Luna Lovegood et la Prophétie de Traverse

Un taxi les avait menés jusqu'aux portes du Chaudron Baveur. Xenophilius avait réservé une chambre, où Luna était montée poser ses affaires avant de partir à la recherche d'un bureau de poste dans Londres. Elle avait l’intention de poster une lettre qu'elle avait écrite à Ginny pour lui conter ses mésaventures, et l'inviter à la rejoindre au Chemin de Traverse le lendemain. Londres était un endroit merveilleux, qu'elle avait malheureusement très peu d'occasions de parcourir. Luna adorait ces librairies d'occasion remplies de livres moldus et d'antiquités poussiéreuses. Elle s’attarda devant la vitrine d’une boutique mal éclairée qui affichait de larges disques noirs percés en leur centre, accompagnés de pochettes colorées. Des notes de jazz s’échappaient par moments de l’intérieur. Luna esquissa un pas de danse et continua sa route.

Une fois sa lettre postée (non sans appréhension, elle n'était pas tout à fait sûre de comprendre le fonctionnement du système postal moldu), Luna rentra au Chaudron Baveur. Son père l'attendait, déjà attablé à la salle à manger. Ils commandèrent des Bièraubeurres et la fameuse soupe à l'orange qui avait fait la réputation de l'endroit.

- Nous irons finaliser tes courses pour la rentrée demain, Luna, dit son père entre deux cuillerées de soupe fumantes.

- Oui, j'ai donné rendez-vous à Ginny pour qu'on aille s'acheter de nouvelles robes. La mienne commence à être trop courte. Et puis elle doit s'ennuyer, toute seule avec ses frères. Je parle de Ginny.

Luna regretta immédiatement ses paroles. On ne pouvait pas s'ennuyer avec les frères Weasley. Surtout pas avec Fred et Georges, les farceurs désignés. Fred... Sentant son sourire trahir sa pensée, elle chassa le chassa de son esprit.

- Tu ne trouves pas que cette soupe manque de persil? demanda Luna, sachant pertinemment qu'on ne mettait pas de persil dans la soupe à l'orange.

- Finis de manger et file à la chambre, je ne veux pas te voir traîner le soir dans cet endroit. J’ai des affaires à régler, je te rejoindrai.

Luna acquiesça.

Une fois son repas terminé, Luna monta à leur chambre, obéissante. Elle ferma la porte derrière elle avant de libérer Mouche, son hibou, de sa cage.

- Ne t'énerve pas trop, l'avertit-elle en le voyant battre des ailes à toute vitesse à travers la pièce, Papa va rentrer bientôt.

Elle s'assit au bureau, détachant la corde qui retenait ses livres. Elle décida de s'attarder au manuel de potions, la matière dans laquelle elle avait le plus de difficulté à suivre. Avec Severus Rogue comme professeur, il était effectivement ardu d'obtenir de bonnes notes. Bien qu'il ne la détestait pas autant qu'Harry Potter, Rogue n'en demeurait pas moins un désagréable personnage.

Une heure plus tard, le claquement de la porte la réveilla. Elle s'était endormie sur la page 84 du cahier ouvert. Son père, l'air énervé, se débarrassait de son écharpe devant la porte. Sans bruit, Luna se glissa dans son lit, et s'endormit presque aussitôt.

Lorsqu'elle s'éveilla, le lendemain matin, elle était seule dans la chambre. Même Mouche avait disparu; sans doute était-il en train de chasser des mulots quelque part. Luna défroissa rapidement ses vêtements avec ses mains, empocha sa baguette et sortit. Elle se rendit devant le mur de brique marquant l’entrée dans le monde de la magie et appuya sur la brique faisant pivoter le pan de paroi. Elle traversa le passage. De l'autre côté, le soleil rayonnait au-dessus de la rue déjà encombrée de monde. Elle tâta sa poche: il lui restait quelques gallions, cela devrait suffire pour les courses qu'elle avait à faire.

