'enfiler si je voulais ne pas avoir froid.
_ Le château est glacial en cette saison me précisa-t-elle en insistant.
_ Il nous reste encore une demi-heure avant le déjeuner donc tu peux te promener mais sois à l’heure pour le rassemblement dans la salle commune me prévint Lucrétia en tentant d’arrondir les angles au sujet des règles, trop stricte à mon goût, de Voldemort junior.
J’avais passé une partie de la nuit à réfléchir puisque le sommeil n’avait pas voulu de moi. Je ne parvenais pas encore à me faire à l’idée que je dormais avec des serpents à côté de moi et que je ne devais pas me méfier d’elles ; au contraire, je devais en faire mes amies. Moi, amie avec des Serpentards … cette situation m’effrayait autant qu’elle m’amusait. La journée s'annonçait particulièrement difficile. Au final, je garde peu de souvenirs de mes quinze premiers jours à Poudlard version 1943, je voulais avant tout me fondre dans la masse même si j'avais énormément de mal à obéir sans broncher à Jédusor. Plusieurs fois, il m'avait asséné son speech sur les règles sans que je ne parvienne pas à retenir quoique ce soit ; en vérité, j'avais appris, grâce à lui, l'art de la fausse écoute. J'hochais méthodiquement la tête au moment où je sentais qu'il me regardait et chaque hochement me valait un sourire jusqu'au jour où :
_ Tu es donc d'accord avec moi, tu dois coucher avec moi ! Répéta-t-il en agrandissant son sourire. Je marquai un temps d'arrêt, non parce que je ne n'avais pas compris son insinuation mais parce que son sourire me parut, pour la première fois, sincère et naturel.
_ Ne rêve pas répondis-je finalement en décidant de m'éloigner stratégiquement de lui puisque nous étions seuls dans une des ailes les plus isolées de l'école. Pour une raison que j'ignorais, il m'avait emmené près de l'entrée « principale » de la salle sur demande. Aucun doute pour moi, il connaissait l'existence de cette salle depuis longtemps et je n'avais qu'une envie : savoir ce qu'il pouvait y mijoter !
_ Tu ne m'écoutes pas en vérité, tu n'es pas très difficile à percer à jour rajouta-t-il en pointant sa baguette vers moi. Ne recommence jamais cela souffla-t-il en me l'enfonçant petit à petit dans la gorge. Je finis par hocher difficilement la tête à cause de la présence de la baguette qui gênait l'amorce du moindre mouvement. Il relâcha finalement la pression tout en laissant le bois effleurer ma gorge. Je déglutis péniblement plusieurs fois en espérant que cela ferait partir la légère douleur que je ressentais mais rien n'y fit. Je le vis alors s'approcher de moi et sans savoir pourquoi, la panique m'envahit encore plus. Je reculais à chaque fois qu'il avançait d'un pas sauf que je fus rapidement accolée contre le mur sans plus pouvoir amorcer le moindre mouvement. Ne joue pas trop avec le feu, Hermione souffla-t-il chaudement à mon oreille tandis que sa baguette suivait les courbes de mon corps. Je déglutis en tentant de m'éloigner de son visage mais il eut le temps de déposer un léger baiser sur ma joue avant de disparaître en transplanant. Je restai sonner quelques instants avant de chercher à m'arracher littéralement la joue, je venais de me faire embrasser par Voldemort et c'était pour le moment, le pire souvenir de toute mon existence relationnelle. Je tremblais mais non pas à cause du dégoût, mais parce que cela m'avait plu. Ce danger, sa voix suave avait réveillé, chez moi, une certaine forme d'adrénaline que je n'avais pas ressenti depuis la mort de Dumbledore. Je me sentais vivante, défiée et légèrement dégoûtée, il faut bien l'avouer. Je ne saurais décrire ce qui commença ce jour-là ! Avec le recul, je pense que ce court moment fut un déclencheur … Par la suite, je n'aurais de cesse de le chercher pour ressentir à nouveau cette poussée d’adrénaline, cette pente noire qui ne s'arrête finalement jamais, jusqu'à tomber dans un piège inextricable.
Journal de Tom
Quinze jours. Quinze jours qu'elle est là, à me défier avec son regard noisette. Son sourire légèrement moqueur ne semble jamais la quitter lorsqu'elle me regarde enfin peut-être que la leçon d'hier lui aura servi. Elle m'exaspère et m'oblige à être discret pour punir sa désobéissance, les autres l'adorent. Les filles sont déjà très proche d'elle, trop proche même. De plus, elle est aussi bonne élève que moi voire même meilleure dans certains domaines même si elle semble limiter volontairement ses réponses. Étrangement, elle ne cherche pas à me dépasser sur le terrain scolaire comme si cela ne l'intéressait pas. Je ne cesse de penser à elle, elle m'obsède, me paralyse chaque fois que je suis dans la même pièce qu'elle. Pour la première fois de ma vie, une personne de mon âge est à la hauteur de mes attentes, de mes ambitions mais il a fallu que ce soit une fille, une fille magnifique qui plus est ! Je repousse loin de moi cette idée, j'évite, à tout prix, de penser à son physique même si c'est difficile. Je connais les tourments de l'adolescence pour les avoir lu dans un livre mais je ne veux pas tomber dans ce piège final et illusoire de l'amour. Je suis le prince des Serpents et leur futur maitre, je me dois d'être au-dessus de la masse. C'est une obligation, un choix de vie que je me suis imposé et auquel je ne dois pas déroger. Rien ne m'arrêtera, pas même cette indescriptible sensation que je ressens chaque fois que je la vois.
