Apprends moi à te haïr
_ Annulé ? S'écria Lucrétia, presque au bord des larmes en fixant Daphné qui tenait, dans sa main, une lettre nous informant de la décision de Dippet d'annuler le bal pour cause de dégât magique dans la grande salle.
_ Apparemment souligna Daphné en soupirant fortement en s'asseyant à ses côtés. Nous n'étions pas encore tout à fait prêtes mais avions passé plusieurs heures à préparer nos costumes. On était épuisées par cette folle journée, épuisées et heureuses de pouvoir penser à autre chose qu'aux cours pour une fois.
_ Pourquoi ! Cria soudainement Lucrétia, visiblement désespérée plus que nous par la nouvelle. Son cri manqua de me faire tomber du lit tant il m'avait surpris. Cassiopeia, elle, continuait de coudre tranquillement son costume de fée lutin comme si cela ne la touchait pas. Elle semblait complètement désintéressée par notre conversation et par l'agitation pourtant spectaculaire de Lucretia mais je savais qu'elle nous écoutait.
_ Calme-toi, Dippet nous as tout de même autorisé à continuer la fête dans les salles communes …. Au moins, on ne sera pas obligé de côtoyer les autres rétorqua-t-elle finalement en reposant son costume terminé. L'annulation du bal était, pour moi, une chose absolument horrible. J'avais fini par accepter l'invitation d'Henri malgré les risques que pouvait représenter une telle provocation. J'étais heureuse de pouvoir avancer aux bras d'une personne avec qui je me sentais parfaitement à l'aise et l'idée d'être coincée au cœur d’une fête serpentarde ne me donnait pas du tout envie. Je voulais fuir le plus loin possible surtout que je savais que ce genre d'évènement serait irrémédiablement patronné par Jédusor, à mon plus grand désespoir. Étrangement, il ne m'avait pas adressé la parole ces dernières semaines, m'ignorant presque … Si j'avais été surprise par son attitude froide au début, cela m'avait finalement arrangé. Je respirais enfin calmement quand je le croisais. Au fond, je crois que nos conflits m’épuisaient et que j'étais heureuse de pouvoir me reposer.
_ Du coup, va falloir changer le thème parce que ça ne va pas du tout là ! S'exclama Daphné en regardant le maigre résultat que j'avais pu tirer du tissu acheté, la semaine auparavant, à Pré au Lard. Je finis par soupirer en reposant mon ouvrage. Mes mains étaient couvertes de sang, je n'avais pas arrêté de me piquer les doigts depuis le début de la matinée.
_ Pourquoi On a travaillé si dur, je soulignais en montrant mon ouvrage aux filles qui ne purent s'empêcher de grimacer.
_ Un parce que porter ce que tu as fait serait un crime et deux parce qu'une fête d'Halloween privée chez les Serpents à un code vestimentaire très stricte m'expliqua Cassiopeia en m'arrachant ce qui ressemblait à une robe de mes mains avant de la mettre à la poubelle.
_ Encore des règles, je soupirais en me refermant à toute idée venant de leur part. Je ne me voyais pas recommencer un costume à zéro surtout qu'ils nous restaient peu de temps avant le repas. Tous ces efforts pour rien me décourager d'avance. Lesquelles ? Je finis par demander en voyant qu'elles se regardaient entre elles avec un immense sourire sur les lèvres.
_ Tenue de soirée à l'aide de ton uniforme m'expliqua mystérieusement Lucrétia qui avait visiblement retrouvé tout son entrain.
_ Pardon mais je ne suis pas sûre de comprendre là, leur dis-je en tentant de leur faire comprendre qu'ignorer tout m'énervait au plus haut point. Ma réponse leur arracha un rire bref et rare avant qu'elles ne retrouvent leur sérieux.
_ On s'occupe de tout … Toi, essaye juste de coiffer ta tignasse pour une fois se moqua Daphné en pointant l'état catastrophique de mes cheveux d'un geste gracieux de la main.
_ Fais nous confiance, d'accord ? Me demanda Cassiopeia en me sentant résistante à leur idée. Je finis par obtempérer puisque je savais que je ne pouvais rien contre elles. Elles étaient si persuasives et puis elles avaient, après tout, bien meilleur goût que moi en matière de mode. J'hochai la tête, presque à contrecœur toutefois une large partie de moi avait hâte de découvrir ce qu'elles me préparaient seulement je ne l'aurais jamais avoué même sous la torture. Elles finirent par me pousser vers la salle de bain à mon plus grand regret. Daphné avait raison, mes cheveux étaient absolument horribles à voir.
