Juste la montagne, toi, et moi.

Chapitre 9 : Une mystérieuse inconnue.

3072 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/06/2020 20:36

"- Ah vous voilà !! Je commençais à me demander si vous étiez pas rentrés chez vous !! 

- Heidi ! Tu nous a attendu dehors tout ce temps ? Pourquoi t'es pas rentrée ? 

- Je m'inquiétais un peu pour vous, t'inquiète pas Klara, je vous attendais à l'intérieur. Je suis ressortie en entendant du bruit. Pourquoi vous avez été si long ?

- Il fallait qu'il fasse bien nuit pour être sûr qu'ils ne nous voit pas remonter. Il se seraient doutés de quelques chose sinon…

- Ah d'accord, vous avez raison c'est plus prudent. Peter vient juste de repartir, il vous a attendu un moment, mais là il était vraiment trop tard. 

- Il aurait pas dû attendre autant …

- C'est pas grave, il faut vraiment qu'on aille dormir maintenant. Ne faites pas de bruit, grand-père dort.

- Tu lui à dit quoi au fait ? Tu m'as pas dis hier. 

- Juste que tu venais avec deux amis pour me les présenter. Il faut ne surtout pas qu'il sache pour tout ça… Venez dormir maintenant. 


Très vite tous seront endormis, après cette longue journée. 


***


Le soleil se lève enfin, et les premiers rayons viennent caresser le visage de Peter. Il ouvre aussitôt  les yeux et s'étire. Cette nuit encore, il a très peu dormi, et a attendu le lever du jour avec impatience. 


Les premières feuilles commencent déjà à tomber. Bientôt l'automne et ses couleurs chatoyantes ne seront plus qu'un souvenir, et laisseront place au paisible hiver avec ses premiers flocons. Déjà des tapis multicolores commencent à recouvrir le sol, et seuls les verts sapins ne changent pas leurs toisons d'aiguilles en un tapis vert. 


Mais ce n'est pas ce qui préoccupe Peter ce matin… Il se demande si leur pièce de théâtre mélo-dramatique de la veille aura atteint son but, il s'inquiète également pour ses amis, il était vraiment tard quand il est rentré la veille. Leur serait-il arrivé quelque chose ? Il était pourtant convenu qu'ils reviennent chez Heidi.

Très vite il s'habille, se débarbouille à la hâte grâce à l'eau de la source, et avale un maigre petit déjeuner comme à son habitude. Enfin il monte au pas de course chez son amie, en prenant tout juste le temps de prévenir sa mère de son départ.


Quand il arrive, tous sont à table et prennent leurs petits-déjeuners. Les trois jeune invités sont assis sur des caisses, étant donné que le chalet comporte toujours seulement deux chaises. Heidi a bien déjà essayé de convaincre Grand-père d'en bâtir plusieurs supplémentaires, mais il a soutenu que c'est inutile puisqu'ils ne sont que deux à vivre ici. 

Aussitôt arrivé, Peter commence à demander des explications sur le pourquoi du comment d'une arrivée si tardive, mais il est aussitôt interrompu par un regard noir venant de sa meilleure amie. Il se réavise en se rappelant que le grand-père ne sait toujours pas tout ce qui se trame. Il se contente donc de prendre place sur une caisse vide, en silence. C'est le grand-père qui rompt ce silence:


- Au fait les enfants, le vieux Leoni va passer ce soir, il doit m'echanger quelques sceaux contre des tabourets que je lui ai fait. 

Heidi blêmis à l'énoncé de ces quelques mots, si le vieil homme voit ses amis, il les reconnaîtra peut être. De plus il risque de mettre au courant son grand-père de tous ces drames qui se trament. 

- Au fait, c'est ce soir que Klara et ses amis partent Grand-père. 

- Mais non c'est… 

Heidi interrompt Peter d'un coup de pied sous la table, et Klara la regarde d'un air interrogatif. 

- Oui oui, on avait prévu de partir ce soir, surenchérit-elle malgré son incompréhension. 

- Ah bon, répond le grand-père, sceptique. Je vous souhaite un bon retour alors. Ça m'a fait plaisir de te revoir Klara, et j'ai été très content de vous connaître tout les deux, revenez quand vous voulez. 


Sur ses mots le grand-père se lève et part s'occuper de ses deux chèvres. 


- Pourquoi t'a dit qu'on partait ce soir Heidi ? Il nous reste deux jours ! Et on ne peut plus modifier nos billets de trains maintenant. 

