Apprends moi à te haïr

Chapitre 11 : Un lendemain morose

5663 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:58

Je n'avais pas le droit de douter, cela ne m'était pas permis puisque je devais foncer, tête baissée vers la réussite de ma mission même si j'ignorais totalement le chemin que je devais prendre. En acceptant l'amitié de Jédusor, j'avais enfin pris la décision de tourner le dos à mon passé. L'ami de Ron et Harry n'existait plus, j'allais enfin pouvoir être une autre pour oublier ce poids sur mes épaules. Cette idée me grisait tout en m'effrayant. Je devais construire mon propre pont pour traverser l’abîme du futur qui se dressait devant moi. Ma raison me fuyait tandis que mon cœur se laissait guider par l'ambiance pour la première fois de sa vie.

Je ne peux vous dire que mes actes étaient irrationnels puisque j'étais suffisamment grande pour prendre mes décisions en mon âme et conscience cependant s'il m'était, à nouveau, possible de remonter dans le passé, je crois que j'agirais différemment avant tout pour vous. Sans aucune hésitation, je tuerai Tom afin qu'il ne puisse plus jamais faire de mal à personne même si cela briserait les quelques morceaux d'âmes qu'il me reste encore.

Au fond que je crois que j'étais perdue. Perdue entre un passé qui me dévorait et un futur qui me tendait les bras. Je restais désespérément coincée entre ces deux états sans pouvoir agir, prendre une décision. Mon père m'avait souvent dit que le passé ne devait jamais être ressassé, qu'il me fallait aller de l'avant quoiqu'il advienne et je crois que j'ai fini par suivre son conseil. En devenant l'amie de Jédusor, j'embrassais mon futur en tournant la page sur des souvenirs douloureux. Je ne peux pas dire, même aujourd'hui, si j'avais déjà des sentiments pour lui ; j'aimerais mais je l'ignore totalement ! Tout devient flou lorsque je repense à chacun de nos moments. Quand est-ce que la haine s'est transformée en amour ? A chacune de nos rencontres, nous avons oscillé entre ces deux états comme si nous étions voués à nous battre pour mieux nous détruire.

J'ai longtemps pensé que côtoyer les Serpentards ne changerait pas ma personnalité. Qu'au fond, je continuerai d'être la meilleure amie du survivant, celle qui défendait ceux qui ne pouvait pas le faire mais je me suis lourdement trompée. Jédusor m'a changée presque malgré moi, je me suis laissée tenter par la pomme tandis que le serpent susurrait à mon oreille des mots doux à entendre. Il m'a entraîné dans sa chute et peu m'importait le chemin qu'il prenait tant que je me trouvais à ses côtés. Il a fini par devenir une véritable drogue tandis qu'il pervertissait peu à peu mon âme à sa magie. Au fond, je crois qu'il a tout fait pour que je ne puisse jamais me détacher de lui ; peut-être même était-ce, pour lui, une manière de me montrer son affection ! Découvrir ou plutôt redécouvrir ce qu'il m'avait fait faire fut dur, intolérable … cela me détruisit au point que je garde très peu de souvenirs de cette époque ou Dumbledore est venu me trouver alors que je mendiais dans les rues, telle une loque.

Nous sommes tous des enfants qui rêvent de vivre une vie magique et magnifique … J'en étais une. Je voulais croire en la rédemption de celui que j'aimais, je peux même vous dire que c'était mon rêve le plus cher et la désillusion fut cruelle, indescriptible. Le monde a alors cessé de se teinter de rose pour ne plus laisser que le gris. Peter Pan était mort, Crochet m'avait eu ! Cette figure contre laquelle je m'étais battue pendant tant d'années m'avait vaincue d'une manière que je n'aurais jamais pu voir venir ; en me susurrant de doux mots à mes oreilles un peu attentives.

