Clair comme Nuit

Chapitre 8 : Le nouveau professeur de DCFM

4563 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:44

 

LE NOUVEAU PROFESSEUR DE DEFENSE CONTRE LES FORCES DU MAL

 

 

Wendy reposa le journal et soupira.

La Grande Salle était presque vide à cette heure-ci. La plupart des élèves avaient fini de petit-déjeuner et se dirigeaient déjà vers leurs classes. Le soleil entrait à flots par les immenses fenêtres et réchauffait doucement les dalles et les tables encore constellées de miettes de pain et de gouttes de lait.

Quelqu'un posa une tasse en porcelaine céruléenne remplie de thé brûlant devant Wendy et s'assit cavalièrement sur le banc d'en face.

- Salut, dit Lily en posant un muffin et un pochon en tissu à côté de la tasse.

Ses cheveux roux étaient enroulés en tresses sur sa tête et piqués d'une barrette jaune sur laquelle butinait un papillon.

- Bonjour, dit Wendy, un peu gênée, en mettant ses coudes sur le journal pour cacher la première page.

Lily agita sa baguette négligemment et attira le sucrier vers elle, sans se préoccuper des gros yeux que faisait le garçon de première année qui était en train de servir à ce moment-là.

- Des nouvelles de mon frangin ? demanda la jeune fille rousse d'un ton léger, tout en cassant quatre morceaux qu'elle laissa glisser dans son thé le long du manche de la cuillère.

- Non, répondit Wendy, sincèrement navrée. "Pas depuis hier. Je ne sais pas où ils sont passés – Terrence et lui – depuis cinq heures du soir. Craig Finnigan dit que Scorpius aussi a disparu. C'est trop bizarre..."

- Hum, dit Lily.

Et elle mordit dans le muffin aux myrtilles comme si tout ça n'avait pas vraiment d'importance.

Wendy reprit sa fourchette et poussa de côté un petit tas de haricots. Elle picota ce qui restait de la saucisse sans grande motivation. Les rayons du soleil faisaient danser une mouche dorée sur le bois de la table en passant à travers son verre de jus d'orange.

- Yo, dit une voix tandis qu'une assiette chargée de scones et de toasts beurrés se posait à côté d'elle.

James enjamba le banc pour s'asseoir, son manuel des Sortilèges & Enchantements Niveau 6 sous l'aisselle gauche et une soucoupe de confiture dans la main droite.

- Qu'est-ce que tu fais là, JS, t'es pas en cours ? demanda sa sœur, la bouche pleine.

Le jeune homme haussa les épaules. Il fit venir le pichet de lait et un mug jusqu'à lui – évitant de justesse la tête d'un préfet qui le foudroya du regard – et prit le temps de boire avant de répondre.

- Trelawney est malade, répondit-il enfin, en essuyant sa moustache d'écume blanche. "Je sais pas trop ce qu'elle a raconté… une grââânde perturbâââtion dans la mââgie hier soir… gniagniagnia."

Wendy pouffa malgré elle à la formulation.

- Bref, j'avais pas déjeuné, alors j'en ai profité, conclut-il.

Il étala une couche indécente de gelée aux framboises sur un toast, soufflant distraitement sur la mèche brune qui lui tombait sur l'œil. Il avait roulé les manches de son pull aux couleurs de Gryffondor, le col de sa chemise était un peu ouvert et sa cravate dénouée. Un duvet châtain assombrissait les lignes masculines de sa mâchoire et ses épaules carrées ajoutaient encore à sa silhouette ce côté prince charmant qui faisaient retourner les filles dans les couloirs de Poudlard.

James Sirius Potter avait seize ans et il était beau, c'était un fait.

Il était aussi populaire, sportif, intelligent – moqueur, arrogant, élitiste.

Il n'était pas méchant, mais il pouvait vite vous taper sur les nerfs. Wendy ne l'appréciait pas trop, ce qui était réciproque.

- Des nouvelles de Al ? demanda-t-il nonchalamment, avant d'enfourner sa tartine.

- Pas depuis hier, répéta Wendy.

Si elle n'avait pas été elle-même inquiète, elle aurait presque trouvé ça cette situation amusante.

Les deux Potter qui vont à la pêche aux infos…

Finalement Albus compte pour eux plus que ce qu'ils ne le montrent…

Lily but une gorgée de thé, puis défit les cordons du pochon en tissu. Elle en sortit un flacon et le dévissa.

James haussa un sourcil.

- Ch'est quoi ? demanda-t-il, la bouche pleine.