_ Hermione ? Me demanda Cassiopeia en passant sa tête par l’entrebâillement de la porte. Je la fixai, surprise de la voir me demander quelque chose aussi vite. Je fronçais les sourcils ce qui lui fit comprendre ma question silencieuse. Veux-tu un coup de main pour tes cheveux ?
_ Pourquoi pas répondis-je au bout d'un long moment. Elle entra puis me désigna l'un des deux tabourets pour que m'y asseye. Je pris la décision de lui obéir.
Jamais les autres ne s'étaient ainsi occuper de moi hormis Ginny pour le bal des Trois Sorciers seulement ça n'avait duré que le temps d'une après-midi. Le lendemain du bal, j'étais redevenu l'intello insipide, Hermione Granger. Depuis mon arrivée, les filles avaient pris en main mon destin et d'un certain côté, je les remercierai toujours pour cela. C'est grâce à elle que j'ai pu entrer dans ce monde, et même si j'ai couru vers ma perte en y entrant, je ne parviens pas à oublier leurs gestes dénués de réflexions, de calculs. Leur amitié reste, pour moi, le plus cadeau qu'elles m'aient jamais offert.
Cassiopeia pris largement le temps de la réflexion, ce qui m’inquiéta grandement jusqu'à ce qu'elle commence à trier mes mèches de cheveux. Elle m'arracha plusieurs grimaces en démêlant les nombreux noueux qui s'y trouvait ce qui la fit sourire plusieurs fois. Elle entama rapidement une autre leçon sur le comportement d'un sang pur en société. Chaque fois que cela leur était possible, elle me faisait la leçon afin que je ne fasse pas d'erreur grossière. Après tout, je continuais de porter le statut de princesse des Serpents ce qui me valait de nombreux regards noir de la part de Walburga qui n'avait visiblement pas toujours digérer la nouvelle. Daphné m'avait apprise, quelques jours après notre baiser, que le conseil avait accepté, provisoirement, de me reconnaître en tant que petite-amie de Jédusor. Cette révélation s'était suivie par de nombreux cauchemars ou je me voyais marier avec Jédusor … à vie ! Heureusement, à mon plus grand soulagement à l'époque, Jédusor avait décidé, presque par miracle, de me laisser tranquille. Je trouvais son comportement étrange mais je n'avais aucune envie de lui poser des questions.
_ Voilà souffla Cassiopeia en observant le résultat de son travail après avoir reculer de quelques pas. Les filles cria-t-elle afin d'attirer leur attention.
_ C'est parfait avec notre idée jubila Lucrétia en frappant dans ses mains comme une véritable petite fille. Son air jovial acheva de me détendre. Elle avait cette étrange capacité de vous redonner le sourire en moins de deux secondes, elle semblait toujours sur un petit nuage surtout par rapport à Daphné et Cassiopeia qui, elles, étaient toujours dans la retenue.
Je ne pourrais pas dire que Lucrétia était la plus naturelle des trois puisque leur comportement était, pour elles, parfaitement normal. En même temps, comment peut-on lutter contre toute une éducation qui vous inculque des dictas au point que vous en arrivez à trouver cela normal.
Elles m’entraînèrent alors dans la chambre. Un véritable capharnaüm y régnait. Nos lits étaient jonchés par d'immenses morceaux de tissus aux nuances vert et argent.
_ Ferme les yeux me souffla alors Daphné à l'oreille. J'eus du mal à obtempérer mais je finis par consentir à sa demande. Je la sentis prendre mes mesures toutefois je pris soin de ne pas bouger comme elle me l'avait appris quelques semaines plus tôt. J'apprenais, chaque jour, à devenir une autre personne. Moi, la Sang de Bourbe, j'apprenais à être une sang pure …. C'est presque ironique quand j'y repense seulement je ne peux nier qu'apprendre à être l'une de leurs à finir par ouvrir mon esprit à de nouvelles perspectives.
_ Fini ! S'exclama enfin Lucrétia en frappant à nouveau dans ses mains. J'ouvris un œil puis l'autre. Intérieurement, je tremblais que m'avaient-elle fait. Cassiopeia me désigna alors le miroir avec un sourire d'appréhension. Elles étaient aussi stressées que moi de voir ma réaction. Je pris mon temps en avançant vers mon reflet surtout parce que je ne parvenais pas à reconnaître ce que j'y voyais. Je ne parvenais pas à croire que cette jeune femme magnifique n'était que mon reflet dans un miroir étincelant. Cassiopeia était parvenu à redresser mes cheveux en un chignon qu'elle avait soigneusement déstructuré afin de lui donner un petit côté flou. Elle avait, également, fortement insisté sur le maquillage noir toutefois elle était parvenue à faire ressortir mes yeux clairs malgré tout.
