Juste la montagne, toi, et moi.

Chapitre 18 : Panique à bord.

2030 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/03/2021 19:48


Complètement dépassé par les événements de la veille, Peter a une fois encore peiné à trouver le sommeil. Sa mère n'étant pas là, il s'est retrouvé seul pour gérer la petite, mais au moins, elle a laissé son lit vide, permettant au jeune homme d'y coucher la fillette pour la nuit. C'est la seule décision qu'il a prise à ce moment-là, remettant tout le reste au lendemain. 


Ce matin, pourtant, il n'a aucun mal à se lever, une puissante angoisse ayant pris place au sein de son estomac l'a  réveillé.

 Sera-t-il à la hauteur ? Arrivera-t-il à tout gérer ? Comment l'occuper des journées complètes ? Ne va-t-elle pas faire de crise ? 


La fillette est arrivée sans prévenir, et maintenant il doit s'en occuper, alors qu'il n'a jamais eu à faire à de si jeune enfant. Elle dort encore lorsqu'il avale ses quelques aliments matinaux. Brusquement une idée lui passe par la tête. Peut-être que Marinette, elle, a l'habitude de gérer les enfants, et qu'elle pourra l'aider. Sans même prendre le temps de finir de manger, il se précipite à l'extérieur, espérant que son amie sera déjà à la grange. Malheureusement pour lui, il constate très vite que ça n'est pas le cas, il devra attendre. Quelques minutes plus tard, qui lui semblent être une éternité, une silhouette apparaît enfin. 


Peter l'assaille aussitôt de questions, sans plus de préambule alors qu'elle se trouve tout juste assez proche de lui pour l'entendre


- Tu t'es déjà occupé de gamins ? Tu sais t'en occuper ? Tu veux bien m'aider ? débite-t-il de manière confuse.

- Wow, doucement, j'ai pas compris un mot, énonce-t-elle une fois plus proche. Bonjour mon gars pour commencer ! 

- Euh oué, bonjour. 

- Alors qu'est-ce que tu me racontes, t'as l'air à l'ouest complet, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Tu t'es déjà occupé de jeunes enfants ?

- Je me suis déjà occupée des petits des voisins, mais pourquoi tu demandes ça ?

- Oh génial ! Suis moi. 


Sans attendre de réponse, ni donner plus d'explication, il se retourne et prend le chemin du chalet. Mais n'entendant pas de pas derrière lui, il se retourne et constate que Marinette n'a pas fait un seul centimètre. 


- Dépêche-toi ! Elle va se réveiller !

- À quel moment tu comptes m'expliquer ton charabia ? Et tes fromages tu t'en fiche ? 


Peter qui n'avait jusque-là pas réalisé son impolitesse, revient sur ses pas, gêné. 


- Pardon. Je suis un peu stressé là. 

- Ça j'aurais remarqué toute seule, pouffe Marinette. 

- Est-ce que tu veux bien me filer un coup de main ? Je dois m'occuper d'une gamine de 6 ans, et j'ai pas la moindre idée de ce que je dois faire. 

- Bon je vois. Je vais voir ce que je peux faire, plaisante Marinette, tentant de dissimuler son envie de rire devant ce jeune homme paniqué pour si peu. 


Peter soupire de soulagement. 


- On peut y aller ? tente de nouveau Peter, pennant à réfréner son impatience. On verra pour l'affinage plus tard.


 Comment réagirait-elle si elle ne voyait personne à son réveil ?


- C'est la fille de la blonde que j'ai croisée hier ?

- Ein ? Euh oué.

- Tu dois être proche d'elle pour qu'elle te confie sa fille. 

- On peut dire ça comme ça. Mais c'est plus vrai de dire qu'elle a pas trop eu d'autres choix. Je pourrais t'expliquer ça à l'intérieur ?

- Si tu veux. Mais respire. Elle va pas s'envoler. 


***


- Elle se réveille ! 

- Oui, j'ai vue. Respire. Alors Lexie, t'a passé une bonne nuit ma belle ? 

- Ma maman me manque. 