 

_ Hermione ? Me demanda Lucrétia en frappant légèrement contre la porte de la salle de bain. Je me relevais doucement dans la baignoire avant de lui demander ce qu'elle souhaitait. J'ai besoin de la salle de bain précisa-t-elle précipitamment. Je soupirai en commençant à sortir de la baignoire. J'enfilais mon peignoir et coinçait mes cheveux trempés dans une serviette blanche avant d'ouvrir à mon amie qui semblait, il faut bien le dire, très mal en point. En effet, elle semblait encore dormir contre la chambranle, les traits tirés et les yeux cernés de noir tant son maquillage avait coulé sur ses joues. Elle finit par me pousser mollement hors de la pièce afin de pouvoir prendre la pièce pour elle. Je lui jetai un regard étonnée avant d'hausser les épaules ; après tout, Lucretia n'avait jamais été du matin.

_ Ne t'inquiète pas, elle est comme ça après chaque soirée m'annonça Cassiopeia en me tendant mon petit déjeuner. Je la remerciai gentiment de son attention même si je m'étonnais de ne pas le prendre avec les autres. J’optai pour me taire, je n'avais aucune envie de subir une leçon de bienséance en ce début de journée. Veux-tu venir réviser avec moi après déjeuner me demande finalement Cassiopeia en entamant son chocolat en chaud.

_ Bien sûr, quand veux-tu que je te rejoigne demandais-je. Elle finit par hausser les épaules après avoir réfléchie. Vers 17h, ça te va ?

_ Parfait répondit-elle en me lançant un grand sourire.

_ Pourquoi le monde est-il si cruel s'écria Lucretia en sortant de la salle de bain en se tenant le ventre avec ses deux mains. Son désespoir nous arracha un sourire tandis qu'elle se traînait jusqu'à son lit en lâchant de nombreux cris douloureux.

_ Peut-être le serait-il moins si tu buvais moins de champagne souligna Daphné alors qu'elle entrait dans la chambre muni d'une potion à la main. Allez bois ! Ordonna-t-elle à Lucretia en lui tendant la  fiole.

_ C'est quoi demanda cette dernière en gémissant.

_ Depuis le temps que tu bois, tu devrais le savoir ironisa Daphné en l'aidant à se relever afin qu'elle puisse boire sans se tâcher. Je grimace en voyant l'affreuse tête de Lucretia tandis qu'elle avale la mixture.

_ Plus jamais, je bois lança Lucretia qui retrouvait peu à peu des couleurs.

_ Jusqu'à la prochaine coupe de champagne qui te passera sous le nez la taquina Cassiopeia en lui tendant un café d'où s'échappait un agréable fumet. Lucretia, pourtant, repoussa la tasse d'une main en grimaçant avant de se rallonger.

_ Dors petite alcoolique murmura Daphné en relevant l'immense couverture verte jusqu'au nez de notre amie qui s'était endormie. Nous parlèrent longuement de la soirée par la suite même si les filles évitèrent, judicieusement, de parler de ma conversation  avec Tom. Je n'avais aucune envie de leur dire que j'avais enfin accepté l'amitié qu'il me proposait maladroitement. Nous furent interrompues par un coup contre la porte, presque immédiatement Cassiopeia se leva pour aller ouvrir à notre visiteur.

_ Tom ! S'étonna-t-elle en ouvrant la porte en grand afin qu'il puisse entrer. Daphné enfila, avec précipitation, sa veste afin de ne pas apparaître en débardeur devant lui.

_ Je souhaite juste parler à Hermione annonça-t-il en refusant poliment l'invitation de Cassiopeia.

_ Je te rejoins dans deux minutes, je lui annonce en désignant mon peignoir. Il hoche la tête, impassible même si je le soupçonne, sur le moment, d'avoir légèrement rougi en m'apercevant. Je me précipitais alors vers la salle de bain afin d'enfiler rapidement mon uniforme. Je glissais à toute vitesse ma chemise verte dans ma jupe avant d'enfiler une veste un peu plus chaude que celle que j'avais l'habitude de porter. Je me coiffais rapidement en entortillant mes cheveux en un chignon rapide et désordonnée avant de ressortir pour rejoindre Tom qui m'attendait patiemment dans le couloir. Les filles me saluèrent timidement  alors que je sortais. 

