Juste la montagne, toi, et moi.

Chapitre 12 : Rebondissement et révélation 2/2

1146 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/09/2020 19:00



En apercevant Peter, Heidi se précipite vers lui, ne lui laissant pas le temps d'arriver, et se jette à son cou.

[...]

- Je suis désolée, souffle-t-elle aux oreilles de Peter. J'aurais jamais dû les écouter plutôt que toi, j'était mal, c'était pas moi hier. Le centre pour riche m'a complètement perturbé, je me reconnais plus.

- C'est bon, c'est oublié, on en parle plus. Par contre pour les travaux, j'ai une bonne nouvelle. 


Aussitôt, Heidi se redresse et s'écarte de son ami, afin d'entendre ce qu'il a à lui annoncer. 


***


 Un peu plus tôt dans la matinée :


- Il y a des promoteurs qui se sont mis dans la tête que le coin est idéal pour un complexe de remise en forme pour riches. Ils veulent tout raser pour bâtir leurs truc. 

- Je peux vous aider, répond-t-elle calmement. 

- Sérieux ?! Mais comment ?

- J'ai fait des études de droit.

- Pour faire quoi ? interroge Peter, curieux. 

- Pardon ?

- Pour faire quel métier pardon. 

- Ah. Euu… je sais pas ce qu'ils voulaient, c'était pas mes choix. 

- Ils ?

- Mes parents. C'étaient eux qui ont choisi mes études, qui ont tout choisi pour moi d'ailleurs. 

- Il s'est passé un truc en route, pourquoi tu veux devenir fromagère ? 

- Un jours j'en ai eu marre, marre de cette vie que j'avais pas choisi, et que j'aimais pas, marre d'étouffer. Pour la première fois de ma vie j'ai osé dire un peu mon opinion à mes parents, mais ils m'ont menacé de me mettre dehors si je ne continuais pas mes études. 

- Comment t'as fait alors pour arrêter ?

- J'ai rassemblé mon sac à dos de bivouac et...

- Bivouac ? J'ai jamais entendu ce mot.

- C'est dormir dehors si tu préfères, avec juste ce qui tient dans ton sac à dos. C'est bien le seul truc que j'aimais qu'ils me laissaient faire.

- Ah d'accord. C'est ce que tu fais en ce moment quoi.

- Voilà.

- Et alors, comment tu t'en es retrouvé là ?

- Bin pour finir de répondre à ta question, j'ai rassemblé quelques affaires dans mes valises, tout mon argent de poche, et mon sac de bivouac, et une nuit je suis partie pendant qu'ils dormaient. J'ai sauté dans le premier train venu, j'ai tout claqué pour partir en vadrouille et apprendre à faire du fromage, pour enfin vivre une vie qui me plaît. 

- Ils ont jamais cherché à te retrouver ?

- J'imagine que si, mais quand ils se sont réveillés le lendemain j'étais déjà loin, et après bon courage pour me retrouver vu que j'ai continué à pied. 

- Ils te manque pas ?

- Si, tous les jours, mais c'est le prix à payer, je l'ai toujours su.

- Et t'as pas peur de te faire dénoncer ?

- Je reste toujours là où personne me connait, je ne donne jamais mon nom en entier, et surtout je raconte pas ma vie. Personne ne sait jamais pourquoi je fais tout ça, je donne juste assez de détails pour que les gens se posent pas de questions, mais ne puissent se douter de rien. 

- Pourquoi tu me raconte tout ça alors ? 

- Je sais pas trop… je te fais confiance je pense.

- Merci, répond simplement le jeune homme, touché par cette réponse inattendue. 

- Bon alors assez parlé de moi, raconte-moi plutôt ton histoire de promoteurs, que je puisse voir ce qu'on peut faire.

- D'accord, en s'occupant des chèvres en même temps. 


***


- Alors raconte ! s'impatiente Heidi. Ils ont déjà tous renvoyé leurs feuilles de sondages…

- Marinette, elle a fait des études de droit ! 

- Pardon ?

- Oui t'a bien entendu, elle t'expliquera tout ça si elle veut bien. Mais du coup elle à une solution pour tout faire arrêter, il suffit que…


Sans laisser le temps à son ami de continuer, Heidi, débordante de joie à l'idée de voir enfin cette épée de Damoclès s'éloigner, saisit le col de sa chemise et le tire vers elle.


Et le temps s'arrête pour Peter… 


La spontanéité, et la rapidité du geste de Heidi ne lui permet pas de réagir, et durant la fraction de seconde que dure ce geste, il pense qu'elle s'apprête à l'embrasser. Seulement ce moment suspendu est de courte durée, puisque aussitôt après que le jeune homme soit près d'elle, elle passe ses bras autours de son cou et le serre dans une étreinte fraternelle, une nouvelle fois après s'être éloignée de lui quelques instants plus tôt. Malgré tout, ces quelques instants sont suffisants pour troubler le jeune homme au plus haut point ; et pour cause au lieu de faire brusquement battre son coeur et monter le rouge aux joues, comme il aurait pu s'y attendre, il eu une sensation de regret, presque de dégoût. Il ne comprit pas tout de suite sa réaction si déstabilisante.

Et si toutes ces années à se faire appeler grand frère, et à lui même l'appeler petite soeur, et surtout à se comporter comme tel ; toutes ces années où il l'a protégé des autres, où il l'a tant de fois prise dans ses bras tout en se répétant qu'il ne pourrait jamais espérer rien d’autre ; et si tout ça avait réussi à faire changer sa manière de voir les choses… Est-ce qu'au bout du compte, il n'aurait réussi à se convaincre lui-même, sans s'en rendre compte, que Heidi est, et restera sa soeur de cœur ? 

À moins que l'explication soit tout autre… est-ce qu’au contraire il ne se serait pas trompé lui-même tout ce temps ? Il aime Heidi c'est indéniable, mais est-ce que c'est vraiment de la manière dont il l'a toujours cru, ou du du moins depuis plus d'une décennie ? Est-ce qu’il est réellement amoureux d'elle comme il le croit ? Ou est-ce qu'il ressent simplement un profond sentiment d'attachement et d'affection pour elle ? En une fraction de seconde beaucoup de choses sont remises en cause pour Peter. 



Derrière sa fenêtre, le grand-père assiste à cette scène d'affection mutuelle, et bien qu'il ne connaisse pas les tenants et les aboutissants de tout ce qui se passe autour de lui, il est soulagé de voir que les choses semblent s'améliorer pour cette jeune fille, qui a elle seule comble tout l'espace dans son cœur de vieillard.



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Alors ce chapitre ? Vous vous y attendez pas à ça ein ? 



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