Au Gré des Vents

Chapitre 17 : Les Sombrals

2132 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/05/2017 13:55

Chapitre 17 : Les Sombrals

 

-        Magiquoi ?

-        Magizoomage. Avez-vous déjà entendu parler des Métamorphomages ?

Alizée hocha la tête. Bien sûr que oui ! Elle avait une photographie de Tonks affichée au-dessus de son lit, et elle avait lu un livre sur elle ; la jeune Auror membre de l’Ordre du Phénix était Métamorphomage, c’est-à-dire que, de naissance, elle pouvait modifier son apparence à volonté. Mais quelle était le rapport avec les Magizoomages ? Elle se demanda alors si c’était un problème d’en être un. Elle se tourna vers Hagrid ; ses yeux déjà énormes agrandis par la stupeur, il renversait du thé sur la litière de son chien qui jappait de mécontentement. Cela ne lui révélait pas s’il était choqué… ou impressionné.

Elle se tourna vers Mme Layll. Celle-ci semblait grave, avec une touche d’allégresse malgré tout.

-        Et donc ? l’interrogea prudemment Alizée.

-        Les Magizoomages sont des personnes qui peuvent de naissance communiquer par l’esprit aux créatures fantastiques.

-        Sérieusement ?! s’écria la jeune fille.

Mais c’était génial ! Parler aux animaux magiques… Quelle nouvelle ! Cela expliquait son entretien avec la licorne et son air surpris lorsqu’elle était entrée en contact avec elle.

-        C’est rare ?

-        Plus ou moins, fit nonchalamment Mme Layll.

-        Vous en connaissez d’autres ?

-        Oui. Je suis Magizoomage.

-        OKOPI !!!

Mme Layll sursauta. Hagrid avait lâché la théière et leur souriait.

-        Une autre Magizoomage, tu dis, Oko ? Parmi les élèves ?! Mais c’est fantastique ! Comment tu as dis que tu t’appelais, toi ?

-        A-Alizée…

-        On va faire du bon boulot ensemble ! Tu pourras parler à mon hippogriffe ?

-        Euh… Je peux essayer.

Elle était un peu intimidée par cet énorme demi-géant, même si elle le connaissait de loin depuis trois ans. En plus, le large sourire sur son visage éclairait chaque parcelle de sa face couverte d’une barbe en broussaille hirsute.

Alizée s’approcha prudemment du petit hippogriffe. Elle essaya d’accéder à ses pensées, mais elles étaient étrangement floues… Comme un livre aux pages illisibles. Elle essaya avec le plus âgé.

Bonjour, toi.

« Qui es là ? Oko ? »

Non. C’est moi. Je m’appelle Alizée. Et toi, comment tu t’appelles ?

« Buck. Tu es amie avec Oko ? »

Oko ? Mme Layll, tu veux dire ? Je suis son élève. Lui, c’est ton bébé ?

« Sirius. »

Il s’appelle Sirius ? C’est toi qui lui a donné ce nom ?

« Non. C’est Hagrid. »

Pourquoi ?

« Sirius est mon ami. Il va revenir, un jour, et on va aller voler sur la mer. »

Alizée s’arracha des pensées de l’hippogriffe, mi-émerveillée, mi-horrifiée. C’était lui, le célèbre animal ami avec Harry Potter ? Elle savait, pour avoir lu la biographie de celui-ci, que c’était une créature gentille, qui avait vécu avec Sirius Black un temps. Mais… Il semblait croire que Sirius était encore en vie. Hagrid ne lui avait donc pas dit ce qui était arrivé à son ancien maître ? Ne le savait-il pas ? Quelle cruelle farce que ce soit elle, petite élève insignifiante, qui doive lui annoncer cette terrible nouvelle… Il devait vraiment l’aimer pour accepter que l’on donne son nom à son propre fils. Mais, après tout, personne n’avait dû lui demander son avis…

Elle secoua la tête, troublée. Voilà qu’elle prenait cette créature pour une personne !

-        Alizée, ça va ?

-        Vous ne lui avez pas dit ! s’écria-t-elle en repoussant la main d’Oko Layll.

-        Quoi ?

-        Vous ne lui avez pas dit que Sirius était mort. Il le croit encore vivant ! Son fils… Vous l’avez appelé Sirius. Mais vous ne lui avez rien dit ! Le pauvre !

-        Oh… balbutia Hagrid, l’air surpris. Oui… Je lui parlerais.

-        Rubeus, fit Mme Layll, je te laisse avec elle ? J’ai des élèves à gérer.

-        D’accord.

Elle sortit et un grand silence s’abattit sur eux. Puis le demi-géant lui proposa du thé, et elle accepta avec plaisir avant d’aller s’asseoir sur un gigantesque canapé où elle s’enfonça profondément. Le molosse vint vers elle, la renifla avec prudence puis posa la tête sur l’accoudoir du canapé de cuir et se mit à baver abondamment en gémissant, ses grands yeux noirs et larmoyants fixés sur elle. Alizée lui caressa prudemment la tête et il se mit à agiter la queue. Elle sourit.