- Du vernis moldu que m'a prêté Beth Drevor, répondit sa sœur sans lever les yeux, occupée à peindre l'ongle de son pouce en vert pistache. "J'ai essayé de l'ensorceler pour qu'il se mette tout seul, mais cette brosse est vraiment stupide."

Il y eut un silence – pendant lequel James descendit deux scones et le reste de son lait – puis Lily souffla sur ses ongles et tiqua en découvrant une encoche sur celui de son petit doigt.

- Ce serait bien qu'Al réapparaisse rapidement. J'ai des comptes à régler avec lui, dit-elle entre ses dents. "Maman s'est disputée avec papa à cause de lui."

- Ce n'est pas parce qu'elle pleure une fois qu'ils vont divorcer comme oncle Ron et tante Hermione, grogna James qui n'avait pas l'air très sûr de lui pour autant.

-  Pff. Tu sais rien, idiot, riposta sa sœur.

Wendy se mordilla les lèvres.

- T'es… euh… très proche de ta mère ?

Les yeux de Lily étincelèrent.

- Oui. Heureusement. Entre James qui s'occupe que de sa popularité, Albus qui n'a pas plus d'existence qu'un clabbert spasmophile et papa qui ne pense qu'à sa carrière, il faut bien que quelqu'un s'occupe d'elle !

Wendy se dépêcha de couper la parole à James avant que la discussion ne gangrène.

- T'as de la chance, dit-elle. Moi, je ne m'entends pas super bien avec ma belle-mère, alors je… je trouve ça cool que vous soyez proches.

James la regarda curieusement pendant quelques secondes – tandis que Lily bredouillait quelque chose au sujet de la frange de Wendy qui serait mieux sans sa barrette plate – puis il soupira.

- Le mec surdoué qui traîne avec Al, d'habitude. Tu ne sais pas où il est non plus ?

La jeune fille secoua la tête.

- Non, et c'est justement ça qui m'inquiète. Si Albus était malade, il serait à l'infirmerie et Terrence lui prendrait les cours. Mais ni l'un ni l'autre ne sont venus manger hier soir et Craig Finnigan dit qu'ils n'ont pas dormi dans leur chambre non plus. Et ce matin, le professeur Londubat a annulé tous ses cours…

- Peut-être que les profs veulent juste éviter qu'Al se balade dans les couloirs le temps que les rumeurs se dissipent, dit James. "Je peux comprendre. J'ai déjà dû fermer la gueule de Thomas Anderson et de ses potes de Serpentard qui croyaient qu'on pouvait traiter mon père de meurtrier."

Lily haussa les épaules.

- Moi je suis sûre que cette truie d'Helen Jones est encore en train de défaire les nœuds dans ses cheveux… mais franchement, nous, on s'en sort très bien tous seuls, je ne vois pas pourquoi les profs estiment nécessaires de protéger Al.

Wendy serra les poings presque involontairement.

- Tu n'as pas vu sa tête quand l'épouvantard s'est transformé et qu'on l'a entendu dire "avada… avada, quelque chose" ! protesta-t-elle. "Tout le monde était hyper choqué. M. Londubat avait l'air furieux contre Curtis, et Albus a vomi."

James et Lily se troublèrent un peu.

- Hum, dit le frère.

- C'est quoi que tu ne voulais pas que je vois, dans ton journal ? demanda la sœur.

Wendy rougit.

Elle attrapa le bout de sa longue queue de cheval châtain et lissa les pointes nerveusement.

- C'est pas que je ne voulais pas que tu le vois, c'est juste que… si j'étais vous, je n'aimerai pas trop que tout le monde lise des trucs sur ma famille.

James leva les yeux au ciel tandis que Lily récupérait le journal.

- On a l'habitude, dit-il. "Surtout depuis que papa fait de la politique..."

Il se pencha par-dessus la table pour lire en même temps que sa sœur, sans s'apercevoir que sa manche était dans la soucoupe de confiture. Le thé de Lily refroidissait. Les elfes faisaient disparaître le buffet du petit déjeuner en leur jetant de loin des coups d'œil.

A part eux trois, il ne restait plus qu'une fille de troisième année avec le bras en écharpe qui mangeait ses pancackes en les aspirant, et deux garçons de septième année qui jouaient aux échecs cachés derrière des colonnes de bouquins.

Les pages du journal crissaient un peu.

 

VINGT ANS APRES

LE SURVIVANT LANCE UN SORTILEGE IMPARDONNABLE

SUR SON PROPRE FILS

 

Il est embarrassé, ou doit-on dire, affligé.

