Le lion et le serpent

Chapitre 2 : Répartition

2931 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 16/02/2016 14:59

 

  • Et si je suis à Serpentard ?

J’avais murmuré pour que seul mon père m’entende. Il s’accroupit et me regarda.

  • Albus Severus.

Je le regardai d’un air grave.

  • Tes deux prénoms t’ont été donnés en souvenir de deux directeurs de Poudlard. L’un deux était à Serpentard et il était sans doute l’homme le plus courageux que j’ai jamais rencontré.

J’avais déjà entendu cette histoire, et cela ne me rassura pas vraiment.

  • Mais, dis-moi simplement…
  • Si c’était le cas, alors Serpentard  gagnerait un excellent élève, n’est-ce pas ? Pour nous, ça n’a pas d’importance, Al. Mais si ça en a pour toi, tu pourras choisir Griffondor plutôt que Serpentard. Le Choixpeau magique tiendra compte de tes préférences.
  • Vraiment ?
  • C’est ce qui s’est passé pour moi.

C’était la première fois qu’il en parlait et cela me procura un réconfort incroyable. Mes angoisses se dissipèrent et c’est un peu plus léger que je montai dans le train sur le point de partir.

 

 

Je laissai ma mère m’embrasser sur la joue et mon père me serrer l’épaule avant de monter dans le train. Ni eux ni moi n’étions très démonstratifs et cela me convenait. J’agitai une dernière fois la main et entreprit de trouver un compartiment libre, profitant que les autres étaient encore dans le couloir.

Très vite, je trouvai deux personnes qui m’étaient familières et m’assis avec eux, juste avant de le regretter. Fiona Parkinson était une fille brune dont la seule occupation était de parler. Brad Kessler, lui, était noir et du genre costaud. Il prononçait environ deux mots par jour et ne semblait pas écouter un traitre mot de ce que disait Fiona.

Quant à moi, je lui répondis deux ou trois fois par politesse, puis contempla le paysage qui défilait à travers la vitre. Le trajet risquait d’être long.

 

 

                Lorsque nous fûmes certains que la gare était hors de vue, Rose et moi nous tournâmes vers le couloir et commençâmes à chercher des places, regrettant soudain de ne pas l’avoir fait plus tôt.

La plupart des compartiments étaient déjà pleins et il était hors de question que j’aille dans celui de mon frère. De toute façon, il était trop entouré d’amis pour avoir une place pour moi et Rose.

Nous avancions donc de plus en loin et de plus en plus inquiet de ne pas trouver de place. C’est à mi-chemin que je l’aperçu.

Lune.

Je n’avais donc pas rêvé, ses yeux avaient bien un éclat argenté. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouvais que ce détail avait de l’importance. Peut-être parce que je n’avais jamais vu des yeux aussi clairs avant… Je ne pus les détailler longtemps, cependant, car Rose continuait d’avancer dans le couloir et je ne voulais pas me laisser distancer.

 

 

                Je faillis ne pas le voir, les yeux perdus dans le paysage monotone. Mais je tournai cependant la tête au moment où il passait devant le compartiment, et nos regards se croisèrent une seconde fois.

Flamme.

Encore une fois, une sensation de chaleur me remplit comme si ses yeux verts avaient pu me réchauffer, sans que j’eusse conscience d’avoir froid. C’était étrange. Mais après tout, c’était sûrement ça qu’on appelait « une personne chaleureuse ».

                Le soleil déclinait très lentement dans le ciel. Mais je dus m’endormir, bercé par la voix de Fiona et le roulis du train, car lorsque je rouvris les yeux, il faisait nuit noir.

  • … ferais bien de mettre ton uniforme, me disais Fiona avant d’enchaîner sur ce qu’il y aurait selon elle au banquet.

Le train ralentit, puis s’arrêta enfin. Je suivis les autres et sortit dans l’air frais et vif de la petite gare.

Dominant la foule, il y avait un demi-géant à la barbe grise et broussailleuse qui nous éclairait de sa lampe en appelant les premières années.

Mon père m’en avait parlé. C’était Rubéus Hagrid, gardien de Poudlard. Il me l’avait décrit comme un domestique à moitié sauvage qu’un ancien directeur avait gardé par pitié. Il avait même été jusqu’à le nommer professeur. Heureusement, sa matière n’était qu’une option…

De son énorme main, il salua plusieurs élèves dans la foule frissonnante puis nous guida jusqu’au bord d’un lac où nous attendaient des barques.