Hagrid lui apporta du thé chaud aux effluves de cannelle et d’orange qu’elle porta à ses lèvres tandis qu’il lui ouvrait aussi une boîte de biscuits durs comme la pierre et quelques caramels maison. Puis ils parlèrent de tout et de rien, mais essentiellement d’animaux ; elle lui parla d’Ambar, son hibou, puis décida de lui révéler qu’elle avait adopté un petit chat qu’elle élevait en cachette – il fut très content de le savoir – et il lui décrivit les différentes créatures qu’il élevait, Crockdur, le chien, les deux hippogriffes Buck et Sirius, les licornes comme la petite d’un peu plus tôt, son crabe de feu caché dans le potager, son cousin Graup, le géant, ses Sombrals…

Là, elle fut piquée par la curiosité. Un Sombral ? Qu’était-ce ? Elle avait lu de nombreux livre sur les créatures magiques, dont, évidemment, celui de Newt Sacamander, mais elle n’avait pas fait bien attention à cet animal-là. Elle se souvenait d’avoir lu son nom quelque part. Lorsqu’elle lui demanda ce que c’était, il lui fit un grand sourire et la conduisit dehors ; il traversa les bois jusqu’à une clairière et sortit un morceau de steak cru de la poche de son manteau.

-        Où sont-ils ?

-        Tu vas voir, fit Hagrid d’un air fier avant de pouffer et d’ajouter ; ou pas.

Intriguée par sa dernière phrase, elle scruta la pénombre des sous-bois lorsqu’un grand cheval noir, ailé, doté d’une peau parcheminée et dénuée de poils, apparut et s’avança au trot vers la viande fraîche. Alizée était fascinée. Il n’était pas beau, il était même un peu effrayant, mais il se dégageait de lui une impression de fière puissance et de majesté qui l’attirait comme un aimant. Elle entra sans mal dans sa tête et y découvrit des pensées différentes de celles de la licorne et de l’hippogriffe ; acérées tranchantes, dures et froides, elles avaient en même temps quelque chose d’accueillant … et d’effrayant, aussi.

Elle ne trouva dans ce labyrinthe de glace que le nom de la créature ; Lame. Elle avait du mal à quitter des yeux aux tréfonds insondables ceux, impénétrables, de l’étalon. C’était eux qu’elle avait vu le premier jour, à Poudlard ! Un autre animal apparut derrière un arbre, suivi d’un autre, et tous se pressèrent pour goûter à la viande.

-        Ils sont … incroyables !

-        Oui. Ah… Tu les vois, alors ? demanda Hagrid.

Elle hocha la tête, fascinée.

-        Je ne suis pas censée les voir ?

-        Seuls ceux qui ont vu la mort peuvent voir les Sombrals. Qui as-tu vu mourir, toi ?

-        Mourir ?

Elle chancela.

 

-        Cours, Lizzie !

-        À l’aide !

-        Où est Karlenir Merkee ?

-        Il n’y a pas de Karlenir ici…

-        C’est votre fils.

-        Non, non, je… Courez, Karellia et Lizzie ! Courez !

La voix de Karellia Neigea qui disait ;

-        Leyler, Karllea, Jole… On ne vous laissera pas !

-        COURS !

-        Avada Kedavra !

-        Aaaah…

Un corps tombant sur les dalles. Un autre cri.

-        JOLE ! Jole !

-        Jole, non, non, non…

-        Dites-moi où il est !

-        Non, non !

-        Légilimens !

-        Je …

Une femme, si semblable à la mère d’Alizée, tombant à genoux sur le sol, les yeux vides, la tête entre les mains. Un rire dur.

-        Oh… C’est à la plage qu’il est ?

-        Courez ! Karllea, Lea, réponds-moi, réponds-moi…

-        Leyler …

Les voix de plus en plus lointaines.

-        Cessez de rêver ! Grindelwald a échoué. Voldemort a échoué. Je n’échouerais pas, moi !

-        Laissez-nous, laissez-nous…

-        Leyler…

Karellia, Alizée entre les bras, courant vers l’horizon.

Les pleurs d’un bébé.

Puis le noir.

 

-        Alizée ? Tout va bien ?

-        Je vais bien. Un flashback, balbutia la jeune fille en ouvrant les yeux, assise sur le sol couvert d’herbe.

Elle sursauta en voyant les Sombrals réunis autour d’elle et Hagrid, inquiet, accroupi près d’elle. Elle lui offrit le plus beau sourire qu’elle trouva à lui offrir, là, étendue sur la mousse humide, entourée de chevaux ailés aux yeux laiteux et inquiétants et d’un demi-géant, au beau milieu de la Forêt interdite.

-        Tu es sûre ? s’inquiéta Hagrid.

-        Mais oui ! Quand vous m’avez parlé de quelqu’un mort, j’ai eu un souvenir qui a surgi. Voilà tout !

Il sembla sceptique mais l’aida à se redresser et la reconduisit au château. Elle se dirigea vers la Grande Salle. Décidément… Quelle journée !


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