Apprends moi à te haïr
Je sais que la mission que je me suis promis de terminer dans quelques jours me mènera droit vers la mort mais cela ne m'effraie pas car je sais que cela m'offrira un avenir radieux. J'ai appris ma naissance il y'a quelques semaines en apercevant une photo de mes parents dans un petit journal local où ma mère y tenaient un petit bébé ravissant enrobé d'un linge blanc. La légende parlait de la fierté pour mon ancien village d'accueillir l'héritière du fondateur de la ville. J'avais découvert, avec bonheur, que Dumbledore avait raison : le temps est un cycle et mon voyage n’effacera en rien ma naissance. J'avais donc une chance de pouvoir grandir dans un monde où Voldemort n'existerait plus et je ne veux pas laisser passer cette trop belle occasion de donner à ma future moi une vie dénuée de malheurs.
Au fur et à mesure des années, je me suis retrouvée tétanisée par la peur de la mort mais maintenant, je ne ressens plus rien. Mon but me détermine, annihile mes peurs au point que je me sens redevenir une Gryffondor. Néanmoins il y'a une chose que je regretterais toujours, c'est de ne pas avoir pris le temps de dire convenablement au revoir à tous ceux qui étaient mes amis. J'ignore ce qu'ils sont devenus, ce que nous serions devenus si j'avais déclinée l'offre de McGonagall, mais tous ce que j'espère, c'est qu'ils ont trouvés le bonheur. J'aimerais tant leur dire au revoir et les remercier pour tout ce qu'ils avaient fait pour moi.
_ Madame vous demande m'annonça un elfe alors que j'émergeais doucement de mes rêveries. Je le remerciai en me relevant, l'ignorant malgré mon envie de parler avec lui. L'elfe était bien habillé et semblait bien traiter par rapport au souvenir que j'avais gardé de Dobby mais je ne pouvais m'empêcher d'être gênée en leur présence. Le couloir était largement éclairé par le soleil qui pénétrait par l'immense baie vitrée qui marquait le début du balcon, ce qui donnait une atmosphère irréelle à la pièce. J'avais été surprise de découvrir une maison lumineuse et agréable à vivre après que Cassiopeia m'ait invitée quelques jours plus tôt à venir passer les jours précédents le bal annuel chez ses parents. La décoration n'excédait jamais le gris clair pour les couleurs sombres tandis que le blanc et le marbre semblait s'illuminer à chaque instant. J'étais émerveillée par tant de magnificence, par tant de luxe. Je me souviendrai toute ma vie de l'expression émerveillée de Ron lorsqu'il avait visité, pour la première fois, ma maison en quatrième année or cette dernière me parut bien pâle à côté du manoir des Bulstrode. La maison était immense et il m'avait fallu plusieurs heures avant de pouvoir repérer quelques pièces. Cassiopeia et Dorea me tenaient le plus souvent compagnie tandis que Marius disparaissait pendant des heures avant de revenir pour le dîner.
Le temps avait passé, lentement à mon plus grand désespoir. Novembre s'était étiré avec douceur, parcimonie ce qui m'avait, au fond, permis de devenir de plus en plus proche des filles en particulier de Cassiopeia et Lucretia. Daphné avait malheureusement subit la lourde perte de son père et avait disparue durant plus de deux semaines. Elle était finalement revenue radieuse et heureuse d'être libéré du joug paternel. Je n'avais alors pas compris sa réaction, je me demandais avec amertume comment pouvait-elle être heureuse de la mort d'un de ses proches. Je ne parvenais pas encore totalement à appréhender l'univers froid et calculateur des sangs purs. Ce n'est que quelques années plus tard que j'ai compris l'horreur que pouvait représenter une enfance auprès de certaines familles un peu trop ambitieuse. A l'extérieur, l'hiver recouvrait le paysage de son long manteau blanc. J'avais accueilli les premières neiges avec une joie enfantine. Pour la première fois depuis des mois, j'avais décidée de mettre de côté mon apprentissage pour une petite partie de bataille à laquelle les Serpents avaient eu du mal à répondre. Abraxas avait été le premier à se jeter à l'eau, suivi rapidement par les autres. Et tandis que je me sentais à nouveau moi ; eux, découvraient ce que signifiait la liberté, celle qui vous permet d'être vous-même quoiqu'il advienne. Le parc qui entourait le domaine me semblait immense et majestueux tandis que, presque au niveau de l'horizon, se dressait un petit village dont on n'apercevait que les toits et la fumée de cheminée qui s'en échappait.
_ Entrez entendis-je presque immédiatement avoir frappé à la porte du bureau de mon hôte. Je n'étais pas surprise de la savoir aussi matinale. Installe-toi m'indiqua Aleandra Bulstrode en me désignant un siège qui se situait non loin de l'immense bureau qui avait été placé en plein centre de la pièce. La décoration était sobre en comparaison des autres pièces du manoir pourtant je m'y sentis tout de suite plus à l'aise. Les murs étaient recouvert de livres, d'étagères dont les dorures brillait au soleil qui pénétrait par une immense fenêtre qui donnait sur une vue imprenable sur le parc. Aleandra me rejoignit quelques instants plus tard, après avoir terminé de reposer les quelques livres qu'elle avait piochée sur une étagère. Pardonne-moi mais je ne laisse personne toucher mes ouvrages, j'y tiens énormément m'expliqua-t-elle en me demandant d'un geste si je souhaitais qu'elle me serve un thé. J'acceptai sa proposition avec un sourire, je raffolai du thé depuis mon enfance. Un doux mélange de pomme et de cannelle s'échappa de la théière alors qu'elle me servait. C'était enivrant et déstabilisant puisque cette odeur signifiait avant tout Noël et ses doux souvenirs. Je repris néanmoins rapidement contenance en me concentrant sur mon hôte. Je ne l'avais que très peu aperçue au cours de la semaine précédente. Cassiopeia et Dorea étaient, toutes deux, des beautés cependant elles me semblèrent bien pâle à côté de leur mère. Grande et mince, Aleandra avait le don de mettre les gens à l'aise en sa présence. Tout semblait être naturel chez elle, comme si elle avait toujours su servir le thé d'une manière gracieuse et subtile. Le soleil semblait s'attarder sur sa longue chevelure brune, l'entourant d'une aura mystique. Ses yeux verts étaient les mêmes que ceux des jumeaux tandis que j'avais appris au cours de la semaine que Dorea ressemblait, pour sa blondeur et ses yeux, à son père. Ses yeux me fixaient avec fermeté pourtant je n'y décelais aucun calcul, juste une infinie douceur que j'avais appris à découvrir chez Cassiopeia. Cette dernière avait fini par m'expliquer de manière succincte son éducation, ce que signifiait être une sang pure. J'avais ainsi découvert la nature d'une façade, un véritable travail harassant, répétitif jusqu'au moment où l'on vous juge parfaite ; ce que s'était que d'être une petite fille qui devait sans cesse étudier pour ne pas paraître idiote en société mais qui ne doit pas parler avant un homme. J'avais appris à connaître ses jeunes femmes, mes amies, prisonnières de ses cages dorées ; elles étaient, toutes, des oiseaux qui rêvaient de liberté, qui la voyait, l'effleurait sans jamais pouvoir l'approcher. Cassiopeia t-a-t-elle mit au courant pour ce soir me demanda-t-elle en me tendant une assiette recouverte de mignardises que je refusais poliment de saisir.