  • Pas plus de 4 par barques ! prévint le géant.

Lui-même en prit une à lui seul et attendit que nous fassions autant. Je montai donc avec Fiona et Brad puis nous fûmes rejoins par une fille très étrange. Elle était petite et menue, ce qui contrastait avec ses épais cheveux blond emmêlés. Confortablement installé dessus, un crapaud nous regardait de ses yeux globuleux. Elle s’installa maladroitement dans la barque, gênée par quelque chose qu’elle tenait dans ses mains que je ne pus identifier dans l’obscurité.

  • Bonjour, dit-elle en souriant. Je m’appelle Alice Londubat. 

Nous la saluâmes d’un signe de tête, sans prendre la peine de nous présenter nous-mêmes.

Soudain, le château se dressa devant nous, grand et majestueux. Ses centaines de fenêtres éclairées se reflétaient sur la surface du lac, soulignant leur effet. Malgré tout ce qu’on m’en avait raconté, je fus émerveillé.

 

 

                Je pris une expression ébahie lorsque je découvris le château. Il était encore mieux que tout ce que j’avais pu imaginer… Et dire que j’allais y vivre ! Je me tournai vers Rose qui me rendit mon sourire ravi. Avec nous, il y avait Jared et Lucy, deux jumeaux avec lesquels ont avaient partagé un compartiment. Ils avaient tous les deux des yeux et des cheveux noirs et se ressemblaient beaucoup, bien qu’ils aient des personnalités différentes. Jared était assez extraverti alors que sa sœur était plutôt réservée.

Tous deux continuaient de fixer le château, ce que je fis pendant le reste du trajet. J’en avais même oublié le froid.

 

 

                La lumière du hall nous éblouit après la pénombre du dehors. Le géant nous avait laissé entrer dans une petite pièce puis était reparti, nous laissant hésitants et inquiets.

Alice était restée près de notre groupe, et je pus enfin distinguer ce qu’elle avait dans les mains. Enfin j’essayais, car tout ce à quoi cela me fit penser, c’est à un oignon particulièrement bizarre. Elle surprit mon regard étonné.

  • C’est une ravegourde, dit-elle comme si c’était l’évidence même.

Je n’avais jamais entendu parler de ça. Derrière moi, Fiona et Brad s’étaient éloignés de quelques pas. Mais avant que je puisse en faire autant, Alice s’éloigna d’elle-même et alla rejoindre le garçon aux yeux verts qui eut soudain l’air gêné.

A ce moment-là, un professeur entra dans la pièce.

C’était une femme blonde à l’air avenante. Elle nous sourit gentiment avant de se présenter.

  • Je suis le professeur Sparke. J’enseigne les sortilèges et dirige la maison des Poussouffle. Sachez que quelques soit la décision du choixpeau, vous serez les bienvenue dans chacune de vos maisons. A présent, nous allons pouvoir entrer et procéder à la répartition. 

Son regard balaya les élèves présents, avant de s’arrêter sur Alice.

  • Jeune fille, vous ne pouvez pas aller au banquet avec ça. Et veuillez garder ce crapaud dans vos mains et non dans vos cheveux.

Elle posa à regret sa ravegourde au pied d’une statue d’un vieux monsieur et délogea le crapaud de sa tête qui croassa de protestation.

  • Bien, reprit Mme Sparke. Allons-y maintenant.

 

 

Le professeur nous fit sortir de la salle puis ouvrit les portes de la salle de banquet. Les autres élèves étaient déjà installés autour de quatre grandes tables. J’avançai avec les autres vers la table des professeurs tout en essayant de repéré mon frère parmi les élèves. Lorsque je finis par le voir, il m’encouragea de son horrible sourire.

L’estomac soudain noué, je reportai mon attention sur l’estrade, où le professeur Sparke avait posé un tabouret, ainsi qu’un très vieux chapeau.

Tout à coup, ses plis s’agitèrent pour former une bouche et il se mit à chanter une chanson dont les paroles m’échappèrent totalement, tellement mon angoisse était forte. Lorsqu’il eut fini, tous les élèves applaudirent, mais j’étais moi-même incapable de bouger, figé de terreur.

  • Lorsque j’appellerais votre nom, dit Mme Sparke d’une voix claire, vous viendrez vous assoir sur le tabouret et le choixpeau annoncera votre maison.

Elle déroula un parchemin et commença.

  • Arthon Sam.