_ Bonjour me lança-t-il en me tendant sa main. Je marquai un temps d'arrêt avant de l'accepter. J'ai besoin de ton aide m'avoua-t-il après que nous ayons montés quelques marches en direction de la salle commune.

_ Pour quoi ? Lui demandais-je en fronçant les sourcils.

_ J'aimerais que tu m'accompagnes au bal des Sang-purs qui aura lieu dans quelques semaines m'expliqua-t-il en murmurant afin que personne ne puisse entendre notre conversation.

_ Ne suis-je pas obligée de t'accompagner maintenant que tu as fait de moi, ta princesse rétorquais-je avec méchanceté.

_ C'est vrai reconnut-il mais j'ai pensé qu'une invitation en bonne et due forme te plairait plus rajouta-t-il. Sa remarque me fit fortement rougir tandis que je me sentais de plus en plus bête en repensant à mon attitude hostile alors qu'il n'avait encore rien fait pour le moment.

_ Pardonne-moi, je crois que je vais avoir du mal à me départir de mes vieux réflexes.

_ Je le comprends mais sache que ce n'est pas à moi de faire tous les efforts grogna-t-il, soudainement énervé. Je le fixais, surprise et lâchai sa main face à son attitude devenue hostile.

_ J'accepte ton invitation lâchais-je finalement en espérant que cela calmerait sa colère subite. Ses traits se détendirent à mon plus grand soulagement. J'étais fatiguée et je n'avais aucune envie d'entamer une dispute aussi tôt le matin.

_ Merci finit-il par murmurer avant de déposer un léger baiser sur ma joue. Son geste me laissa pantoise alors que Tom disparaissais de ma vue. Je secouais finalement la tête afin de laisser passer cet événement. Jédusor restait Jédusor après tout et je n'avais aucune envie de comprendre ses sautes d'humeurs.

_ Ça va ? Me demanda doucement Cassiopeia en s'approchant de moi. Je retins à temps un mouvement de sursaut cependant mon cœur battait la chamade, elle m'avait fait peur. Les filles m'avaient appris à faire face à la situation gênante et fréquente comme celle-ci ; le but était, pour moi, d'apprendre à rester totalement impassible.

_ Oui mais j'ai besoin de prendre l'air …. Je … Je dois réfléchir lui expliquais-je en détalant à toute vitesse vers la porte d'entrée de la salle commune. Je monte, presque en courant, les marches qui me sépare du rez de chaussé du château. Le couloir était souvent traversé par de nombreux courants d'airs qui me glaçaient les sangs mais ce jour-là, je ne les ressentais pas. J'étais absorbée dans mes pensées, bloquée entre mon envie de me rebeller et celle de laisser les choses se faire en silence.

_ Hermione ! S'étonna Marius alors que je le percutais à toute vitesse. Il eut l'heureuse idée de tendre le bras pour me rattraper. En une seconde, il transforma mon équilibre précaire en m'aidant à me relever. Fais attention me taquina-t-il en s'éloignant légèrement de moi. Je fis semblant de ne pas remarquer son geste même si cela m'avait profondément blessée. Les garçons avaient reçu l'ordre de ne pas m’approcher en dehors de la présence de Jédusor à mon plus grand déplaisir. J'avais, après tout, commencé à me lier d'amitié avec Alphard et Abraxas malgré mes appréhensions au sujet de ce dernier. Tous deux s'étaient révélés être des jeunes hommes charmants et intelligents.