_ Je pense être prêtre, je finis par avouer bien malgré moi. J'ignorais totalement ce qui m'attendait à dire vrai ! Cassiopeia et moi avions passé notre semaine à rire et à ne penser rien sauf nous amuser donc autant dire que mes cours particuliers était passé à la trappe très rapidement.
_ Je n'en doute pas, tu seras parfaite lança-t-elle en m'adressant un immense sourire. Ensuite, la voyant se lever, je fis de même. Lentement, elle me raccompagna à la porte en me donnant les horaires de mes rendez-vous pour la journée. Je la remerciai pour son hospitalité, remerciements auxquels elle répondit par un petit sourire gêné. A ce soir, Hermione conclut-elle finalement en refermant la porte alors que je venais à peine de passer le palier. Je restai circonspecte durant quelques secondes, incapable de comprendre la véritable raison de cette entrevue. Je m'étais attendue à des questions et pas à ce débat silencieux et ses regards en coins.
_ Ne t'inquiète pas, ma mère n'est pas là pour te juger souffla une voix derrière moi. Je sursautai en sentant un souffle dans mon cou.
_ Marius soupirais-je alors en me retournant. Depuis une semaine, il s'évertuait à me faire peur, me surprendre au moment où je m'y attendais le moins et le pire, c'était qu'il y parvenait à chaque fois. Tu n'es pas en train de comploter quelque part, c'est étrange lui fis-je finalement remarquer alors qu'il m'invitait à descendre les escaliers qui nous jouxtait.
_ C'est un jour très important et je ne complotais pas, j'étudiais ! Rétorqua-t-il en souriant.
_ Oh ! Je ne pensais pas que tu avais besoin d'étudier le taquinais-je afin de le froisser quelque peu.
_ Qui te dit que mon étude portait sur nos cours me répondit-il alors du tac au tac. Je m'arrêtai à sa hauteur et levai mon regard vers lui.
_ Et puis-je connaître l'énoncé de cette étude si sérieuse qui vous a occupé toute la semaine lui demandais-je en ne pouvant m'empêcher de sourire.
_ Les femmes. J'ouvrai la bouche une seconde de trop avant de reprendre une contenance. Mon expression lui arracha un rire qui me surprit mais dans lequel je le suivis. Il était de le voir se relâcher et se fut agréable pour moi de découvrir un Marius plus joyeux que celui que je voyais quotidiennement. C'était un garçon étrangement silencieux, constamment dans l'ombre écrasante de Jédusor qui ne pouvait s'empêcher de lui donner ordres sur ordres cependant j'avais eu vent de sa réputation de tombeur mais, au fond, je m'en moquais car je découvrais peu à peu un jeune homme charmant et poli, presque trop sage à côté de Jédusor et de son aura machiavélique. Aujourd'hui encore, Marius me fait penser au parfait fils d'une bonne famille … Ce qui était d'ailleurs le cas.
_ Bonjour nous lança Dorea tandis que nous entrions dans la petite salle à manger qui était réservée aux dîners intimes des Bulstrode. Avez bien dormi tous les deux ? Nous hochâmes la tête dans un même mouvement tandis que nous commandions notre petit déjeuner aux elfes. Leur présence me gênait seulement je faisais semblant de ne pas les voir ni les entendre tant qu'ils ne m'avaient montré leurs respects envers moi. Je ne relâchai jamais la pression même lorsque j'étais seule, je n'avais aucune envie d'être soupçonnée d'amitié avec les elfes ; c'était un trop grand risque pour moi. La conversation s'installa peu à peu. Dorea avait su rapidement me mettre à l'aise avec les conversations des soirées dont elle m'avait, tout de même, enseigner les sujets malgré la forte envie de Cassiopeia de sortir en ville à ce moment-là. Nous étions donc restées afin de discuter des usages courants et surtout pour m'apprendre la révérence, chose que je ne maitrisais malheureusement pas encore. J'étais, au final, peu de sûre de moi et je tremblais intérieurement depuis plusieurs jours. La nuit avait courte et je me sentais éreintée.
***
La matinée passa bien trop rapidement à mon goût tandis que je lisais tranquillement un ouvrage sur la manière de se comporter en société. Les elfes s’affairaient, silencieusement et efficacement, autour de moi.
_ Madame, il est temps de vous préparer m'annonça une petite elfe, la plus petite que je n'ai jamais vue.
Je prends mon temps avant d'hocher la tête et de poser mon livre entre les petites mains de l'elfe maigrichonne qui m'adressait un sourire hésitant. Je ne pus m'empêcher d'y répondre ce qui parut la rassurer quant à son sort. Je la vis repartir en soupirant de soulagement puisque je ne l'avais pas frappé pour m'avoir interrompu. J'avais plusieurs fois observée ce comportement chez les elfes qui me servait et cela m'intriguait énormément surtout que je n'avais rien fait ni dit sur leur service. Je remonte doucement à ma chambre afin de profiter au maximum de la vue plongeante sur l'entrée alors baignée de soleil.
