Expiation

Chapitre 2 : Lukka

831 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/10/2017 18:13

Retranché dans un recoin délabré rempli de poussière et de mauvaises herbes, je reprends difficilement mon souffle. Adossé contre un mur à moitié détruit, je porte mon bras en direction de la boue située à ma gauche. Un gémissement sort sans que je ne le veuille de ma bouche. J’inspire un bon coup et commence à étaler cette terre à l’état liquide sur l’entaille profonde que je me suis faite à la cuisse. Le bâtiment dans lequel je me trouvais était vide de mobilier, pas une seule décoration. Que de la caillasse. La boue que je viens d’étaler sur ma blessure provient d’une petite marre qui s’est installée non loin de ma position, surement à cause d’une fuite d’eau. La douleur commence à se dissiper et j’entreprends finalement – après quelques secondes de repos – de me lever avec une certaine difficulté tout de même. Je suis plus ou moins à l’abri là où je me cache, la luminosité à l’intérieur est plutôt faible, seul quelques rayons de soleil parviennent à pénétrer dans l’enceinte. Ma longue course à travers la ville m’a donné extrêmement soif. Malheureusement pour moi, l’eau de l’étang à côté de moi est sale et rempli de bactéries. Par mesure de sécurité, j’ai décidé de ne pas courir le long des fleuves qui divisent la ville de toutes parts pour éviter les mauvaises rencontres. Je commence sérieusement à regretter ce choix. J’ai jamais eu autant besoin de m’hydrater jusqu’ici. Une fois debout, je m’appuis fièrement sur la colonne en béton sur ma droite tout en maintenant délicatement ma jambe.

C’est à ce moment précis que je remarque une boite en métal usée, dissimulée à l’intérieur d’une cloison lourdement entaillée. Par simple curiosité, je me dirige donc lentement vers elle en titubant. Je me mets à genoux et prends la boite soigneusement entre mes mains. Je l’ouvre en espérant y trouver une gourde remplie d’eau mais ma joie se transforma rapidement en déception. Ce n’est qu’une boite à outils rempli de matériaux tels que des tiges en bronze et des plaquettes de fer. Rien de très utile pour ma survie dans les Jeux. Enervé, je balance le contenu de la boite sur le sol d’un geste brusque avant de plonger mes mains sur mon visage crispé de fatigue et de douleur.

Un coup de canon me fit sursauter. Le premier signifie que le bain de sang est terminé. Puis une succession d’autres retentirent encore et encore. Je fis le compte dans ma tête : « …quatre, cinq, six, sept, huit, neuf. »

Deux minutes passèrent avant que je ne décide de me lever pour sortir du bâtiment dans lequel je m’étais caché. J’emporte finalement la caisse avec tous les objets dedans au cas où cela pourrait me servir pour plus tard. Une fois à l’extérieur, je me mis à observer la forêt au loin. Peut-être aurais-je plus de chance de survivre là-bas, loin de la ville et des autres tributs. Je trouverais très certainement de l’eau là-bas sans que je ne risque de tomber face à un tribut de carrière qui m’étriperait sur place. La boite en métal sous le bras, je me mis donc en marche vers les limites de la ville. Plus j’avançais, plus la végétation y était dense, bientôt je ne pourrais plus reconnaître les immeubles ou autres édifices recouverts par des tonnes de feuillages. Je pris le temps de faire de nombreuses pauses afin de pouvoir soigner continuellement mon entaille. Les arbres, les cailloux et autres buissons commencent peu à peu à faire leur apparition. Le sol est recouvert de boue, d’herbes et de feuilles mortes, recouvrant les derniers pavés de la ville en ruines.

Soudain, un bruit terrifiant en provenance de la forêt devant moi me glaça le sang. Je ne pourrais décrire ce que c’était. Cela ressemblait toutefois à un mélange du souffle du vent et d’un grognement d’une bête féroce. Pris de panique, je revins sur mes pas en courant sans prendre l’occasion de regarder derrière moi. La ville se redessinait au fur et à mesure de ma fuite et je commençais à redécouvrir certains endroits où j’étais passé plus tôt dans la journée. Je finis par m’engouffrer dans une ruelle étroite sans pour autant m’arrêter. Après m’être cogné sur de nombreux murs de briques, je me retrouve sur une grande avenue où la végétation était un peu moins dense. C’est alors qu’au niveau d’un croisement plutôt ouvert, un tribut se heurta sur moi.

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