Il y'a cependant une chose que je ne remarque que maintenant que je souhaite souligner au sujet de mes nouvelles amitiés pour l'époque. Je crois m'être fondue dans le décor assez naturellement et rapidement avant tout parce qu'aucune épée de Damoclès ne trônait au-dessus de ma tête derrière chacune de nos conversations. Jédusor n'était pas encore Voldemort, et même si son attitude me soufflait d'être toujours sur mes gardes malgré son offre, je n'avais donc pas véritablement peur de lui. C'était agréable de véritablement profiter de mon adolescence pour la première fois de ma vie, de me laisser aller à des choses futiles parce que j'avais le temps d'y songer.

_ Merci finis-je par lâcher dans un souffle en passant une main dans mes cheveux avant tout pour tenter de faire disparaître toute la gêne qui s'évertuait à envahir mon visage. J'avais l'impression que ma peau me brûlait tandis que je me sentais rougir à chaque seconde qui passait.

_ Prends mon écharpe si tu vas dehors, il ne faudrait pas que tu attrapes froid me fit-il remarquer en me tendant le morceau de tissus. Je refusai poliment mais face à son insistance, je finis par accepter avant tout pour pouvoir fuir à toutes jambes cette étrange entrevue. Marius me sembla gêné alors qu'il ne l'avait jamais été devant moi. Au contraire, de tous les garçons que je côtoyais à Poudlard, il était certainement le plus charismatique après Jédusor. En retrait, effacé, il était celui que l'on remarquait peu mais qui était capable de briller quand il prenait la parole. Il était l'un des rares à être venu en premier vers moi, à me tendre la main afin de m'aider à m'intégrer. Cassiopeia et lui se ressemblaient énormément, discrets et intelligents, ils avaient, tous les deux, réussis à acquérir avec une facilité déconcertante. Finalement, il s'éloigna de moi à pas lent en direction de la salle commune du moins le pensais-je sur le moment puisque je ne me retournais pas en fuyant aussi vite que possible vers le parc. Quelques jours de vacances nous avait offert gracieusement par le directeur afin de palier à l'annulation du bal mais nous avions, en retour, hériter d'une montagne de devoirs que je n'avais aucune envie de commencer. Je savais alors que mon esprit de première de la classe allait très vite reprendre le dessus mais j'avais décidé de me laisser transporter. Je voulais me changer les idées, partir pour tenter de savoir où je devais aller. Je regrettais de ne pas avoir pensé à prendre ma cape cependant je terminai par me lancer un simple sort de réchauffement malgré ma forte envie de faire demi-tour pour être au chaud. De la fumée blanche s'échappait de mes lèvres, je jouais plusieurs fois avec ce caprice de la nature humaine en tentant de donner des formes particulières à la fumée sans y parvenir. Finalement, j'abandonnais tandis que sur mes lèvres naissait un sourire enfantin qui se faisait de plus en plus rare. Je devenais adulte, je le sentais au fond de moi. Je changeais mais j'ignorais si ce changement était bon ou mauvais. Je continuais de m'accrocher à mon ancienne moi, je ne voulais pas la quitter parce que cela aurait signifié la fin de mes liens avec mon passé, mes souvenirs. J'avais peur d'avancer vers mon futur. Je marchais lentement au sein de l'immense parc recouvert de givre. Le vert et le blanc se mélangeaient avec élégance, formant ainsi un tableau charmant que je ne me suis jamais lassé d'observer à cette période de l'année. Je crois que c'est celui que j'attends le plus, ce moment où la nature encore belle et fière se fige avant d'entamer une longue et lente hibernation. La cabane d'Hagrid n'existe pas encore et j'en viens presque à le regretter, avec amertume, je repense aux nombreux moments passés là-bas avec Harry et Ron. Tous me manquaient, affreusement et je ressentis, ce jour-là, leur absence plus lourdement qu'auparavant. J'eus le courage de refouler mes larmes sachant que si je me laissais aller, je ne serais pas capable de m'arrêter.  Le cri d'un hippogriffe parvint soudainement à mes oreilles, me détachant pendant quelques secondes de mes pensées. Je me décidai finalement à le suivre en tentant de le rattraper et comme s'il avait compris mes intentions, l'oiseau continua doucement sa course majestueuse dans ce ciel immaculé ou il était le roi. Je descendis alors, presque en courant, la colline qui me séparait de l'orée de la forêt et du lac noir qui scintillait légèrement. Finalement, je m'arrêtais lorsque mon regard se posa sur une petite île sur laquelle la lumière du soleil s’arrêtait. Je la reconnus immédiatement pour l'avoir suffisamment observée, après des années d'indifférence envers son paysage, lors d'une cérémonie ou nous avions tous enterré notre mentor, Dumbledore. Je sentis alors mon cœur se serrait tandis que les souvenirs de l'été précédent défilait dans mon esprit. En peu de temps, j'avais perdu deux personnes que j'aimais véritablement et cela avait suffi à me faire fuir. Je savais qu'Harry et Ron étaient en vie mais l'idée de les perdre m'effrayait au plus haut point, je me sentais incapable de faire, à nouveau face, à une telle douleur.