_ Bonjour Madame m'accueillit un elfe alors que j'entrais. Je retins à temps un sursaut, je ne m'étais pas attendue à sa présence. Je serais votre coiffeur si cela ne vous dérange pas. Je jetai alors un regard sur lui. Il portait un magnifique petit costume fait sur mesure à vue de nez. Je détournais néanmoins le regard malgré ma curiosité, une lady ne doit jamais s'arrêter sur des détails car c'est elle qui doit être le centre de l'attention et non le contraire ! C'était l'une des premières choses que les filles m'avaient apprises lors de leur première leçon quelques mois plus tôt. Repenser à mon arrivée me plongea dans un état léthargique qui sembla convenir à l'elfe que je sentais s’affairer autour de moi. Je sentais également le stress monté à mesure que les minutes passaient. J'ignorais véritablement ce qui m'attendait et évoluer au bras de Jédusor en tant que petite amie officielle me donnait des sueurs froides. Notre « amitié » avait été nourrie, au cours du mois précédent, de salutations cordiales et de mascarades devant nos camarades. Chaque fois que Jédusor avait pris ma main pour jouer au couple, j'en avais frissonné de dégoût jusqu'à ce que je comprenne que ce dégoût n'était rien d'autre que de la peur mêlée à une légère excitation ; j'avais, dès lors, tout fait pour l'éviter le plus possible.
_ C'est terminé souffla l'elfe visiblement satisfait tandis qu'il me tendait un immense miroir qu'il maintenait avec peine.
_ Merci soufflais-je abasourdie. Ses yeux s'écarquillèrent un instant avant qu'il ne reprenne contenance et redevienne froid. Je me senti rougir et à ma plus grande horreur, j'eus du mal à le cacher. Un léger sourire apparut alors sur ses lèvres comme si je venais de lui offrir un merveilleux cadeau.
_Madame, merci à vous ! Je me nomme Antonin Barte et je suis désormais votre obligé pour le cadeau que vous venez de me faire. Depuis cinq années que je sers mon entreprise, vous êtes la première en dehors de la famille Bulstrode à me remercier pour mes services m'expliqua-t-il en s'inclinant.
_ C'est magnifique finis-je par dire afin de ne pas le remercier à nouveau puisque le moment était déjà assez gênant pour nous. Il finit par reposer le miroir contre le bord de mon lit. Je ne pus m'empêcher de fixer mon reflet.
_ Maintenant, il est temps que je vous maquille.
J'hochais la tête en fermant les yeux. Antonin Barte commença alors à me raconter sa longue vie. Je fus étonnée d'apprendre qu'il possédait bien cette entreprise mais ce qui me surprit tout à faire, ce fut d'apprendre qu'il avait pendant longtemps le serviteur d'Aleandra avant qu'elle ne le libère de ses fonctions et lui offre cette boutique de mode. Il parlait avec passion des tissus qu'il manipulait chaque jour afin de créer des robes pour les femmes de la Haute Société. Il travaillait seul, à son plus grand regret, car les autres elfes étaient effrayés par l'idée de liberté et préférait donc rester auprès de leur maître. Je fermais les poings de temps à autre à mesure qu'il avançait dans son récit, les idées qu'il émettait avait été les miennes durant longtemps ; jusqu'à ce que je doive les abandonner.
_ Terminé m'annonça-t-il enfin au bout d'une heure. Je relevais la tête rapidement ce qui fait craquer ma nuque. Je grimaçais en me massant légèrement le cou avant de jeter un regard vers le miroir.
***
_ Entrez criais-je tandis que je jetai un dernier regard à ma robe. Je ne parvenais pas à me détacher du miroir depuis le départ d'Antonin. Il avait créé un miracle visuel. J'avais été surprise et un peu déçu lorsqu'il avait sorti une simple robe bustier blanche. En voyant mon visage, il avait souri en me demandant de fermer les yeux. Je m'étais exécuté, curieuse et amusée par cette aura de mystère qu'il tentait de mettre en place. Le résultat avait été à la hauteur de mes espérances. Par-dessus, le bustier blanc, Antonin avait recouvert ma peau et la robe d'une fine dentelle dont la couleur verte faisait ressortir celle de mes cheveux et de mes yeux. La dentelle d'une finesse impressionnante semblait se confondre avec ma robe à mesure qu'elle descendait vers le sol, j'étais abasourdie par le spectacle que m'offrait mon miroir. Je ne me reconnaissais pas.
La porte s'ouvrit lentement. Je reconstituais rapidement mes expressions afin de ne pas trahir mon bonheur. Je sentis mon cœur s'arrêter lorsque je compris qui étaient mon visiteur. Il se tenait, là, face à moi et je restai coite comme une véritable idiote.
_ Tu es magnifique lâcha-t-il presque spontanément en m'adressant un sourire qui me parut timide tant il semblait gêné.
_ Merci répondis-je finalement en faisant semblant de chercher quelque chose afin de lui tourner le dos. Je ne voulais pas qu'il me voit rougir. Je n'étais pas la seule à être magnifique. En effet, il portait un smoking qui lui allait parfaitement et l'éclat de sa chemise faisait ressortir admirablement ses yeux sombres et sa peau diaphane.
_ Je suis venu voir comment tu allais m'avoua-t-il en allant s'asseoir sur le bord du lit qui affaissa légèrement sous son poids. Par peur de froisser ma robe, je restai debout, face à lui ; en vérité, je me sentais incapable de faire le moindre pas. Mes jambes flageolaient à mesure que mon anxiété montait. Je ne m'étais jamais véritablement retrouver seule avec lui ; c'était à la fois étrange et excitant.
_ Je vais bien. Et toi lui demandais-je finalement afin de combler le silence qui s'était installé après ma réponse.
