Apprends moi à te haïr
_ Tom ne devrait-il pas être là, je demande à Cassiopeia tandis que Marius veillait à ce que tout le monde soit rassembler pour aller au dîner. Cette dernière hausse les épaules pour me signifier son ignorance, cette question ne semblant pas particulièrement l'intéresser. Je finis par laisser tomber tout en gardant intérieurement mes interrogations. Lentement, les serpents se dirigèrent vers la salle commune mais apercevant l'angle d'un couloir d'où je pourrais m'échapper, je me glissai hors de la cohue, le plus discrètement du monde, afin de me fondre dans l'ombre. Je vis Cassiopeia se retourner avant d'hausser les épaules. Je savais qu'elle me couvrirait, arguant qu'elle lisait son livre et n'avait pas remarqué mon absence pendant le cheminement des serpents jusqu'à leur destination. Depuis que nous nous étions quittés, un étrange sentiment de panique m’étreignait la poitrine mais je ne parvenais pas à en comprendre le sens. J'avais l'impression que le rendez-vous de Tom avec Slughorn était important pour le futur. Alors que je m'apprêtais à aller à la bibliothèque, je fus frapper une violente gifle mentale : le club de slug et LA question ! Je me frappai le front tout en faisant demi-tour pour me diriger vers la tour réservé aux logements des professeurs. Je n'eus pas trop de difficulté à rejoindre la tour sans me faire prendre seulement arrivée à destination, je me rendis compte que j'ignorais ou se trouvait l'appartement de Slughorn. Je cherchais à retrouver dans mes souvenirs la conversation qu'Harry nous avait racontée lorsqu'il était enfin parvenu à obtenir le souvenir de Slughorn sur les Horcruxes. Je tremblais tandis que mon esprit instillait son doux poison dans mon cœur, me sifflant, presque méchamment, que j'aurais dû me méfier et j'avais fini par devenir aveugle à cause de mes sentiments. Je chassais ses pensées qui envahissaient mon esprit en me disant que le moment de répondre à ces questions viendrait plus tard. Alors que j'avançais doucement dans le couloir tout en cherchant l'appartement, un grincement résonna. Immédiatement, je me glissais derrière une statue en priant pour que l'on ne puisse pas m'apercevoir.
_ Dumbledore est particulièrement féroce en la matière. La voix de Slughorn résonna jusqu'à moi même si elle n'était qu'un simple chuchotement. Je le vis regarder dans le couloir pour voir s'il était vide.
_ Je n'en dirais pas un mot, monsieur lui promet alors Tom sur un ton qui me parût étrange sur le moment. Je compris plus tard qu'il l'utilisait lorsqu'il était satisfait de lui-même. Presque immédiatement après s'être adressé un cordial au revoir, Slughorn referme la porte de son appartement derrière lui, laissant ainsi Tom seul. Un large sourire naquit alors sur ses lèvres tandis qu'un lent frisson me traversa. Il resta longtemps sur place, prenant soin de recomposer peu à peu son masque aristocratique néanmoins son visage continua d'arborer une sorte de ravissement qui loin d'accentuer la beauté de ses traits, leur enlevait d'une certaine manière un peu de leur humanité. Soudainement mon cœur cessa de battre, tombant presque mort dans ma poitrine tandis que dans mon esprit, les traits de Voldemort et Tom se fondaient les uns aux autres comme jamais auparavant. Au bout de longues minutes, Tom finit par partir du couloir à mon plus grand soulagement. Peu à peu mon cœur se calme mais malgré mon envie de fuir, je restai, derrière cette statue, sans oser bouger. Je sentais un horrible mal de tête naître dans mon crâne tant j'avais l'impression de voir défiler mes souvenirs sous mes yeux. J'avais évité, le plus possible, de penser à ce que je savais de Voldemort, de ce qu’Harry nous avait raconté en sixième année. Je voulais laisser une chance à Jédusor d'être autre chose qu'un monstre pour moi, mon cœur y croyait tandis que mon esprit se méfiait ; il n'avait pas tort ! Je refusais d'intégrer, de digérer cette nouvelle information. Jédusor