Expiation

Chapitre 3 : Ugo

1216 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/10/2017 13:44

Mes lourdes paupières peinent à s’ouvrir. Je ressens un lourd mal de crane. En portant mes doigts sur mon front, je pu sentir la chaleur du sang qui sortait d’une mauvaise entaille en train gonfler par-dessus mon œil gauche. Des filets de sang coulaient sur mes joues et sur mes oreilles. Encore sonné, je ne peux voir précisément dans quel endroit je me trouve. Dans tous les cas, je ne suis plus à l’extérieur en train de fuir comme un demeuré la Corne d’abondance. Mes mains ainsi que mes cuisses tremblent depuis mon éveil, après de nombreuses tentatives, je ne parviens pas à les contrôler ni à arrêter cela. Je suis adossé contre une colonne de pierre taillée dont une moitié est retombée sur le sol. En levant difficilement la tête, je peux voir des lianes et autres verdures qui pendent bien au-delà du plafond totalement brisé. C’est alors que je remarque que le soleil s’était déjà couché pour laisser sa place à une pleine lune. En l’espace de quelques minutes, ma vue est redevenue correcte, ce qui me permet d’observer une boite en métal posée là, à quelques pas sur ma droite. Elle était ouverte et certains objets en étaient sortis comme de fins ressorts ou des cylindres en aluminium. J’essaye de me lever mais je n’y parviens pas à cause de ma tête qui tourne sans cesse lorsque je bouge ne serait-ce qu’un seul de mes doigts.

Des bruits de pas commencent soudain à titiller mes oreilles. Méfiant, j’attrape le premier morceau de parpaing qui me vient et le fait glisser vers moi jusqu’à le cacher derrière mon dos. Je ferme rapidement mes yeux et fis mine d’être encore sonné. Lorsque je sentis l’homme au plus près de moi, j’ouvris les yeux avant de bondir sur lui en puisant dans toutes mes forces. Je le frappe au visage une fois puis une seconde fois avant qu’il ne prenne mon poignet et me force à lâcher mon morceau de béton.

« Calme-toi ! Cria-t-il. »

Il prend quelques mètres de distance et se relève avec difficulté. Il caresse ses joues dans un grognement avant de cracher un mélange de salive et de sang sur le sol. Epuisé, je retourne auprès de la colonne de pierre pour y prendre appui.

« Qui es-tu ? Je lui demande. »

Il finit par s’approcher doucement de moi tout en essuyant son visage avec ses mains. C’était un garçon plutôt maigre, pas très haut. Il doit avoir au moins seize ou dix-huit ans alors que moi, je n’en ai que quatorze.

« Tu ne te souviens donc pas ? Dit-il. Je suis celui contre lequel tu t’es cogné pendant ta fuite il y a quelques heures. J’espérais que tu t’en souviendrais. »

En effet je m’en souviens, et je viens tout juste de m’en apercevoir. Tout s’explique maintenant, le fait que je sois allongé dans un endroit qui m’est inconnu à mon réveil, la boite en métal, la nuit qui est tombé alors que les Jeux ont débutés en plein jour. Ce type m’a traîné jusqu’ici pour me protéger.

« Pourquoi tu ne m’as pas tué ? »

Un léger sourire se dessine alors sur son visage, comme s’il savait que j’allais lui poser cette question. Il se gratte le peu de cheveux qu’il a avant de me répondre.

« Parce qu’à nous deux, on aura de meilleures chances de survivre. »

Il me propose une alliance ? Dès le début des Jeux, à moi, un pauvre garçon du Onze qui sait à peine se défendre ? Il aurait mieux fait de me tuer pendant que j’étais inconscient, je n’aurais pas eu à souffrir comme ça.

« D’accord. Soit, dis-je finalement en m’éloignant. Comment t’appelles-tu ? »

Il se dirige vers la boite en métal et y range l’ensemble des matériaux que j’avais vu plus tôt à l’intérieur, il me lance une gourde remplie d’eau avant de prendre le chemin de la sortie.

« Moi, c’est Lukka. »

Assoiffé, je bois une bonne moitié de l’eau contenue dans ma gourde avant de suivre Lukka vers l’extérieur. Une fois dehors, je pu voir un fleuve plutôt étroit caché derrière deux ou trois bâtiments en ruines. C’est probablement ici qu’il a dû s’approvisionner en eau.

« Où as-tu trouvé ces gourdes et cette boite que tu tiens ? Je lui demande. »

Peut-être a-t-il participé au bain de sang et qu’il en est sorti sans armes ? J’en doute fortement, J’ai vu les carrières plonger, et en regardant son gabarit, ils n’auraient fait qu’une bouchée de lui. Il se retourne vers moi avant de me répondre.

« J’ai trouvé cette boite à outils après m’être caché dans un bâtiment loin des fleuves et du gouffre. Quelque-chose me dit que l’on peut trouver bien d’autres ressources en fouillant méticuleusement la ville. En ce qui concerne les gourdes, je les ai récupérés au sol peu après notre rencontre. C’est sans doute un tribut qui a dû les laisser tomber sans le vouloir en prenant la fuite. »

Mes doutes se confirment alors, quand soudain l’hymne du Capitole retentit. Il est minuit, et c’est l’heure aux juges de nous montrer les visages des tributs tombés lors du bain de sang. Le sceau du Capitole apparaît juste au-dessus de nos têtes dans le ciel étoilé de la nuit. Le premier visage qui nous est montré représente à mon plus grand étonnement celui du tribut mâle du District Deux, Trek. Il était d’origine asiatique, très musclé. Je me souviens d’une de ses performances lors d’une séance d’entraînement. Puis c’est au tour de la fille du Trois d'apparaître. Mon regard se tourna en direction de Lukka qui fronçait les sourcils tout en soufflant continuellement. Ce fut ensuite au tour de Jayn et Klay, les deux tributs du Cinq. Je ne me souviens pas d’eux lors des entraînements mais leur prestation face au public lors de leur interview avait marqué beaucoup d’esprits. Vient ensuite Brust, le chauve du Sept, la fille du Neuf puis du Dix. La suivante était Tammy, le tribut féminin de mon District. Je savais qu’elle voulait tenter le bain de sang, elle me l’avait confié peu de temps avant le commencement des Jeux. C’était une grande fille, assez capricieuse mais forte. J’espère qu’elle n’a pas souffert. L’hymne se termine enfin par le visage de Gore, la grosse brute aux cheveux longs et noirs du Douze.

« Bien, commença Lukka à voix basse, maintenant allons nous trouver un endroit pour passer la nuit sans encombres. »

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