Juste la montagne, toi, et moi.

Cette nuit, Peter finit par croire que le soleil ne viendrai jamais stopper cette nuit interminable, et qu’elle resterait, éternelle. Ironie du sort, pour une fois que les projets travaux à venir ne sont pas venus fragmenter sa nuit d'innombrables petits morceaux, c'est d'autres soucis qui viennent le tourmenter. Il n'a eu cesse chacunes des longues heures d'obscurité, de se répéter encore et encore les paroles de Heidi. 

Enfin, le jour vint interrompre ses tristes réflexions. Aussitôt il se lève, et très vite, il se prépare pour rejoindre Marinette. Mais en arrivant devant la grange, stupeur, la jeune femme n'est pas arrivée. C'est bien la première fois que j'arrive en premier songe Peter. Plutôt que d'attendre, il commence alors la traite. Il a déjà commencé depuis un bon moment quand Marinnette arrive. 

- Oh je suis en retard, s'exclame-t-elle en voyant toute l'avance que le jeune homme a pris, désolée je ne pensais pas qu'il était si tard. 

- Non t'es pas en retard, c'est moi qui suis en avance. 

- Ta mère t'a sorti du lit, s'esclaffe-t-elle.

 - Eh ! répond-il faussement indigné. Ça m'arrive aussi d'être matinal. Plus sérieusement, j'ai mal dormi cette nuit.

- C'est à cause de ce qui s'est passé hier avec ton amie ?

- Non, ment-il avec un ton plus sec qu'il l'aurait voulu.

- Quesqu'il lui est arrivé au fait, rien de grave j'espère ?

- Elle s'inquiète pour le village et la montagne surtout… continue Peter.

- La montagne ? 

- Il y a des promoteurs qui se sont mis dans la tête que le coin est idéal pour un complexe de remise en forme pour riches. Ils veulent tout raser pour bâtir leur truc. 

- Et vous avez rien fait pour empêcher ça ?

- Si, on a même réussi à convaincre la plupart des habitants de s'opposer, mais trop tard, ils avaient déjà envoyé leurs feuilles de sondages.

- Je peux vous aider. 

***

Le grand-père, qui lui aussi s'est retourné toute la nuit désespère de voir sa petite fille se réveiller, pour apporter la réponse à toutes ces questions qui se bousculent dans son esprit. Il ne l'avait jamais vu dans un tel état, et ne comprend pas ce qui a bien pu arriver. Cela fait déjà quelques temps qu'il voit bien qu'elle n'est pas aussi joyeuse que d'habitude, même si elle fait de son possible pour le cacher, prétextant la fatigue. Mais sûrement pour ne pas l'inquiéter pense-t-il, elle ne lui dit rien des raisons de ce mal-être. Est-ce les événements passés avec ce stupide bourgeois qui viennent la hanter ? Il en doute, la jeune femme lui ayant donné l'impression de s'être complètement remise. Il sait que les seules personnes comptant suffisamment pour elle pour lui causer un tel désarroi sont lui-même et Peter. Alors même si cela lui paraît improbable, il ne voit pas d'autre coupable que le jeune berger. Si c'est le cas, il entendra parler de lui, et n'a pas intérêt à se montrer.

***

Heidi, de son côté aussi a passé une nuit tumultueuse. Les phrases des gamins du village ainsi que celle de Peter lui ont fait échos encore et encore jusqu'à ce que, harassée de fatigue, elle tombe de sommeil. C'est donc tard qu'elle s'est éveillée ce matin-là. Le grand-père, ayant préféré la laisser se remettre de ses émotions, s'est abstenu de lui poser les questions qui lui brûlait les lèvres la veille. Elle sait que ce matin il faudra qu'elle lui donne des explications. Seulement, elle peine à démêler toutes les informations des événements de la veille. 

Quand elle est descendu au village la veille, elle n'était déjà pas dans son état normal, remué par tout ce qui se trame à l'horizon. Inexorablement, la date du début des travaux se rapproche, et c'est tout son univers qui va sauter en éclats. Plus le temps passe, plus cette perspective l'oppresse. C'est donc profondément troublée par cette perspective, et les larmes aux yeux qu'elle s'est rendu au village. Alors quand les trois tête dures du village l'on assailli, elle ne fut pas en capacité d'analyser correctement ce qu'ils lui ont dit. Malgré elle, chacun des mots de cette discussion maudite restent gravés dans son esprit, et se répètent en boucle.

