Apprends moi à te haïr
Chapitre 15 : Le journal de Tom Jédusor
3721 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 27/07/2015 23:25
J'aime entendre son souffle tranquille s'élever dans l'air. Sa poitrine se soulève lentement, elle semble endormie, la tête posée sur mon épaule. L'herbe est humide mais cela ne me dérange pas, au contraire, cette sensation me rappelle, à chaque instant, que je ne suis pas en train de rêver. Je fixe l'immensité du lac noir depuis ce qui me semble être des heures, peut-être même est-ce le case. J'ai presque l'impression d'être devant une peinture tant la nature me semble calme et silencieuse.
_ Et pour le devoir finit-elle par chuchoter faisant subitement voler en éclat le rêve enchanteur que je vivais.
Je mets quelques secondes à saisir sa question avant tout parce que je ne m'y attendais pas. Je dus lutter pendant plusieurs secondes pour enfin revenir à ma préoccupation première, le devoir de potion. Nous n'avions encore rien fait et même si cela ne m'inquiétait pas véritablement, j'ai pris la décision d'utiliser ce motif pour que nous nous rapprochions encore. Je suis étonné de l'avancée de notre relation mais cela ne me satisfait pas encore suffisamment, je la sens méfiante par moment comme si elle avait peur de moi. Je l'apprivoise peu à peu, elle est tel un chat effrayé qui a appris à aimer son maître.
_ On prendra une décision plus tard, j'ai rendez-vous avec Slughorn dans peu de temps je lui avoue. Elle relève en me fixant mais je ne parviens à décrypter ses émotions, elle les cache trop bien.
_ Séparons-nous alors finit-elle par murmurer en se relevant précipitamment. Je retiens un soupir par peur de la vexer même si je ne comprends sa réaction. J'ai presque l'impression qu'elle n'approuve pas l'idée de ce rendez-vous comme si elle connaissait, par avance, mes intentions. Je secoue finalement la tête, c'est impossible. Lentement, nous retournons vers le château tandis que le ciel se couvre peu à peu de nuages noirs. Nous parvenons à temps dans les couloirs au moment où une légère pluie commence à pointer le bout de son nez. A ce soir chuchote-t-elle en se dirigeant vers la bibliothèque. Je reste sur place un long moment avant de saisir qu'elle est partie. Elle est une telle énigme que j'ai souvent l'impression qu'elle est plus difficile à comprendre que la magie noire.
_ Tom hurle presque une voix mielleuse que je reconnaîtrais entre mille. Walburga. Je serre les poings afin de calmer mes émotions, la colère que je sens naître en moi. Je te cherchais précise-t-elle en s'approchant, trop près, de moi. Je m'esquive à temps lorsqu'elle cherche à saisir ma main. Je lis la déception dans ses yeux mais elle ne prononce rien tout en restant sur place. Tu ne viens plus me voir après le dîner finit-elle par murmurer, presque au bord des larmes après de longues minutes de silence. Cette fois-ci, je ne peux m'empêcher de laisser un soupir, lourd de sous-entendu, s'échapper de mes lèvres.
_ Tom s'écria Abraxas en m’apercevant depuis l'autre bout du couloir. Ravi qu'il m'offre une aussi belle échappatoire à une conversation que je n'avais aucune envie de continuer, je lui fis signe de nous rejoindre. Nous te cherchions avec Marius, c'est l'heure. J'hoche la tête en le remerciant intérieurement.
_ Plus tard, je chuchote à Walburga tout en prenant soin de la frôler de manière à toucher son corps. Immédiatement, elle se détend et se retire en nous souhaitant une excellente soirée, un sourire niais pendu sur les lèvres. Je ne l'aime pas mais je n'ignore pas qu'une femme amoureuse est plus utile et fidèle que n'importe quel homme qui se dit votre ami. Je laisse un micro-sourire m'échapper en pensant que j'ai réussi à m'en sortir sans trop de mal mais immédiatement se superpose à l'image d'une Walburga docile et manipulable, celle d'Hermione qui me paraît presque une lionne farouche que je dois apprivoiser. Tous m'obéissent, qu'importe l'ordre que je leur donne tandis qu'elle me résiste, me répond avec hargne, se bat contre le moule dans lequel elle va devoir rentrer. Néanmoins je dois bien reconnaître que si elle ne se battait pas de cette manière-là, mon intérêt pour elle serait moindre. J'ai la sensation de me battre contre moi-même, mes pulsions lorsque je suis avec elle ; comme si elle faisait ressortir, chez moi, une partie inconnue de ma personnalité. J'ai presque envie de me laisser guider, de la laisser me montrer ce qu'elle appelle l'amour mais chaque fois qu'elle me quitte mon ambition revient, toujours plus avide.