- T'en fait pas, elle va revenir, ça va passer super vite. Tu viens ? Tu vas me montrer ce que tu veux pour déjeuner. 

- Je veux de la confiture de potiron sur du pain. Ma maman elle m'en donne les matins. 

- Euh, Peter ?


Peter hausse les épaules, confirmant les doutes de Marinette sur l'absence de ladite confiture.


- Je suis désolé, on a pas ça en rayon ma jolie. Alors voyons voir… ça a l'air d'être de la myrtille ça. Peter ?

- Ein ? Ah oué, c'est ça. 

- Confiture de myrtille ça te va ? Tu vas voir c'est encore meilleur. 


La petite acquiesce timidement. 


- Tu vas voir, ça va être le meilleur petit déjeuné que t'ai jamais mangé. 


Finalement, la fillette mange ce que Marinette lui présente sans trop rechigner, et en redemande même. 


- Bon donc je résume, elle va rester deux semaines le temps que sa mère gère des trucs dont elle a pas voulue te parler, et pendant ce temps c'est toi qui doit t'en occuper ? chuchote la jeune femme.

- C'est ça. 

- Et elle t'a pas vraiment donné le choix donc ?

- Umm.

- Et.. c'est… ta fille ? hésite-t-elle. 

- Quoi ? Mais non ! C'est ma cousine. Sophia. Pas Lexie.


Marinette sourit discrètement, ayant espérée avoir ce genre de réponse. 


***


Une heure plus tard, ils sont tous les trois chaudement couverts, et les pieds dans la neige. Lexie a insisté pour jouer dehors en voyant les flocons tomber, et ni Marinette ni Peter n'ont eu le cœur de lui refuser ce plaisir.


- T'aime bien les bonhommes de neige ? interoge la jeune femme, cherchant à occuper la fillette.

- C'est quoi ?

- T'as jamais fait de bonhomme de neige ? s'exclame Peter, surpris. 


Lexie secoue vigoureusement la tête en signe de négation. 

Cette révélation attriste Peter, chagriné pour cette fillette qu'il ne connaît pas vraiment. Il ignore de quoi est faite sa vie, mais pour le peu qu'il sait, ce n'est pas des plus joyeux. Sa mère a une vie suffisamment compliquée pour la forcer à confier sa fille pendant une longue durée à quelqu'un dont elle n'a pas eu de nouvelles depuis de nombreuses années. Un quasi inconnu en soi. Elle a des problèmes dont elle refuse de parler, et son père (si père il y a) n'est visiblement pas plus présent qu'elle, puisque lui non plus n'a pas pu la prendre en charge. Apprendre qu'elle ignore même les petits plaisirs que tous les enfants connaissent, tel que faire des créations dans la neige ne vient que confirmer à quel point la vie de la petite doit être triste et solitaire.


- T'en fais pas ma belle, on va rattraper ça tout de suite. Allez viens. Tu nous aides Peter ?


La voix de Marinette sort Peter de ses réflexions, il laisse un sourire timide se dessiner sur son visage à la vue de Lexie si enjouée. Rapidement, tous trois entament la confection du bonhomme glacé. Lexie comprenant vite le principe, roule une boule qui devient rapidement plus grosse qu'elle, puis une plus petite.


- Tu monte la tête Pet' ? 

- Ouep t... Pet' ?

- Oué la pitchoune t'a appelé tonton Pet' tout à l'heure, on va pas la contrarier quand même. Ein ? 

- Pas la contrarier, moué. 

- Ben quoi ?

- Aucun rapport avec le fait que ça te plaise de m'charier alors ?

- Nonnn, jamais je ferai ça. Tu me connais teeeellement mal. Et c'est sympa comme surnom je trouve. 

- On va dire ça oué. 


Peter la regarde d'un air plus rieur que moqueur, tout en secouant légèrement la tête. Puis détournant le regard, il saisit fermement la petite boule servant de tête, avant de la déposer sur la plus grosse. 


- Et voilà un beau bonhomme de neige, s'exclame Peter, fier de son œuvre.

- Ça ressemble pas à un bonhomme ça, s'exclame la petite, devant la masse neigeuse, représentant un individu bedonnant.