- Tiens, la fille de la montagne qui vient nous rendre visite !

- Alors toujours aussi doué ton Roméo ? 

- Roméo ? Doué ? 

- Bin oui Peter, il doit sacrément bien s'y prendre pour que t'ai jamais eu envie de tester ailleurs !

- Pardon ? Je vois pas où vous voulez en venir. 

- Au lit, il doit faire des trucs de fou. 

- Toi aussi d'ailleurs, sous tes airs innocents, parce que lui non plus il a jamais cherché à changer de partenaire. Tu voudrais pas partager tes dons un peu ? continue l'un des trois, l'air grivois.

La jeune fille blanchit aussitôt à ces mots, comprenant enfin où ils veulent en venir ; avant de virer au rouge, le rouge de la colère. 

- Non mais vous êtes complètement malades !! C'est un ami, il est comme mon frère ! cria-t-elle en reculant, prenant peur.

- Oué c'est ça oué, on va te croire ! 

- Mais c'est la vérité ! 

- Pas crédible ton truc, et même si jamais c'était vrai, c'est qu'il serait sacrément patient ton bonhomme, il doit être bien mordu.

- C'est clair, mets-toi bien dans la tête si jamais ton baragouinage est vrai, que c'est que c'est le seul truc qu'il a en tête. Un gars qui tourne tout le temps autours d'une nana, c'est uniquement pour ça ! 

- Et mefi toi, je pense pas que le debri qui te sere de grand père sera content quand tu vas te retrouver avec un gosse sur les bras.

- Sur ce bonne journée jolie demoiselle. 

C'est sur ces dernières paroles que les trois jeunes homme laissent Heidi, les yeux rouge, et l'esprit sans dessus dessous.

Ces mots, qu'elle se maudit d'avoir cru, glacent encore Heidi, même si à présent elle comprend que ce n'est qu'un tissu de mensonges. Elle connaît Peter depuis qu'elle vit ici, c'est à dire plus loin que ses plus vieux souvenirs, et jamais au grand jamais il n'a eu un geste ou une parole déplacée à son égard. Elle le connait par coeur et a une confiance aveugle en lui, comment a-t-elle pu prêter propos à ces imbéciles ?  

Ne trouvant pas ce qu'elle pourra dire à son grand-père, Heidi décide finalement de descendre déjeuner, les mots viendront surement d'eux même pense-t-elle.

Après un long moment sans que ni l'un ni l'autre n'ose briser le silence, c'est finalement le grand-père qui rompt leurs mutisme.

- Qu'est ce qu'il t'es arrivé hier ? demande-t-il hésitant.

Elle ouvre la bouche pour répondre, mais les mots restent bloqués dans sa gorge. Elle éclate alors en sanglots, et se précipite dans ses bras. Surpris, même si sa petite fille a toujours été affective, le grand-père marque un temps d'arrêt, avant de la serrer dans ses bras avec des geste réconfortant. 

Au bout d'un moment, il finit par siffler entre ses dents d'un ton presque imperceptible :

- Si Peter y est pour quelque chose, il a intérêt à se tenir loin de mo..

Ne le laissant même pas finir sa phrase, la jeune fille se dégage de l'étreinte rassurante de son grand-père, et cette fois les mots sortent sans problème. 

- Peter n'y est pour rien !! Je serais encore là-haut sans lui ! crie-elle presque, avec un regard contrarié. Tu sais comme moi qu'il ne ferait jamais rien qui puisse me mettre dans cet état ! 

***

Un peu plus tard, le jeune homme arrive justement au chalet de de son amie. 

En l'apercevant, Heidi se précipite vers lui, ne lui laissant pas le temps d'arriver, et se jette à son cou. N'ayant pas eu le temps de se préparer au choc, Peter manque de tomber avec son amie dans les bras.

- Pardon grand frère ! Pardon ! 

- C'est bon, c'est rien. C'est les gars du village les crétins, pas toi. 

- Je suis désolée, souffle-t-elle aux oreilles de Peter. J'aurais jamais dû les écouter plutôt que toi, j'était mal, c'était pas moi hier. Le centre pour riche m'a complètement perturbé, je me reconnais plus.

- C'est bon, c'est oublié, on en parle plus. Par contre pour les travaux, j'ai une bonne nouvelle. 

Aussitôt, Heidi se redresse et s'écarte de son ami, afin d'entendre ce qu'il a à lui annoncer. 

Quelques instants plus tard, le temps s'arrête pour Peter…

… et sa vie bascule.