Au Gré des Vents

Chapitre 2 ; Le Choixpeau

Le Poudlard Express filait dans le paysage, rapide et chargé d’élèves à la tête pleine de rêves.

Dans l’un des wagons, Alizée et Kathy étaient assises sur la banquette rouge, le regard perdu dans les paysages magnifiques qu’on pouvait voir par la fenêtre. Émerveillée, la jeune fille aux cheveux noirs posa le bout des doigts sur le verre froid ; elle n’avait jamais vu des lacs, des forêts et des vallées comme celles-là ! Sa vie se résumait à un manoir glacé, à ses rêves d’être un Auror comme ses parents, aux grandes bannières à l’effigie du serpent de Serpentard partout chez elle… Pas de lacs, de rivières ou de bois. Kathy, elle, ne semblait pas surprise ; posée, ses cheveux bruns lui arrivant juste sous les épaules parfaitement peignés, elle avait les yeux qui brillaient, mais c’était seulement car elle avait hâte d’être à Poudlard. Elle se tourna vers Alizée et lui sourit.

-        Tu as l’air surprise.

-        Je n’avais jamais vu ces paysages ! s’écria la jeune fille, la main toujours sur la vitre. C’est incroyable !

Kathy haussa les épaules.

-        Je suppose que tu n’es pas écossaise, remarqua-t-elle.

-        Non, mes parents vivent au cœur de Londres.

-        Nous, on vit pas si loin d’ici. Alors, les lacs, je connais, pouffa-t-elle, avant d’ajouter, l’air soudain un peu triste ; J’ai vraiment envie d’être à Poudlard, mais… Mes parents vont me manquer ! Pas toi ?

Alizée se mordit la lèvre. À part lui offrir ses rêves d’être Auror, ses parents n’avaient jamais été très coopératifs avec elle ; elle passait plus de temps avec Kenia, l’elfe de maison, qu’avec eux, toujours au travail. Ils revenaient le soir, ordonnaient à l’elfe de servir à manger à leur fille et filaient travailler dans leurs bureaux. Au matin, elle les voyait jusqu’à huit heures, l’heure où ils sautaient dans la cheminée pour arriver au Ministère de la Magie. Elle aussi, un jour, aurait cette routine-là. Donc, oui, elle admirait énormément Karellia et Nuelius Neigea, mais ils n’allaient pas tant lui manquer.

Elle n’eut heureusement pas à répondre à Kathy, car déjà la sorcière au chariot passait dans le couloir et elles se précipitèrent sur elle, sortant de petites bourses pleines de Gaillons de leurs poches. Alizée fut surprise de trouver autant de friandises dans le chariot qui croulait sous le poids de milliards de bonbons divers. Chez elle, les bonbons, c’était très rare. Elle prit donc un peu de tout, Chocogrenouilles, Dragées Surprise de Bertie Crochu et Patacitrouilles inclus. Kathy, elle, prit aussi de tout mais essentiellement des Gnomes au Poivre, qu’elle semblait adorer. Alizée goûta les bonbons et adora le Fondant de Chaudron et les Crapauds à la menthe, ainsi que les Fizwizbiz ; très vite, des Chocogrenouilles se mirent à sauter dans tous les sens et les deux jeunes filles furent prises d’un incontrôlable fou rire, surtout lorsqu’Alizée goûta les Bertie Crochu au saumon et au curry avant de tomber sur un au poivre. 

-        On devrait peut-être mettre nos robes, remarqua alors Kathy en prenant une robe de chez Mme Guipure dans son sac et en l’enfilant.

Son amie acquiesça et ouvrit elle aussi sa malle, d’où s’échappa un petit miaulement adorable. Surprise, Kathy se redressa s’un bond et elle s’approcha à toute vitesse du chaton noir qui était toujours enfermé dans sa petite cage ; elle le libéra et le serra dans ses bras, aux anges. Elle avoua à Alizée adorer les chats. Attendrie, celle-ci s’approcha pour le caresser, elle aussi, sous les hululements jaloux d’Ambar, son hibou, qui agitait les ailes dans sa cage.

-        C’est quoi, son petit nom, à la boule de poils ? s’enquit la fille aux yeux noisette, le chaton toujours serré dans les bras.

-        Il n’en a pas, avoua Alizée. Je n’ai pas le droit d’avoir plusieurs animaux à Poudlard. Je l’ai trouvé et il était tellement chou que je l’ai gardé – je n’ai pas eu le temps de lui donner un nom…

-        Il faut remédier à ça ! s’exclama joyeusement Kathy. Mmmmh… Bertie Crochu ? proposa-t-elle, son regard tombant sur la boîte de friandises posée sur ses genoux. Ou juste Bertie ?