_ Tom, tu es réveillé ? Demande Marius d'une voix encore ensommeillée. Je lève la tête. Il baille plusieurs fois tandis qu'il s'étire doucement avant de descendre de son lit. Il attrapa, d'une main tâtonnante, son uniforme scolaire qui se trouve sur la commode qui jouxte son lit. Je ne prononce pas la moindre réponse, sachant qu'il m'a posé la question plus par habitude plutôt que par réelle envie de connaître la réponse. Il se dirige en titubant vers la salle de bain ; c'est alors que mon regard s'arrête sur son dos encore couvert de striures rougeâtres qui tirent sur le bleu pour certaine. Immédiatement, mon regard va vers son lit, il n'était pas seul cette nuit ! Je soupire discrètement en pensant que ce don Juan ne s'arrêterait sûrement pas avant de mourir d'une crise cardiaque pendant l'acte. Il semblait inépuisable vu le nombre de filles qui étaient tombées dans son piège depuis l'âge de quinze ans. Certaines avaient tentées d'attirer mon attention mais elles étaient trop fades, trop stupides pour cela ! L'image d'Hermione flotte alors dans mon esprit avant que je n'en la chasse. Je secoue la tête avant de prendre une décision : je dois me débarrasser d'elle, elle me déconcentre !
_ Et moi ? Demande alors la jeune inconnue en regardant Marius refermer la porte de la salle de bain derrière lui. J'hausse la tête avant tout parce que je n'avais pas d'expliquer le monde à une énième bécasse qui tombe sous le charme dès qu'on leur dit le moindre compliment. Elle jette un regard circulaire à la pièce avant de remarquer ma présence ce qui la fait finalement rougir.
_ Lut' Tom lance joyeusement Abraxas en émergeant de la seconde salle d'eau. Il s'arrête un instant, surpris par la présente de la jeune fille qui le fixe en rougissant de plus belle. Tu ferais mieux de partir avant de tes amies ne remarque ton absence lui conseilla-t-il en terminant de boutonner sa chemise blanche sur laquelle le blason de Serpentard brille fièrement.
_ Je suis en sous vêtement chuchote-t-elle en nous faisant signe de nous retourner. Un rire m'échappe tandis qu'Abraxas lui jette, à peine, l'ombre d'un regard en terminant de parfaire sa tenue. Je me lève finalement afin de me diriger vers la salle d'eau tandis qu'elle tente de réfléchir à une solution sans véritablement y parvenir semble-t-il. J'en pleurerais presque de rire si je pouvais me permettre de tels écarts en public. A travers le rideau d'eau qui me coule le long du corps, j'entends la porte se refermer violemment. Et encore une naïve qui croyait les paroles creuses des discours préfabriqués de Marius. Il m'arrivait parfois de l'envier mais cela ne durait jamais très longtemps, ces filles qu'il amenait me paraissait si fade, sans contour réel … Elles n'avaient pas assez de panache pour m'attirer, pour capter mon attention. A nouveau, l'image d'Hermione s'imposa dans mon esprit mais je la repoussais avec plus de force cette fois-ci. Aucune distraction.
***
Un léger brouhaha retentit dans la salle commune. Pour une raison que j'ignore, j'aime m'arrêter avant de me montrer, je veux savourer cette ambiance bonne enfant avant de ressentir leur peur, je veux mieux saisir le contraste. Le silence se fait alors que je monte la dernière marche. Immédiatement, je remarque qu'elle est à l'heure, pour la première fois depuis quinze jours. La leçon d'hier soir à donc servi. Machinalement, je passe ma langue sur mes lèvres en espérant y trouver le goût de sa peau.
_ Bonjour me lancent-ils tous en s'inclinant. Elle est la seule à ne pas le faire, je soupire en la fixant afin de lui faire comprendre ce que j'attends mais elle ne semble pas vouloir obtempérer ; au contraire, un immense sourire naît sur ses lèvres.
_ Granger, je prononce silencieusement tandis que tous sont encore à mes pieds, attendant sagement mon signal pour se relever.
_ Jédusor rétorque-t-elle à voix basse. Je finis, finalement, par céder à l'impatience d’une première année qui semble avoir du mal à tenir aussi longtemps. Tous se relèvent en m'adressant un immense sourire de satisfaction comme si s'abaisser chaque jour devant moi était leur meilleur moment de la journée. Les élèves en première année sont ceux qui ont le plus de mal à faire semblant, je lis, dans leurs yeux, leur envie de rébellion, de jeu et d'insouciance mais ils suivent leurs frères sans broncher parce qu'ils leur ordonnent de m'obéir. Je fais signe à Walburga de s'avancer vers moi. Un immense sourire de satisfaction naît immédiatement sur ses lèvres trop charnues, elle relève la tête en toisant les autres afin de leur montrer sa supériorité. Son attitude m'horripile le plus souvent seulement elle reste la plus loyale de mes sujets. Je peux faire ce que je veux de sa volonté tant elle est une marionnette facilement manipulable, si facilement manipulable qu'elle ne s'est même pas réveillée lorsque je lui ai ordonnée de tuer Mimi qui avait découvert Nagini. J'avais soigneusement choisi la personne qui devait être la main de cette action seulement la plupart avaient hésité, marqué un profond dégoût face à l'ordre et pour les plus fort, un réveil momentané avant que je ne parvienne à reprendre le contrôle sur leur esprit ; c'était la seule à n'avoir pas réagi ! Elle s'arrête à ma hauteur en se plaçant stratégiquement pour me montrer son immense décolleté.
_ Amène les au déjeuner, je dois parler à Granger. Son sourire se fige et se fane tandis qu'elle jette un œil mauvais à Hermione qui hausse les sourcils du fond de la pièce. Elle donne alors le signe du départ, sachant parfaitement qu'elle ne peut que capituler face à l'une de mes décisions. Au moment ou Granger passe devant moi, je l'attrape par le bras afin de la retenir en arrière.