J'ai appris, avec les années, que nous sommes capable de nous relever de n'importe quelle épreuve à partir du moment où d'autres sont là pour nous relever. Or, à l'époque, je me sentais comme prisonnière d'un passé qui m'empêchait d'avancer mon futur, de réussir de ma mission. J'étais hantée par des fantômes trop lourds à porter. L'amitié que m'offrait Jédusor me sembla donc un excellent moyen de tourner la page, d'oublier. Je sais que je me répète mais c'est véritablement cette idée qui m'a décidée à accepter ma nouvelle vie. Je me sentais abandonnée et terriblement seule. Peut-être est-ce même ce sentiment de solitude qui a fini par nous rapprocher, Tom et moi ?

Finalement, je terminai par m'asseoir au bord de l'eau. Je me laissais absorber par le remous des vagues qui avançait presque jusqu'à mes pieds. J'écoutais, les yeux fermés, le bruit des petits cailloux qui se pliait à la force de l'eau, laissant derrière eux un roulis agréable à entendre. L’hippogriffe quitta l'horizon sur un dernier cri. Je levais le bras en priant pour qu'il perçoive mon geste malgré la distance. Je finis par m'allonger au bord de l'eau malgré la sensation de froid qui me traverse. Au bout d'une heure, la course du soleil vint me réchauffer, faisant naître une sensation agréable de chaleur autour de moi.

_ Quel endroit étrange pour faire une sieste s'amusa une voix que je reconnus dès la première intonation. D'un geste de la main, j'invitais l'opportuniste à venir s'installer à mes côtés ce qu'il fit quelques secondes plus tard en déposant au passage un baiser sur ma joue. Ça, c'est pour m'avoir lâché pour le bal me taquina-t-il en s'allongeant à quelques centimètres de moi. Presque à contrecœur, je finis par ouvrir les yeux afin de pouvoir le voir. Depuis nous nous côtoyions, tous les deux, il avait eu tendance à se montrer très moqueur et à mon plus grand dépourvu, je parvenais rarement à saisir ses blagues ce qui avait fini par lui faire croire que j'aurais dû être à Gryffondor au vue de mon tempérament de feu car je ne manquais jamais de m'énerver ! Il n'avait pas tort.

_ Je ne t'ai pas lâchée comme tu le fais si bien remarquer, c'est Dippet qui a annulé le bal rétorquais-je en faisant miner de bouder. Nous avions fini par instiguer ce jeu entre nous. C'était grisant de retrouver mon ancien univers à travers lui même si, au fond, cela me faisait mal.

