Kaʻohana koko a me kaʻohana o ka naʻau
_Mais qu’est-ce qui t’a pris de faire ça ? demanda l’homme qui conduisait la voiture pendant la poursuite.
Elena regarda l’ambulance chargé son suspect, avant de reporter son attention sur son coéquipier. Elle serra plus fort l’épaisse couverture qu’on lui avait passée, tout en grelottant malgré elle.
_C’était notre seule piste ! S’il mourrait ou disparaissait on repartait de zéro ! répondit-elle.
_Et tu t’es dit qu’un plongeon dans une eau glacé, en pleine nuit, dans une rivière qui a du courant, c’était une bonne idée ?
Elena haussa les épaules. Quand son corps était rentré dans l’eau, elle avait eu l’impression qu’une décharge électrique avait traversé son corps. Elle c’était sentie soudainement engourdi et elle avait eu l’impression que ses poumons allaient éclater, tant la remonter à la surface lui avait paru longue ! Mais ensuite, après la bouffée d’oxygène salvatrice, elle c’était mis à nager en direction de l’homme qui barbottait tant bien que mal, pour essayer de regagner la berge.
Combattant contre le courant, qui semblait vouloir la garder dans le creux de la rivière, elle dut puiser dans des ressources d’énergie, pour ne pas se laisser aller aux picotements de l’eau geler sur sa peau, du manque d’oxygène lié à sa course-poursuite et à son plongeon, mais également au son tambourinant des battements de son cœur dans ses oreilles. C’était l’adrénaline qui lui permit de nager et de garder un semblant de chaleur, mais elle devait aussi faire taire le martellement de son sang pour retrouver sa cible.
Ne distinguant pas l’homme dans la nuit, et trop occupé à nager le plus vite possible, Elena eût un regain d’énergie, en entendant l’homme essayer de se hisser sur les bords en pierre. Des gémissements de fatigue et de douleur lui échappait, alors qu’il semblait ne pas parvenir à s’extraire de l’eau.
La jeune femme, parvient à rejoindre le bord, alors que l’homme était au sol, reprenant son souffle, comme s’il ne lui restait plus aucune force. Quand il l’aperçut en train de sortir de l’eau, l’homme réussit à se relever tant bien que mal, et tenta de repartir en courant, boitillant du mieux qu’il pouvait.
En quelques secondes, Elena l’arrêta, le plaquant au sol avec une force qu’elle n’imaginait pas encore trouvée en elle.
Elle se servit ensuite de leur proximité avec l’eau et de leur tête à tête, pour obtenir le nom de celui qui l’avait envoyé. Elle était sortie de l’impasse ! Et peu importait maintenant qu’elle avait l’impression que son corps entier allait geler sur place.
_Allez ! On va aller dans l’ambulance nous aussi ! Lui dit son coéquipier. Moi parce que je vais surveiller notre homme et ne pas le lâcher d’une semelle, et toi pour vérifier que tu ne chope pas une pneumonie !
L’homme lui donna un coup d’épaule et la poussa vers le véhicule en question.
_Je croyais qu’au Service de Renseignement on ne faisait que prendre des renseignements ! se moqua-t-il alors qu’ils montaient tous deux à bord.
Elena sourit, mais au fond d’elle, elle comptait encore tout ce qu’il lui fallait faire pour mener à bien cette mission. Alors qu’elle quittait le vent glacial pour s’engouffrer dans l’ambulance, elle soupira à l’idée même de rester encore ici tandis que l’hiver s’installait.
Steve gara la voiture devant le bar qui servait de quartier général au gang dont les trois victimes du matin étaient membres.
_Tu ne crois pas que l’on devrait demander à Kono et Chin de venir ? demanda Danny.
Steve haussa les épaules avec une moue.
_On va juste leurs parlés ! Ce sont leurs amis qui sont morts ! Ils seront sans doute en colère et ils voudront faire justice eux-mêmes, mais je ne pense pas que nous soyons un souci pour eux !
Danny secoua la tête, pas convaincu. Mais suivit son coéquipier jusqu’à la porte du bar.