_ Bien me répondit-il en se levant. Je retins un mouvement de recul malgré ma forte envie de fuir cette étrange entrevue. Il claqua alors ses mains l'une contre l'autre. Le son me fit sursauter ce qui le fit sourire, je pris cela pour une sorte d'excuse. Il me sembla détendu, souriant par rapport à celui que je côtoyais à l'école néanmoins, je dois reconnaître que malgré mon manque d'expérience et mon déroutement, ce moment me parut agréable. Un elfe apparut au bout de quelques secondes, il portait un paquet parfaitement bien emballé dans chaque main qu'il déposa sur ma console. J'espère qu’ils te plairont m'avoua-t-il, presque intimidé par l'idée que le contraire puisse arriver. J'aimerais que tu les porte ce soir, ce sont des souvenirs de famille m'expliqua-t-il en sortant précipitamment de la pièce. Je restai circonspecte et immobile tandis qu'il claquait la porte de ma chambre derrière lui. Je finis par secouer la tête au bout de quelques secondes pour tenter de recouvrer mon esprit perdu dans les méandres de mon inconscient. D'une main tremblante, j'attrapais le plus gros sur lequel se trouvait un petit mot. J'ouvris fébrilement le papier ; Tom y avait marqué d'une écriture fine une annotation à la fois personnelle et impersonnelle : Pour ma cavalière. Je me demandais alors, presque avec jalousie, s'il aurait agi de la même manière avec une autre que moi. La réponse qui me vint alors me serra le cœur ; m'en rendant compte, je décidais d'ignorer ce pincement que je ne comprenais pas encore afin de me concentrer sur autre chose. L'idée que je pouvais être amoureuse de Jédusor ne m'effleurait pas et je mis énormément de temps à me rendre compte que j'étais tombée entre ses douces mains. J'ouvris lentement le paquet mais lorsque je découvris ce qui m'attendait, je relâchai le couvercle qui tomba à mes pieds dans un bruit sourd. Une tiare couverte de perles argentées et diamants envahissait le carton. Je restai immobile, à la regarder ; n'osant la saisir par peur de la faire tomber ou pire de la casser.
_ Comment me trouves-tu hurla presque Lucretia en entrant dans ma chambre. Je sursautai en étouffant un cri de surprise. J'étais si absorbée par le présent de Tom que je n'avais pas entendu le grincement de la porte. C'est une tiare s'écria-t-elle alors en se penchant sur la boite. Elle est sublime ! J'hochais la tête, incapable de formuler une parole cohérente. Assieds-toi, je vais t'aider à la placer sur ta tête. Je m'installai en silence en veillant à ne pas froisser ma robe. Tom est un vrai gentleman soupira-t-elle en mettant en place la tiare. Et voilà, c'est arrangé s'exclama-t-elle, fière d'elle au bout de quelques minutes. Je jetai un œil à mon miroir malgré mon appréhension. Je fus presque intimidée par mon propre reflet tant il me sembla étranger et attirant. Je me sentais belle et forte mais je ne parvenais pas à me reconnaître parce qu'au fond de moi, je savais qu'il y'avait un réel décalage entre mon attitude aristocratique et ma nature profonde.
_ Ou as-tu appris à faire cela finis-je par demander à Lucretia avant tout pour me détacher de mes pensées.
_ Ma famille n'est pas aussi riche que mon père le voudrais, nous n’avons pas les moyens de nous payer un styliste alors ma grand-mère m'as appris à me coiffer comme les autres. J'ai mis du temps à y parvenir mais je crois que je suis assez douée dans ce domaine m'expliqua-t-elle en terminant en haussant les épaules.
_ Tu es douée en effet ! Je la vis rougir mais fit semblant de ne pas le remarquer. Lucrétia était la moins valorisée de nous quatre et elle était, surtout derrière sa façade enjouée, celle qui avait le plus souffert de son statut inférieur dans cette absurde hiérarchie. Et tu es superbe dans cette robe finis-je par lui dire en me rappelant la question qu'elle m'avait posé en entrant.
_ Merci me répondit-elle en se dirigeant vers la sortie. Nous n'aurions pas pu rêver mieux comme princesse … et amie chuchota-t-elle avant de refermer la tête. Je crus avoir mal entendu au début mais mon esprit accepta finalement ce qu'elle avait prononcé. C'était la première fois que l'une d'elle reconnaissait notre amitié à voix haute. Son aveu me réchauffa le cœur et apaisa mes tourments pour un petit moment.
La deuxième boite gisait encore sur la tablette de marbre qui avait servi pour les accessoires d'Antonin. Elle était beaucoup plus petite que celle qui avait comporté la tiare. J'hésitai longuement à l'ouvrir par peur de découvrir un autre magnifique présent. Je n'avais pas véritablement envie de remercier Jédusor pour ces présents dont la magnificence me semblait louche. Je le soupçonnais alors de vouloir m'acheter et cette simple idée me répugnait. Au fond de la boite se trouvait un petit écrin noir que je saisissais, presque fascinée. J'ouvris fébrilement l'objet de ma curiosité. Sur un petit coussin vert pâle se trouvait un fin anneau argentée sur lequel se trouvait une petite pierre verte qui semblait luire dans la pénombre qui s'était installée dans la pièce à mesure que le soleil descendait vers l'horizon. Je l'essayais avec appréhension, l'anneau se régla immédiatement au contour de mon doigt. Il me semble l'avoir admirer pendant des heures, jusqu'à ce que Marius vienne me chercher.
_ Il est l'heure m'annonça ce dernier en entrant. Je relevai alors la tête vers lui et lui adressait un sourire qui sembla le déstabiliser. Sur le moment, je pris cela pour de la surprise. Quelle idiote j'étais ! Tandis que je me relevai, et admirait ma robe une dernière fois dans le miroir afin de vérifier que je ne l'avais pas abîmée, il me tendit son bras que je saisis. Nous remontâmes lentement le couloir. A l'approche de l'escalier, je remarquai que la longueur pièce avait été allongée de plusieurs dizaines de mètres afin de pouvoir accueillir toutes les prétendantes qui devait descendre l'escalier d'honneur une à une pour être présentées. Mes mains tremblaient si bien que Marius finit par poser sa main sur l'une des miennes, son geste m'apaisa presque immédiatement. A notre approche, toutes les prétendantes se retournèrent vers moi. Je relève alors la tête afin de les jauger mais avant tout pour ne pas me laisser intimider malgré mon envie de disparaître vers un trou de souris. Marius me désigna les filles qui me firent un discret signe pour que je les rejoigne. Je lâchai son bras en lui adressant un dernier sourire.