Harry Potter, le garçon-qui-a-survécu, vainqueur de Vous-Savez-Qui et plus que probablement notre prochain ministre de la magie, nous reçoit dans son bureau confortable et nous offre un thé de Chine très fort, "comme ma femme l'aime", ajoute-t-il d'un petit air triste. On doit se demander en effet ce que pense Mme Potter de l'incident survenu en cours de Défense Contre les Forces du Mal à Poudlard, alors qu'Albus Severus Potter, le second fils du héros, s'exerçait à affronter un épouvantard. L'enfant a vu soudain se dresser face à lui son propre père, visiblement décidé à l'assassiner.

"Je n'ai jamais voulu tuer mon fils", se défend le secrétaire du ministre avec la même fougue qu'à l'époque où il avait annoncé le retour du Seigneur des Ténèbres. "Albus était en danger, j'ai dû réagir rapidement. Il n'avait que six ans et a seulement conservé le souvenir de ce que j'ai fait. Le sort n'était pas dirigé contre lui, mais contre ce qui l'attaquait, un Grapcorne !"

L'assaillant était de taille, certes, mais notre journaliste s'interroge : "pourquoi avoir lancé un sort impardonnable ? Alors qu'on dit que vous avez vaincu Lord Voldemort avec un simple Expelliarmus, votre signature."

Le Survivant nous contemple d'un air de reproche douloureux.

"Il y a dix ans, il arrivait encore souvent aux Aurors d'affronter d'ex-mangemorts et nous devions régulièrement échapper au sortilège de mort. J'étais terrifié à l'idée que mon fils ne soit blessé, ce jour-là. J'ai lancé le premier maléfice qui me venait à l'esprit pour le protéger."

Quel reflexe. Heureusement qu'il ne s'agissait pas d'un être humain dans la ligne de tir…

"Les nouvelles qui nous parviennent d'Islay sont très inquiétantes. On parle d'un mouvement d'indépendance des Hébrides et de violentes émeutes menées par Bercelak MacFusty et il se pourrait bien que les Aurors soient envoyés au combat pour soutenir les forces de l'Ordre. Comptez-vous utiliser le sortilège impardonnable contre nos ennemis dans ce cas ? s'enquiert notre journaliste.

"Nous ne sommes pas à l'aube d'une guerre, il s'agit simplement d'un malentendu qui pourra être réglé de façon raisonnable, par des négociations. Et jamais je n'utiliserai ce maléfice contre des gens ou des créatures magiques !" proteste le Secrétaire du ministre avec indignation.

"On dit que Kingsley Shacklebolt vous aurait accordé – ou pour être plus précis, peut-être – ordonné de prendre quelques mois de congé avant que votre candidature ne soit de nouveau proposée au poste de ministre de la magie. Qu'allez-vous faire de ce temps de vacances ?"

Harry Potter ne tient pas à nous faire part de ses projets. Notre journaliste émet le souhait qu'il puisse se réconcilier avec son épouse, Ginevra Weasley-Potter, qui a été vue en larmes, hier, alors qu'elle quittait les locaux du ministère de la magie (voir notre interview avec M. Fumetti, vendeur de marrons glacés ambulant, en page 4).

Notre entrevue avec le Survivant touche à sa fin. Les dossiers croulent sur son bureau et la directrice du Département de Contrôle et de régulation des Créatures Magiques, Mrs Hermione Granger, frappe à la porte. Nous posons une dernière question avant de serrer la main du secrétaire du ministre.

"Vous avez deux autres enfants en plus d'Albus Severus, inscrits actuellement à Poudlard. Pensez-vous que ce scandale puisse affecter leur scolarité ?"

Harry Potter nous reconduit poliment mais fermement.

"Mes enfants n'ont aucune raison de s'inquiéter. Je n'ai rien fait de mal et je pense que la communauté des sorciers le reconnaîtra sans peine. Je souhaite simplement qu'on laisse mon fils Albus en paix et qu'on ne remue pas davantage un souvenir qu'il avait heureusement oublié."

Une parole qui sort de la bouche d'un père, assurément. De quoi rassurer nos lecteurs qui s'inquiétaient de voir le gouvernement prochainement confié aux bons soins d'un homme capable de lancer un sortilège impardonnable sur sa propre chair.

Une question demeure cependant : comment un enfant si petit pouvait-il être laissé sans surveillance dans la proximité d'un animal aussi dangereux ? Les sorties en famille chez les Potter semblent décidément dignes d'un roman.

Daphné Mordecrat,

Envoyée Spéciale pour la Gazette du Sorcier

 

Les mains de Lily se crispèrent, froissant les bords du journal.

- C'est vraiment des cons, marmonna James en se rasseyant.

Wendy tripotait l'escarboucle à son oreille gauche d'un air soucieux.

