Kaʻohana koko a me kaʻohana o ka naʻau
Steve sortie une compote du frigo et après l’avoir ouvert et attrapé une cuillère la tendit à sa mère.
_Alors qui veux son goûter ? demanda Doris en faisant des grimaces à Keynan, faisant rire ce-dernier aux éclats.
Steve s’appuya sur le bord du plan de travail et observa sa mère étonnement. Il l’avait peu vu avec Joan et les souvenirs de sa mère lorsqu’il était enfant était tellement lointain, qu’il lui semblait qu’elle était une tout autre personne.
_Ne me regarde pas comme ça Steven ! lui lança Doris, en continuant à nourrir Keynan, sans même s’être retourné.
Steve soupira en secouant la tête. Ils venaient de passer toute la journée ensemble, Doris c’était occupé de Keynan toute la matinée, l’avais couché pour une sieste qui c’était avéré assez courte, elle était allée jouer sur la plage et à présent elle venait de le remonter à la maison pour lui donner le goûter. Elle semblait vraiment heureuse et Keynan, comme à son habitude, était ravi que l’on s’occupe de lui, riant avec facilité à tous et participant à tous les jeux qu’on lui proposait.
Steve était resté et avait surveillé sa mère jouer les grand-mères. Ce n’est pas qu’il n’avait pas confiance, après tout sa mère c’était toujours bien occupé de lui et de Mary, avant sa disparition, et visiblement d’Elena après. Mais il avait du mal à laisser Keynan seul avec elle, comme si elle risquait à tout moment de disparaître à nouveau.
Depuis sa conversation avec elle, Doris était venu régulièrement pour profiter de l’enfant, et semblerait-il de lui. Il devait bien avouer qu’elle faisait tout pour faire partie intégrante de leur vie … pour l’instant. Et cela lui plaisait, mais il appréhendait le moment où elle reprendrait ses mauvaises habitudes et qu’elle disparaîtrait à nouveau.
_Mamie ! Dit Maaaaamie ! venait de commencer à chanter Doris.
Steve marqua un temps de réflexion, si lui, se posait des questions diverses et variés sur le fait d’être appelé « papa » par Keynan, Doris ne semblait pas s’en préoccuper.
_Ma… Doris ! dit-il.
Doris se retourna, la cuillère de compote à la main et lui adressa un regard suspicieux.
_Ce n’est pas parce que tu refuses de m’appeler maman, que lui ne peux pas m’appeler mamie ! Sa me vieilli mais j’ai fini par aimé ça !
Doris se retourna vers l’enfant.
_Et je suis sûr que mon petit Keynan est bien d’accord ! continua Doris en faisant le bruit de l’avion pour faire manger l’enfant.
Steve devait avouer, qu’elle savait y faire avec le petit. Il riait à tout ce que faisait Doris, et ce son-là lui paraissait presque magique. Aurait-il un pouvoir sur Doris ?
Une fois la compote fini, Doris le sorti de son siège et le garda dans les bras quelques minutes. Steve était toujours étonné de voir à quel point Keynan était un enfant facile, et vraiment pas sauvage. Il pouvait regarder un nouveau venu avec des yeux suspicieux, il suffisait de 5 minutes et le petit se déridait complètement.
_Oui, je me fais très bien à être appelée mamie ! répéta Doris en gardant ses yeux sur le petit, d’une voix basse et douce, comme si elle faisait la réflexion pour elle-même. Je m’y ferais même s’ils sont plusieurs …
Doris tourna la tête vers son fils avec un regard appuyé. Ce-dernier fronça les sourcils, faisant mine de ne pas comprendre, mais déglutit nerveusement.
_Pardon ? finit par articuler Steve.
_Joan et Keynan... Répondit Doris.
Steve retient un soupir de soulagement, car le ton de sa mère ne le convainc qu’à moitié.
_Je vais partir. Ajouta Doris, d’une voix très détachée.
Steve la regarda sans comprendre, il ne comprenait pas l’enchaînement de la conversation, ni même de la journée. Comment Doris pouvait-elle annoncer son départ alors même qu’elle venait de passer une journée entière à s’occuper de Keynan, et que cela semblait l’avoir comblé.
_Je pars pour Los Angeles. Continua sa mère. Je vais voir Mary.
Steve ouvrit la bouche, et chercha ce qu’il pouvait répondre à l’annonce de sa mère. Une part de lui avait peur de ce départ, elle qui était devenu soudainement si présente et dont il appréciait plus que jamais la compagnie. Si elle partait et ne revenait pas, Steve ne savait pas ce qu’il ferait. Mais il ne pouvait pas non plus être égoïste et ne pas laisser à Doris la chance de parler et de faire amende honorable auprès de Mary. Une part de lui avait peur également, que lorsqu’il appellerait Mary pour lui demander comment cela se passait avec Doris, elle lui réponde que Doris n’était jamais venu jusqu’à chez elle, et qu’il perde à nouveau sa trace.