commençait à s'intéresser à ce que je considérais depuis longtemps comme une ignominie. Mes sentiments se mélangeaient, à mesure que le temps passait, à la haine que je ressentais pour Voldemort. J'avais envie de pleurer pour une raison inconnue, je me retenais. L'idée de partir m'effleura à nouveau mais je repoussais cette idée loin de mon esprit, il était hors de question que je l'envisage. J'avais oublié les enseignements de mon passé, je m'étais laissé berner par de douces paroles et je m'étais perdue … Je m'étais rapprocher de lui comme le prévoyait mon plan or je n'avais rien tenté, absolument rien. J'avais perdu de vue mes buts pour finir par disparaître derrière un pâle reflet de ma personnalité. L'univers m'envoyait une véritable gifle et elle me faisait mal. J'étais si bien dans ce cocon protecteur où Jédusor devenait peu à peu Tom. Le froid me saisit alors, me faisant me sentir seule dans ce couloir vide et silencieux. Mes erreurs s'étalaient devant mes yeux, j'étais devenu un chat. La lionne qui était en moi avait fini par disparaître à force de caresses. Je secouais finalement la tête en me disant que prendre conscience de cela était déjà un premier pas vers un retour à la normale sauf qu'intérieurement, je savais que ce retour ne m'attirait pas. Je n'avais plus la force de me battre contre le destin. Le poids sur mes épaules me semblait trop lourd à porter or il m'avait offert une échappatoire durant laquelle je n'avais pensé à rien d'autre qu'à mon propre bien être. Des bruits de pas retentirent subitement à l'entrée du couloir, je me glissais donc du mieux que je le pouvais derrière la statue afin d'être caché aux yeux des visiteurs. Je pensais alors qu'ayant remarqué mon absence, Tom avait fini par donner l'alerte et ordonner aux Serpents de me chercher. Je l'imaginais fou de rage, tournant comme un lion en cage au milieu de la salle commune tandis que les autres tremblaient de peur en priant pour me retrouver dans les plus brefs délais. Il était un tyran et même si je ne l'ignorais pas, j'avais préféré fermer les yeux. Le souvenir de l'après-midi se superposa à cette image comme pour me contredire mais lui restait vraiment un peu d'humanité ou alors jouait-il la comédie. Rien n'était en ce qui le concernait et je me sentais désemparée face à mes propres sentiments. J'eus l'impression qu'un voile se déchira lorsque la vérité éclata dans mon cœur, je l'aimais. Je l'aimais malgré ce qu'il était.
_ Miss Granger s'étonna une voix espiègle dont l'intonation me serra le cœur. Je tournai alors un regard humide vers mon ancien professeur, Albus Dumbledore. J'eus presque envie de me réfugier entre ses bras surs. Il avait tant représenté pour notre trio, nous apportant aide, sécurité et réconfort dans les moments les plus difficiles. Je suis surpris de vous attraper ici quand on sait que tous sont à votre recherche me taquina-t-il alors en m'invitant à sortir de ma cachette, ce qui je fis en tentant de cacher les quelques larmes qui avaient coulées sur mes joues. Il se pencha alors vers moi, en me tendant un mouchoir. Il tentait d'afficher un air sérieux sans véritablement y parvenir comme si la situation l'amusait, cette idée manqua de me faire rougir mais je réussis à me reprendre à temps. Auriez-vous donc perdue votre langue me questionna-t-il en fronçant les sourcils, intrigué par mon état général.
_ Merci couinais-je malgré moi car je ne parvenais pas à calmer mon trop pleins d'émotions.
_ Je ne parlais pas de cela ricana-t-il en se relevant. Je suppose que vous connaissez suffisamment le règlement pour savoir que vous n'avez rien à faire ici mais je ne dirais rien à Slug si vous acceptez de prendre le thé en présence de votre humble professeur ici présent continua-t-il en m'indiquant la porte de son appartement. J'ouvris alors la bouche tant sa proposition me choqua. Jamais de toute ma scolarité, il ne s'était permis une telle proximité avec un élève hormis Harry.
