Au Gré des Vents

Chapitre 5 : La lettre

Après l’ouverture de la lettre de ses parents lui demandant des nouvelles, Alizée décida qu’il était temps de leur répondre. Un soir, elle alla donc s’asseoir dans un fauteuil au coin du feu avec son amie et son chat qui jouait sur ses genoux. Elle entreprit de réviser l’Histoire de la Magie, et attendit que Kathy, fatiguée, monte dans le dortoir des filles. Elle préférait écrire sa lettre pour ses parents seule, de peur que son amie ne la lise. Alizée attendit longtemps avant que la salle commune ne se vide entièrement ; le dernier à partir fut le garçon qui voyait aussi les grands chevaux noirs, le dénommé Zéphyr, qui lui jeta un coup d’œil de ses yeux clairs et lumineux avant de quitter la salle. La jeune fille sortit alors un morceau de parchemin, sa plume préférée – or et rouge, peut-être celle d’un phénix ? – et son encre et commença à écrire.

Chère mère, cher père,

Je suis heureuse à Poudlard. Je suis plutôt douée en Défense contre les Forces du Mal (saviez-vous que mon professeur est Harry Potter lui-même ?), en Botanique, en Astronomie et en Sortilèges, mais j’ai du mal en Potions et

Elle trempa sa plume dans l’encre.

en Métamorphose. Auriez-vous des idées à me donner ? Je sais que ces matière sont importantes pour être Auror… Je me

Elle chassa Fizwi qui était sur le point de renverser son encre. Comme le feu commençait à s’éteindre, elle leva sa baguette, l’agita en murmurant « Lumos ! » et posa le bâton entouré d’un fil d’argent sur le parchemin. Puis elle reprit sa plume et continua ;

suis faite une amie, elle est géniale et s’appelle Kate Elias. Vous me manquez. Comment va le travail ?

Bonne journée, Lizzie

Elle eut un soupir et prit Fizwi dans ses bras. Non, Lizzie, c’était trop… amical. Kathy était la seule à l’appeler comme ça. Elle sentit ses yeux se remplir de larmes. Son amie qu’elle connaissait depuis à peine deux semaines l’appelait déjà Lizzie alors que pour ses parents, elle avait toujours été soit Alizée, soit « jeune fille »…

Ravalant un sanglot, elle trempa sa plume dans l’encre une nouvelle fois et rectifia ; Lizzie Alizée.

Voilà ! Comme ça, elle ne leur mentait pas sur sa maison, sans pour autant leur révéler qu’elle était une Gryffondor… Elle plia la lettre et la glissa dans une enveloppe que ses parents avaient marqué de leur nom et leur adresse à l’avance, avec un petit seau du Ministère de la Magie pour fermer le tout. Ils lui en avaient donné assez pour quatre ans au moins ! Elle se leva et, Fizwi toujours serré dans ses bras, elle sortit de la salle commune et se dirigea vers la volière. Arrivée devant la tour pleine de hiboux et chouettes divers, Alizée tendit le doigt à Ambar, qui vint s’y percher avec joie, son plumage tout ébouriffé par le vent ; elle lui proposa une petite poignée de miamibou, et il picora la nourriture avec soulagement. Ambar était une magnifique chouette effraie mâle, de jolies couleurs ambre, brun et blanc, dans un agréable mélange de couleurs caramel. Il attrapa la lettre et s’envola aussitôt après avoir donné un petit coup de bec amical à sa maîtresse, puis, fantôme pâle dans les ombres, il disparut dans la nuit.

Adossée au rebord de la fenêtre, son chaton jouant avec ses cheveux tout en se démenant pour s’enfuir, elle resta un long moment à le caresser en regardant au-dehors. De temps à autre, comme un soupir blanchâtre, une chouette ou un hibou, une souris ou quelque musaraigne ou campagnol entre ses serres ambrées, entrait comme une rafale dans la volière et allait se lover sur un perchoir tandis qu’un autre sortait dans un souffle. Alizée admirait leur va-et-vient lorsqu’elle sentit que Fizwi, son pelage noir ébouriffé par les bourrasques, lui sauta des bras.

-        Fitz’ ! s’écria la jeune fille en essayant de l’attraper. Fizwi ! Reviens ici ! FIZWIZBIZ, REVIENS ICI !

Mais, trop rapide, il s’échappa dans le couloir, talonné par Alizée et suivi du regard par les grands yeux des hiboux colorés. Elle le poursuivit à travers presque tout le château en criant son nom, énervée, avant de se cogner à quelqu’un. Elle tomba en arrière et allait se cogner sur le sol dur lorsque la mystérieuse personne l’attrapa et, la serrant dans ses bras, l’aidait à se redresser.

Elle s’écarta de lui et attrapa Fizwi, qui était venu se cacher derrière elle à la vue de l’inconnu, par la peau du cou avant de le serrer contre elle. Alizée leva les yeux vers celui qui l’avait rattrapée. De beaux yeux gris-bleu, des épis bruns dans tous les sens… C’était Feliann Zéphyr, celui qui voyait les chevaux ailés, le garçon de Gryffondor qui était monté en dernier dans sa chambre !

-        Salut ! dit-il en lui offrant un sourire magnifique.

-        Salut, murmura-t-elle, serrant son chaton contre elle. Tu… euh…

-        J’ai entendu des cris, expliqua-t-il. Tu faisais quoi ici ?

-        Je suis sortie poster une lettre, et ce chaton stupide s’est enfui et m’a fait courir dans tout le château ! soupira-t-elle, agacée.

-        Ah, fit-il simplement avec un nouveau sourire. Comment il s’appelle, ce bout de chou ?

-        Fitz’, répondit-elle en lui tendant l’animal, que l’autre caressa, attendri. Enfin… Fizwizbiz.

-        Fitz, hein ? chuchota Zéphyr en riant, se penchant vers elle dans un mouvement presque imperceptible. Et toi, tu es… ?

-        Alizée Neigea, murmura-t-elle.

-        Moi c’est Zéphyr, se présenta-t-il inutilement. Zéphyr Feliann.

-        Tu es en première année ? s’étonna Alizée.

Elle l’avait vu durant la Répartition, mais il avait l’air beaucoup plus âgé qu’elle !

-        Non, c’est la première fois que je viens à Poudlard, mais je suis en troisième année. Jusque-là, j’ai suivi mes cours par correspondance, mais j’ai fini par venir ici.

-        Pourquoi tu suivais des cours par correspondance ? demanda la jeune fille curieuse.

Il eut un sourire et secoua la tête, l’air de dire « je peux pas en parler ». Puis il se détourna et lança avec un autre sourire magnifique :

-        Bon bah, salut Alizée !

-        Salut !

°O°o°O°o°O°

Plus tard, elle s’allongea dans son lit, un grand sourire aux lèvres, son chaton dans ses mains, les bras tendus au-dessus d’elle, et s’écria en riant, au risque de réveiller les autres ;

-        Et dire que tous ça, c’est grâce à toi, Fitz !

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