_ Tu as été magistrale, elles sont toutes morte de jalousie ricana Lucrétia en jetant un discret coup d’œil par-dessus son épaule. Je me plaçai stratégiquement pour n'avoir à regarder que l'horrible tableau d'un des ancêtres de Cassiopeia.
_ J'aimerais disparaître avouais-je alors aux filles tandis que j'entendais ci et là quelques commentaires sur mon entrée. Suis-je la seule à porter une tiare fis-je remarquer en désignant la tête nue de mes camarades.
_ Bien sûr rétorqua Daphné en soupirant de désespoir. Des trois, elle était celle qui était le moins laxiste avec moi au sujet de mon éducation. Sa réponse sèche me blessa mais je découvris, plus tard, que c'était, avant tout, la peur de me voir rejeter qui lui dictait ce comportement autoritaire envers mon ignorance. A mesure que le château se remplissait de bruit, je sentais le stress se rappeler à mes bons souvenirs. L'excitation se faisait de plus en plus forte du côté des filles qui patientaient en attendant l'arrivée de tous les invités. Les filles avaient rapidement entamé une conversation que je ne suivais pas, trop absorbée par mes inquiétudes et mes peurs. Au bout d'une interminable heure, Lucretia fut appelée. Elle nous adressa un sourire timide avant de descendre les marches vers la salle de bal. Quant à Daphné, lorsque vint son tour, elle releva la tête et se dirigea avec assurance vers son destin.
_ N'aie pas peur, respire et ne pense à rien … Tu seras parfaite me glissa Cassiopeia tandis qu'elle m’entraînait vers les marches alors que l'antépénultième inconnue disparaissait de notre vue. J'inspirai fortement afin de calmer les battements de mon cœur.
_ Bulstrode Cassiopeia.
Presque inconsciente de ce qui se passait véritablement, je regardai mon amie disparaître de ma vue. Je frissonnai en me retournant sur le couloir vide. J'avais l'impression que ma tiare pesait une tonne sur ma tête.
_ Granger Hermione.
L'entente de mon nom fut un véritable électrochoc. Je me reprenais en inspirant avant d'entamer la descente des marches. Je posai une main sur la rambarde afin de me soutenir. Le contact du bois sous ma main me rassura. Cette sensation était concrète et je me raccrochais à cette idée. Je veillais à relever la tête et à éviter le regard de tous ceux qui me fixaient. La descente me parut longue jusqu'à ce que j'aperçoive Jédusor. Il se tenait au pied de l'escalier, m'attendant patiemment avec un large sourire peint dans ses yeux. Je le sentais me dévorer et je me laissais happée par cette sensation agréable. Arrivée à sa hauteur, il me tendit son bras et que je pris avec plaisir. Il était un appui, un maintien. Il me conduisit alors au milieu de la pièce. Cassiopeia m'adressa discrètement un sourire d'encouragement auquel je répondis malgré les forces qui semblait vouloir scellée ma bouche.
_ Bienvenue à tous claironna alors Aleandra en s'installant sur la première marche de l'escalier afin de surpasser les invités. Tous se tournèrent immédiatement vers elle. Je tiens, avant tout, à souhaiter à nos enfants qui ont fait leur entrée dans le monde ce soir, une excellente et heureuse vie et je prie pour que ce moment reste à jamais graver dans vos mémoires … Maintenant, je vais laisser la parole à notre prince conclut-elle, en adressant à Tom un signe de tête, tandis qu'il me lâchait le bras afin de la rejoindre. Je me retins de le retenir, sentant les regards et la curiosité des autres invités planer autour de moi. Je vis Jédusor la remercier en déposant un délicat baiser sur sa joue. Ce geste qui n'était, au fond, qu'une marque de supériorité me serra le cœur tandis que je le regardai s'installé au côté de mon hôte.
_ Bonsoir claironna-t-il en s'arrêtant sur plusieurs visages parfois pendant plusieurs secondes. . Je ne me retournai pas sachant que cela serait mal venue de ma part de laisser ma curiosité l'emporter sur mon savoir vivre. Mes amis et camarades de Poudlard, cette soirée marque, pour beaucoup d'entre nous, le premier pas vers notre future vie. Ce soir, des unions seront signées et je tiens à vous souhaiter, à tous, le bonheur que je vis chaque jour depuis que j'ai rencontré le mien, Hermione. Comme s'il l'avait mainte fois répété, il plongea lentement son regard dans le mien. Je compris alors, bien trop tard, que j'étais tombée dans un piège minutieusement construit. Hermione chuchota-t-il comme s'il était submergé par l'émotion. Je laissai naître un large sourire sur mes lèvres, tentant du mieux que je pouvais de paraître amoureuse et heureuse de cette débâcle de sentiments en public. Je sentais les regards curieux qui effleurait ma peau, je retenais du mieux que je le pouvais les spasmes de dégoût qui m'effleurait, à chaque fois, que mon cerveau me hurlait de fuir cette mise en scène. Je restai immobile, je ne parvenais pas à détacher mon regard du sien tandis qu'il s'avançait vers moi. Il s'arrêta si près de mon visage que je suis alors parvenue à identifier l'odeur de son dentifrice. Ma respiration se bloqua instinctivement lorsque je vis naître sur ses lèvres un sourire maléfique. J'eus, pour la première fois depuis mon arrivée, l'impression de retrouver Voldemort en Tom Jédusor. Il m'avait eu et j'étais à sa merci, une poupée de chiffon entre ses mains. Veux-tu être ma femme souffla-t-il alors comme s'il était au bord de l'émotion. Je fermai les yeux, un instant, afin de me reprendre ; avant de lier à jamais ma vie avec lui.
_ Oui lâchais-je finalement dans un souffle.
Un tonnerre d'applaudissements se déclencha après un léger silence comme si cette annonce était un choc. Jédusor posa alors une main autoritaire sur ma taille afin de me signifier que je devais me retourner. Je m’exécutai en lui lançant le regard le plus meurtrier que j'avais en réserve. Tous s'inclinèrent alors devant nous.