_ C'est une habitude chez toi décidément déclare-t-elle en me jetant un regard avant de se dégager brusquement. J'en viens presque à regretter la douceur de sa peau sur ma main lorsqu'elle se retire et s'éloigne de moi.
_ Tu n'as donc pas compris la leçon d'hier soir.
_ Laquelle ? Demande-t-elle avant de me couper la parole en posant un doigt sur mes lèvres pour me faire taire. Je ne suis pas ta servante, Jédusor. Je suis une sang pure, je n'ai plus de famille certes mais celle-ci m'as appris à être fier de mon rang et je n'ai aucune envie de me courber devant un didacteur comme toi. Tu n'es pas mon roi, ni même mon supérieur alors explique-moi, pourquoi devrais-je m'incliner ? Elle finit par se reculer. Je reste sonner par sa tirade, c'est la première fois que quelqu'un pointe les défauts de ma supériorité.
_ Ne joue pas avec moi, Granger ou …
_ Ou quoi … La menace, c'est vraiment tout ce que tu as dans le ventre ? Hurle-t-elle presque, hystérique.
_ Ma patience à des limites, j'hurle à mon tour avant de sortir ma baguette mais je ne fais que la plaquer contre le mur par pur réflexe. La colère m'envahit, me perd. Je n'ai qu'une envie : lui fracasser le crâne. Je déteste que l'on remette en cause mon autorité, personne ne le dois, personne ne le peux ! Sa tête rebondit violemment contre le mur ce qui lui arrache une grimace mais elle finit tout de même par planter un regard noir de colère dans le mien, je suis surpris par sa hargne. Elle n'est pas une élève ordinaire, loin de là. Pour une raison que j'ignore, je sens des failles dans sa carapace comme si elle n'attendait qu'une chose, une chose que je suis incapable de trouver.
Journal d'Hermione
Il me fixait. Sans en prendre véritablement conscience, il resserrait peu à peu l'étau autour de mes bras. Ma tête me faisait un mal de chien. Un violent mal de tête naquit quelques secondes après le choc, je faillis pester à voix haute sachant que je n'en avais pour la journée à le faire partir. Etrangement, mon cœur pulsait calmement dans ma poitrine. Cette situation de stress, je l'avais déjà connue. J'avais fini par devenir insensible au danger même si je le recherchais. Je voulais plus, je voulais de la peur, des tremblements. La scène de la veille avait éveillé, en moi, des souvenirs enfouis ou plutôt inavoués, ceux qui concernaient le plaisir que j'avais pris à être pourchassée par des montres tel que lui. Je me sentais vivante dans ces moments-là, je cessais d'être la sang de bourbe inférieure et je devenais une ennemie prise au sérieux.
Je crois que j'ai fini par tomber dans son piège parce qu'il fut le premier à ne pas me traiter comme inférieure avant de me connaître. Même Harry et Ron s'étaient moqués de moi au début et cela m'avait blessée, bien plus que ce que j'avais cru ! Au contraire, il fut même celui qui me révéla à moi-même, il m’apprit ma valeur et l'art de la magie noire. A ses côtés, j'étais puissante, indestructible puis je suis tombée …
Au bout de plusieurs minutes, je me dégageais lentement avant de partir. Lui-même semblait choquer de son attitude, comme s'il n'était pas encore habitué à de tel accès de violence. Je voulais partir, mettre le plus de distance entre lui et moi. Mon esprit ne cessait de tirer le signal d'alarme. Ma raison me criait de fuir, de fuir aussi loin que possible ce monde de fou. Après tout, je pouvais disparaître à tout jamais et reconstruire ma vie ailleurs … Cette idée me tenta de nombreuses fois au cours de ma longue existence mais chaque fois l'image d'Harry et Ron riant à mes côtés m'en empêchait. Je ne parvenais pas à me faire à l'idée de sacrifier leur bonheur pour le mien et je crois que c'est, aujourd'hui, le seul choix dont je suis fière. La journée passa rapidement, trop rapidement. Les cours s’enchaînaient sans que je ne m'en rende compte. A chaque fois que Tom s'asseyait à mes côtés, un léger courant électrique me parcourait. La fin du cours de potion arriva finalement à mon plus grand soulagement. Nous n'étions alors qu'en début d'après-midi et j'avais déjà dans l'idée de passer le reste de la journée à la bibliothèque. J'attrapais rapidement mes affaires afin de les ranger dans mon sac avant de partir, presque en courant, vers ma destination préférée. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en pensant à l'odeur familière des ouvrages. L'immense pièce est vide. La bibliothécaire m’accueille avec un immense sourire, je le lui rends machinalement. Je traverse ensuite les nombreuses rangées avant de trouver celle qui m'intéresse. Je voulais trouver un moyen d'arrêter Voldemort avant qu'il ne devienne Voldemort, j'avais alors l'illusion de trouver cette réponse dans les livres. J'avais commencé par les livres de potions, je priais pour qu'il en existe une qui pouvait réduire les pouvoirs … cette potion n'existe pas à mon plus malheur !
_ Granger. Sa voix attira immédiatement mon attention. Pour une raison que j'ignorais encore, je parvenais déjà à le reconnaître juste en attendant sa voix. On a réunion précise-t-il finalement en s'asseyant face à moi. Je le fixe quelques instant avant d'hausser les épaules.
_ Granger, on y va réitère-t-il en m'arrachant le livre des mains. Il jette alors un coup d’œil à la page que je lisais. Il marqua un temps d'arrêt avant de sourire.