Jetant un regard dans la pièce, les deux hommes ne tardèrent pas à reconnaître le chef du gang. En tout cas, celui que l’anti-gang pensait à la tête.
Ils se dirigèrent vers lui sous les regards soupçonneux des autres hommes présents dans la pièce.
_5.0. Nous voudrions vous parlez de trois de vos hommes.
Deux hommes très costauds se levèrent, en regardant les deux nouveaux venus avec un regard froid et dangereux.
Steve ignora les deux gardes du corps et prit son téléphone pour faire défiler les photos des trois cadavres.
Le chef du gang, toujours assis, entouré de ses deux hommes, regarda avec une attention particulière les photos. Steve et Danny, notèrent la crispation et une certaine tristesse qui empreint le visage de leur interlocuteur. Mais ce fut bref, et immédiatement l’homme reprit son visage suffisant et arrogant.
_Ils ne travaillent pas pour moi. D’ailleurs, je ne suis pas chef d’entreprise ! répondit l’homme, en s’enfonçant dans son siège plus confortablement. Maintenant, je connais mes droits alors … dégagez !
L’homme agita négligemment la main pour chasser les deux membres du 5.0. Voyant que ces-derniers ne bougeaient pas, l’un des gardes du corps s’avança l’air mauvais vers Steve. Il fit un geste pour le pousser en arrière, mais Steve l’attrapa et avec rapidité, il maîtrisa l’homme.
Danny, la main sur son pistolet, prêt à dégainer, secoua la tête en regardant le second homme.
_On est juste venu pour parler ! répéta Danny. Mais mon pote il est un peu nerveux si on le cherche trop !
_Dites-nous juste qui a pu s’en prendre à vos hommes et pourquoi dans un quartier d’affaire !
Le chef fit un signe pour que son garde du corps, encore réveillé, recule.
_Ils ne travaillent plus pour moi.
Steve haussa les sourcils.
_On ne quitte pas un milieu comme le vôtre ! souleva-t-il d’un air suspicieux. En tout cas pas simplement …
L’homme au crâne rasé et au visage orné de tatouage - probablement fait en prison, se passa la main sur le menton, réellement préoccupé.
_Ils ont acheté leur départ. Lâcha-t-il à voix basse. Et une très belle somme … Ils avaient ordre de ne pas revenir sur ce territoire pour faire des affaires.
L’homme se redressa dans son fauteuil et indiqua le bar d’un geste.
_Personne ici ne s’en serait pris à eux ! Ils étaient clean, ils font toujours partis de la famille ! Jusqu’ici ils ont parfaitement respecté notre deal. Le travail qu’ils avaient trouvé n’avait rien à voir avec ce quartier, ni avec nos … affaires.
Steve et Danny échangèrent un regard. Ils pensaient tous les deux que l’homme disait la vérité. Ce-dernier avait les yeux assombrit par la tristesse et la colère, même s’il tentait de donner le change avec cet air détaché.
_On reviendra surement, si on a d’autres questions. Conclut Steve avant de tourner les talons.
_Hé ! l’interpela le chef du gang, avant que les deux membres du 5.0 ne se soit éloigné.
L’homme se leva de son fauteuil, et fit un pas en direction de Steve. Si sa taille n’impressionnait pas, son corps sec et musclé, dont tous les nerfs semblaient visibles, tant il était tendu, avait de quoi faire reculer.
_Si j’étais un criminel comme vous le pensez. Et que trois de mes amis et anciens collègues avaient été tués. Vous pensez bien que je ferais tout ce qui en mon pouvoir pour trouver qui a fait ça … avant vous !
Steve et l’homme se toisèrent, les yeux dans les yeux, en silence, pendant quelques secondes. Le moment parut interminable à Danny, qui se demandait comment allait encore réagir son coéquipier.
_Heureusement que vous n’êtes pas un criminel alors. Finit par dire Steve, avant de reprendre sa route.
Danny toqua à la porte de la maison. Rachel ouvrit et lui offrit un sourire reconnaissant.
_Merci ! Il me fallait absolument la tenue de sport de Charly !
_Pas de problème, il faudrait qu’il évite de les oublier dans ma voiture !