- Le vieux Leoni était au village hier quand on a joué notre petite comédie. Je sais que vous n'êtes plus habillés en bourgeois, mais quand même, on ne peut pas prendre le risque qu'il vous reconnaisse. 

- Ah oui en effet, c'est fâcheux, répond Ben.

- C'est bien beau ça, mais ils vont dormir où maintenant ? interroge Peter. Il n'y a pas assez de place chez moi.

- Et pourquoi on ne dormirait pas à la belle étoile, s'exclame Ben, j'ai toujours rêvé de faire ça. 

- Heuuu, ça me fait peur à moi, se plaint Lilas. Surtout qu'on n'y connait rien du tout tout les trois…

- Je suis pas très rassurée non plus, mais si Peter reste avec nous ça ira peut-être, continue Klara.

- Bon bah je passe la nuit avec vous et c'est réglé. Ça ira Lilas ? 

- Humm, j'ai un peu peur mais si tout le monde est d'accord, moi aussi, surtout si tu restes avec nous, tu connais mieux la montagne ça me rassure.

- Bon alors, s'exclame Heidi, programme de la journée : Je dois trouver le vieux Leoni pour lui expliquer de ne surtout rien dire à grand-père, on doit descendre au village  avec Peter pour prendre la température et savoir si ça a fonctionné hier, et on doit vous préparer un coin pour passer les deux nuits prochaines. 

- Je les aide à trouver coin discret pendant que tu trouve Leoni, et je te rejoins Heidi.

- Dac, on s'installera pendant ce temps. 

Très vite, tous partent à leurs divers occupations. 


***


- Alors ?? s'exclament les trois amis en coeur. 

- On a réussi à faire changer un peu leurs points de vue, mais seulement une moitié du village environ est défavorable, c'est pas suffisant, répond la jeune montagnarde. Les autres campent sur leurs positions malgré votre bon boulot. 

- Oui t'as raison, ça suffit pas. Il faudrait trouver une idée pour faire basculer la balance de notre côté, continue Peter. 

- Trouver une idée, c’est bien ça le problème…

- Et s’ils avaient les échos d'autres villages pour qui la modernisation s'est mal passée ? suggère Lilas.

- Pourquoi pas, mais comment ? 

- Je sais pas trop. 

- Eh mais j'y pense, s'exclame Ben, un de mes vieux potes est parti vivre du tourisme dans les montagnes. C'était mon voisin avant, et on a un peu gardé contact. Il pourrait nous filer un coup de main, y a pas mal de gens qui sont pas content du changement chez lui, il doit donc connaître tous leurs arguments … 

- Tu pense qu'il ferait ça pour nous ? interroge Peter.

- Sûrement oui, il manque jamais une occasion de voyager, surtout si ça peut lui éviter de la concurrence dans le tourisme de montagne…

- C'est génial ça !! s'enthousiasme Klara.

- Je lui rédige ma lettre ce soir, comme ça elle partira au plus vite. 


Satisfait de leur nouveaux plan, les 5 amis finissent de s'installer pour la nuit dans une ambiance détendue et parsemée d'éclats de rire. Seule Heidi dormira chez elle, ne pouvant expliquer à son grand-père que ses amis ne sont pas rentrés. 


*** 


- C'est tellement magnifique, s'enthousiasme Ben. On ne voit pas autant d'étoiles en ville. 

- Oui mais il fait quand même plus chaud dans le chalet, répond Lilas.

- Heureusement que vous nous avez trouvé des couvertures chaudes avec Heidi, se réjouit Klara tout en se tournant vers Peter.

- C'est dommage qu'elle soit pas là, s'attriste le jeune homme, elle connaît presque toutes les constellations. On reste souvent des heures ensemble sous les étoiles en été. Elle a bien essayé de me les apprendre mais je retiens rien. 

Un sourire se dessine sur son visage à l'énoncé de ces mots. J'aime tellement ces moments, je voudrais que le temps s'arrête et ne reparte jamais, soupire-t-il presque inodiblement. Malheureusement ça passe toujours trop vite. Son sourire s'efface et laisse place à un visage morose.