_ Dansons clama-t-il alors en claquant dans ses mains. Le décor changea subitement autour de nous ce qui fit pousser quelques oh admiratifs chez certains. Immédiatement, les sangs purs s'écartèrent de ceux qui avaient osé montrer leur admiration comme si on leur avait déclaré qu'ils avaient la peste. Jédusor resserra alors sa prise sur ma taille, voyant que j'étais déconcertée par l'agissement des autres, afin de m’entraîner dans la danse d'ouverture du bal. D'un geste sec du bras, il me rapprocha de lui si bien que nos corps se frôlaient à chacun de nos mouvements. La danse n'avait rien de sensuel, nos gestes étaient mécaniques et je cherchais par n'importe quel moyen à m'éloigner de lui et de son piège. Je ne parvenais pas à réfléchir. Chaque fois qu'une idée me venait, il me faisait tourbillonner ce qui me faisait perdre mes repères et malgré mon envie de lui coller une réplique bien acérée en pleine face, je ne parvenais à formuler la moindre idée dans mon esprit un peu sonné. Je me contenais difficilement et chaque fois que mon cerveau m'intimait de partir, je pensais à la raison qui m'avait amené ici. Je devais le changer ou si je n'y parvenais pas, le tuer … Le mariage était, au fond, une solution idéale pour un rapprochement entre nous mais je n'en avais aucune envie. Je le sentais dangereux et malgré ma maîtrise de la magie qui équivalait la sienne, je n'étais pas maître dans l'art de la manipulation. Pour la seconde fois de la soirée, je me surpris à penser que vouloir vaincre Voldemort seule n'était pas une si bonne idée que cela.
_ Un jour, tu viendras vers moi et tu t'offriras à moi chuchota-t-il à mon oreille, profitant d'un rapprochement subit pour me le souffler. Un lent frisson me traversa alors ce qui ne fit qu'élargir son sourire.
_ Pas si tu continues à te comporter comme un rustre, je répliquais immédiatement. Je me blâma intérieurement pour n'avoir pas trouver mieux mais pour une raison que j'ignorais, je me sentais fatiguée et je n'avais, au fond, aucune envie de me battre contre lui mais il m'y obligeait, à chaque fois !
_ Tu devais accepter et j'ai pensé qu'une occasion pareille ne se présenterait pas deux fois m'expliqua-t-il comme si cela pouvait représenter des excuses.
_ Quel romantique tu fais raillais-je tandis qu'il me faisait basculer vers le sol. Il plongea alors son regard dans le mien alors que je me trouvais à quelques centimètres d'une chute monumentale et mémorable. Son sourire s'adoucit alors comme si ma réponse l'amusait au fond.
_ Il est vrai que j'aurais pu l'être reconnut-il en me relevant. Afin de ne pas me laisser le temps de répondre, il m’entraîna dans notre deuxième danse. A mon plus grand bonheur, les autres couples nous rejoignirent, remplissant ainsi la piste. Les regards n'étaient plus focalisés sur notre étrange union ; nous pouvions enfin nous disputer avec discrétion.
_ Je ne veux pas être ta femme lui crachais-je alors que nous retournions dans les bras l'un de l'autre après quelques secondes dans les bras d'un parfait inconnu.
_ C'est pour cela que je ne t'ai pas laissé le choix rétorqua-t-il avec logique.
_ Crois-tu véritablement que tu seras heureux avec moi lui demandais-je alors en priant pour que cette idée l'éloigne de moi.
_ Je ne cherche pas à être heureux souffla-t-il en me passant au bras de Marius. Ce dernier me fit évoluer durant plusieurs minutes autour de la piste avec beaucoup plus de légèreté que Jédusor qui, lui, cherchait à me retenir à tout prix. Je me laissais aller à ces quelques instants de paix et riait même avec Marius. Je sentis alors sur nous l'intense regard de Tom ce qui me refroidit légèrement, je ne voulais pas apporter de problème à mon ami qui le remarquant également préféra se taire pour le reste de la danse.
_ Pardonne-nous chuchota-t-il alors que la musique venait de s'arrêter et que Tom se dirigeait vers moi pour notre troisième danse.
_ Vous saviez soufflais-je, outrée mais je ne pus l'interroger puisqu'il avait déjà fui à l'autre bout de la pièce pour rejoindre sa cavalière.
_ Pourquoi être si outrée par ma demande me questionna-t-il finalement après plusieurs minutes de silence comme s'il ne pouvait plus le supporter. Je soupirai intérieurement qu'il ait repris la parole même si mon obstination à garder le silence n'était qu'un pur caprice infantile.
_ Parce que je sais que notre mariage signe mon arrêt de mort, Jédusor. Tu penses que les gens t'appartiennent or je ne veux appartenir à personne ! En me forçant à accepter, tu m'as fait perdre mes ailes tentais-je de lui faire comprendre maladroitement. J’espérais que cette raison lui suffirait et qu'il ne chercherait pas plus loin. Je ne me sentais pas capable de lui expliquer la véritable raison.
Au fond, je crois que la demande en mariage de Tom fut la plus grande claque en pleine figure que m'envoya l'univers. Je compris alors que si je voulais réussir ma mission, je devrais sacrifier bien plus que mon passé. Mon âme allait brûler. En enfer.
_ Tu seras ma femme, tu feras ce que je te dirai …. Ça sera plus pratique pour moi ajouta-t-il précipitamment à la fin comme si cela justifiait son point de vue et sa demande.
_ Je ne vois pas le mariage comme une union qui apporte des avantages à l'un tandis que l'autre se voit devenir un esclave. Tu ne m'enfermeras pas dans une cage, je me battrai …
_ Peut-être qu'avec le temps, je pourrai t'accorder une certaine liberté concéda-t-il tandis que nous continuions à frôler les autres couples qui évoluait à nos côtes. Durant un instant, j’aperçus Lucrétia au bras de son fiancé. Je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils en voyant les cheveux roux de ce dernier. Son visage m'était familier, je l'avais déjà rencontré mais je ne parvenais pas à me souvenir où. Ce fut Jédusor qui me ramena à la réalité en me faisant tournoyer sur moi-même durant quelques secondes.
_ Personne ne peut être modérément libre, Jédusor surtout pas moi finis-je par rétorquer tant bien que mal surtout qu'il s'évertuait maintenant à éviter du mieux qu'il pouvait mes paroles, sentant bien que je n'avais aucune envie de le laisser gagner cette manche.