-        Après le bonbon au poivre ? Non merci ! fit son amie en riant.

-        Patacitrouille ? Crapaud à la menthe ? Suçacide ? Fizwizbiz ?

-        Va pour Fizwizbiz, lança Alizée, qui ne voulait pas avoir un chat appelé Gnome au Poivre, sans cesser de rire. Ou Fizwi.

Fizwi approuva d’un miaulement aigu en s’agitant entre les doigts de Kathy, qui le remit dans sa cage. Comme le train commençait à ralentir, elles prirent leurs valises et les cages de leurs chouettes et hiboux avant de sortir de leur compartiment et de sortir dans le couloir, où à peu près tous les élèves étaient en train d’attendre l’ouverture des portes. Elles sortirent sur le quai et déposèrent leurs affaires dans une diligence qui ne semblait pas être tirée par quelque cheval, mais qui avançait seule. Ou du moins, ça, c’est ce que voyait Kathy. Alizée, elle, voyait un grand animal noir, avec de larges ailes parcheminées laissant passer la lueur des lampadaires. Elle fit un bond en arrière en le voyant. Qu’était cette créature étrange ? Elle remarqua alors qu’elle semblait être à peu près la seule à la voir ; Kathy et les autres élèves passaient devant elle sans y faire attention et se seraient même cognés sur ses ailes tendues si l’animal ne les évitait pas. En fait, le seul autre qui semblait les voir était un garçon, non loin des deux jeunes filles, avec des yeux gris-bleu et des cheveux bruns. Alizée allait s’approcher de lui pour lui demander s’il savait ce qu’étaient ces étranges créatures quand son amie la prit par le bras et la tira vers de petites barques déposées comme des bateaux en papier sur le lac noir. Un gigantesque personnage à la barbe hirsute qu’elle reconnut comme étant Hagrid, le garde-chasse, aidait les élèves à monter dessus. Elle suivit Kathy et s’assit sur l’une des embarcations. Au loin, elle pouvait voir les tourelles de Poudlard.

°O°o°O°o°O°

Dans la Grande Salle, des torches semblaient flotter au milieu d’un ciel artificiel qui était en fait le toit de l’impressionnant endroit. Lentement, impassiblement, la directrice, Minerva McGonagall, appelait un à un les élèves.

-        Ario Kallik…

-        SERPENTARD !

-        Bellia Arman !

-        POUFSOUFFLE !

-        Bane Alithéa.

-        SERDAIGLE !!

-        Craig Joe…

-        SERDAIGLE !

-        Elias Kate !

Kathy se leva d’un bond et marcha d’un pas souple vers le professeur, qui tenait le chapeau rapiécé dans une main et un long parchemin comportant une liste d’élèves dans l’autre. En s’asseyant sur le tabouret, elle adressa un clin d’œil à Alizée, qui espérait de tout son cœur qu’elle se retrouve à Serpentard, pour ne plus être seule lorsque le Choixpeau l’y enverrait. Car, bien sûr, elle devait aller dans cette maison. Les Serpentards étaient ambitieux, et, si elle voulait être Auror comme ses parents, elle devait être dans la même maison qu’eux… Kathy frissonna lorsque le chapeau vint se poser sur sa tête. Il y eut un moment de silence, puis ;

-        GRYFFONDOR !

L’air joyeux, Kathy se leva et courut vers la table des Gryffondors. Son amie, attristée, baissa les yeux ; elle serait donc seule durant sept ans, sans amis ! Dans sa légère robe de sorcière qui lui avait jusque-là paru comme un cadeau, elle se sentit emprisonnée. Auror, voilà ce qu’elle voulait être. Mais, sans amis…

-        Feliann Zéphyr, lança McGongall.

Le garçon brun qui voyait les chevaux ailés tout à l’heure s’avança et s’assit sur le tabouret. Le Choixpeau se tut un moment, puis s’écria ;

-        GRYFFONDOR !

La liste se poursuivit, lente, imperturbable, cruelle. Enfin, après un certain Merlin Jiud qui alla à Serpentard, ce fut elle qu’on appela. « Neigea Alizée ! » Kathy lui fit un signe de la main lorsqu’elle se leva, mais elle n’eut pas la force de lever le bras pour lui répondre. Elle s’approcha du tabouret, stressée, et s’assit dessus. Le professeur McGonagall lui posa alors le chapeau, froissé et décoloré, sur la tête.

Le Choixpeau n’hésita pas un instant.

-        GRYFFONDOR !!!

Il y eut un tonnerre d’applaudissements à la table des Gryffondors, et Kathy cria son nom. Alizée resta un long moment immobile. Elle n’était pas choquée ou triste, même si elle l’aurait dû.

Elle était soulagée.

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Voilà ! ça vous a plu?