_ Rends le moi fut la seule réplique que je parvins à formuler tant son comportement m'avait surprise. L'énervement commence alors à me prendre et je tente de lui reprendre l'ouvrage mais il se montre plus rapidement que moi. Un immense sourire naît sur ses lèvres tandis qu'il repose l'ouvrage face à moi.
_ Tu veux faire une potion interdite ? Me demande-t-il finalement.
_ Pourquoi ? Tu ne m'en crois pas capable.
_ Ce n'est pas dans ce livre que tu trouveras la recette du polynectar par exemple.
_ C'est vrai, je reconnais finalement avant de lui adresser un immense sourire vainqueur. Je sais qu'il ne me battra pas à ce jeu-là. Il faudrait que j'aille dans la réserve, n'est-ce pas ? Il marqua, un instant, sa surprise face à ma réponse avant de reprendre rapidement son masque habituel.
_ Surprends-moi chuchota-t-il d'une voix suave tout en plongeant son regard d'obsidienne dans le mien. Un courant électrique plus fort me traversa sans que je n'en comprenne la raison mais je me souviens avoir trouvé la sensation agréable.
_ Voyons commençais-je afin de le faire patienter mais également pour réfléchir, mes réponses devaient être parfaites si je voulais le battre. Cette potion demande une préparation de vingt et un jours. Je m'arrêtais alors pour laisser le temps à son sourire moqueur de s'épanouir. Chrysopes cuits pendant 21 jours, sangsues, poudre de corne de Bicorne en poudre, polygone, sisymbre cueilli à la pleine lune, peau de serpent d'arbre, un morceau de celui dont on veut prendre l'apparence. Je finis par m’arrêter fière de lui avoir cloué le bec pour une fois avec autre chose qu'une remarque cinglante.
_ Tu connais ton sujet reconnais-t-il finalement en venant s'asseoir à mes côtés. Je déglutis imperceptiblement tandis qu'il approche son visage du mien afin que personne autour n'entende notre conversation. D'une voix suave, il entame la récitation de la potion tue-loup que nous ne nous sommes pas censés connaître. Le jeu commença alors véritablement. Les défis s’enchaînèrent les uns après les autres. Nos chuchotements s'intensifièrent parfois si bien que plusieurs fois, la bibliothécaire nous demande de nous taire seulement nous ne pouvions pas nous arrêter. Nous passions de sujet en sujet comme si de rien n'était, nos cerveaux étaient en chauffe mais d'immenses sourires naissaient sur nos lèvres. Pour la première fois de notre vie, nous avions trouvé chacun un adversaire à la hauteur de notre intellect.
Et je dois avouer que c'est l'un des aspects de sa personnalité que je n'ai retrouvé que chez peu de personne. Seul Albus avait su stimulé mon intellect au moment où c'était développé notre amitié. C'était tellement grisant de parler avec lui, de le sentir me défier mais je crois que ce que j'aimais le plus dans ces moments-là, c'était de voir ou de sentir son admiration pendant quelques secondes avant qu'il ne reprenne son masque.
_ Tom et … Hermione, c'est ça ? Me demande une voix féminine. Je crois avoir sursauté tant j'étais prise par la conversation. Nous étions trop plongées dans notre discussion à voix basse pour l’entendre s'approcher de nous, un silence gêné s'installa. Ce silence m'apaisa, ma gorge était sèche tant j'avais parlé. L'horloge attira immédiatement mon attention, il était presque l'heure de dîner. Je fus surprise de constater que nous avions passés l'après-midi à nous défier, à nous parler presque comme deux amis normaux.
_ Je suis la sœur de Marius et Cassiopeia, Dorea se présenta-t-elle en me tendant la main en m'adressant au passage un immense sourire. J’écarquillai les yeux en la regardant véritablement pour la première fois. C'était la jeune femme la plus magnifique que je n'avais jamais vu. Je crois même que si l'on m'avait annoncé qu'elle était vélane, je l'aurais cru sans sourciller. Ses longs cheveux bruns bouclés encadrait un visage angélique ou perçait des yeux bleus qui vous absorbait immédiatement. Je crois lui avoir adressé un sourire gêné avant de lui serrer la main. Ce fut le début de notre amitié même les années allaient nous éloigner. Je crois l'avoir peut côtoyer à Poudlard cependant … mes souvenirs sont flous parfois, je m'en excuse.
_ Allons dîner m'ordonne finalement Tom en se levant.
Pour la première fois peut-être, je décide de lui obéir sans broncher même si le ton de sa demande ne m'avait pas plu. Les couloirs sont sombres à cette heure-là. Je frissonnais souvent, le temps me semblait moins clément que lorsque que je traînais dans les couloirs avec Harry et Ron, c'était presque étrange mais l'atmosphère différente de l'école m'aidait à ne pas penser à mon passé. Il me guidait à travers les couloirs, n'hésitant pas à me montrer des passages secrets pour rejoindre plus vite les cachots. Il devait mener les serpents à la grande salle sans arriver en retard même si personne n'osait faire la moindre remarque si jamais cela lui arrivait. Voyant que je ne marchais pas assez vite, il finit par attraper mon poignet et me guida, en courant presque, à travers le château. Ce fut notre premier véritable contact, sa main était chaude sur ma peau. Cette idée faillit presque me faire arrête de marcher tant elle me parut étrange sur le moment. Je ne sais pas pourquoi mais il me parut presque humain alors.
Avec le recul, je crois que je suis tombée dans ses bras parce que l'image de Tom se superposa peu à peu à celle que je me faisais de Voldemort. Ses deux personnalités avaient fini par devenir incompatibles pour moi ; je crois même avoir ignoré, pendant longtemps, la pire d'entre elle inconsciemment. Peu à peu, il me troubla par son charme envoûtant. Je fus attiré sans vraiment le comprendre par le danger, l'interdit, la protection, l'adrénaline et la chaleur qu'il représentait. J'avais besoin de changement, je ne voulais plus penser au passé, à cette étrange mission ; je voulais oublier et il me tendit malheureusement la main … une main que j'ai saisie sans le moindre remords.