_ C'est absolument génial, vous êtes des génies, les filles m'exclamais-je enfin au bout d'un long moment de silence. Je les entendis soupirer de soulagement.
_ Bien, à notre tour maintenant conclut Lucrétia en me lançant un immense sourire satisfait. D'un coup de baguette, elles transformèrent leurs longs cheveux en une longue tresse sophistiquée qui leur allait parfaitement puis elles enfilèrent leurs tenues avant d'aller se maquiller chacune leur tour tandis que je ne parvenais pas à me détacher mon impression de bien-être. Ce reflet ne me semblait pas être le mien et à dire vrai, je ne me sentais pas moi-même. Hermione Granger avait totalement disparue au profit d'une autre, une femme assurée et belle. Daphné avait modifié ma veste de façon à ce que le décolleté recouvre parfaitement ma poitrine afin de simplement suggérer la naissance de mes seins. Ma taille était parfaitement soulignée avant que la veste ne parte en évasement léger. Lucrétia, elle, s'était contenté de lisser ma jupe et de l'allonger pour qu'elle tombe parfaitement à mes pieds. Mes formes étaient épousées à la perfection et le tissu me sembla également plus doux au toucher que celui de mon uniforme.
_ Je crois que l'on devrait changer la couleur de ta robe par contre suggéra Lucrétia en revenant dans la chambre, suivit par les filles qui hochèrent la tête. Elles portaient toutes la même tenue que moi à quelques variantes près.
_ Le vert lui ira à ravir souffla Daphné en lançant un sort à ma robe qui se para immédiatement d'une couleur vert sombre.
_ C'est magnifique les remerciais-je mais en quoi est-ce un déguisement pour Halloween ? Finis-je par leur demander étant donné que la question me turlupinait depuis près d'une heure.
_ Disons que c'est une soirée mondaine sur le thème d'Halloween … Alors bienvenue à ta première soirée de ce genre, Hermione s'excita Lucrétia en me répondant.
_ Les sangs purs ne s'abaissent à la bassesse d'un déguisement lorsqu'ils sont entre eux, voyons rétorqua Cassiopeia en imitant la voix nasillarde et dédaigneuse de Walburga. Un rire nous échappa alors. Rire me fit du bien, énormément de bien surtout que j'étais à nouveau tendue à l'idée de devoir apparaître devant les Serpents.
Les filles, après notre légère dispute, m'avaient expliqué ce que signifiait réellement mon titre en termes de représentation aux yeux du monde. Cela m'avait horrifié la première fois mais j'étais parvenue à calmer mes émotions et à accepter ce statut surtout s'il pouvait me servir à rencontrer la jeune femme que je cherchais. A dire vrai, je ne la cherchais pas vraiment. Ma mission était un véritable échec et je m'en moquais. Ma prise de conscience a été longue … très longue.
_Allons-y ! J'hochai la tête et suivi docilement les filles jusqu'à la salle commune. Dès notre sortie de la chambre, je sentis l'ambiance m'envahir. Le lac semblait noir autour de nous si bien que je n'y voyais pas très bien. La lumière était presque inexistante mais cela donnait, à la pièce, une atmosphère lourde qui convenait parfaitement à l’événement. La plupart des élèves étaient déjà présent ce qui me permis de constater que les filles avaient eu entièrement raison. Tous avaient revêtu de beaux atours qui leur allaient à ravir. Les plus grands discutaient entre eux, près de la cheminée. Un bar et un buffet avait été installé tout près de la bibliothèque afin que nous puissions nous servir. Au moment où je mis un pied sur la dernière marche, les filles s’écartèrent sans un mot pour me permettre de me mettre en avant. Les discussions cessèrent immédiatement ce qui m'impressionna grandement. Je me sentis rougir et je remerciai la pénombre de me donner un abri. Cassiopeia me donna un léger coup de coude afin que je me ressaisisse et ordonne aux serpents de reprendre la fête sans s'occuper de moi.
Dès le lendemain de notre baiser, j'avais appris que mon titre me donnait autorité sur tous les serpents tandis qu'ils me devaient le respect et faire montre d'une déférence à l'égal de celle qu'ils avaient pour Tom lorsque je me trouvais dans la même pièce qu'eux. Cassiopeia m'avait brièvement montré comment je devais me comporter en public. J'acceptais mal ce statut mais je n'avais trouvé aucun moyen de m'en défaire à mon plus grand malheur. Seul Jédusor pouvait me redonner l'anonymat auquel je rêvais mais je savais qu'une chose pareille n'arriverait jamais.