_Je sais que Mary m’en veux, et je sais que je l’ai mérité … lui répondit Doris. Mais je veux me racheter ! Je veux faire partie de votre vie, et de celle de ses enfants !
Elle reporta son attention sur Keynan, qui écoutait avec intérêt la conversation. Ses grands yeux bleu clair la scrutant, un air réfléchit sur son visage rond.
_Je ne veux pas gâcher cette chance que tu me laisse Steve ! lui dit-elle en s’approchant de lui.
Keynan tendit les bras pour que Steve le prenne à son tour.
_Papa ! s’exclama le petit alors qu’il tendait les bras.
Steve sourit, et prit l’enfant contre lui, sous les yeux attendris de sa mère. A chaque fois que Keynan prononçait ce mot, Steve voyait l’image de Clay passer dans sa tête, mais son cœur faisait également un bond et semblait se serrer de bonheur.
_Je suis si fière de toi Steve. Lui murmura-t-elle. Et je vais tout faire pour être à la hauteur.
Rarement, il avait vu sa mère aussi sincère dans ce qu’elle venait de lui dire.
_Laisse un peu de temps à Mary là-bas … lui répondit Steve. Tout ce que l’on veut c’est que tu sois avec nous.
_Moi aussi, c’est ce que je veux. C’est pour ça que je vais aller à Los Angeles et prouvé à Mary qu’elle peut compter sur moi. Et ensuite … il restera Elena, mais avec son départ pour l’Europe, je ne sais pas quand elle reviendra.
« Si elle revient » pensa Steve malgré lui. Comme si sa mère avait lu dans ses pensées, Doris lui posa une main réconfortante sur le bras.
_On est le 5.0 … on reviens toujours à Hawaï. Lança-t-elle avec un sourire assuré.
Doris prit ses affaires et après un dernier baiser à son fils et à son petit-fils, elle s’approcha de la porte.
_Allez, il faut que je rentre pour faire mes valises afin de partir demain.
_Tu veux que je t’emmène ?
_Non, j’ai pris un taxi ne t’en fait pas, vous avez déjà assez à gérer avec Kelley. Répondit Doris en posant la main sur la poignée. Mais fait-moi plaisir …
Steve leva le menton vers elle, lui montrant qu’il écoutait.
_Arrête de tourner autour du pot avec Kelley ! lui lança Doris. Elle est faite pour toi ! Et que ce soit pour le bonheur de cette enfant ou le vôtre …
Doris renforça sa phrase avec un geste de la main, mais Steve lui coupa la parole, ne la laissant pas finir.
_Maman ! s’exclama-t-il à la fois étonné par l’avis de sa mère, et le fait de ne pas vouloir en savoir davantage de sa part à ce sujet.
Le visage de Doris s’illumina davantage, elle était amusée de la réaction de Steve et heureuse qu’il l’appelle enfin autrement que par son prénom.
_Je te connais Steven, je sais ce qui est bon pour toi ! conclut-elle en sortant après un dernier clin d’œil à Steve.
Steve finit de découper en petits morceaux le contenu de l’assiette en plastique avant de tendre la fourchette en direction de la bouche de l’enfant.
_Je crois que je ne serais tranquille qu’en regardant l’avion s’envoler mardi avec ce diplomate étranger à son bord ! dit Steve.
Kelley posa leurs assiettes sur la table et entreprit de sortir les couverts.
_Une fois que l’avion aura disparu du ciel même ! renchérit Kelley connaissant très bien l’enjeu.
_La gouverneur a été très clair sur le fait qu’elle voulait le 5.0 sur l’affaire. Pourtant je me serais bien passé d’un plan de protection jour et nuit pendant tout le week-end et le début de semaine prochaine.
Cela embêtait Steve de devoir laisser Kelley gérer Keynan seul pendant qu’il menait à bien cette mission de protection.
_Tu sais ce que c’est : protection dans les hôtels, enquêtes sur les menaces potentielles contre cet homme. Et les menaces potentielles je peux te dire ce n’est pas ce qu’il manque. Mais les déplacements seront secondés par une équipe de soldat ! C’est déjà bien ! La dernière fois, faire appel à des mercenaires ce n’était pas une grande réussite !
Steve finissait doucement de nourrir Keynan, tout en grignotant en même temps. Il marqua une pause et jeta un coup d’œil vers Kelley.
_Tu vas t’en sortir ? demanda-t-il.
_Ne t’en fait pas. Le rassura Kelley. Je gère et en plus mon père est revenu et il n’attend qu’un signe de nous pour venir s’occuper de Keynan ! Je crois qu’il est un peu jaloux que Doris ait pu jouer à la grand-mère ses derniers jours et pas lui.