Nous arrivâmes juste à temps seulement il ne me lâcha pas la main lorsque nous entrâmes dans la salle commune. Le regard de tous les élèves s'arrêta sur ce geste surtout Walburga qui ne parvint pas à cacher sa colère malgré son masque aristocratique. Je pris soin de cacher mon sourire malgré ma forte envie de rire tant son expression coincée entre de l'impassibilité et l'envie de me tuer était comique.
_ On y va ordonna-t-il en faisant signe aux autres de la suivre. La petite troupe s'ébranla sans rechigner et en parlant à voix basse pour certain. Le silence se fit religieux lorsqu'il se retourna, gêné dans son avancée par les messes basses de deux premières années qui se turent immédiatement. J'avançais tranquillement à ses côtés, sans oser bouger même si j'avais une grande envie de fuir à toute jambe. Mon cœur battait la chamade, je me sentais rougir tandis qu'une forte envie d'aller plus loin me traversa l'esprit. Il lâcha finalement ma main sans s'en rendre compte ou peut-être que si … Nous arrivâmes dans la grande salle à l'heure prévu. Nous nous installèrent à nos places respectives. Je sentais le regard interrogatif de Lucrétia sur moi mais je ne levais pas la tête vers elle pour ne pas avoir à répondre. Je savais que dès notre retour à la salle commune, les questions pleuvraient en un temps record. Le repas passa lentement, trop lentement à mon goût. De plus, je n'avais pas véritablement faim. J'étais tiraillé entre deux idées : l'une me disputait pour avoir fraternisé avec mon pire ennemi tandis que l'autre me chantait les louanges de son visage angélique.
Quand j'y repense cette dualité que je ressentis longuement au cours de mes premiers mois à Poudlard, peut paraître presque comique pourtant elle fut une véritable torture. Je ne cessais de courir entre la joie et les remords sans pouvoir prendre une réelle décision quant à ce que je devais faire. Et si je l'avais choisi … définitivement ?
Le dîner s'éternisant, je finis par entamer une conversation avec Abraxas et Marius qui parlait des filles de l'école, ça ne m'intéressait pas vraiment mais c'était toujours mieux que les questions des filles. Je cherchais, en vain, une méthode pour les fuir. Les garçons me racontèrent alors ce qui s'était passé le matin même ou plutôt ce qui se passait chaque matin.
_ Tom est le seul à ne pas se laisser draguer... A dire vrai, je ne le comprends pas lâcha Marius en entamant son dessert à la pomme. Je lui répondis par un immense sourire comme si cette nouvelle était la meilleure de la journée. En fait, je crois que ce fus vraiment la meilleure nouvelle de la journée tant mon cœur se mit à battre la chamade au même moment. Je me souviens avoir eu peur que l'on ne l'entende depuis l'autre bout de la salle. Je finis par me calmer en me disant que c'était impossible et que je devais à tout prix garder mon masque. La conversation finit par dévier à mon plus grand soulagement, je m'y engouffrai avec entrain ; peut-être même trop.
Au bout d'un moment, Tom se leva, sonnant par la même occasion la fin du repas. Lucrétia m'attrapa par le bras, je savais que j'étais dès lors prise dans son piège. Elle me lança de nombreuses œillades mais je tins bon durant tout le retour. Pour la première fois, la règle du silence dans les rangs me sembla une excellente idée. Daphné toussotait légèrement pour tenter de me faire parler mais je m'y refusais catégoriquement. Je sentais leurs questions sourdes ce qui finit par me faire sourire et me détendre ; après tout, elles agissaient là comme de véritables amies. Ginny avait fait la même chose, pendant un temps, avec Mc Cormac. Nous parcourions, chaque soir, la distance entre la grande salle et les cachots très lentement selon la volonté de Tom qui voulait montrer l'ordre de sa maison face au joyeux désordre des autres. Au final, les filles me lâchèrent pour entamer une conversation avec Alphard. J'avais été étonné de découvrir à quel point elles étaient proches du petit frère de Walburga alors qu’elles la détestaient. Nous arrivâmes finalement à destination. Après être entré, Tom nous fait signe d'entourer la cheminée. Tous obéissent sans broncher. Je me cachai stratégiquement derrière Marius qui était bien plus grand que moi.
_ Ce soir, vous êtes libre annonça-t-il finalement.
J'hausse les sourcils en fixant Lucrétia afin de comprendre ce qu'il se passe tandis qu'elle ne peut s'empêcher de sourire.
_ Il veut être seul ce qui veut dire que nous avons quartier libre pour la soirée, pas de prise de tête ce soir donc pas obligé de se taper Walbeurg pour la soirée chuchota-t-elle finalement à mon oreille pour m'expliquer la situation. Immédiatement, l'atmosphère semble se détendre surtout chez les plus petits qui accueillirent la nouvelle avec joie en commençant à se courir après à travers la salle commune. Ils évitèrent cependant soigneusement Tom lorsqu'il traversa la pièce pour se diriger vers son dortoir. Lucrétia m'attira dans le coin opposé de la pièce tandis que je ne voulais faire qu'une chose : le regarder partir pour comprendre ce qui pouvait l'occuper ainsi et pourquoi il voulait rester seul. Avait-il ressenti la même chose que moi ? Cela le perturbait-il ?