_Tu veux rentrer ? La voisine devrait me déposer Charly d’une minute à l’autre, il sera content de te voir.
Danny hocha la tête et suivit son ex-femme jusqu’à la salle à manger.
_Désolé tout est sortie, j’étais en train de travailler. Lui dit-elle, en repoussant des dossiers au bout de la table. Vous êtes en pleine enquête ?
Le lieutenant hocha la tête.
_Oui, une histoire plus compliquée que prévu. Marmonna Danny, n’ayant ni le droit, ni l’envie de rentrer dans les détails.
Rachel hocha la tête et lui servit un café avant de prendre également une tasse pour elle.
_Comment va Elena ? Demanda Rachel après un silence.
Danny faillit avaler sa gorgée de café de travers. Bien sûr Rachel était plus ou moins au courant pour lui et Elena, et notamment, de son départ pour la France et de sa semaine de vacances en Italie. Mais parler de lui et de sa nouvelle petite amie à son ex-femme était très étrange. De plus, il se demanda soudainement ce qu’il y avait à dire, vu qu’il n’avait aucune nouvelle d’Elena depuis quelques semaines.
_Eh bien, elle est en mission. Tu sais comment ça marche … les infiltrations, c’est compliqué !
Rachel hocha la tête et sembla se concentré sur le contenant de sa tasse, comme hypnotisé par la légère fumée qui s’élevait du liquide tournoyant dans ses mains. Elle finit par relever la tête et braquer ses yeux sur son ex-mari. Le regardant avec une profonde affection, elle inspira pour se donner du courage avant d’ouvrir la bouche.
_Tu devrais peut-être songer à simplifier la situation dès que possible. Lui lâcha-t-elle. Tu avais vraiment l’air bien avec elle … j’en suis un peu jalouse même ! Ne laisse pas tomber trop vite.
Danny roula des yeux, complètement décontenancé par ce que Rachel venait de lui dire. Il ne savait pas quoi dire, et mit plusieurs minutes à réfléchir à ce que son ex-femme sous-entendait. La sonnette retentie, cassant le silence qui s’était momentanément installé. Et ils devinèrent que Charly poussait à présent la porte pour rentrer dans la maison.
_Merci. Souffla-t-il. Mais je crois que la situation est finalement assez simple … malheureusement …
Rachel ouvrit la bouche, mais Charly faisait irruption dans la cuisine, heureux de voir ses parents. Et Danny chassa toutes les pensées qui le traversaient pour se concentrer sur l’un des deux êtres qui comptaient le plus pour lui.
Le lendemain, Steve conduisait, comme à son habitude, la voiture de Danny. Ils allaient tous les deux, voire le PDG, d’une des grandes entreprises de l’immeuble qui jouxtait la scène de crime.
Ils avaient découvert que c’est ce-dernier qui avaient embauché les trois victimes pour continuer à développer une partie de ses activités totalement illégales !
Kono et Chin était en route avec les inspecteurs de l’anti-gang pour faire le tour des territoires sur lesquels les victimes auraient pu aller empiéter.
_Et bien ! Je ne pensais pas qu’un jour Rachel te donnerais des conseils sentimentaux ! s’étonna Steve alors que Danny venait de lui raconter sa visite chez son ex-femme.
_Moi non plus … murmura-t-il.
_Et du coup, tu comptes faire quoi ? demanda Steve.
_Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Pour l’instant Elena a totalement disparu des radars ! Toi tu n’as pas eu de nouvelle ?
Steve se tourna vers son ami, l’air outré. Mais il réalisa qu’il se retrouvait dans une situation compliquée en étant à la fois le meilleur ami de Danny et le grand-frère d’Elena. Pour Steven McGarrett, les liens du sang était fort, mais le lien qu’il avait avec chacun des membres du 5.0 étaient du même acabit. S’il avait eu Elena, il en aurait assurément informé Danny.
_Non, je te l’aurais dit. Lui assura Steve. Mais ne t’inquiète pas, c’est tout à fait normal de disparaître, même aussi longtemps, pour une mission d’infiltration de cette envergure !
_Je sais, mais je suis inquiet quand même ! J’ai même appelé Jack pour savoir s’il avait des nouvelles.