Le ciel dépourvu de nuage est parsemé de milliers de petits points scintillants, qui forment un spectacle éblouissant de beauté. La lune forme un fin croissant, et ne vient donc pas masquer l'éclat des étoiles. Il ne fait pas si froid pour une fin d'automne, mais une légère brise vient caresser le visage des jeunes amis, leur faisant ressentir le froid qu'il fait hors des couettes. Le jeune montagnard aime beaucoup cette sensation de froid sur le visage, quand il a chaud sous une couette ou des vêtements épais. On peut entendre le bruissement des dernières feuilles mortes dans les arbres, seul bruit dans le grand silence précédant l'hiver. L'étendue de la voûte céleste est si vaste qu'en la fixant, on pourrait  croire qu'elle va nous aspirer vers elle. C'est en admirant ce splendide spectacle que les jeunes amis se sont endormis, bercés par la douce musique du vent dans les sapins et les feuillus. 


***

Deux jours plus tard, c'est le moment du départ, et pour de bon cette fois. Tous les préparatifs pour le départ sont effectués, et Heidi et Peter accompagnent leurs trois amis pour prendre le train. Klara interpelle alors Peter.


- Peter ? Je peux te parler à part un instant ?

- Oui, quesqu'il y a ? 

- Tu sais que tu parles la nuit ? 

- On me l'a déjà dit quelquefois, pourquoi ?

- Je t'ai entendu cette nuit.

- Et donc… ? 

- Tu appelais Heidi.

- … 

- Tu devrais lui dire.

- Lui dire quoi ? répond-il avec son éternel ton renfrogné.

- Enfin Peter… je suis quand même pas stupide.  

- Je ne vois pas ce que tu veux me dire, s'obstine le jeune homme. C'est avec elle que je passe le plus de temps, ça paraît logique qu'elle se retrouve dans mes rêves non ?

- Peter ! Arrête maintenant !

- De toute façon, même si tu avais raison, ça servirait à quoi de lui dire !!? 


Klara se contente de hausser les épaules en guise de réponse, elle connaît suffisamment le jeune homme pour savoir qu'il est inutile d'insister. Il est quasi-impossible de le faire changer d'avis s’il ne l'a pas décidé. Et après tout, est ce qu'il n'a pas raison ? Est ce qu'elle est prête pour entendre ce qu'il a à lui dire ? Mais il faudra bien quand même qu'il lui dise un jour… 

Elle rejoint alors Ben et Lilas, et monte avec eux dans le train après une dernière étreinte à Heidi et Peter. Tout deux regardent le train partir et faisant de grands signes. Le jeune homme se tourne alors vers son amie, et voit une larme rouler sur sa joue.


- Ça va pas Heidi ? 

- Elle est partie… elle est repartie, et je sais pas quand je pourrais la revoir !!! 

Cette fois elle éclate carrément en sanglots, et se jette dans les bras de son camarade de toujours. Il la serre alors dans ses bras, en lui caressant doucement les cheveux pour la réconforter. 

- Elle vas... me… me…  man...quer, parvint-elle à dire entre deux sanglots.

- Je sais je sais, mais tu la reverras, lui murmure-t-il d'un ton doux et rassurant. Viens un peu à la maison pour le moment, tu ne peux pas rentrer chez toi comme ça. Je vais demander à maman de te préparer une bonne infusion. 


Le jeune homme l'escorte alors chez lui comme le grand frère qu'il est un peu, et essaie au mieux de la réconforter.

Lui n'est pas si déçu de les voir repartir. Il va enfin pouvoir à nouveau Heidi rien que pour lui.

Contrairement à son enfance, le jeune homme n'a plus peur de perdre l'amitié de Heidi à chaque fois que quelqu'un apparaît dans sa vie. Il sait que malgré le lien qui unit son amie à Klara, lui-même garde toujours une grande place dans le cœur de la jeune femme. Néanmoins, il préfère toujours l'avoir juste pour lui. Il se réjouit malgré tout lors des arrivées de Klara, c'est son amie aussi, et sa présence réjouit tellement Heidi… 


 Quant à Ben et Lilas, même s’il a apprécié leurs compagnie, il est tout de même satisfait de leurs départs. Il vas reprendre le cours de sa vie, tranquille, et ils accaparaient trop Heidi à son goût.


Après avoir pris soin d'elle, et soigné de son mieux le chagrin de son amie, il l'a raccompagne chez elle en fin d'après-midi.


***


Deux jours plus tard, c'est au tour de Xavier, l'ancien voisin de Ben, de descendre du train. 

Peter l'attend, prévenu plus tôt de son arrivée par une lettre.


- Bonjour, j'imagine que tu es Xavier ? l'interpelle le jeune chevrier avec signe de la main.

- Exactement, à qui ai-je l'honneur ? Peter je présume ? 