- Comment ça mon bonhomme ressemble pas à un bonhomme ? Non mais dit donc, répond le berger, faussement contrarié, les mains sur les anches.

- Ouuu, mais il est pas content tonton. Regarde on va lui montrer comment on fait. Tu viens ? 


Marinette, suivit de prêt par une Lexie sautillante, se saisit de deux branches sur un arbre à proximité, et les séparent d'un coup sec de leur support. 


- C'est un peu mieux comme ça déjà non ? Il a deux beaux bras. Maintenant le visage. Tiens, tu lui enfonces la carotte dans la tête ?

- C'est pas une carotte, c'est un bâton ! 

- En plein hiver ça va être dur d'en avoir, on a qu'à imaginer que s'en est une.

- Elle est drôle quand même Marinette, hein ? Il a une drôle d'air son nez, se moque le chevrier.

- Vous êtes rigolos tous les deux, vous me faites beaucoup rire. 


Les deux amis échangent un regard amusé et complices. 


- Tonton Pet' et Marie je vous aime bien, reprend Lexie en souriant jusqu'aux oreilles. 


Peter acquiesce un sourire attendri devant cette petite, si touchante. Elle lui rappelle Heidi lorsqu'elle est arrivée ici, pratiquement vingt ans plus tôt. Même innocence, même joie de vivre malgré une vie qui ne l'a déjà pas épargnée. Il l'observe jouer avec les flocons, sentant déjà la carapace de son cœur se fissurer, malgré la réticence à l'idée de s'occuper d'elle qu'il a eu moins de vingt-quatre heures en arrière. 

Puis il reporte son attention vers son amie.


- Tu t'en sort bien toi. Marie c'est jolie.

- Qu'est-ce que tu veux, on peut pas tous...

- Qu'est ce qui t'arrive ma puce ? coupe le chevrier, voyant Lexie les yeux embués, prêts à se délester du trop plein de larmes.

- T'aime pas que je t'appelle tonton Pet' ? interroge la petite, visiblement déçue. 

- Mais si j'aime bien, s'empresse de lui répondre le jeune homme, en se mettant à sa hauteur. 

- Je peux continuer de t'apeller comme ça alors ? répond-t-elle pleine d'espoir. 


En arrière Marinette pouffe, en faisant son possible pour que Lexie ne s'en rende pas compte. 


- Mais oui, bien sûr ma puce. 


Aussitôt la fillette se précipite vers lui, le serrant de ses petits bras, et fissurant encore un peu plus les barrières de son cœur. 


Marinette le regarde, amusée. Gêné de s'être fait surprendre dans un élan de tendresse, Peter se rembrunit. 


- Et toi rajoute en pas, reprend-t-il en direction de Marinette. 


Elle lève alors les bras en l'air en signe d'innocence. 


- Heidi était encore plus petite quand t'es devenu son ami non ?

- Oué, mais j'étais pas bien vieux non plus, je voyais pas les choses pareilles. Et on était ensemble juste la journée. C'était pas à moi de m'occuper d'elle h/24. Ça a rien à voir.

- Si tu le dis.

- Et dis-moi ? T'as pas v.... Outch.


Le berger s'essuie la joue, rendu brusquement froide par une boule de neige. Il n'a pas remarqué son amie s'éclipser discrètement. 


- Eh t'es sérieuse ? s'esclaffe Peter.

- C'est Lexie !

- Mais non t'es qu'une menteuse ! C'est pas moi. 

- Bon bah dans le doute va falloir que je vous punisse toutes les deux alors. 


Les deux demoiselles se regardent un instant avant que Marinette n'enjoigne Lexie à fuir. Toutes deux partent alors en courant la petite main de Lexie dans celle de Marinette, le tout dans de grands éclats de voix. 


Mais cela n'empêche en rien Peter de partir à leurs poursuite en les bombardant de boules de neige. La joyeuse bataille se poursuit dans la joie et la bonne humeur, jusqu'à que tous trois soient trempés. Le froid finit par les gagner, mais n'atteint en rien leur bonne humeur. 

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