_ Tom. Je m'appelle Tom soupira-t-il finalement alors que nous terminions la danse dans les bras l'un de l'autre.
_ Tom, mon père souhaite te parler annonça Marius en s'approchant de nous. Immédiatement, il me lâcha la taille et commença à s'éloigner avant de s'arrêter et de faire machine arrière. Il déposa alors un délicat baiser sur ma joue en m'adressant un sourire qui me parut, pour une fois, naturel.
_ Nous discuterons plus tard des termes de notre contrat glissa-t-il à mon oreille avant de retourner auprès de Marius qui l'attendait. Je les regardai s'éloigner un instant avant de reprendre mes esprits. Je ne parvenais pas à identifier le gagnant de notre match verbal et cela m'exaspérait au plus haut point. Et ce baiser … m'agaçait.
_ Allons sur le balcon, l'air frais te fera du bien chuchota Cassiopeia en m’entraînant vers notre destination. Je me laissai guider jusqu'à l'extérieur. Il ne faisait pas froid, le balcon avait été protégé de manière à ce que la température ne soit pas différente entre les deux pièces attenantes.
_ Vous saviez explosais-je alors à voix basse après avoir vérifié que personne ne pouvait nous entendre. Je veillais cependant à ce que notre conversation paraisse amicale aux yeux de ceux qui nous fixaient discrètement.
_ Seulement les garçons, Marius me l'a avoué avant que mère ne prononce son discours m'expliqua-t-elle, visiblement paniquée à l'idée que je lui en veuille.
_ Laisse tomber, il est trop tard pour les reproches maintenant lui concédais-je en attrapant quelques mignardises qui nous furent présentées par un elfe que je regardai à peine. J'étais bien trop préoccupée par mes fiançailles.
_ Daphné ne tarit pas d'éloges sur cette nouvelle m'avoua-t-elle en se penchant pour regarder les elfes qui s'affairait en contrebas afin d'aider un invité qui ne tenait visiblement pas l'alcool.
_ Et Lucrétia demandais-je curieuse de savoir ce que mes amies pensaient de mon union.
_ La même chose que moi ; que c'est un piège et qu'il cache quelque chose !
_ La question est de savoir quoi …
_ Ou alors il t'aime véritablement mais il est incapable de s'y prendre correctement donc il fait tout à l'envers tenta Cassiopeia en faisant mine de réfléchir.
_ On parle de Jédusor là raillais-je en avalant un petit gâteau à la citrouille. Il nous fallut quelques secondes avant de comprendre le sens de ma remarque et de rire discrètement. Pour la première fois depuis la demande, je sentis le poids sur mes épaules s'alléger. Rapidement la conversation dévia sur des sujets futiles et légers qui me permirent d'oublier ma situation durant quelques minutes. Lucrétia nous rejoignit finalement puisque son cavalier l'avait abandonné car sa mère malade souhaitait rentrer chez eux. Elle était seule mais elle semblait rayonner et souriait bêtement. J'étais heureuse de la voir ainsi. De nous toutes, elle était la plus démunie et savoir que sa famille lui avait trouvé un bon fiancé était une bénédiction. La salle se vidait peu à peu tandis que nous restions, toutes les trois, à discuter paisiblement afin de ne penser à rien. Les garçons se trouvaient non loin de nous et discutaient calmement. Je sentais le regard de Marius sur ma nuque. Je n'avais pas été très amicale avec lui alors qu'il s'était excusé. Je lui lançai alors un sourire à la dérobée afin de lui montrer que je n'étais pas fâchée contre lui, ce qui sembla le soulager puisque son attitude se fit plus détendu presque immédiatement. Daphné arriva finalement pour nous dire au revoir puisqu'elle était la seule à devoir rentrer chez elle ; le deuil qu'elle devait porter l'y obligeait.
_ Il est l'heure de partir rejoindre Morphée, mesdemoiselles nous annonça Aleandra en s'avançant vers nous. Les hommes doivent discuter nous expliqua-t-elle en nous forçant à rentrer dans la salle de bal déserte. Seuls les serpents et leur parents étaient présent, l'ambiance, quant à elle, était devenue presque étouffante tant une aura de conspiration semblait s'être installée durant notre séjour à l'extérieur. Lucrétia et Cassiopeia m'accompagnèrent lentement jusqu'à l'étage où nos chambres avaient été déplacées pour la nuit.
_ Au fait, qui était ton cavalier demanda Lucretia en fixant Cassiopeia.
_ Oh ! Un Gryffondor du nom de Jean je ne sais plus … ça n'a pas grande importance balaya-t-elle d'un geste de la main.
_ Il n'est pas sensé devenir ton futur mari la questionnais-je en me disant que jamais, je n'arriverai à comprendre leurs univers et son immense tas de règles plus absurde les unes que les autres.
_ Marius doit se marier avant moi. L'homme d'abord !
_ Au lit jeunes filles rouspéta Aleandra en nous apercevant dans le couloir alors qu'elle descendait l'escalier de l'étage supérieur. Immédiatement, les filles allèrent rejoindre leur chambre sous l’œil inquisiteur de mon hôte qui finit par disparaître rapidement de mon champ de vision. Je restai pantoise durant quelques secondes devant ma porte, choquée par la révélation de Cassiopeia. Je trouvais cette idée stupide et terriblement arriérée. L'atmosphère douce de ma chambre m'accueillit chaleureusement et cela me fit du bien. Je m'installai à ma coiffeuse afin de défaire ma coiffure. M'asseoir me fit du bien et me permis de prendre conscience de ce qui venait réellement de se passer. Délicatement, je déroulai mes mèches une à une afin de ne pas abîmer la tiare que je finissais par poser avec soulagement dans sa boîte, en sécurité. Mes mains tremblaient pour une raison que je ne parvenais pas à identifier. Mon cerveau était saturé par un trop plein d'information et je n'avais envie que d'une chose : dormir. Mes doigts effleurèrent alors la bague qu'il m'avait offerte, celle de sa famille. De laquelle me demandais-je alors en fixant l'objet. La porte s'ouvrit alors que je m'apprêtais à retirer mon collier.