_ Madame chuchota Marius en s'inclinant devant moi tandis que nous nous approchions de la cheminée. Je le fixais, un instant surprise, avant de lui adresser un sourire poli. Les filles hochèrent discrètement la tête pour me signifier qu'elles étaient derrière-moi. Il me désigna, ensuite, une place libre sur le canapé que j'acceptais poliment. Immédiatement, j'entamais la conversation avec Alphard et Abraxas cependant je sentais le jeune Malefoy tendu surtout parce qu'il ne répondait que par monosyllabe à mes questions. J'avais fini par abandonner tout espoir d'une conversation à double sens avec lui lorsque Tom apparut enfin. La soirée était démarrée depuis une bonne heure. Tous se levèrent sans bruit avant de s'incliner. Je me contentai de me lever. Il me remarqua immédiatement malgré le fait que j'étais presque cachée entre les deux gigantesques serpents qui se trouvait à mes côtés. Un immense sourire satisfait étira ses lèvres. J'étais parvenu à l'éviter mais je savais que je ne le pourrais pas lors de cette soirée. J'avais pris soin de me préparer mentalement à sa venue mais je me retrouvais désemparée, tétanisée surtout que son sourire me paraissait véritablement sincère. Il s'avança alors vers nous sans leur demander de se relever.
_ Tu es magnifique chuchota-t-il en déposant un baiser sur ma joue après m'avoir rejoint. Je me sentis rougir tant le compliment paraissait sortir de son cœur. Il m'adressa un sourire charmant qui fit accélérer les battements de mon cœur presque malgré moi.
_ Je te retourne le compliment finis-je par lui répondre tandis qu'il ordonnait aux serpents de l'ignorer. Il me remercia chaleureusement en m'invitant à me rasseoir. Abraxas lui laissa alors courtoisement sa place même si je le soupçonnais d'être soulagé d'échapper à mes questions. Jédusor prit place à mes côtés puis entama une conversation avec Walburga. Je n’écoutai pas, trop absorbée par mes propres pensées. Une partie de moi se demandait ce qu'il m'avait pris de lui faire un compliment tandis que l'autre s'en félicitait, c'était un premier pas vers une paix que mon cœur souhaitait mais que mon esprit refusait mais s'il ne s'agissait que d'en aborder ne serait-ce qu'une esquisse.
_ Souhaite-tu un verre ?
Je sursautai malgré moi tant il m'avait surpris. Il m'adressa ce qui ressemblait à un sourire d'excuse. Je finis par hocher la tête puisque je mourrais effectivement de soif. Il me tendit alors sa main pour m'aider à me relever. Je l'acceptais poliment mais contrairement à ce que je pensais, il me lâcha pas et m'emmena tranquillement vers le bar.
_ Monsieur, Madame nous salua le jeune homme qui s'occupait du service. Tom lui répondit par un hochement de tête sec tandis que je restais coite face à la solennité qu'il avait employé dans la prononciation de ces deux mots. Jédusor finit par me tendre une coupe de champagne avant de me désigner un coin tranquille ou personne ne semblait vouloir aller. Je retins mon envie de soupirer. Il savait qu'il n'avait pas lâché ma main et que j'étais forcée de lui suivre, il ne demandait mon consentement que pour la forme.
_ Je souhaiterai que nous fassions la paix chuchota-t-il à mon oreille alors que nous venions à peine de nous asseoir sur un petit canapé qui se trouvait dans un coin sombre de la pièce. Nous étions ainsi parfaitement cachés aux yeux du monde.
_ La paix m'étonnais-je en écarquillant les yeux tant sa proposition me paraissait absurde surtout venant de lui.
_ Tu es désormais princesse et ce titre implique que tu passes presque tout ton temps avec moi alors disons que je n'ai pas envie d'avoir quelqu'un qui me déteste à mes côtés m'expliqua-t-il calmement à voix basse en prenant mes deux mains entre les siennes. Pour la première fois, le contact de sa peau sur la mienne ne me dérangea pas. Son geste me parut presque naturel, familier et doux ; c'était étrangement reposant de ne pas chercher à se révolter pour une fois. Ces quelques semaines de silence m'avait fait entrevoir ce qu'une trêve entre nous avait à m'offrir, la tranquillité et le confort d'amitiés, visiblement solide. De plus, instaurer une paix entre nous me permettait, pour la première fois de mon existence, de vivre une année normale. Seulement mon esprit me soufflait mes souvenirs devant les yeux, ce que j'avais du offrir à Voldemort à cause de sa folie … Ma haine ne semblait pas vouloir se tarir toutefois l'image que me montrait Jédusor depuis plusieurs semaines ne correspondait pas à l'image que je m'étais faite du monstre que j'avais connu enfant. Je n'avais face à moi qu'un adolescent, un simple adolescent un peu trop autoritaire mais dans lequel je lisais des blessures profondes et secrètes ; blessures que j'avais envie de panser en espérant que cela puisse le changer.