_ Aeria prolongis chuchote Abraxas alors que nous venons d'arriver devant la porte du bureau de Slughorn. La porte s'ouvre face à nous. J'entre, laissant Abraxas derrière moi. Marius est déjà assis, presque nonchalamment dans un siège qui jouxte une chaise vide placé stratégiquement aux côtés de Slughorn. L'appartement privé de ce dernier est immense mais je le trouve trop fastueux, trop exubérant pour un simple professeur. Le luxe et le pouvoir sont les talons d'Achille de ce professeur. De tous, il est celui qui est le plus facilement manipulable. Slughorn a baissé les sièges de manière à ce que les élèves ne le dépassent pas en hauteur. Tous paraissent petits face à l'énorme ventre sur pattes que renvoi le petit homme qui est face à moi. Lentement je fais le tour de la table et rejoins la place qui m'est alloué depuis ma première année ce qui fait naître immédiatement un large sourire sur le visage pataud de Slughorn. Abraxas quant à lui se trouve placé à l'autre bout de la table, près de la porte d'entrée comme s'il était exilé d'avance de cette étrange assemblée, mélange des quatre maisons. Afin de reprendre contenance avant de commencer la réunion, Slughorn passe l'une de mains potelées dans sa chevelure jaune paille tout en prenant soin au passage de remettre en place sa moustache brune rousse tandis qu'il ordonne aux carafes de servir l'excellent vin qu'un ministre ou autre homme important dans le monde magique n'a pas manqué de lui offrir dernièrement. Je le fixe du coin de l’œil tout en me demandant, comme d'habitude, comment les boutons de sa veste font pour maintenir une pression qui semble dantesque. Finalement, il pose ses pieds sur un petit trépied couvert d'un épais coussin au velours vert sombre alors qu'il enfourne, avec avidité, les ananas confits que son elfe vient, à peine, de disposer sur la table. Les derniers invités arrivent peu à peu, presque au compte-goutte. Je hais ces réunions absurdes qui ne servent, au final, que les intérêts de Slughorn et non les miens ; seulement, aujourd'hui, ce sera tout le contraire.
_ Bonsoir à tous prononce enfin Slughorn en suçotant ses doigts recouvert de sucre. Immédiatement tous lui renvoi la politesse en commençant à se servir allégrement dans des plats déjà bien entamés par notre hôte.
_ Monsieur, est-il vrai que le professeur Têtenjoy va prendre sa retraire, je demande d'un ton badin en parlant suffisamment bas pour que Slughorn pense que je pense que je me sens proche de lui mais assez fort pour que les autres entendent. Tous relèvent la tête tout en laissant leurs regards curieux vagabondé de Slughorn à moi.
_ Tom répond ce dernier tandis qu'un petit rire nerveux semble le secouer. Tom répète en se penchant vers moi. Même si j'étais au courant, je ne pourrai vous le dire continue-t-il, presque calme, en agitant un index réprobateur vers moi. Je me recule afin d'éviter le sucre qui semble vouloir s'échapper d'une mort certaine cependant son effet de professeur fâché par ma question s'efface au moment où il me lance un clin d’œil évocateur. Je dois avouer que j'aimerais savoir d'où vous tenez vos renseignements, mon garçon. A l'entente de cette appellation dont il est si fier, je serre les poings sous ma cape pour me calmer. Vous êtes mieux informés que la moitié des enseignants de cette école. Je hausse les épaules comme pour dire que ce n'était qu'un bruit de couloir que j'avais entendu et répéter bêtement ce qui fait naître un sourire soulagé sur ses épaisses lèvres. Il ne doit pas comprendre, surtout pas comprendre que j'obtiens mes renseignements par le biais de la légilimancie. Tous me regardent avec respect sauf les Gryffons notamment Henri Potter qui lui me jette des regards meurtrier depuis l'autre côté de la table. Je le hais, lui et ses cheveux noirs en bataille, je hais son petit air trop sage d'enfant qui a grandi dans l'insouciance et l'idée qu'Hermione et lui soit ami me répugne. L'idée de l'éliminer me traverse l'esprit et surtout m'intéresse. Avec votre étrange aptitude à connaître des choses que vous devriez ignorer et le soin que vous prenez à flatter les gens important continue Slughorn en poussant un petit gloussement de plaisir en apercevant un deuxième plateau d'ananas confit arriver. Au fait, merci mon garçon pour l'ananas commence-t-il en prenant plusieurs d'un coup entre ses doigts faisant ainsi dégouliner le sucre sur sa robe dorée. Vous aviez parfaitement raison, c'est mon en-cas préféré en joignant le geste à la parole. J'ai l'impression de voir un ogre affamé ce qui me fait retenir un haut le cœur. Les Serpents rient sous cape en regardant l'étrange spectacle que forme Slughorn et le sucre qui lui dégouline avec sa précieuse moustache. Je ne doute pas vous deviendrai ministre de la Magie dans vingt ans. Quinze si vous continuez de m'envoyer des ananas ! J'ai d'excellents contacts au Ministère continue-t-il. Pour toute réponse, je me contente de sourire en hochant doucement la tête tandis que les Gryffons semblent, tous, pris d'un fou rire incontrôlable.