- Oué c'est moi, mais va falloir que tu causes un poil plus simple, je parie que les trois quart du village savent même pas ce que ça veut dire présume, s'esclaffe le jeune homme. 

- Ok, je devrai pouvoir faire ça. Bon écoute, j'ai juste aujourd'hui devant moi, et je reprend le train de demain matin. Alors si ça te vas, j'attaque tout de suite.

- Wow c'est un voyage express ça !

- Je ne peux pas laisser les affaires plus longtemps. Dommage d'ailleurs, j'aurais bien fait une petite pause ici, le coin me semble sympa. Bref je résume : je suis un vieil ami à toi que tu as rencontré la fois où tu es parti à Zurich. Tu m'a prévenu de ce qui va se passer ici, je viens donc jeter un coup d'oeil par curiosité en bon concurrent, et te rendre visite par la même occasion. Je doit les dégouter de ce projet en leur racontant tout ce pour quoi les habitants où je réside se plaignent tout en paraissant le plus enthousiaste possible pour que ça fasse réaliste. Je n'oublie rien ? 

- Je crois pas non. Je pense que c'est bon. 

- Alors au boulot, répond le jeune homme en se frottant les mains.


...


Un peu plus tard, Xavier commence son discours, assis dans le café, devant les quelques villageois qui se pressent déjà autour de lui.


- Mais si c'est génial, vous allez voir, tout va changer !! 

- Tout ? C'est un peu exagéré non ? 

- Mais non ! Vous pouvez oublier votre vie d'avant, elle va complètement changer. Et votre vieux patelin aussi, vous allez pas le reconnaître. 

- Mais c'est quoi tout ces changements ? 

- Déjà tout ce silence assourdissant, c'est finit ça ! Ça va être plein de vie bientôt, c'est limite si vous pourrez vous entendre parler dans la rue. Et le soir c'est encore plus animé, c'est mort pour le moment, ça aussi c'est fini ! Le soir il y aura de l'animation au moins jusqu'à minuit, une heure du matin.

- À ce point ?

- Oui et y'a pas que ça, il va falloir ouvrir des commerces partout, ça va être fantastique. Vous pourrez abandonner les chèvres et les potagers, vous serez au service des clients, et vous pourrez vous nourrir grâce aux commerces. 

- Mais alors, qui va produire ce qui vas être vendu ?

- Qui a parlé de produire ? Vous apporterez d'ailleurs. C'est pas merveilleux tout ça ? Et c'est pas tout...


Au fur et à mesure que Xavier continuait son récit, les habitants se pressent autour de lui pour écouter ce qu'il a à dire.


***


Le lendemain matin le jeune ami de Ben part tôt de chez Peter où il a passé la nuit, et remonte dans le train, le même d'où il est descendu la veille.

Il croise une jeune femme, qui elle descend du train, une valise dans chaque main et un énorme sac à dos sur les épaules. Elle pénètre dans le village d'un pas décidé, et s'adresse aux premiers passant venu.

- Excusez-moi, est-ce qu'il y aurait un fromager ou quelque chose comme ça dans votre petit village ? 

- Ah non désolé ma p'tite dame.

- Mais si, il y a bien le jeune chevrier, Peter, il n'est pas fromager, mais il fait des fromages, interrompt un autre passant. 

- Où est-ce que je peux le rencontrer ? 

- Il est sûrement chez lui. Vous suivez le chemin qui monte en haut du village, et au bout de vingt minutes de marche, vous aurez un petit sentier sur la droite. Quand vous serez à la fin du sentier vous apercevrez sa vieille bicoque. 

- Merci beaucoup de votre aide, au revoir.

- Pas de quoi, adieu." 


"Adieu ?" songe la jeune femme en prenant le chemin qu'on vient de lui indiquer. "C'est étrange, enfin bref, j'espère que je vais trouver, et surtout qu'il acceptera. " 

Au bout de très longues minutes, elle aperçoit enfin le vieux buron qui sert d'habitation à Peter et sa mère. Elle s'approche jusqu'à atteindre le seuil, et marque un temps d'arrêt. Elle prend une grande inspiration, comme pour rassembler son courage, et frappe enfin à la porte. C'est la mère de Peter qui lui ouvre.


- Bonjours mademoiselle, qu'est-ce que je peux faire pour vous? 

- C'est bien ici que vit le dénommé Peter ? J'aurais voulu m'adresser à lui.


À suivre...

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