Kaʻohana koko a me kaʻohana o ka naʻau

Kelley freina dans le couloir avant de passer la porte. C’était à la fois si habituel de se trouver ici, il y avait quelques choses de rassurant de savoir qu’elle était toujours la bienvenue dans ce genre de mission. Mais pourtant une partie d’elle-même avait l’impression de ne plus être à sa place.

_ Que fait ce fameux Lieutenant ? demanda une voix masculine. Il va être en retard et il faut encore lui expliquer toute la mission.

_ Je n’ai pas encore eu le dossier de l’équipe, de qui s’agit-il ? demanda une voix féminine.

_ Le lieutenant White. Répondit l’homme. Je n’ai pas le dossier d’équipe non plus. On m’a juste donné le nom.

_ White ? répéta la voix féminine.

_ Tu connais ?

_J’en connais un mais ce n’est pas lui. Celui que je connais n’est pas un lieutenant et il est à la retraite.

           Kelley rentra dans le bureau d’un pas décidé pour couper court à la conversation.

_Bonjour, Lieutenant White. Se présenta Kelley tout en posant son dossier sur la table, jetant un regard direct à ses deux interlocuteurs.

           Les deux personnes déjà présentes dans la salle échangèrent un regard étonné, avant que l’homme ne se ressaisisse.

_Agent Ford, je suis le chef de l’opération. Je vais vous briefer sur le déroulement de la mission. Commença l’homme en se redressant, comme pour l’impressionner.

_Agent Ford, et agent Rollins de la CIA. Le coupa Kelley, d’un ton neutre mais autoritaire. J’ai été rappelé d’un congé par votre supérieur car je suis la personne la plus à même de mener cette mission à bien. Ce sont mes hommes qui sont prisonniers et ce sont mes hommes aussi qui travaillerons pour les ramener. Donc sans vouloir vous offenser : j’ai déjà un plan de mission établie et j’ai juste besoin de certaines de vos sources pour confirmer les miennes.

           Kelley fixa l’agent de la CIA droit dans les yeux, sans faillir.

_Je vous mets au courant, j’attends vos informations et nous décollons pour rejoindre votre chef d’unité l’agent Connolly. Poursuivit Kelley pour achever sa présentation.

           L’agent de la CIA avait le visage crispé et sa mâchoire se serra. Sa collègue regarda l’un puis l’autre des deux personnes qui se battaient visiblement pour le pouvoir. Elle sembla se demander qui des deux auraient le dessus. Mais, elle était prête à parier que si ce lieutenant White était de la famille à Jo White, c’est elle qui aurait le dernier mot.

_Ce n’est pas comme ça que cela fonctionne … finit par dire l’homme. Vous êtes sous les ordres de la CIA.

           Kelley ne sembla même pas être touché par ce que venait de dire l’homme. Elle le fixa droit dans les yeux et releva légèrement le menton.

_Je sais comment cela se passe avec la CIA, j’ai travaillé avec l’agent Connolly sur cette mission bien avant vous. Si mes hommes sont dans cette galère c’est qu’il y a des fuites. J’ai vérifié toutes vos informations avec mes propres sources sur le terrain, et personnes d’autres ne sera au courant de la mission à part vous deux et l’agent Connolly.

           Kelley reprit le dossier qu’elle avait fait et leur tendit.

_Je vous laisse étudié l’opération. L’avion nous attend, mes hommes m’attendent là-bas. 

Elle ne posa même pas les yeux sur la carte et les documents qui trainait sur la table.

_Je ne pense pas que l’agent Connolly soit d’accord avec ce protocole ! Ce n’est pas du tout comme sa que nous procédons. Répliqua l’agent de la CIA avec une frustration difficilement dissimulé.

           Le lieutenant le fixa froidement, sans colère, juste avec une détermination sans faille.

_Appelez-le si sa vous chante. Nous partons dans 15 minutes.

           Kelley se dirigea vers la porte, sans un regard en arrière.