_ Je vais t'aider souffla Jédusor en s'approchant de moi. Je laissai alors retomber mes mains en m'intimant, intérieurement, de ne pas effectuer le moindre geste. Je n'avais qu'une envie, le frapper ; le frapper jusqu'à ce qu'il revienne sur sa stupide demande seulement je savais que j'étais face à un adversaire bien plus coriace et cruel que moi alors je ne bougeai pas. J'attendais, dans l'expectative, le moment où je pourrais lui porter un coup fatal, celui qui le ferai vivre une vie heureuse ou au contraire, celui qui le tuerai. Doucement, il retira le collier de mon cou, effleurant ma peau au passage ce qui fait naître de léger frisson au niveau de mes reins. Je fus surprise de ressentir une telle sensation agréable alors que je le haïssais de toute mon âme. Sentant ma réaction, il repassa ses doigts le long de ma gorge. Instinctivement, mon souffle se bloqua dans ma gorge pour m'interdire de soupirer … De quoi me demandais-je alors, de bien être, de bonheur, de … désir ? Mon cerveau était plongé dans un épais brouillard dont je ne parvenais pas à m'extraire. Engourdie par ces sensations nouvelles, je le laissais faire.
_ Je ne serai jamais ta femme lâchais-je alors qu'il approchait ses lèvres de mon cou.
_ Et si je parvenais à te convaincre, accepterais-tu d'être mienne souffla-t-il à mon oreille.
_ Tu n'y arriveras jamais.
_ Ne jamais dire jamais ironisa-t-il alors en attrapant ma main afin que je me relève. Ce geste me réveilla définitivement de la torpeur dans laquelle j'étais plongée quelques secondes plus tôt. J'aimerais que tu te laisses faire m'expliqua-t-il en se mettant à genoux face à moi. J'entamai un mouvement de recul mais il me retint avec force. Je ne vais pas te blesser souffla-t-il pour me rassurer. Ne l'étant pas pour autant, je me décidai à le laisser faire en priant pour qu'il disparaisse rapidement de ma vue. Sa présence réveillait en moi des sensations que je ne voulais pas explorer car je sentais déjà qu'elles me coûteraient mon âme. Lentement il déplia mes doigts un à un afin qu'il soit tendu face à son visage. De la main gauche, il sortit alors un anneau argenté qu'il glissa lentement à mon doigt. Je le regardai fascinée par ce geste presque trop ordinaire pour lui. J'espère que ce gage te fera changer d'avis sur moi murmura-t-il en se relevant.
_ Merci soufflais-je, malgré ma méfiance, en regardant le fin anneau recouvert d'une ligne verte qui semblait luire dans la pénombre de la chambre.
_ J'aimerais que tu sois ma partenaire m'expliqua-t-il alors en s'approchant de moi. Subjuguée par son changement subit d'attitude, je le laissais faire. J'ignore ce qui m'attire chez toi mais je sais que je te veux plus que tout. Je te veux, Hermione Granger mais je sais que mon envie n'est pas réciproque alors laisse-moi te prouver que tu te trompes sur mon compte … Laisse-moi être ton mari. Son ton était neutre pourtant je sentais la tension qui résidait dans ses paroles, comme si l'idée que je me refuse à lui l'effrayait. Etait-il possible qu'il soit amoureux de moi. Cette question ne cessait de tourner dans mon esprit, tout allait dans ce sens, de ses insistances à ses crises chaque fois que je disparaissais. Lentement, il plaça son bras autour de ma taille afin de m'attirer à lui. Je le laissai faire, curieux de connaître la suite. D'un geste, il m'attira contre lui. Nos corps se frôlaient silencieusement tandis que nos respirations se faisaient entendre, emplissant la pièce d'un silence gêné. Ses doigts glissèrent dans mes cheveux me faisant fermer les yeux sous ce geste qui m'apaisait, je sentis ses lèvres me frôler et dans un total moment d'égarement divin, je finis par lui offrir ce qu'il attendait de moi : mon âme. Ses lèvres douces se pressèrent contre les miennes. Nous restâmes ainsi durant quelques étranges secondes avant que nos passions, nos haines ne se heurtent l'une à l'autre pour intensifier ce moment léger et doux comme une plume. Il m'enserra alors plus fort dans son étau si bien que même si je l'avais voulu, je n'aurais pu m'échapper de sa poigne. Au bout d'interminables secondes, il me relâcha et s'éloigna de moi comme si je l'avais brûlée. Son recul me permis de reprendre mes esprits au triple galop.
_ Tu seras une parfaite partenaire déclara-t-il alors en essuyant sa lèvre couverte de sang. L'avais-je mordu ? Mon esprit était si confus sur ce qui venait de se passer que je ne parvenais pas à savoir ce que j'avais fait exactement. Je l'avais embrassé mais mordu … cela ne me ressemblait pas. Je savais qu'il réveillait en moi une haine farouche mais ça, ce geste-là, je ne l'avais pas envisagé. Que la rage puisse se transformer en une passion dévorante ne m'avait jamais effleuré l'esprit.
_ Qu'aurais-tu fait si j'avais refusé lui demandais-je alors que nous étions silencieux depuis quelques minutes.
_ Je t'aurai tué.
Je su, avant même qu'il n'ouvre la bouche, ce qu'il allait répondre. Sa réponse ne fit que confirmer mes pires soupçons. Il m'aimait. Tom Jédusor était amoureux de moi, amoureux de la manière la plus étrange et la plus effrayante qui soit or comme une idiote, je venais de rentrer dans son jeu dévastateur.
Et pire que tout, j'ai aimé ce jeu qui me forçait à être une autre que moi-même. Peu à peu, Jédusor me fit tomber dans ses propres ténèbres. Non pas à coup de sort mais simplement en m'ouvrant son cœur de la manière la plus maladroite possible, en étant l'homme que j'avais appris à comprendre depuis mon arrivée. Derrière chacune de ses attitudes, je comprenais désormais ce qu'il taisait et j'ai voulu croire que cette lumière vacillante qui régnait au fond de son âme pouvait être ravivée.
Ce jour-là, j'ai vendu mon âme à Satan.