Steve secoua la tête en repensant à sa mère jouant les grand-mères parfaites !
_Je suis un peu inquiet de la réaction de Mary quand elle verra Doris. Marmonna-t-il, avant de jeter un coup d’œil à sa montre. Elle a dû arriver à Los Angeles, mais elle n’ira la voir que demain…
_Pour une fois, je pense que ta mère a pris la bonne décision ! répondit Kelley.
Les dernières paroles de Doris résonnèrent dans la tête de Steve, qui malgré son air en pleine réflexion, avait un sourire amusé sur les lèvres.
_Fait attention ! A force vous aller finir par vous bien vous entendre ! lui répliqua-t-il amusé de voir au final combien les deux femmes avaient de points communs.
_Ne t’inquiète pas pour ça ! lança Kelley avec un visage empreint de défi. Je serais toujours méchante avec elle, même si un jour je fini par l’apprécier !
Steve était en train de revoir encore une fois avec son équipe l’ensemble des dispositifs qu’ils leurs fallait mettre en place pour leur mission. Un homme rentra dans les bureaux du 5.0, son uniforme militaire et ses cheveux coupés courts ne laissait aucun doute sur l’identité du nouvel arrivant. La posture très droite de l’homme et son pas a grandes enjambés rythmés le rendait impressionnant. Dès son entrée dans la pièce, tous les regards c’étaient tournés vers lui.
Il s’arrêta, sa silhouette toujours aussi haute, et ses yeux sombres glissèrent sur les personnes se tenant devant lui.
_Commandant McGarrett ! dit-il d’une voix très grave, en inclinant respectueusement la tête. Major Rizzo, je suis ravi de te revoir et de travailler avec ton équipe.
Steve s’avança et serra la main du major avec un sourire. Il était content d’être épaulé par quelqu’un qu’il connaissait et dont il savait le sérieux.
_Antonio Rizzo ! Le reconnu Steve. Cela fait un bail ! Je n’aurais pas fait meilleur choix pour ce genre de mission !
_Le cadre est nettement plus sympa que ce à quoi je suis habitué ! apprécia le soldat.
Le chef du 5.0 présenta son équipe à son ancien compagnon d’arme, et ils ne perdirent pas de temps pour se mettre au travail.
Steve montait les escaliers 4 à 4, et s’arrêta, le souffle court devant la porte rouge, qui donnait sur le couloir. Il inspira goulument une gorgée d’air, avant de ralentir sa respiration, tout en refermant les doigts de sa main gauche sur la poignée de porte.
_Je suis à l’étage. Dit-il à voix basse dans l’oreillette.
_J’arrive de l’autre côté. Répondit Chin.
_Ok, on ouvre à 3, tient-toi prêt.
Steve décompta et ouvrit d’un coup, la porte rouge. Il jeta un coup d’œil, l’arme prête à tirés.
_RAS. Dirent Steve et son coéquipier.
_Reste vigilant en venant vers moi. Lui dit Steve.
Steve avança de quelques mètres dans le couloir, toujours sur ses gardes. Il frôlait les murs de couleurs crème, nacré comme un coquillage, qui reflétait les rayons du soleil s’infiltrant par les grandes fenêtres au bout du couloir. Une rambarde argentée courait à mi-hauteur, se terminant en un massif encadrement de porte.
Au bout du couloir, il vit Chin apparaître après le tournant. Le lieutenant, continua son chemin et tous les deux s’arrêtèrent devant une porte numéroter. Les suites étaient vraiment grandes à cet étage, et il n’y avait que 2 portes, chacune d’un côté et à une extrémité du couloir dans lequel les deux hommes se trouvaient.
Steve sortie la carte magnétique que le gérant de l’hôtel lui avait donnée, tandis que tous deux se collaient de part et d’autre de l’imposante porte en bois renforcé, dont les sculptures finement travaillé démontrait le luxe de la suite dans laquelle ils allaient rentrés.
Le « bip » de l’ouverture électronique se fit entendre, suivit par un bruit de loquet.
Steve et Chin pénétrèrent dans la pièce, rapidement mais avec beaucoup d’attention. Après avoir fait le tour de la suite, arme en main, ils se retrouvèrent vers la porte.
_Rien… observa Steve, soulagé mais déçut et préoccupé. Ils sont forcément quelque part dans l’hôtel !
_On sait qu’ils ont pris au moins un uniforme de femme de ménage et un autre de la maintenance. Se remémora Chin. Il faut que l’on continue à être discret !
_Oui ! C’est le meilleur moyen de les attraper ! Ok, on se rejoint tous en bas et on fait le point. Dit Steve.
Redescendant avec Chin, Steve tentait de se rappeler tous les indices qui les avaient conduits à un groupe de militant très dangereux, qui avaient décidé de s’en prendre au diplomate étranger.