_Avec ou sans vous. Conclut-elle avant de sortir.

           L’homme resta interloqué, tandis que Catherine Rollins le regardait perplexe. Il ne faisait aucun doute que c’était un membre de la famille White en action.

_Je vais appeler Connolly ! Et demandez un changement d’équipe !

_Le temps qu’une nouvelle équipe nous soit réaffecter ce sera sans doute trop tard pour les hommes. Observa Catherine. Au mieux ils les auront déplacés ailleurs et il faudra recommencer à les chercher avec d’autres sources et au pire …

_Je ne suivrais pas les ordres de cette … de ce lieutenant !

           Catherine savait que le faîte que le lieutenant soit une femme, rendait la situation encore plus compliquée qu’elle ne l’était déjà.

_Elle a l’air d’en savoir un paquet sur la mission. Appelons Connolly pour savoir ce que l’on fait.

Son coéquipier hocha la tête, toujours très mécontent.

_Tu l’as entendu ? Elle était en congé, cela veut dire qu’elle vient d’avoir accès au dossier et qu’elle a … pondu, cette opération sur la route ! On ne peut pas s’y fier !

            Catherine garda le silence, mais pour sa part, elle était plutôt impressionnée par le fait que le lieutenant White ai construit une opération en si peu de temps. Après avoir pu obtenir une ligne sécurisée, les deux agents de la CIA réussirent à avoir leur chef.

_Monsieur, nous venons d’avoir le lieutenant White. Commença l’agent Ford.

_Parfait n’en dites pas plus et préparez-vous alors ! Le temps est compté et vous devez décoller au plus vite ! répondit une voix grave au bout du fil.

_Mais … nous devions …

_Elle vous briefera sur la route et vous lui donnerez toutes les infos qu’elle vous demandera. Agent Ford : c’est un ordre ! Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps et elle est la personne la plus apte à ramener ses hommes ! Alors en route !

           La tonalité du téléphone coupa net la conversation. L’agent Ford maugréa.

_Il ne nous reste plus qu’à partir. Intervient Catherine. Quand Connolly veut quelqu’un aux commandes c’est que c’est important.

           Steve venait de coucher Keynan et redescendit dans le salon. Il jeta un coup d’œil à son téléphone, et constata avec une certaine déception qu’il n’avait pas d’appel manquer ou de message de Kelley. Le commandant savait pourtant qu’elle était sûrement en train de voler vers sa mission ou en réunion pour préparer la mission. Ne pas savoir où elle partait et qu’elle était la nature exacte de la mission l’angoissait. Il n’avait pas l’habitude d’être celui qui reste, celui qui s’inquiète en regardant s’écouler de longues minutes d’un silence pesant. Au moins la journée son enquête lui avait changer les idées, et jusqu’à ce moment de solitude dans la pénombre de la maison, il avait pu se concentrer sur Keynan.

           Il alluma son ordinateur pour vérifier sa boîte mail, et ses pensées partirent vers Danny. Ce-dernier avait eût des nouvelles d’Elena, mais elle l’avait prévenu que sa mission se compliquant encore, elle ne pourrait sans doute plus le contacter avant un long moment.

Steve savait que Danny faisait semblant de bien prendre la situation, et qu’il était partagé entre l’espoir de voir Elena revenir et le fait d’avoir toujours su qu’elle repartirait là où était sa vie.

Heureusement, Grâce avait bien compris ce qui tracassait son père et elle semblait au petit soin en ce-moment pour lui. Steve sourit en pensant qu’elle était sans doute aussi un peu déçue du départ d’Elena.

Il soupira en tombant sur un mail de l’assistance social. Que pouvait-il répondre à cette femme concernant la situation familiale de Keynan, quand lui-même ne savait pas de quoi demain serait fait. Steve s’appuya sur le dossier de la chaise et se passa une main sur le visage. Il regrettait déjà les bons moments passés avec sa sœur nouvellement découverte, et ce début de semblant de vie de famille qu’il s’était construit avec Kelley et Keynan.