_ Et que fais-tu si je refuse ? Je ne peux finalement pas m'empêcher de lui demander.
_ Ça m'aurait étonné que tu ne riposte pas à ma proposition m'avoua-t-il alors en riant à moitié. C'était la première fois que je l'entendais rire.
Encore aujourd'hui, c'est ce que je préfère chez lui, ce rire cristallin et enfantin. Il riait rarement même lorsqu'il était avec moi. Je crois que lorsqu'il riait, ce n'était pas l'adulte qui le faisait mais l'enfant caché en lui. Son visage s'illuminait littéralement, son sourire s'agrandissait tandis que ses yeux changeaient de couleur pendant quelques secondes. Il irradiait alors de bonheur, d'une joie non retenue toutefois ces moments-là ne durait jamais bien longtemps. Raison pour laquelle j'ai appris à les chérir. Ils sont, pour moi, la preuve que derrière sa noirceur se cache encore un être humain. Ce premier rire fit chavirer mon cœur tant il me sembla innocent, sincère ….
_ Tu ne voudrais pas d'une princesse trop docile rétorquais-je en souriant à mon tour. Il releva alors vers moi, un visage sérieux sur lequel je pouvais clairement lire une certaine détermination mais j'ignorais alors qu'elle était la raison de son attitude si sérieuse ! C'était moi, il me voulait … à n'importe quel prix.
_ Au contraire, je te veux parce que tu me résistes seulement il y'a résistance et révolte rétorqua-t-il en approchant son visage du mien. Son haleine sentait l'alcool mais je trouvai cela plutôt agréable. Je n'avais aucune envie de le fuir pour une fois. Notre conversation me paraissait étrange mais je voulais à tout prix en connaître la fin.
_ Je ne me révolte pas, Jédusor … Je ne fais que désobéir, nuance ! Appuyais-je, presque fière de ma réponse.
_ La désobéissance n'est-elle pas le commencement de toute révolte ironisa-t-il en susurrant d'une voix mielleuse sa réponse.
_ Tu n'as pas tort alors que dois-je faire, maitre ? Demandais-je en appuyant sur le dernier mot. Je le sentis frissonner comme si ce que je venais de dire en rigolant à moitié l'avait fâché. Je crois que j'eus raison de le penser sur le moment.
_ Accepter ma proposition finit-il par souffler lentement à quelques centimètres de mon cou. Je frissonne, son souffle froid parcourt ma peau. J'avais l'impression d'être marquée au fer rouge.
_ Si je l'accepte, je gagne quoi ? Demandais-je, sceptique sur la démarche que je devais suivre. Le champagne ne me réussissait pas, je n'étais pas habituée à boire et mes idées s'en trouvaient légèrement embrouillée.
Aujourd'hui, j'ai appris à éviter toutes boissons alcoolisées qui comporte des bulles … ça m'empêche de réfléchir seulement je ne le savais pas encore à l'époque et bien sûr, il me fallut une expérience catastrophique pour que je m'en rende compte. Je vous conterais cela plus tard, je vous le promets.
_ Mon amitié … Je retins à temps le rire qui s'apprêtait à sortir hors de ma gorge. Je compris rapidement à son visage qu'il était sérieux. Il me proposait de devenir son ami et malgré mon esprit embrumé, je compris rapidement ce que cela signifiait tant pour la nouvelle que pour mon ancienne moi. Accepter signifiait dire adieu à tous mes idéaux, à tout ce pourquoi je m'étais battue depuis mes onze ans mais en même temps, je savais que j'avais une mission à remplir, mission qui nécessitait mon infiltration totale au cœur des serpents et Jédusor était leur chef … Mon esprit logique fonctionna alors à la vitesse de la lumière.
_ J'accepte.
Je fis rapidement taire l'ancienne moi qui protestait en me criant que je venais de vendre mon âme au diable. Et en effet, je venais de le faire. Je venais lui vendre ma vie pour l'entendre rire à nouveau.