_Jack ? Le Jack de la CIA ?
_Oui, celui avec qui tu t’entendrais à merveille ! réaffirma Danny. Il m’a dit de ne pas m’inquiéter, vu l’ampleur de la mission, que c’était normal …
_Il sait de quoi il parle ! Mais je te comprends !
Steve lui adressa un regard entendu, en pensant aussi bien à son inquiétude au sujet de sa sœur, qu’au sujet de Kelley.
_Mais tu n’as pas de souci à te faire pour elle ! lança Steve avec un air sûr de lui.
Danny le regarda avec suspicion.
_C’est une McGarrett ! Et tu sais aussi bien que moi que l’on ne se débarrasse pas facilement de nous !
Danno hocha la tête et souriant.
_Oui, et je sais aussi à quel point vous attirer les ennuis …
Steve ria, même si une part de lui restait inquiet pour les deux femmes.
_Allez, passe-lui les menottes Danny ! dit Steve, alors qu’ils étaient dans le bureau du chef d’entreprise véreux.
Danny s’approcha, malgré les protestations de l’intéressé.
_Je n’ai pas tué ses hommes !
_Non, ça on le sait, mais on a aussi de quoi prouver que vous êtes à la tête du trafic de drogue qu’ils écoulaient ! lui répondit Steve avant de répondre à son téléphone. Kono ?
Il mit sur haut-parleur en faisant un signe à Danny de se rapprocher de lui.
_Ce ne sont pas des membres de gang ! Ce sont des yakuzas ! On a leur chef, mais il vient d’envoyer un groupe d’homme pour finir le travail ! leur expliqua Kono à l’autre bout de la ligne. On vous rejoint ! Mais ils sont partis depuis un bon moment déjà !
Steve et Danny échangèrent un regard.
Quelques minutes plus tard, la porte de l’ascenseur s’ouvrit et deux hommes, en costumes d’employé de la maintenance, en sortirent armés et prêt à tirés. Ils stoppèrent juste au niveau des portes en constatant que l’étage était vide. La pièce principale de travail de l’entreprise était totalement vide.
Ils avancèrent doucement vers le bureau du PDG, cherchant ou pouvait être les employés. L’un d’entre eux passa devant un bureau, il allait se pencher pour vérifier que le dessous soit vide, quand la poignée de la porte du bureau tourna. Les deux hommes se tournèrent d’un même élan, et Danny sortie de dessous le bureau pour se jeter sur celui le plus près, tandis que Steve faisait de même vers l’autre. Dans l’affrontement, des coups de feu partirent, alors la porte qui donnait sur les escaliers s’ouvrit et deux autres hommes apparurent, également déguisé et armé.
Steve et Danny laissèrent tombés leurs adversaires au sol, tout en levant leurs armes.
Les coups de feu partirent presque au même moment, et les deux hommes de mains yakuzas, s’écroulèrent au sol, blessés.
Les deux membres du 5.0 échangèrent un regard entendu et soulagé.
Steve sortie de sa voiture et se dirigea vers sa porte d’entrée tout en regardant ses messages sur son téléphone. Il poussa la porte et rentra dans la maison, posant distraitement ses clés sur le meuble d’entré, il avait juste le temps de prendre une douche avant d’aller cherche Keynan chez la nourrice.
Son regard tomba sur une valise posée en bas des escaliers, il s’arrêta quelques secondes et un bruit attira son attention. Il leva les yeux et resta quelques secondes interdit en scrutant la personne qui venait de sortir de la cuisine.
Steve cligna des yeux, comme pour s’assuré qu’il ne rêvait pas. Mais il ne pouvait détacher son regard du visage souriant qui se tenait en face de lui.
_Tu … tu es là ! dit-il. Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ?
_Et bien … Je viens d’arriver ! Et je voulais te faire la surprise … Surprise ! lui répondit la personne en face de lui.
Le commandant s’avança, un grand sourire aux lèvres.
_C’est une très bonne surprise ! répondit-il. Tu m’as manqué !
Cela avait échappé à Steve, mais il ne regretta pas ses paroles et continua en prenant la personne dans ses bras pour l’enlacer.