_ Ou étais-tu ? Me questionna Lucrétia en me tendant une boite remplie de loukoums à la citrouille. Je refusais poliment son invitation à me servir, je n'avais pas faim.
_ A la bibliothèque, j'ai pris du retard pour les devoirs répondis-je finalement en décidant de me concentrer sur leur présence pour oublier mes questions. Je décidai de leur cacher la vérité car je voulais garder égoïstement le souvenir de cet après-midi pour moi seule. Étrangement, elles ne me posèrent pas de question sur ce qui s'était passé au moment de notre arrivée comme si elles avaient compris que je n'avais pas envie de leur répondre.
C'est là, au moins, l'une des plus grandes qualités des serpents : leur sens de la discrétion contrairement à Ginny qui était capable de me harceler jusqu'à ce que je lâche enfin la réponse qu'elle attendait en hurlant.
_ Alphard alors ? Demanda finalement Cassiopeia en détournant la conversation en m'adressant un clin d’œil, au passage, pour me le faire comprendre.
_ Nous sommes fiancés annonça Daphné avec un immense sourire.
_ Pardon m'étranglais-je finalement au bout de quelques secondes. Les filles tournèrent vers moi, un regard horrifié. Cassiopeia finit par me faire signe de me taire avant de désigner l'escalier qui menait à notre dortoir. Elles m'obligèrent à dire bonne nuit aux autres alors que je n'avais aucune envie de quitter l'atmosphère presque chaleureuse, pour une fois, de la salle commune.
_ Tu es folle de montrer ton ignorance comme ça ! S'écria Lucrétia après jeté un sort de silence à la porte.
_ En même temps, il faut voir ce que vous m'annoncez sans me préparer rétorquais-je, piquée au vif d'être prise pour une idiote. Lucretia secoua finalement la tête en m'adressant un sourire d'excuse.
_ C'est juste que personne ne sait que ton père était moldu, les sangs mêlés sont très rarement acceptés chez les serpents alors ne fait pas étalage de ton ignorance m'expliqua-t-elle en tentant de me réconforter au passage. Je finis par me laisser aller entre ses bras en me mordant toutefois la lèvre pour ne pas pleurer comme chaque fois que je pensais à mon père. J'avais fini par leur raconter un mensonge pour expliquer le manque de noblesse de mon attitude, mensonge qu'elles avaient avalé sans broncher.
Comme convenu avec McDonagall, je leur avais dit que ma mère était une sang pure qui avait tout quitté lorsqu'elle était tombée amoureuse d'un jeune français au cours d'un été. Bien sûr, elle avait été bannie par sa famille qui s'éteignit, faute de descendant mâle après la mort de son frère aîné. A la mort de ses parents, elle avait pris le nom de famille de mon père, Granger, afin de couper tout lien avec son passé. Que mes parents avaient vécus heureux jusqu'à la mort de ma mère alors que je venais de naître et enfin, que mon père était mort, à son tour, quelques mois auparavant et que c’était, à ce moment-là, que j'avais appris l'existence de ma famille anglaise dont je devais toucher l'immense héritage puisque ma mère n'avait pas eu le temps de le faire. Qu'en me présentant chez le notaire, j'avais fait la connaissance de l'école Poudlard ou ce dernier m'avait conseillé de poursuivre mes études puisque j'étais désormais seule. Avec ce mensonge, je leur expliquais, à la fois, mon incapacité à obéir aux règles aristocratiques ainsi que mon ignorance à propos de ces dernières tout en leur prouvant que je venais bien d'une famille aristocratique. McGonagall avait soigneusement élaborée toute l'histoire à l'aide d'une ancienne histoire parue dans un journal de l'époque que j'avais emporté avec moi afin d'étayer mes propos et pour répondre aux nombreuses questions que les gens n'ont jamais manqués de se poser.
_ Tu me pique la vedette lança Daphné en me prenant la main pour tenter de me faire penser à autre chose. Je secouais la tête en riant à moitié devant sa moue boudeuse qui la rendait encore plus belle à mes yeux.
_ Pardon dis-je finalement en la serrant brièvement dans mes bras. Étreinte qu'elle me rendit timidement avant de s'éloigner rapidement, gênée. Je ne savais pas que tu étais amoureuse d'Alphard ajoutais-je en la fixant.
_ Je ne suis pas amoureuse de lui me répondit-elle en me fixant de ses yeux verts.
_ Pardon ! M'étonnais-je en m'étouffant à moitié avec le loukoum que je venais d'avaler.
_ Décidément, tu vas devoir tout apprendre, toi ! Toussota Lucretia en tentant d'avaler le sien tout en me tapotant dans le dos afin que je cesse de tousser.
_ Je crois, en effet, que c'est nécessaire ajouta Cassiopeia en me tendant un verre d'eau. Je le pris en la remerciant pour son geste.
_ Hermione, c'est un mariage arrangé précisa Daphné en me regardant presque avec des yeux tristes.
_ Mais ça devrait être interdit rétorquais-je, complètement décontenancé par cette idée étrange et archaïque de mariage forcé.
_ Oui et non … Bien sûr, nous les sorciers, nous existons depuis des siècles et peut être devrions nous avoir avancé sur certaines idées mais le mariage arrangé reste un passage obligé surtout chez les sangs purs commença Daphné en s'asseyant par terre près du faux feu de cheminée qui réchauffais la pièce. Au passage, Cassiopeia me tendit mon oreiller afin que je m'installe à leurs côtés sur le sol. Je les suivis sans broncher, sachant que j'allais peut être enfin pourvoir comprendre la logique des sangs purs. Chaque famille est hiérarchisée selon son sang et son rang dans la haute société. Tom est notre prince puisqu'il est le seul héritier de l'un des fondateurs de l'école, Serpentard … C'est pour cette raison que nous le suivons et le respectons ainsi que nos parents. Son sang est supérieur au notre donc son autorité aussi. J'hochais régulièrement la tête afin de lui faire comprendre que je parvenais à suivre. Ma famille se situe au troisième échelon de la hiérarchie sociale tandis que les parents de Cassiopeia sont au deuxième et enfin …
_ Je suis le dernier échelon puisque ma famille comporte plusieurs moldus dans sa généalogie termina Lucretia en rougissant de honte.
