Le lion et le serpent

- Tu voles bien.

Ces mots étaient sortis de ma bouche avant même de traverser mes pensées. Et  les réflexes aidant, j’ajoutai aussitôt avec mépris:

- Pour un Griffondor.

Le regard de Potter, un instant surpris, se durcit. Ses yeux verts me lançaient des éclairs comme s’il voulait me foudroyer sur place. Même comme ça, j’avais envie de les regarder.

Je sentis la fureur monter en moi. Serpentard avait gagné, il n’allait pas rater une occasion comme celle-là de me rabaisser ! Je sentis ma baguette me démanger mais je ne m’en servi pas. Je n’avais pas envie de m’attirer de nouveau des ennuis. 

Je tournai brusquement les talons et me dirigeai vers les vestiaires. J’avais besoin de me calmer.

- Attend !

Ma main avait saisi son poignet sans que je la contrôle non plus. Je me mis à parler précipitamment.

- Ce n’est pas ce que je voulais dire… Tu voles bien, tu devrais essayer de faire partie de l’équipe l’année prochaine.

Même moi, j’étais surpris par mes paroles. Potter, lui, fit une sacrée tête d’ahuri mais cela eut au moins l’effet escompté. Toute trace de colère avait disparu.

J’avais beau chercher de la moquerie dans son regard gris, je n’en voyais pas. Bon sang, il avait vraiment l’air sincère ! Peut-être qu’il voulait juste me voir me ridiculiser devant tout le monde ?

- Mon frère est bien meilleur que moi, répondis-je. Je n’ai aucune chance.

C’est ce que je pensais. Même si je me présentais aux sélections, ça ne changerait rien. Je m’éloignai de nouveau et cette fois, il ne me retint pas.

- Tu as peur de devoir m’affronter, c’est ça ? lança-t-il dans mon dos. Je ferais parti de l’équipe, tu verras ! Et si tu as assez de cran, on pourra savoir qui est le meilleur de nous deux !

Un défi… Il me lançait un défi ! Et si c’était un piège d’un plan tordu ? Peu importait. J’étais à Griffondor et si il y a bien une chose que James me répétait depuis qu’il était à Poudlard, c’était celle-ci : un Griffondor ne refuse jamais un défi.

Plusieurs pensées traversaient ma tête dont la plus récurrente : pourquoi ne l’avais-je pas fermée ? Comme si j’étais sûr de faire partie de l’équipe ! Mais il me restait un espoir, celui qui m’envoie balader. Après tout, il était assez froussard pour…

- Très bien.

Son ton était ferme, sans appel. Nom d’un serpent, il allait vraiment falloir que j’assure sur ce coup !

Je soupirai intérieurement. Il ne me restait qu’une chose à faire.

J’avais accepté ! Evidemment, ça paraissait simple sur le moment, mais après une infime réflexion, j’avais le ventre noué et l’envie furieuse d’avoir un retourneur de temps. Mais je ne pouvais pas reculer. Je n’avais qu’une seule solution.

M’entrainer tout l’été.

Les vacances, hélas, n’étaient pas pour tout de suite. Il restait une petite formalité légèrement contraignante appelée examen. Je n’étais pas particulièrement inquiet, juste impatient que ce soit enfin fini. Mais c’était en partie dû au fait que Fiona ne cessait de me lire ses fiches de révision qu’elle avait emprunté à Brad. Je crois que je n’ai jamais eu autant envie de mettre le feu à du papier.

Je me concentrais sur mes révisions alors que les examens approchaient. Comme j’avais eu de bons résultats cette année, j’étais plutôt serein, ce qui n’était pas le cas de Rose dont l’humeur variait entre la joie de tester ses connaissances et l’angoisse de tout rater. Alice, qui venait réviser quelques fois avec nous à la bibliothèque, était égale à elle-même, et semblait apprendre un tas de choses dont aucune en rapport avec le programme. J’étais un peu inquiet pour elle. Même si les cours de sortilège était dangereux avec elle, je n’avais pas envie qu’elle rate son année. En plus, son père était professeur à Poudlard.

- Ca ira ? lui demandai-je la veille des examens.

- Bien sûr ! dit-elle comme s’il s’agissait d’une évidence. Mon frère m’a aidé à réviser alors je réussirai forcément !

Celui-ci était assis un peu plus loin, à une table recouverte de livres. Le Serdaigle, plongé dans son travail, ne semblait même pas avoir remarqué la présence de sa sœur.

La veille de l’examen, je me réfugiai dans la bibliothèque, le seul endroit où Fiona ne me suivais pas. Je lisais un manuel sur les dangers des potions lorsqu’il se passa quelque chose d’étrange.

Les rayons d’étagères disparurent, laissant place à une vue dégagée sur le parc. En remarquant les télescopes rangés avec soin, je me rendis compte que j’étais à présent sur la plus haute tour de l’école.

Un peu plus loin, Potter, Weasley et Londubat venaient de s’écraser lourdement sur le sol de pierre.

Pendant quelques secondes, la douleur et l’incompréhension se disputèrent dans ma tête. Lorsque je me relevai enfin, je compris que j’étais sur la tour d’astronomie. Etrange.

- C’est toi qui as fait ça ? lança Rose avec colère.

Celle-ci s’était aussi relevée et regardait Malefoy avec colère. J’étais de plus en plus perplexe.

Le Serpentard leva les yeux au ciel.

- Ce n’est pas lui, intervint Alice. C’est mon frère, il a dû faire ça par erreur.

Par erreur ? Comment pouvait-on lancer un sort aussi complexe à l’intérieur de Poudlard par erreur ? Mais les deux autres ne la remis pas en cause et je haussai les épaules. Peu importait, je n’avais plus qu’à retourner à ma salle commune. Ce n’est qu’une fois arrivée à la trappe que je compris que le problème était un tout petit peu plus compliqué.

- C’est fermé, annonçai-je.