_ Je ne crois que la politique soit ma vocation, je finis par répondre une fois les quelques rires stupides dissipés. Ministre de la Magie est trop peu pour moi. J'y ai longuement pensé mais l'idée de devoir rendre des comptes ne m'intéresse pas. Je veux être le maître, je veux y parvenir par mes propres moyens et non pas parce que quelques être stupides penseront que voter pour mon élection est une bonne idée. Mon destin doit être mes mains et non dans celles des autres.
_ Allons donc réplique Slughorn avec des dons comme les vôtres, il est bien évident que vous venez d'une lignée de sorcier très honorable. Croyez-moi, vous irez loin tout comme Miss Granger, Tom, je ne me suis encore jamais trompé sur un de mes élèves. Au même moment, la petite horloge derrière lui l'heure du repas. Slughorn se retourne et fixe l'appareil un instant, presque perdu avant de s'exclamer, bonté divine, il est déjà si tard ! Il est temps pour vous d'y aller les garçons ou nous aurons tous des ennuis. Malefoy, je veux votre devoir demain ou sinon je donne une retenue. C'est également valable pour vous, Londubat.
Un à un, ils sortent de la pièce tel les petits chiots obéissant et stupides qu'ils sont. Seul Marius m'attends mais je lui fais signe de ne pas le faire et de partir manger sans plus tarder. Il hoche la tête et disparaît à son tour. Slughorn se hisse alors difficilement hors de son fauteuil en soupirant fortement sous le coup de l'effort avant de poser, avec précaution, son verre en cristal sur son bureau. Je me lève alors, veillant à racler la chaise sur le sol afin de signifier ma présence dans la pièce.
_ Ouvrez l’œil en sortant, mon garçon, les préfets doivent être présents aux heures de repas désormais !
_ Monsieur, je voulais vous demander quelque chose.
_ Demandez, mon garçon, demandez …
_ J’aurais voulu savoir ce que vous pouviez me dire des … des Horcruxes ?
Slughorn caresse alors nerveusement le pied de son verre de vin, libérant ainsi un son étrange de la surface cristalline du verre.
_ Vous faites des recherches pour le cours de Défenses des forces du mal ? Je sais qu'il ne croit pas à cette idée car il connaît parfaitement le programme scolaire or les Horcruxes n'ont même jamais été prévu à l'étude, même pour une classe de septième année. L'idée qu'il ne me croit pas, qu'il sait que je mens me fait me demander la raison de cette question. J'ai besoin de réponses à ma question afin de m'éviter de fastidieuses heures de recherches au sein de la bibliothèque interdite.
_ Pas vraiment Monsieur je réponds avec un air penaud. Je suis tombé sur ce mot dans un texte que je lisais et je ne l’ai pas totalement compris.
_ Non … Bien sur … Vous auriez beaucoup de mal à trouver à Poudlard un livre qui vous donne des détails sur les Horcruxes, Tom. C’est de la magie très noire, très noire déclare-t-il.
_ Mais vous savez sûrement tout sur le sujet, monsieur ? Un sorcier tel que vous … excusez-moi, peut-être que vous ne pouvez rien me dire … mais pour moi, il était évident que … si quelqu’un était capable de m’en parler, ce serait forcément vous … Voilà pourquoi j’ai pensé à vous demander, je bafouille consciemment afin de paraître maladroit, gêné alors que mon unique souhait est de connaître la réponse. Je le sens hésitant tandis qu'il continue de gratter machinalement le pied de son verre. Des semaines que je prépare ce moment, mes questions, mes réponses ; je n'ai aucune envie de me louper et de repartir bredouille.
