Luna Lovegood et la Prophétie de Traverse

Le jour qui entrait par la fenêtre piquait Luna juste sur les yeux. Elle se réveilla en clignant des paupières. Mouche, sur son perchoir, somnolait encore: Luna lui tapota gentiment la tête. Son père dormait également, encore tout habillé. Il s'éveilla aux cris surexcités de Mouche. Luna déjeuna d'un gâteau à la rhubarbe avant de rassembler ses effets pour le départ. Sur le chemin de la gare, Luna ne cessa de parler à son père de ce qu'elle ferait cette année, des amis qu'elle reverrait et des découvertes qu'elle ferait.

- À Poudlard, on découvre toujours de nouvelles salles. Même Professeur McGonagall ne les connaît pas toutes, je suis sûre.

Ils entrèrent dans la gare, non sans passer inaperçus (un hibou surexcité dans une cage est rarement subtil aux yeux des moldus). Luna s'élança nonchalamment sur le mur entre les quais 9 et 10. En passant du côté du quai 9 3/4, Luna repéra immédiatement Neville. Laissant là son chariot et son père, elle courut se jeter dans ses bras.

- Neville!

Abasourdi, celui-ci hésita un instant avant de refermer ses bras autour d'elle.

- Comment ça va, Luna?

- Ça va, et Trevor?

- Toujours là, répondit Neville en sortant le crapaud d'une de ses poches.

Trevor croassa. Luna pouffa.

- Où as-tu posé tes bagages? demanda Luna

- Euh... Viens, j'ai pris un compartiment avec Gabrielle.

Luna courut attraper ses valises et la cage de Mouche. Son père l'aida à les transporter à l'intérieur du train. Un sifflement se fit entendre au même moment. Le brouhaha s'intensifia: les parents lançaient leurs derniers au revoir, les petits frères et petites sœurs regardaient envieusement partir les aînés et les mères anxieuses faisaient encore des recommandations à leurs enfants.

- Au revoir, papa, dit Luna en étreignant son père. Fais attention à toi.

Xenophilius sourit en acquiesçant, puis descendit du train.

- Sois sage, Luna! s'écria-t-il alors que les wagons s'ébranlaient.

Luna poussa la porte du compartiment où étaient déjà assis Neville et Gabrielle. Une demi-seconde plus tard, elle sentit qu'on la poussait et tomba face contre terre entre les bancs. Derrière elle, un éclat de rire retentit, reprit en écho par deux voix grasses. Luna grogna en se relevant péniblement, ignorant la main tendue de Neville.

- Tu ne t'es pas fait mal?

Luna secoua la tête.

- Vous avez du chocolat?

- Oui, tiens, j'ai fait une provision de Chocogrenouilles avant de partir, dit Neville en lui tendant une friandise.

Luna l'accepta avec reconnaissance et s'assit face au garçon.

- Alors? Vous savez les dernières nouvelles? lança-t-elle.

Ses amis lui jetèrent un regard interloqué.

- À propos du nouveau professeur de défense contre les forces du Mal? tenta-y-elle.

- Un loup-garou encore? Un centaure? Hagrid? pouffa Gabrielle.

- Cessez de vous moquer d'Hagrid, s'indigna Luna.

- Ah, moi, j'ai rien dit, se défendit Neville.

- Hum.

Luna se pencha vers l'avant, puis chuchota: «Severus.»

- Rogue? demanda Neville, incertain.

- Lui-même, acquiesça Luna.

- C'est une catastrophe, s'alarma Neville.

- Pourquoi?

- Eh bien...

- Pourquoi?

- C'est un Mangemort, tout le monde le sait, finit par lâcher Neville.

- Qu'est-ce qui te le dit?

Il resta silencieux. Neville avait parfois l'air un peu bêta, mais Luna était convaincue qu'il méritait sa place à Gryffondor: c'était un garçon courageux. Simplement, il n'avait pas encore eu l'occasion de le monter à tout le monde. Luna observa ses lèvres claires et la forme de son visage. Il avait beaucoup changé depuis son arrivée à Poudlard. Son visage avait mûri: sa mâchoire était devenue saillante, son menton et ses joues s'étaient affinés, son regard s'était aiguisé.

Luna secoua la tête. Trêve de rêveries. Elle baissa les yeux vers le Chocogrenouille, qu'elle n'avait toujours pas déballé. Elle ouvrit le paquet de papier. À l'intérieur, le visage de Dumbledore lui souriait.