_ Un première année m'a avoué avoir surpris Jédusor qui entrait dans la Grande Salle peu de temps avant que le plafond ne parte en vrille m'expliqua-t-il en se mettant à jouer avec quelques cailloux. Je lui lançais un regard surpris auquel il répondit par un haussement d'épaules ; il ne savait rien de plus même si je me doutais qu'il pensait, effectivement, Jédusor coupable de cet acte. Et je le croyais également mais ce que j'ignorais c'était la raison qui avait pu le motiver à faire cela ; surtout vu le risque de se faire prendre par un professeur. Sinon cette soirée ? Finit par demander Henri en essuyant recouverte de sable dans l'eau.

_ Intéressante et toi ?

_ Génial ironisa-t-il. Minerva nous a présenté son habituel concert de chansons moldus qui, selon ses dires, sont effrayantes mais c'est seulement selon ses dires ! Après j'ai fait plusieurs parties d'échecs avec les gars avant que cette mégère ne nous force à rejoindre nos dortoirs alors que le couvre-feu a été retardé s'énerva-t-il en me rapportant mot pour mot les paroles de Minerva. Je riais en pensant que mon ancienne professeur n'avait décidément pas changé d'un pouce malgré les années.

_ Elle fait de vous de vrai petits rebelles soulignais-je afin de le taquiner ; taquinerie à laquelle il répondit par grognement énervé même si son sourire trahissait son amusement. Je savais qu'il aimait passer du temps avec moi et je ne l'en blâmais pas pour cela, au contraire même.

_ Parce que tu vas me dire que vos soirées guindées sont plus intéressantes, peut-être ? Me questionna-t-il en revenant s'asseoir à mes côtés.

_ Bonjour les a priori répondis-je du tac au tac, presque blessée par sa remarque qui me démontrait son ignorance totale sur la question. Henri était un sang pur mais sa famille, malgré sa richesse, ne côtoyait que très peu les soirées mondaines organisées par les Malefoy et les Bulstrode. J'avais appris, au cours de mes leçons, que les Potter était la famille la plus puissante et peut-être même la plus pure puisqu'aucun mariage mêlé n'était à déplorer selon les dires de Lucretia. Or malgré cette puissance, les Potter restaient discret et silencieux. Henri était un exemple de naturel, de jovialité et d'impulsivité. Il était tout le contraire des Serpents que je côtoyais chaque jour et cela me faisait du bien, de temps à autre, de me souvenir qu'une autre attitude, moins guindée, pouvait exister à Poudlard. En effet, j'enviais à chaque repas, la jovialité et les rires qui se dégageaient des autres tables tandis que nous mangions sagement dans un silence total.

_ Quoi ! S'offusqua-t-il, prenant ma réponse pour une insulte. Tu vas peut-être me dire que vous vous amusez à ces soirées au point de vous tordre de rire.

_  Non, c'est juste différent de l'ambiance innocente des Gryffondors.

_ L'ambiance innocente des Gryffondors répéta-t-il en murmurant à voix basse. Qu'est-ce que tu en sais, t'es même pas une Gryffondor s'énerva-t-il finalement. Sa remarqua me blessa mais je parvins à le lui cacher. Il ne devait pas découvrir mon secret même si mon âme me soufflait de lui faire confiance. Je le croyais capable d'être comme Harry, un protecteur qui avait toujours eu le don de m'agacer lorsqu'il disait agir pour notre bien. C'était, et c'est encore, ce que je détestais le plus, chez Harry, cette tendance à croire que la vie des autres valait plus chère que la sienne puisqu'il était, après tout voué à mourir de la main de Voldemort.

_ Bon peut-être que c'est un peu guindé reconnus-je finalement avant tout pour le calmer. Ma remarque semblait l'avoir blessé et je n'avais aucune envie de me disputer avec lui pour le moment. J'étais parvenue à échapper, le matin même, à une altercation avec Jédusor ; ce n'était pas pour me disputer avec l'une des rares personnes avec qui j'étais à l'aise.

_ Changement de sujet lança-t-il finalement au bout de plusieurs secondes de silence en me tendant un petit paquet. Je fronçai les sourcils en attrapant l'objet qu'il me tendait. Délicatement, j'ouvris la petite boite grise qui révéla un bonbon ainsi qu'un magnifique stylo noir et vert qui avait dû lui coûter une fortune.