_ J'accepte finis-je par chuchoter tant son regard était impossible à soutenir. Et c'est avec un large sourire qu'il m'indiqua d'entrer dans son appartement, situé à quelques mètres de celui de Slughorn. Ce n'est qu'après qu'il ait refermer la porte derrière moi que je pris conscience de pénétrer dans l'intimité d'un professeur et surtout d'un Albus Dumbledore beaucoup plus jeune que celui que j'avais connu durant mon adolescence. L'appartement était très spacieux, beaucoup plus grand que ce que je m'étais toujours imaginée cependant malgré l'espace, Dumbledore semblait y avoir installé un tel capharnaüm qu'une rapide sensation d’étouffement vous prenez à la gorge lorsque vous l'observiez. Pour accéder à ce qui ressemblait de très loin à un salon, je descendis quelques petites marches à la solidité douteuse qui avait été agrémenté, avec un total manque de goût, d'un vieux tapis orange et violet aux bords élimés par la vieillesse. Je continuais mon inspection tandis que j'entendais Dumbledore s'affairait dans ce qui devait être sa cuisine pour le thé qu'il m'avait proposé après qu'il m'ait fait entrer. Au milieu du salon, trônait un vieux canapé en cuir qui semblait sortir tout droit de mon enfance. Je me surpris à en caresser le cuir abîmé et à sourire en me remémorant les heures passées à lire lorsque j'étais enfant. Deux petits fauteuils, qui eux semblaient sortir d'un autre âge, lui faisait face. Les reflets de la lune s'accrochaient aux motifs argentées qui recouvraient les tissus des sièges. La table que Dumbledore avait placée au milieu ne tenait, sur ces quatre pieds, que grâce à quelques épais volumes qu'il avait placés sous différents pieds. Elles étaient recouvertes de journaux, datant du début de semaine, ouverts et annotés tandis que les autres étaient posés négligemment sur le sol. Les murs du fond étaient tous recouvert par des étagères qui accueillaient des milliers d'ouvrages. Les livres étaient rangés dans un joyeux désordre qui me donnait pourtant l'impression d'être en harmonie avec la personnalité de Dumbledore. Je continuais à assouvir ma curiosité en m'arrêtant devant chaque étagère afin de lire les titres de certains ouvrages. Alors que je m'approchais de la grande table en bois de la salle, je remarquai qu'une immense carte du monde y été posée, maintenue en place par de lourds chandeliers en argent placé aux quatre coins de cette dernière. Absorbée dans ma contemplation, je n'avais pas entendu Dumbledore revenir.
_ Curieuse chuchota en s'abaissant à mes côtés me faisant sursauter comme une idiote.
_ Pardonnez-moi, je n'aurais pas dû regarder m'excusais-je en n'en pensant pas le moindre mot. Pour toute réponse, il m'adressa un sourire en haussant les épaules. Je fus soulagé qu'il prenne aussi bien ma curiosité. Installez-vous me dit-il en désignant le canapé de la tête. Il avait déjà installé un petit plateau qui contenait notre goûter. Je senti alors le grondement de mon ventre, j'avais faim et j'avais sauté le repas ce qui ne m'aidait pas à ne pas saliver devant les appétissants biscuits qu'il avait eu l'idée de poser sur une petite assiette afin d'agrémenter le thé. Cependant en m'approchant, je m'aperçus que la table semblait avoir de la peine à ne pas s'écrouler sous le poids du tableau en argent. La tasse qu'il me tendit était en cristal pur, je fus surprise de découvrir une vaisselle aussi coûteuse chez mon ancien professeur. Il est vrai que je ne connaissais pas encore l'histoire de mon hôte et que j'ignorais qu'il était déjà très riche pour un jeune professeur. J'aimerais savoir comment vous allez, Miss Granger me demanda-t-il enfin en s'enfonçant avec délectation dans un fauteuil, face à moi. Afin de cacher mon trouble, je me saisis de ma tasse et en huma le délicieux parfum qui s'en dégageait. Je tentais alors de calmer les battements affolés de mon cœur sans véritablement y parvenir. Le jeune Dumbledore venait à l'instant de me sourire, de ce sourire mi- moqueur qu'il avait pris l'habitude de nous adresser lorsque que nous devions être puni ; il venait de me rappeler que je n'aurais, au fond, jamais dû revoir ce sourire et surtout pas en 1945.
