Au Gré des Vents

Chapitre 15 : Cachotteries

-        Alizée ? Euh… ça va ?

-        Oui, balbutia la jeune fille, ses joues virant au rouge pivoine.

Elle venait… Elle venait de sauter dans les bras de Zéphyr Feliann lui-même. C’était une chose dont elle pourrait se venter pendant des siècles, mais sur le moment ça avait beau être fantastique, c’était surtout extrêmement gênant. Elle essaya de s’écarter, les yeux et les joues rougis par la gêne et les larmes, mais il la tenait fermement, l’empêchant de se dégager. Alizée tomba des nues ; il la maintenait contre lui, il ne voulait pas qu’elle parte ! Bon, c’était sans doute car elle devait encore avoir le visage ruisselant de larmes et devait faire peur ; mais c’était tout de même génial de se savoir dans ses bras… Sans rejet !

La jeune fille essaya à nouveau de s’écarter, mais il l’en empêcha d’une poigne ferme.

-        Laisse, je vais bien ! insista-t-elle.

-        On ne dirait pas, répliqua Zéphyr. Tu m’as foncé dessus en pleurant durant une heure de cours et tu dis que tu vas bien ? Allez, dis-moi ce qui ne va pas. Tu es blessée ?

-        Non, non, je vais bien, répéta la jeune fille. C’est rien.

-        Quelqu’un t’a embêtée ?

-        Je peux me défendre seule ! hoqueta-t-elle, surprise. J’ai une baguette ! D’ailleurs, si tu ne me lâches pas, je vais m’en servir ! menaça de plus belle la sorcière sans en penser un mot.

Au lieu de s’écarter, il eut un petit sourire et lui prit la main pour la conduire un peu plus loin, se cachant dans un passage secret derrière une tapisserie représentant un loup juché sur une falaise, le museau au vent, poussant un hurlement éternel à la lueur de la lune. Lorsqu’ils passèrent sous sa représentation, il cessa un instant de hurler pour se tourner vers eux, ses yeux ambre luisants de curiosité, tandis que les pas de Rusard, précédés par les miaulements de Miss Teigne, résonnaient dans le couloir à l’endroit même où ils se trouvaient un instant plus tôt.

Zéphyr se tourna vers elle, toujours dissimulés dans la cachette, et reprit d’un ton sérieux, la tenant toujours par la main ;

-        Vas-y, dis. Si tu ne me dis pas, je vais te harceler avec ça jusqu’à ce que je quitte Poudlard !

Il plaisantait, bien sûr, mais Alizée ne put s’empêcher de frissonner. Que Zéphyr Feliann vienne la voir souvent pour la questionner, ce n’était pas effrayant, loin de là. C’était… excitant. Après tout, elle était une fille de treize ans. Comme toutes ses amies, elle fantasmait sur les septièmes années et sur les beaux garçons de l’école ; et celui qui la regardait à présent d’un air interrogateur en faisait partie, à coup sûr. Kathy aurait bondi de joie si elle s’était trouvée dans cette situation – enfin, non, en fait, elle aurait bien bondi, mais sur lui. Alizée eut un sourire. Que dirait son amie lorsqu’elle saurait qu’il lui avait pris la main ?

Elle était d’ailleurs absorbée par leurs doigts entrecroisés, au bord de l’euphorie. Il tendit son autre main, très sérieux, et lui tourna le visage pour la forcer à la regarder. Il avait des yeux magnifiques, d’un gris-bleu doté de teintes de vert.

-        Alors ? demanda-t-il.

-        C’est vraiment rien, répondit-elle. J’était en cours de Défense et on a affronté un épouvantard. J’ai eu peur. Voilà.

-        Et pourquoi c’est sur moi que tu as foncé ?

-        Lorsqu’il s’est transformé, j’ai vu mes amis morts. Dont toi.

Elle s’étonna de le lui avoir avoué. En même temps, elle était trop absorbée par ses yeux pour réfléchir à ce qu’elle disait…

« Attendez, je viens de dire qu’il est mon ami ? Va-t-il mal le prendre ? »

Il s’abstint cependant de commenter et lui dit d’un ton grave ;

-        Tu aurais dû le dire avant !

-        Non, je n’aurai pas dû venir t’embêter, murmura-t-elle en faisant un nouvel effort pour se dégager. Désolée.

-        Ne t’excuse pas. Tu as bien fait.

-        Je dois aller en cours, murmura Alizée en essayant encore de s’écarter, avec succès, cette fois.

Il la laissa s’en aller de ses bras. Elle recula vers la tapisserie quand il la rappela par son nom.

-        Alizée ?

Elle se retourna.

-        Si tu as encore un problème… viens me voir, OK ?

Alizée hocha la tête puis détala, serrant les lèvres pour retenir un sourire ; après un premier cours très mouvementé, Zéphyr l’avait serrée contre lui en lui disant de revenir le voir en cas d’ennuis. Il l’avait regardé dans les yeux et lui avait pris la main.

Cette troisième année s’annonçait mouvementée.

°O°o°O°o°O°

Alizée sortit de l’Étude des Runes en souriant. Elle était encore folle de joie de la scène qui s’était déroulée une heure plus tôt derrière la tapisserie du loup en compagnie de Zéphyr, et en plus, le cours s’était merveilleusement bien passé. Elle n’avait peut-être pas été la meilleure en tout, loin de là, mais elle était une plutôt bonne élève et avait prit des notes durant tout le cours. Cette matière avait l’air très difficile, mais elle allait tout faire pour relever le défi et apprendre au-delà de ce que tous les autres élèves apprendraient. N’ayant comme ami dans cette salle de classe ni Kathy, ni Kenric, ni Annie, qui étaient en Divination pour les deux premiers et en Arithmancie pour la dernière, elle devait se contenter de la compagnie de Gwenn. C’était déjà bien, mais être loin de ses deux meilleurs amis, même pendant deux heures par semaine, c’était… bizarre. Dérangeant. Inhabituel. Malgré cela, elle ferait des efforts.

Maintenant, elle avait cours de Soin aux Créatures Magiques.

Son sourire s’effaça. Cette matière, elle ne l’avait choisie que pour être avec Kenric, Kathy et Annie. Gwenn serait là aussi. Mais elle n’avait jamais sérieusement souhaité étudier les animaux fantastiques, et elle craignait pour les résultats de ce choix. Ses parents n’en savaient d’ailleurs rien, elle savait qu’ils seraient furieux de savoir qu’elle suivait cette matière ; la liste des choses qu’elle leur cachait se faisait de plus en plus longue…

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Voici le nouveau chapitre. Profitez-en. Reviews please !

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