_ C'est un bonbon qui prends le goût de ton aliment préféré m'expliqua-t-il en rougissant légèrement.

_ Merci, je ne sais que dire finis-je par murmurer afin de le rassurer. Je l'entendis soupirer discrètement, visiblement soulagé que son cadeau me plaise.

_ C'était juste pour te remercier pour le risque que tu prenais en apparaissant à mon bras au bal m'expliqua-t-il avec un haussement d'épaules comme si le cadeau ne lui avait coûté que deux penny. 

_ Et bien merci à toi pour ce présent répétais-je en lui déposant un baiser sur la joue. Un sourire naquit sur mes lèvres, c'était agréable de me sentir à l'aise avec lui. Je pouvais être moi-même, sans penser aux artifices, aux regards des autres, aux jugements et à la lourdeur de mon titre princier. Chacune de mes entrevues avec Henri était naturelle et simple, presque anormale quand je pensais à mon quotidien ; le contraste était saisissant. Comment as-tu été élevé ? Lui demandais-je soudainement alors qu'il me serrait dans ses bras. Il me relâcha et posa ses mains sur mes épaules pour pouvoir voir mon visage. Je me sentis rougir face à son regard inquisiteur mais je tins bon.

_ Pourquoi cette question finit-il par demander.

_ Cassiopeia et les autres m'ont raconté leur enfance et je me demandais si c'était la même chose chez les enfants de Gryffondors lui expliquais-je maladroitement en évitant stratégiquement son regard.

_ Pourquoi-t-ont-ils raconté leur enfance, tu devrais le savoir puisque …. Sa remarque me fit rougir ce qui le stoppa. Ne me dis pas que tu es une moldue ! S'étrangla-t-il finalement.

_ Non, je suis une sang mêlée mais j'ai été élevée par mon père qui, lui, était moldu.

_ Était souligna-t-il doucement. Je suis désolée, Hermione

_ Tu ne pouvais pas savoir le coupais-je avant tout parce que je voulais changer de sujet. Je me sentais à fleur de peau, au bord des larmes et surtout je savais que si je me livrais à lui, je serais incapable de lui mentir.

_ J'ignore de quelle manière sont élevés quotidiennement les héritiers Bulstrode ou Malefoy mais tout ce que je peux dire, c'est qu’ils semblaient rire rarement. J'ai assisté à peu de soirées durant mon enfance mais du peu que j'en ai vu, aucun futur Serpentards ne jouait ou participait à nos jeux d'enfants. Déjà, à cette époque, leur vie me semblait triste. Je me souviens que Charlus et moi avons grandi dans la joie, la bonne humeur avec nos parents qui, eux, ont toujours tout fait pour être présent et nous rendre heureux. Je souhaite être le même qu'eux quand j'aurais, à mon tour, des enfants avant tout parce qu'ils nous ont laissés être nous-mêmes en ne nous imposant pas les règles de la société. Son regard s'illuminait à mesure qu'il parlait, replongeant visiblement dans des souvenirs heureux. Je ne pus alors m'empêcher de penser à Harry et à son enfance triste. Pour la première fois, peut-être, la perte de James et Lily Potter me parut être la chose la plus cruelle de l'univers. En les tuant, Voldemort avait retiré le bonheur de la vie d'un enfant sur les simples dires d'une prophétie. Cette idée me fit monter les larmes aux yeux. Voyant ma réaction, Henri s'excusa et me prit à nouveau dans ses bras. Je reniflais afin de me calmer, je ne voulais pas pleurer. Mais tandis qu'Henri me serrait plus fort, je prenais ma résolution. Notre conversation avait relancé mon courage, ma détermination : je réussirais cette mission avant tout pour donner un avenir radieux à tous ceux que j'avais connu durant mon enfance et surtout pour Harry.

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