_ Bien répondis-je finalement au bout d'une longue minute de silence. Il comprit immédiatement que je mentais et je n'en attendais pas moins de lui toutefois il ne releva pas.
_ Vous êtes une jeune femme brillante, Miss Granger commença-t-il avant de s'arrêter pour avaler quelques gorgées de thé tout en regardant la lune à travers la vitre. Votre dernier devoir le prouve, il est excellent … Parfait je dirais même. Vous avez une prose assurée mais je dois avouer que le domaine ou vous m'impressionnez est celui de la pratique ; vous y excellez sans trop de mal. Je dois avouer que je suis intrigué baragouina-t-il tandis que je faisais tout pour faire cesser le tremblement soudain de mes mains. Mon cœur se gonfla d'appréhension dans ma poitrine sans que je ne parvienne à contrôler la panique qui montait peu à peu en moi. Que voulait dire par là. Avait-il compris … Au fond, cela ne m'aurait pas réellement étonné. Pardonnez mes questionnements, j'ai parfois tendance à aller trop loin dans mes réflexions mais je dois reconnaître que, par moment, vous me semblez beaucoup plus vieille que vous ne l'êtes comme si vous aviez des choses inacceptables trop de fois dans votre vie. A la fin de sa tirade, il m'adressa un sourire presque gêné auquel je répondis avec maladresse. J'avais l'impression que les battements de mon cœur s'entendaient dans toute la pièce, rebondissant sur les murs comme pour mieux me revenir en pleine figure. D'où vous vient cette maîtrise de la magie pratique me demanda-t-il alors, après plus d'une longue minute de silence. Je reposai calmement ma tasse sur la table afin de pouvoir cacher le tremblement de mes mains sous mes jambes. La question ne m'étonna pas véritablement, j'avais déjà compris où son raison avait pu le mener et au fond, son interrogation était parfaitement légitime.
_ Je travaille plus que les autres élèves, monsieur répondis-je alors en parvenant avec difficulté à soutenir son regard bleu acier. Ma réponse lui arrache un sourire presque amer tandis qu'il secouait la tête en signe de dénégation.
_ Vous lancez vos sorts d'une façon différente, vous les avez pratiqués ... souvent … cela se sent, se voit après quelques années de pratique, Miss Granger.
Je déteste mentir ou plutôt je détestais mentir. J'ai menti trop souvent pour ne pas avoir appris à apprécier cet artifice. J'ai appris à mentir avant tout parce que voyager dans le temps, signifier inventer une identité, m'inventer une vie. J'ai souvent eu l'impression d'avoir deux personnalités, comme si le temps avait fini par faire de moi quelqu'un d'autre. Aujourd'hui, face au miroir, je m'aperçois vieillie, ridée pourtant je ne parviens à reconnaître totalement mon visage ; comme si toute la noirceur que j'ai connue dans mes jeunes années avait fini par faire disparaître l'innocence, l'insouciance de mon regard. Quand j'exprimais ce sentiment, les gens me répondaient, presque automatiquement, qu'il est dur de garder son âme d'enfant lorsque l'on vieillit … seulement moi, je l'ai perdue quand je n'avais que onze petites années, est-ce cela être vieux !
Finalement, je secouais la tête. Reconnaître mon expérience dans le domaine de la magie ne me portait, après tout, pas véritablement tort.
_ Votre appartement est magnifique finis-je par lui avouer en jetant à nouveau un coup d’œil à la pièce, espérant ainsi détourner la conversation de son sujet initial ; moi.
_ Merci cependant ne me prenez pas pour plus bête que je ne le suis, Miss. Cette digression est bien trop grosse pour être discrète me taquina-t-il en me proposant une nouvelle tasse de thé que j'attrapais poliment. Je ne vous demande de révéler vos secrets, ni de me dire pour quelle raison vous êtes là … mon intérêt n'est pas là ; je suis simplement curieux pour le moment m'avoua-t-il en parlant lentement comme s'il voulait être sûr que je comprenais bien ses paroles. Je prie simplement pour que votre mission n'ait rien avoir avec Tom Jédusor ajouta-t-il finalement après avoir avalé une énième tasse d'un trait.