- En tout cas, on sait au moins qu'il n'a pas voulu le tuer, tenta-t-elle.

Lily renifla, sarcastique.

- Un Grapcorne ! C'est tout ce qu'il a trouvé… C'est n'importe quoi. Comme si on pouvait en rencontrer à Loutry-Ste-Chaspoule ! On voit bien que maman n'était pas au courant, elle aurait eu une meilleure idée.

Alarmée, Wendy se redressa.

- Quoi, tu veux dire que c'est pas vrai ? Mais ton père, alors…

James se tassa sur le banc, le visage sombre.

- Mon père nous ment depuis le début. Et je pense qu'il n'est pas le seul…

 

oOoOoOo

 

Minerva McGonagall respira profondément dans ses mains en coque sur son visage, puis enfonça les poings dans les poches de sa longue robe et étira le cou. Sa haute guimpe vert foncé amincissait encore son visage maigre. Ses cheveux d'un blanc étincelant étaient soigneusement tirés en arrière en un étroit chignon.

- Je suis bien trop âgée pour ceci, murmura-t-elle, les larmes aux yeux.

Neville Londubat hésita, puis lui posa maladroitement la main sur l'épaule. Sa robe de sorcier pendait sur ses épaules comme un vieux pardessus et ses cheveux bruns étaient complètement emmêlés. Il était bien plus grand que la directrice de Poudlard, mais se tenait comme un gamin timide à côté d'elle.

L'homme qui était adossé au mur, dans l'ombre, avait les bras croisés et un pied appuyé contre les vieilles pierres. Il observait la scène, les traits impassibles, mais ses yeux vifs enregistraient les moindres détails.

- Est-ce qu'il ne faudrait pas mieux lancer un sort d'oubli sur les deux garçons ? demanda Neville à mi-voix.

Les joues poudrées de Mrs McGonagall tremblèrent un peu et les rides se creusèrent plus profondément sur son front.

- Je…

- Le voilà, interrompit Hannah Abbot en poussant la porte derrière elle.

Elle s'écarta un peu, comme les autres, et lâcha sa longue robe bleue qu'elle avait relevée pour monter les escaliers.

Harry Potter s'avança dans la pièce mal éclairée. Le collier de barbe noire qu'il laissait pousser depuis qu'il était entré en politique faisait ressortir son teint blafard et les cernes sous ses yeux. Il portait le costume qu'il avait en photo sur la première page de la Gazette du Sorcier. Ses chaussures et le bas de son pantalon étaient couverts de boue.

- Il a transplané en dehors du château et fait le reste à pied, expliqua Hannah à voix basse. "Je crois qu'il n'avait pas compris qu'on avait ouvert le réseau de cheminées pour lui…"

Le visage d'Harry se crispa et il porta une main à sa bouche machinalement. Neville se rapprocha de lui.

- Je suis désolé, souffla-t-il. "Je… c'est vraiment impressionnant, la première fois."

Harry essaya d'avaler sa salive mais ne réussit qu'à s'étrangler à moitié.

- On dirait…. On dirait lui… le quatrième ou le cinquième jour… il devait être à peu près comme ça…

L'homme dans le coin sombre de la pièce hocha la tête.

- J'ai… euh… tout ce que j'ai pu faire, c'est métamorphoser son lit pour qu'il s'adapte, en attendant, continua Neville d'une voix mal assurée. "Hannah leur a donné une potion pour qu'ils dorment, alors ils n'ont pas bougé depuis hier soir. Sauf lui – qui se transforme, bien sûr. C'est assez aléatoire. Des fois ça dure une heure, d'autres fois cinq minutes et puis plus rien pendant trois heures."

Harry fit un pas vers le centre de la pièce. Il avait mal à ne pas pouvoir en respirer.

- C'est pas ta faute, Harry, bredouilla Neville en lançant un coup d'œil de détresse en direction de l'homme dans l'ombre qui ne fit pas mine de l'aider.

- Vous ne pouviez pas savoir, ajouta Minerva McGonagall avec ferveur. "Je suis certaine que vous n'auriez pas fait les mêmes choix."

Harry se tourna vers elle et pendant un instant son visage se détendit un peu. Il enveloppa d'un regard affectueux la vieille dame, ses manches anciennes, son dos que l'âge avait un peu arrondi, le nez pincé sur lequel étaient posées ses lunettes en équilibre. Comme elle paraissait plus petite, plus frêle qu'à l'époque où il était étudiant à Poudlard…

Il sourit aux yeux bleus très clairs qui le fixaient anxieusement et rassembla son courage.