_ Et bien me répond-t-il sans me regarder tout tripotant le ruban qui orne la seule boite d’ananas confits qui a survécu à la réunion. J’imagine que ça ne peut pas faire de mal si je vous donne une idée générale. Pour que vous compreniez simplement le sens du mot. Horcruxe est le terme qu’on utilise pour désigner un objet dans lequel une personne à dissimulé une partie de son âme.
_ Je ne vois pas très bien le principe. Intérieurement, je jouis mais je tente de contenir mon excitation en me forçant à calmer le ton de ma voix comme si cette conversation était des plus banales pour moi. Pour la première fois, j'ai la sensation d'être tombé sur un défi à ma hauteur, un défi qui me permettra de réaliser mes envies.
_ Il s’agit de séparer son âme en deux reprend Slughorn et d’en cacher une partie dans un objet, en dehors du corps. Ainsi même si le corps est attaqué ou détruit, on ne peut pas mourir parce qu’un morceau de l’âme reste attaché à la vie terrestre sans avoir subi de dommage. Mais bien sûr, l’existence sous une telle forme … Le visage de Slughorn s’affaisse … Rare sont ceux qui en voudraient, Tom, très rare. La mort serait préférable.
_ Comment fait-on pour séparer son âme en deux ? Je demande ne parvenant presque plus à cacher mon avidité.
_ Eh bien dit Slughorn soudain mal à l’aise, il faut comprendre que l’âme est censée rester entière et intacte. La diviser est une violation, quelque chose de contre nature.
_ Mais comment fait-on ?
_ Par un acte maléfique – L’acte maléfique suprême. En commettant un meurtre. Tuer déchire l’âme. Le sorcier désireux de créer un Horcruxe tourne à son avantage cette destruction : il enferme la partie arrachée …
_ Il enferme ? Mais comment …
_ Il existe un sortilège, ne me demandez pas lequel, je ne le connais pas ! réplique Slughorn en hochant la tête comme un vieil éléphant importuné par des moustiques. Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui a essayé … Est-ce que j’ai l’air d’un tueur ?
_ Non monsieur, bien sûr que non je m’empresse d’ajouter. Je suis désolé … Je n’avais pas l’intention de vous offenser.
_ Mais pas du tout, pas du tout, je ne suis pas offensé le moins du monde assure-t-il d’un ton bourru. Il est tout naturel d’éprouver de la curiosité pour un tel sujet … Les sorciers d’une certaine envergure ont toujours été attirés par ce genre de magie …
_ Oui monsieur dis-je. Ce que je ne comprends pas, cependant – il s’agit d’une simple curiosité de ma part – C’est … est-ce qu’un seul Horcruxe aurait beaucoup d’utilité ? Ne peut-on séparer son âme qu’une seule fois ? N’obtiendrait-on pas à un meilleur résultat, une plus grande force, si l’on parvenait à diviser son âme en plusieurs morceaux ? Par exemple le chiffre sept n’est-il pas celui qui possède la plus grande puissance magique, est-ce que sept …
_ Par la barbe de merlin, Tom ! Glapit Slughorn. Sept ! N’est-il pas suffisamment horrible de penser qu’on peut tuer une seule personne ? Déchirer son âme est déjà une idée épouvantable … Alors la déchirer en sept morceaux …
Slughorn recule soudainement, presque effrayé par l'ampleur de ma suggestion. Sa poitrine semble se soulever difficilement alors qu'il me jette finalement un regard horrifié à mesure qu'il prend conscience qu'il n'aurait pas dû répondre à mes questions, déclenchant ainsi une conversation plus que dérangeante pour un professeur.
_ Bien entendu je marmonne, tout ce dont nous parlons est du domaine de la théorie, n’est-ce pas ? C’est une discussion académique …
_ Mais quand même, Tom … Ne répétez pas ce que je vous ai dit … enfin ce dont nous avons parlé. Ce serait mal vu si on apprenait que nous avons eu une conversation sur les Horcruxes. C’est un sujet tabou, à Poudlard, vous comprenez … Dumbledore est particulièrement féroce en la matière.
_ Je n’en dirai pas un mot, monsieur lui promet-je tandis que je sors du bureau, ravi.