Comme il était presque dix heures, Luna décida de se rendre directement au Royaume du Hibou pour se ravitailler en croquettes Miamhibou. La porte du magasin tinta lorsqu'elle la poussa. Le magasin était bondé. Les boucles d'oreilles de Luna commencèrent à chauffer. Elle sourit. Après avoir saisi deux sacs de croquettes sur l'étalage, elle se mit dans la file pour la caisse. Soudain, un éclat de rire perça le brouhaha du magasin. Fred apparut en courant tout de suite après, poursuivit par Ginny, le bras tendu vers lui, qui criait: «Rends-moi ma baguette, Fred! Allez, rends-moi ma baguette! De toute façon, tu ne pourras pas t'en servir, ce n'est pas la tienne!»

Toujours en riant, Fred lança un sort qui fit s'esclaffer tout le monde dans la boutique avant de sortir sur le chemin de Traverse. Ginny, qui venait d'apercevoir Luna, cessa de poursuivre son frère pour lui parler.

- C'est peine perdue, de toute manière, il ne me la rendra que quand il voudra me la rendre, lui dit-elle. Comment ça va, toi?

- Super, répondit Luna. La maison a explosé hier, rajouta-t-elle en souriant. Au fait, tu as reçu ma lettre? Je l'ai postée hier après-midi, mais je ne sais pas si on peut se fier à ces facteurs... Pour ma part, je trouve les hiboux beaucoup plus fiables.

- Non, je ne l'ai pas reçue. Harry et Hermione sont là, tu viens? Je crois qu'ils sont chez Farces et Attrapes!

Luna s'empressa de payer ses achats pour suivre Ginny. Weasley, Farces pour sorciers facétieux était le magasin que Fred et George avaient ouvert, après qu'Harry leur ait donné la bourse de sa victoire du tournoi des trois sorciers. L'endroit était continuellement animé, encore plus en ce début d'année scolaire où les jeunes étudiants venaient faire le plein de bêtises. Lorsque Luna et Ginny entrèrent, Fred et George, perchés en haut de l'escalier menant au deuxième étage de la boutique, faisaient fleurir un feu d'artifice accompagné d'effets sonores incongrus.

- Feux en folie, des explosions de lumière et de bruit! clamèrent-ils.

Immédiatement, tout le monde applaudit leur prouesse colorée. Les deux filles tentèrent de se frayer un chemin à travers le bruyant chaos pour retrouver Ron, Harry et Hermione. Ils étaient tous les trois attroupés autour d'un présentoir de Boîtes à Flemme. Ginny, dut presque hurler pour vaincre le bruit ambiant.

- Hermione! Luna est là!

Hermione se retourna.

- Ah! Salut, Luna! cria-t-elle.

Luna agita la main en guise de salutation.

Harry et Ron, trop occupés à lire les effets des Boîtes à Flemme, ne l'a remarquèrent pas. Ginny, voyant ses frères aînés lui faire signe, entraîna soudainement Hermione et Luna par la main. Ils gravirent les marches et suivirent les deux rouquins derrière une porte habilement dissimulée dans la paroi. En refermant le battant derrière eux, le bruit de la foule s'estompa.

- Salut Luna, lança Fred.

- Salut Hermione, lança George.

Ginny fronça le nez.

- Oh, salut Ginny, ironisa Fred.

- Les affaires ont l'air de bien aller, fit remarquer Hermione.

- Oh, ça oui! Tu peux le dire! On va peut-être même ouvrir une succursale à Pré-au-Lard, si ça continue! renchérit Fred, enthousiaste.

- Maintenant, les filles, on voulait vous montrer quelque chose, si vous voulez bien me suivre... le coupa Georges.

- Qu'est-ce que c'est, encore, grogna Ginny.

- Tu verras bien, petite sœur! Mais pour ça, tu dois nous suivre avec une confiance totale et aveugle, railla Fred.

Luna, qui fixait Fred depuis un moment, pouffa.

- Allez, on vous suit.

Ils s'engagèrent dans un couloir sombre et très en pente. L'un d'eux glissait parfois, les faisant tous dégringoler de quelques mètres. Après un moment, le sol du tunnel s'aplanit et ils purent marcher normalement. Fred déclara soudain: «C'est ici.»

Sur la paroi humide, on distinguait vaguement une gravure.