_ Pourquoi cela lui demandais-je avant même d'avoir l'idée de maintenir mes lèvres closes. Ma question lui arracha un sourire satisfait. Je venais de confirmer ses soupçons comme une simple idiote. Professeur, je ne dois rien dire de cette mission tentais-je alors de lui faire comprendre en priant pour que cette échappatoire fonctionne.
_ Je me doute bien me taquina-t-il en se resservant à nouveau un thé. Je fus impressionner sur le moment de voir à quelle vitesse il pouvait boire cette boisson ; je compris bien plus tard que ce thé était une manière pour lui de canaliser sa magie.
_ Jédusor est-il la clé de notre futur à tous deux ? J'hochais la tête pour toute réponse, me refusant de parler par peur de ne plus pouvoir m'arrêter. Je gardais le silence depuis trop longtemps et l'idée de partager mon lourd secret me plaisait or je devais m'y résoudre ; j'étais seule. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas le tuer ? Sa question était d'une logique imparable. Je me l'étais moi-même posé et les ordres de Mc Gonagall avait été clair à ce sujet. Je devais seulement retrouver la fille et la convaincre d'agir ; sur quoi, je ne le savais pas encore. Pourtant malgré la nature presque évidente de cette question, elle me dérangea comme si l'idée de tuer Jédusor m'était devenue insupportable.
_ Je ne peux pas, monsieur … je ne peux plus lui avouais-je alors en cherchant à cacher le rouge qui me montait aux joues.
A l'époque, je n'avais jeté le sort impardonnable que trois petites fois. Trois petites innocentes fois au regard des nombreuses autres. Trois fois où je n'avais fait que défendre ma vie et celle de mes proches pourtant malgré ce raisonnement, je ne parvenais pas à me pardonner ses morts fut-il des anciens mangemorts qui, eux, n'avaient pas réfléchi à deux fois avant de nous attaquer. Je ne parvenais pas à oublier que derrière leur inhumanité battait un cœur. Ces gestes avaient eu des conséquences néfastes sur ma confiance en moi, je me sentais à la fois plus forte et faible. Faible de m'être abaisser à leur niveau en leur ôtant la vie.
_ Tuer n'est jamais facile mais pourtant, c'est parfois nécessaire me rassura Dumbledore cependant sa tentative me parut bien inutile. Aucune phrase déculpabilisante ne m'aurait fait entendre raison. Merlin que j'étais idiote … J'ai appris, depuis longtemps, que tout devient aisé lorsque l'habitude s'installe.
_ Alors pourquoi cela paraît-il si facile pour certains lui demandais-je comme une enfant curieuse.
_ J'ignore si tuer à répétition est facile pourtant vous comme moi savons ce que cet acte peut faire naître en nous. Peut-être que la répétition de ce geste amène finalement à une certaine banalisation de l'horreur qu'il comporte. Personne ne peut se targuer de ne rien ressentir en ôtant la vie néanmoins je suis presque sûr qu'il est aisé, pour certains, de mettre l'affect de côté. Ces gens doivent posséder des personnalités différentes, qui s'imbriquent, se complètent … De plus, il est étrangement plus facile de tuer pour un sorcier que pour un moldu. Les moldus sont obligés de préparer leurs actes, leurs gestes, de réfléchir tandis que nous, nous n'avons que des mots à prononcer. Il n'y'a aucune planification, juste le feu de l'action dans la plupart des cas. L'avada n'est qu'une formule, simple, rapide, efficace or que sont des mots face à la gravité de la mort, Miss. Je pense qu’ils ne sont rien, absolument rien. La décharge est également facile et rapide, nous ne tuons pas puisque c'est notre baguette qui jette un sort ; une simple lumière verte est notre ennemi s'évanoui vers l'ailleurs …. Toutefois je pense, à mon humble avis, que pour tuer et y prendre goût, il faut une certaine noirceur dans l'âme. Nos actes révèlent notre nature, nous ne sommes que la somme de nos décisions. C'est alors qu'il s'arrêta, prenant une longue pause au bout de laquelle il se leva avant de disparaître vers une pièce contiguë à ce que je pensais être la cuisine. Il revint, au bout d'un