Le lion et le serpent
Mon père m’envoya un hibou une semaine plus tard pour me dire à quel point il était déçu que son fils ait été en retenu. L’hypocrite.
De toute manière, je n’avais aucune intention de me faire coller de nouveau, ma frayeur dans la forêt m’ayant suffisamment servi de leçon. Je n’avais plus envie de faire attention à cet idiot de Potter non plus.
Je vis avec soulagement le hibou de la famille m’apporter une simple lettre où mes parents me sermonnaient, mais me rassuraient aussi en m’assurant qu’ils n’étaient pas trop fâchés si c’était la dernière fois que j’avais une retenue. Mon frère n’avait pas eu cette chance, la semaine dernière, lorsqu’il avait reçu une beuglante de ma mère après qu’elle avait appris qu’il avait lâché des lutins de cornouailles sur le professeur Trikey...
Les mois suivants passèrent rapidement sans que rien de notable ne se passe. Je fis de mon mieux pour ne plus me faire remarquer et passa une grande partie de mon temps à réviser, aidé par Rose qui paraissait plus inquiète pour ses examens que certains élèves de cinquième année.
Mais parfois, lorsque ma tête se vidait après être resté trop longtemps plongé dans un manuel, je me surprenais à penser à Malefoy et je me mettais alors en colère.
Ce n’était qu’un crétin…
Le temps se mit à passer plus vite que je ne l’aurai cru. Les cours n’étant pas toujours très palpitants - hormis ceux de potion où tout le monde se jetait sous la table au moindre sifflement du chaudron d’Alice – aussi je suivais de près les matchs de Quidditch. On avait gagné face aux Poufsouffles mais pas contre les Serdaigles, contrairement aux Griffondors qui avaient remporté ces deux matchs. Le dernier déciderait donc qui de cette maison où la nôtre gagnerait la coupe et la tension s’accrût au fur et à mesure que la date approchait.
Le jour du match décisif arriva enfin. Si je l’attendais avec impatience, ce n’était pas seulement à cause du résultat mais aussi parce que mon frère commençait à m’agacer sérieusement, ou du moins plus que d’habitude.
Depuis sa première défaite, il avait repris du poil de la bête et se battait encore plus furieusement sur le terrain. Au point que certains l’appelait Le Cognard. Sa tête avait enflé comme un souaffle, et à la veille du match décisif, il tenait aussi peu en place qu’un vif-d’or. Insupportable.
- Et Ginley passe à Chunk qui passe à Banny. Le souaffle est intercepté par Zark qui se prend un cognard lancé par Potter. Il est récupéré par Banny qui fonce vers les cerceaux…
Will commentait le match avec un débit de parole si impressionnant qu’il aurait pu rivaliser avec Fiona. Le Poufsouffle ne prit qu’une brève inspiration avant de poursuivre.
- Bany lance le souaffle, Sansaza s’interpose mais manque la balle de quelques milimètres et… Griffondor marque ! Attendez… je crois que les attrapeurs ont repéré quelque chose !
Je les cherchai des yeux et ne tarda pas à repérer les deux joueurs qui se battaient au coude à coude. Le match n’avait commencé que depuis quelques minutes mais la balle dorée était déjà qu’à quelques centimètres de leurs mains.
- ALLER SERPENTARD !!!
Brad, d’ordinaire si calme, venait de m’exploser littéralement l’oreille gauche. La clameur couvrit mon juron.
Je vis mon frère essayé de rattraper un cognard pour le lancer sur l’attrapeur adverse, mais le risque était qu’il touche le nôtre. Ils étaient si proche qu’il était difficile de dire qui avait l’avantage, jusqu’à ce que le Serpentard, qui avait le bras légèrement plus long, ne s’élance en avant et attrape de justesse le vif-d’or. Le cognard envoyé par James le frôla juste après puis ce fut fini. Serpentard avait gagné.
Je venais d’entrer dans la salle commune, où la fête improvisée s’annonçait somptueuse, lorsque je me rendis compte que j’avais oublié mon écharpe dans les gradins. Je décidai d’attendre un peu avant d’aller la chercher, histoire d’éviter les regards narquois des élèves qui seraient encore présents. Je faillis d’ailleurs l’oublier de nouveau, distrait par Fiona qui commentait l’intégralité du match et les détails que les joueurs eux-mêmes ajoutaient. Le soleil se couchait déjà lorsque je ressortis, et je me dépêchais pour ne pas avoir à chercher dans le noir.
A la fin du match, les joueurs de Griffondor étaient d’une humeur exécrable et j’évitai soigneusement la salle commune. A la place, je me rendis à la bibliothèque avec Rose, où je ne fus d’aucune efficacité, me remémorant encore et encore le match. Je finis par abandonner l’idée de travailler et prévint Rose que je sortais prendre l’air. Celle-ci ne m’adressa qu’un vague geste de la tête, entièrement plongée dans son devoir d’histoire de la magie.
L’air frais m’apaisa et mes pas m’entrainèrent machinalement jusqu’au terrain de Quidditch. Ainsi vidé il était incroyablement impressionnant. Pendant quelques minutes, je m’imaginai en train de jouer pendant le match tout en me demandant si j’aurai pu attraper le vif-d’or. Puis le soleil commença à se coucher et j’allai repartir lorsque je remarquai que la porte des vestiaires était restée ouverte. J’y allai avec l’intention de la refermer mais quelque chose attira mon attention. Un balai avait été abandonné à même le sol. C’était Nimbus 2000, un vieux balai de l’école. Je voulais le remettre à sa place mais mon pouls s’accéléra. Je savais que je n’avais pas le droit de l’utiliser, mais il n’y avait personne et il faisait pratiquement nuit…Je venais de redescendre des gradins avec mon écharpe lorsque je me rendis compte que je n’étais pas seul sur le terrain. Le soleil avait disparu derrière la forêt interdite, ne me permettant de voir qu'une silhouette sur un balai.
Vu sa taille, cette personne devait être en première ou deuxième année. Et vu sa vitesse, il devait être sur un des balais de l’école.
Malgré cela, il volait plutôt bien et je le regardai avec curiosité. Petit à petit, il, ou elle, sembla gagné en confiance et son vol fut plus rapide et plus assuré. Il fit même quelques figures, de plus en plus dangereuse. Ce n’était pas parfait, mais je ne pouvais m’empêché d’être impressionné.
Je me retrouvai dans les airs avant d’avoir pu réfléchir sérieusement. La sensation que j’éprouvai en volant était toujours aussi incroyable, et si je restai prudent au début, je ne tardai pas à prendre des risques pour ressentir toujours plus de sensations.
Il faisait nuit noire lorsque je me posai enfin. Je surpris quelqu’un en allumant ma baguette pour retrouver les vestiaires. Je crus que mon cœur allait lâcher lorsque je reconnu Malefoy. Je restai figé, attendant qu’il réagisse le premier, prêt à me battre s’il menaçait de tout raconter.
Lorsque je ne pus plus distinguer le balai, je regardai de nouveau vers le sol et me rendis compte que je ne pourrai pas me repérer à moins d’éclairer avec ma baguette, ce qui révélerait aussitôt ma présence. J’étais en train de longer les gradins tout en me maudissant lorsqu’une lumière m’éclaira soudain. Ebloui, je mis quelques secondes avant de reconnaitre Potter, un balai à la main. Je me demandai pourquoi de tous les élèves, il fallait que ce soit lui…