- Merci, professeur, répondit-il simplement. "Mais si c'était à refaire, je prendrais exactement la même décision."

Il n'essuya pas la larme qui coulait sur sa joue et se tourna de nouveau vers le grand dragon qui dormait, roulé en boule sur une grande souche noircie, le museau blotti sous son aile. Il y avait des lits de chaque côté de la fenêtre dont les rideaux étaient tirés. Dans l'un dormait Terrence, ses lunettes remontées sur le front, la bouche ouverte, et dans l'autre Scorpius, les sourcils froncés dans son sommeil, recroquevillé dans son uniforme froissé.

- C'est le petit Malefoy qui l'a vu en premier, c'est ça ?

- Oui, acquiesça Neville. "Heureusement. L'épouvantard a montré que Swanson était terrifié par les dragons."

Il y avait de la fierté dans sa voix lorsqu'il continua.

- Mais il a surmonté sa peur, depuis. Incroyable ! Il a tenu la main d'Albus la première fois qu'il s'est métamorphosé devant moi, jusqu'à ce que ça devienne une grosse patte pleine de poils. Le dragon a l'air de l'adorer. Scorpius s'est montré très courageux lui aussi. Je regrette juste qu'il ait dit à Albus ce qui lui arrivait sans prendre le temps de l'y préparer.

- Je n'ai pas eu le temps de les en empêcher, grogna l'homme dans le coin sombre.

Sa voix fit sursauter Harry qui se tourna vers lui, incrédule.

- A… à quel moment tu es arrivé ?

- Hier soir, dit l'homme avec un large sourire. Il s'approcha d'Harry et lui passa un bras autour des épaules. "On va avoir un tas de trucs à lui enseigner et je pense que je suis le mieux placé pour ça, tu ne crois pas ?"

Le père d'Albus sourit faiblement.

- Merci…

Il se tourna de nouveau vers le dragon et ferma les yeux.

Est-ce que tu m'entends ? Tu m'as parlé, il y a si longtemps. J'ai fait ce que tu avais demandé… maintenant explique-moi. Pourquoi ça ? Qu'est-ce qu'on doit faire ?

Il n'y eut pas de réponse.

Dans l'obscurité, il n'entendait que la respiration un peu ronronnée du dragon endormi.

 - J'ai déjà essayé. Mais ça ne marche pas. C'est peut-être parce que c'est vraiment Albus. Ou peut-être qu'il est trop jeune pour communiquer comme ça. On verra avec le temps…

L'homme trapu pressa encore amicalement l'épaule d'Harry puis se tourna vers les autres.

- Pour l'instant, il faut déjà qu'il apprenne à contrôler les transformations.

Comme en écho, un fourmillement de grains de sable tourbillonna derrière lui et la forme de l'adolescent réapparut pendant que des draps poussaient sur la souche et qu'elle redevenait un lit.

- Je ne m'y ferai jamais, souffla Minerva McGonagal en posant une de ses mains diaphanes sur son cœur. Elle toussota, puis ses sourcils s'arquèrent comme à l'époque où elle enseignait. "Bien. Comment procédons-nous ? Plusieurs cours ont été annulés aujourd'hui, aussi je compte donner un jour de congé exceptionnel aux élèves. Mais l'école va devoir reprendre normalement si nous ne voulons pas attirer davantage l'attention de la presse. J'annoncerai demain matin la nouvelle de votre nomination au poste de professeur de Soins aux Créatures Magiques, M. Weasley, et la vôtre à celui de professeur de Défense Contre les Forces du Mal, M. Potter. Avec cela, votre présence à Poudlard sera parfaitement justifiée."

Elle fit une pause, puis ajouta, presque timidement :

- Est-ce qu'une journée suffira ?

Charlie Weasley passa la main sur son front dégarni en observant les trois garçons endormis, puis il adressa un large sourire à la vieille dame.

- Je pense que oui.

Il attendit qu'elle soit sortie, accompagnée d'Hannah, pour gonfler ses joues, l'air moins sûr de lui.

- Enfin, si Albus est un animagus. Parce que s'il ne l'est pas, on va devoir comprendre comment et pourquoi il se transforme. Et traumatisé comme il est, je ne pense pas que ce sera facile pour le pauvre gamin. En premier…

Harry s'interposa.

- En premier, je crois que le mieux c'est que j'ai une bonne discussion avec lui. Il y a une longue histoire que je dois lui raconter.

Neville opina.

- Et pour les deux autres ?

- On efface leurs souvenirs, dit fermement Charlie. "Pas nécessairement ceux de leur amitié avec Al, mais au moins ceux des deux derniers jours."

 

 

A SUIVRE…

 

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