moment qui me parût long, tenant, entre ses mains, une petite fiole qui contenait un liquide aux reflets violets. Je fronçai alors les sourcils en tenant de me remémorer l'endroit où j'avais pu apercevoir cette couleur particulière pour une potion. La mémoire me revint alors qu'il se réinstallait dans son fauteuil après avoir posé la Mortensia sur la petite table, face à moi. Vous avez donc reconnu cette potion m’interrompit-il en suspendant ma question par un signe qui me fit taire immédiatement. Vous avez donc reconnu cette potion, Miss. Ne me coupez pas avant que je n'ai terminé, je vous en prie. Je mis plusieurs secondes à hocher la tête, méfiante face à cette véritable mort en bouteille. Je savais, au vu de la couleur, que la potion était parfaite ; une unique goutte aurait pu terrasser n'importe quelle personne en bonne santé. J’ignorai la raison de votre venue continua-t-il alors et je sais parfaitement que je dois l'ignorer néanmoins le fait que votre mission concerne Tom Jédusor n'augure rien de bon. Je dois bien avouer que ce garçon m'effraie tout en me fascinant quelque peu. Mon instinct me souffle depuis longtemps qu'il est dangereux et vous venez, à l'instant, de confirmer mes soupçons alors je vous demande de mettre à un terme à cet effroyable suspens m'expliqua-t-il en me tendant la fiole à la fin de son discours. Il laissa longtemps son bras en l'air avant que je n'accepte de la saisir.
_ Je n'accepte pas votre proposition. Le tuer ne ferait que changer le futur.
_ Quel est votre but alors ?
_ Le changer.
_ C'est impossible. Sa réponse tomba tel un couperet sur notre conversation. Je la ressentis comme une immense gifle en pleine figure. Tom pouvait changer … du moins je l’espérais cependant l'épisode du couloir n'avait qu'accroître mes doutes à l'encontre de ses réelles motivations. Il n'était pas près d'oublier la magie noire et je l'avais désormais compris cependant une chose, une unique chose m'empêchait véritablement d'agir, je l'aimais. Je vous demande simplement de réfléchir à ma proposition.
_ Ma réponse sera toujours la même lui répondis-je alors sans pour autant me résoudre à lâcher la fiole. Une partie de moi souhaitait en finir avec toute cette histoire, le tuer et fuir était une solution simple, presque trop simple pour que ma méfiance ne se réveille pas à cette idée.
_ Je vous laisse la fiole et revenez me voir lorsque vous serez sûre de votre réponse m'annonça-t-il en se relevant. Je fis de même, comprenant que c'était là, la fin de notre entrevue. Il me reconduisit courtoisement jusqu'à la porte en me parlant du beau temps comme si sa demande n'avait jamais existé dans notre espace-temps. Un vent léger pénétra dans la pièce lorsqu'il ouvrit la porte. Je pris soin de le saluer une dernière fois avant de disparaître, enveloppé par le froid du couloir. Je retournais lentement au dortoir, flânant parmi les nombreux couloirs secrets du château en priant pour ne pas croiser un serpent. Tom avait dû les envoyer à ma recherche, fou de rage et peut-être même inquiet cependant l'idée de rentrer ne m'enchantait pas le moins du monde. Cette nuit, j'avais finalement compris que la magie noire était une part trop importante de sa vie pour qu'il l'abandonne fut-ce-t-il pour moi. Jamais, il ne changerait car il s'était, depuis trop longtemps maintenant, aventurer sur un chemin tortueux et sombre ; celui qu'il jugeait digne de lui. Je ne parvenais pas à démêler mes sentiments de mes idées, de la demande de Dumbledore. Mon esprit et mon cœur se battait avec férocité l'un contre l'autre. Cette bataille intérieure ne laissa aucune place à la moindre réflexion. Je me contentais de me promener, en fixant, à travers les vitraux, la lune, haute dans le ciel, parmi ce ciel sans étoiles. Les nuages formaient un épais duvet qui ne laissait filtrer qu'une faible lumière lunaire, la nuit me parût noire, insondable. La proposition tournait dans ma tête parce que je savais, au fond, que Dumbledore avait entièrement raison.