_ Et bien sache que, pour moi, tu es aussi géniale que les filles lui glissais-je afin de la réconforter.
_ Merci mais je crois que cela ne fait aucune différence pour les autres. Une fille aussi stupide que Walburga peut, par exemple, me frapper sans que je ne puisse dire quoi que ce soit puisque son rang social est plus haut que le mien … Si je n'avais pas les filles, je serais, en vérité, traitée en tant que paria !
_ Attendez … c'est stupide !
_ On n'as jamais dit que ça ne l'était pas avoua Cassiopeia en remplissant mon verre d'un peu de bierreaubeur. Je la fixais surprise de la voir me servir de l'alcool mais elle me répondit par un sourire malicieux en m'ordonnant de me taire en posant un doigt sur ses lèvres ce qui fit rire les filles. L'atmosphère se détendit alors.
_ Alors je suis au même échelon que toi fis-je remarquer à Lucretia.
_ Non objecta-t-elle en secouant la tête. De toute ta famille, ta mère est la seule à s'être mariée avec un moldu donc ton sang n'est pas considéré comme souillé.
_ Pourtant il devrait l'être, non ?
_ Pas forcément continua Cassiopeia. Aucune famille n'a un sang véritablement pur ! En fait, le rang est construit justement sur le nombre de souillure que le nom a connu au cours des siècles. Les familles comme la mienne n'en n'ont connu qu'une comme la tienne mais cela peut aller jusqu'à sept, je crois demanda-t-elle aux filles qui consentirent à sa question indirecte. Ces sept paliers constituent également un rang parmi les plus hauts membres ainsi mon rang social est plus fort que celui de Walburga ce qui fait qu'elle ne peut pas me toucher mais que moi, si ajouta-t-elle avec un sourire sadique ce qui me fit légèrement peur, je dois bien l'avouer.
Cassiopeia était une jeune femme timide, belle et douée d'une redoutable intelligence même si elle le montrait moins que moi. Cependant sa timidité se transformait parfois en quelque chose de totalement opposé, elle pouvait partir dans d'immenses colères lorsque l'on touchait à sa famille ou ses amies. La première dispute, à laquelle j'avais assistée, s'était déroulée quelques jours avant cette discussion et je comprenais désormais pourquoi Walburga avait stratégiquement reculé lorsque Cassiopeia s'était interposée pour défendre son petit frère qui venait de renverser son café sans le faire exprès sur la chemise de cette dernière. Pollux était d'une timidité hors norme pour un sang pur, il ne répondait à mes questions que par des borborygmes même après plusieurs mois. Heureusement, cette timidité disparut avec l'âge !
_ C'est très compliqué en fait finis-je par dire en tentant d'assimiler tout cela au mieux.
_ Ça l'est plus que tu ne le crois en vérité. Par exemple, la famille des Malefoy est à égalité avec celle de Cassiopeia, les Bulstrode. Ça fait des années que leurs parents se livrent une guerre de prestige … heureusement, nous ne sommes pas encore concernés par ces guerres de factions souligna Daphné en adressant un sourire rassurant à Cassiopeia. Ensuite, il y'a la famille des Black qui est divisée en deux branches : les Crabbe et les Mac Millan. Parmi ces deux familles, seuls les deux fils aînés porteront le nom de Black tandis que les autres enfants continueront à transmettre le nom qu'ils ont reçus à la naissance. Ainsi Alphard et Orion vont prendre le nom de Black tandis que Walburga et Cygnus devront, par exemple, transmettre le nom de Crabbe aux générations futures.
_ Enfin je soupçonne fortement une alliance entre Orion et elle cracha Lucrétia en grimaçant.
_ Par Merlin, tu imagines leurs enfants s'écria Daphné en tentant de prendre un air renfrogné sans véritablement y parvenir. Cette étrange idée nous fit pourtant rire pendant longtemps et manqua de nous faire perdre la face en public lorsque nous apprirent l'heureuse nouvelle devant tous les sangs purs réunis pour le bal annuel cette année-là cependant je reviendrais plus tard sur cet épisode.
_ Donc en épousant Alphard, tu entre dans un rang plus haut demandais-je à Daphné, après que nous ayons retrouvé notre sérieux.
_ Parfaitement, ma famille est riche et malheureusement, les parents d'Alphard dépensent sans compter pour tenter de donner un plus haut prestige à leur famille sans y parvenir souligna-t-elle. Alors un mariage avec moi est la meilleure chose pour eux comme pour moi, je préfère épouser quelqu'un que je connais depuis longtemps plutôt qu'un parfait inconnu !
_ Ça reste tout de même moins mystérieux ! M'exclamais-je en réfléchissant à voix haute.
_ Mais beaucoup plus sécurisant appuya Lucrétia. La plupart des sangs purs étant mariés par le biais d'un arrangement, les hommes sont passés maitre dans l'art de la duperie. Dès leur plus jeune âge, on leur apprend à nous séduire et nous tombons très souvent dans leurs pièges malgré les conseils de nos mères pour que cela n'arrive pas. Disons qu'au sein de nos familles, nos mères doivent obéissance à nos pères. Pour ma famille, je sais que mon père s'est montré parfaitement charmant jusqu'à ma naissance mais lorsqu'il a découvert que j'étais une fille, il est entré dans une rage folle et a tué ma mère … Quand les aurors ont découvert cela, ils m'ont placés sous la tutelle de mes grands-parents maternels mais mon père n'a été puni que par quelques jours de prisons comme le veut la loi raconta Lucretia, les larmes aux yeux.