Un garçon aux cheveux châtains s’avança, l’air très pâle. Il s’assit et le professeur mit le choixpeau sur sa tête. Celui-ci sembla réfléchir, puis lança :

  • Poufsouffle !

Une des tables applaudit, et Sam s’y dirigea d’un pas précipité.

  • Burdon Jared.

Celui-ci fit une grimace avant d’aller s’assoir sur le tabouret.

  • Serdaigle !
  • Burdon Lucy !
  • Serdaigle !

Je la regardai s’assoir avec étonnement. Avec des caractères aussi différents, je pensais qu’ils ne seraient pas dans la même maison. Ils devaient avoir des points communs quand même. Cela me soulagea. Etant différent de mon frère, je pensais avoir beaucoup de chance de me retrouver dans une maison différente, bien que je préférai Griffondor. Apparemment, ce ne serait pas forcément le cas.

 

 

                Je regardais les élèves défiler avec une appréhension grandissante. Pourvu que le chapeau n’ait pas perdu la boule et m’envoie bien à Serpentard !

  • Londubat Alice !

Elle s’avança en saluant l’un des professeurs qui lui souriait. Mais elle aurait eu mieux fait de regarder devant elle car trébucha contre les marches et s’étala de tout son long. Cela ne parut pas perturber le professeur qui continua de sourire.

Le choixpeau réfléchit un assez long moment avant d’annoncer :

  • Poufsouffle !

Les élèves de cette table l’applaudirent, même si certains avaient pris une mine blasée.

  • Malefoy Scorpius !

Je pris une inspiration et m’avança d’un pas qui se voulait assuré. Il n’était pas question que je me ridiculise.

Le choixpeau frôla à peine le sommet de mon crane.

  • Serpentard !

Je m’autorisai un mince sourire puis alla m’assoir à la table des Serpentard.

  • Parkinson Fiona !
  • Serpentard !

Elle prit place à côté de moi.

  • Potter Albus !

Le garçon aux yeux verts s’avança vers le choixpeau. Il avait l’air au bord de l’évanouissement. Le géant lui fit un signe encourageant de la main avant qu’il ne prenne place sur le tabouret.

Le choixpeau réfléchit quelques secondes.

  • Griffondor !

J’aurais dû m’y attendre, mais je ressentis quand même une pointe de déception. Il prit une expression soulagé et alla s’assoir près d’un élève qui lui ressemblait beaucoup.

Je ne fis pas attention au reste de la répartition, jusqu’à que « Weasley Rose » fut appelée et envoyée à Griffondor, mettant fin à la cérémonie.

 

 

Rose prit place à côté de moi, heureuse d’être elle aussi à Griffondor. Je la félicitai puis la directrice se leva.

C’était une femme très vielle, cependant il émanait d’elle une incontestable autorité. Le silence se fit dans la salle.

  • Bienvenue à Poudlard, dit-elle d’une voix un peu émue. Je suis heureuse de vous accueillir pour une nouvelle année de travail et, je l’espère, de réussite. Mais avant de faire mon discours, je vais vous laisser vous restaurez. Bon appétit !

Il y eut des applaudissements, puis les plats se remplirent par enchantement. Comme beaucoup d’autres, je poussais des exclamations émerveillés puis me servis de tout.

  • Al’, me souffla Rose au bout d’un moment. Je crois que Malefoy te regardes…

Je levai la tête vers la table des Serpentard et croisai une nouvelle fois le regard argenté. Il tourna vite la tête, cependant, et sembla plonger en pleine discussion avec sa voisine.

  • J’espère qu’il ne va pas chercher les ennuis dès la rentrée, dit Rose avec mécontentement.

Je ne répondis pas et plongeai mon regard dans mon assiette, résistant à l’envie de regarder vers lui.

 

 

Non mais quel idiot je faisais ! Pourquoi a-t-il fallu que je le fixe comme ça ? Mais ce que disais Fiona sans même prendre la peine de manger était tellement ennuyeux que j’avais laissé mes yeux errer au hasard, perdu dans mes pensées. Ce n’est que lorsqu’il avait levé les yeux vers moi que je m’étais rendu compte que c’est lui que je fixais. Je m’étais alors rapidement détourné pour faire mine de répondre à Fiona. Mais j’avais eu le temps de capter le regard noir de la fille Weasley avant.

Je soupirais en écoutant le bavardage de Fiona. L’année risquait d’être très longue.

 

 

 

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