_ C'est abject lâchais-je finalement, dégoûtée. Le silence s'installa alors pour quelques minutes. Daphné pris Lucrétia dans ses bras afin de la calmer.
_ C'est pour cette raison que nous voulons épouser des amis de longue date, ils ne peuvent pas nous cacher leur véritable personnalité … c'est trop dur de garder un masque pendant plus d'une dizaine d'années après je dois bien avouer que les histoires familiales comme celle de Lucrétia se situe bien plus chez les élèves ayant appartenu aux serpents et parfois aux Serdaigles.
_ Il faut épouser un gryffond si tu veux un mari tout doux glissa Cassiopeia ce qui fit naître un sourire sur les lèvres de Lucretia.
_ Pourquoi ne fuyez-vous pas ? Demandais-je finalement.
_ Ils nous retrouverons … Ta mère a eu de la chance dans son histoire. Fuir est passible de la peine capitale chez les sangs purs.
_ La peine capitale ?
_ Un avada répondirent-elles en cœur.
_ Pardon mais c'est un sort interdit soulignais-je.
_ Pas chez les sangs purs, nous sommes régis par notre propre règle, règle qui passe au-dessus des lois qui gouvernent les sorciers puisque nos pairs ont créés les lois !
_ Il y'a une loi aristocratique m'écriais-je alors en tombant totalement des nues. Les filles hochèrent la tête en même temps puis me laissèrent le temps de digérer toutes ces informations.
_ Et Tom dans tout cela ? Demandais-je afin de détourner la conversation avant de me rendre compte de mon erreur.
_ Tom souligna Lucretia avec un sourire plein de sous-entendu. Elle avait retrouvé sa bonne humeur habituelle comme si rien ne pouvait l'atteindre véritablement même son horrible histoire familiale.
Je n'ai pu m'empêcher de comparer avec ce que je connaissais de mon époque à Poudlard. J'ignorais ces vérités, à dire vrai, nous ignorions tous cette vérité qui semblait immuable chez les serpents. Pendant quelques instants, l'image d'un blond se moquant de moi passa devant mes yeux. Derrière ses moqueries et son air aristocratique se cachait-il un enfant apeuré par le devoir ? Le père d'Harry avait semble-t-il épouser Lily sans la moindre difficulté et Sirius avait fui sa famille sans être pourchassé pour autant … Les choses avaient-elles changées ou au contraire, étaient-elles restées les mêmes ? Malefoy, Zabini et Parkinson avaient-ils connu cette enfance malheureuse ou le sourire n'existe pas ? Ces questions tournent dans ma tête à chaque fois que je repense à cette discussion. Harry, Ron et moi, nous nous battions contre Voldemort parce que nous étions libres de le faire puisque nos parents étaient libres eux aussi mais pour Malefoy, qu'en avait-il été de lui ? La réponse finit par s'imposer avec le temps. Tout comme nous n'avions pas vraiment eu le choix de batailler contre Voldemort, nos camarades n'avaient pas eus le choix de partir et de rejoindre ses rangs … ils avaient été obligés de le choisir au risque de mourir s'il se détournait de la grandiose voie que leur avait tracé leurs parents. Elles n'avaient que dix-sept ans et elles connaissaient déjà leur vie, vie qu'elles devraient passer à côté de mari qu'elles ne connaîtraient peut être jamais véritablement. Ces destin me semblait immuable à l'époque vu la façon dont elles me l'avaient conté heureusement elles parvinrent à s'en sortir sans trop de dommage.
_ Jédusor me rattrapais-je finalement en rougissant légèrement.
_ Il est notre prince, c'est donc lui qui choisira son épouse parmi les sangs purs … Qu'importe son rang, son sang sera souillé à cause d'elle cependant son choix devra recevoir l'approbation des Malefoy, de ma famille et des deux héritiers Black actuels, Alphard et Orion expliqua Cassiopeia. Il est libre conclut-t-elle mais merlin sait que Walburga lorgne la place depuis longtemps.
_ Je croyais qu'elle devait épouser Orion lui rétorquais-je.
_ Oui répondit-elle en riant à moitié mais lorsque le prince demande la main d'une fille, toutes les familles se prosternent … Surtout qu'épouser le prince des sangs purs est un élévateur social sans précédent. Aucune famille n'est assez folle pour refuser une telle alliance surtout pas celle de Walburga qui est, comme l'as dit Daphné, en manque constant d'argent. Tom est riche autant en argent qu'en prestige !
_ C'est affreux dis-je en grimaçant. Je voulais les rassurer, les prendre dans mes bras pour leur dire que tout se passerait bien mais je ne parvenais à trouver les mots pour les rassurer. Ce fut finalement Cassiopeia qui me prit dans ses bras en glissant un « ne t'inquiète pas » à l'oreille. C'était étrange de me faire rassurer par celle qui aurait dû être le plus effrayée. N'ayant aucune famille, j'étais libre de choisir mon mari et de refuser toute alliance, j'étais riche après tout et je pouvais parfaitement vivre sans me marier...
_ Allons dormir conclut Lucrétia en se relevant. Nous la suivîmes. J'eus du mal à m'étirer à cause de mes jambes endolories. Nous nous souhaitons la bonne nuit avant d'éteindre chacune à notre tour la petite lampe qui trône sur chacune de nos tables de nuits. Il est tard mais je savais déjà que je ne trouverais pas le sommeil.