Expiation

Chapitre 4 : Jöl

1269 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/10/2017 22:29

Peu après être remonté du gouffre, j’ai couru. Machette à la main, le sac médical sur le dos, je suis allé aussi loin que le pouvais. J’ai dû changer d’itinéraire plusieurs fois lorsque je m’approchais trop près d’autres tributs. J’aurais pu rejoindre la forêt assez rapidement si je ne m’étais pas enfoncé dans une gare ferroviaire aérienne complètement désaffecté et embrassé par l’humidité, les plantes et autres lianes visqueuses qui pendaient par-ci par-là. Voyant que le soleil se mettait déjà à se coucher, prêt à laisser sa place à une pleine lune bienveillante, j’ai donc décidé de rester caché là où j’étais par mesure de sécurité. J’avais réussi à atteindre un balcon à moitié effondré entre la rame brisée du côté Sud et un haut bâtiment perché au-dessus comme s’il allait bientôt s’effondrer. J’ai observé à minuit le ciel pour compter les tributs ayant trouvé la mort au bain de sang : il y en avait au total neuf. C’est à ce moment-là que je me souvins du visage de la fille du Trois à laquelle j’ai subtilisé son arme, du visage de Klay qui avait failli m’entrainer vers les tréfonds du gouffre ou encore celui de Brust que j’avais tué indirectement après avoir découpé les lianes auxquelles il était accroché alors qu’il remontait en même temps que moi. Je m’endormis peu après la fin de l’hymne du Capitole, en me demandant ce qui pourrait bien m’arriver par la suite.

A mon réveil, le soleil était déjà bien au-dessus de l’arène. Je pris la peine de vérifier le contenu de mon sac médical avant de partir. Il y avait des compresses, plusieurs petits pansements, un ciseau et une aiguille en fer, un ensemble de trois bobines de fil à coudre, de la pommade et un sirop pour le sommeil. C’est léger, mais ça suffira. Quand j’en aurais l’occasion, je pourrais peut-être utiliser le fil pour faire des collets ou autres pièges de détection lorsque j’établirais un campement un peu trop dégagé. L’aiguille pourrait me servir d’arme au même titre que le ciseau en cas d’extrême urgence. Je pense tout de même me fabriquer une lance en récupérant et en taillant un bon bout de bois une fois que je serais dans la forêt. Je pourrais même récupérer quelques pierres une fois mon sac vide pour m’en servir comme projectile ou pour assommer les autres au corps-à-corps. Bien que cette dernière idée ne soit pas la meilleure, étant donné que l’on peut trouver de bien meilleures projectiles ici, dans la ville, comme des morceaux de brique et de parpaing bien plus robustes.

Redescendre de là où j’étais était bien plus difficile que d’y monter. Je pris appui sur de fines barrières avant de me glisser doucement entre les deux rames de la station. Sans faire attention, la machette que j’avais coincé sous mon bras venait de m’échapper pour tomber en contrebas, frappant de sol d’un tel bruit que les oiseaux perchés autour de moi s’envolèrent dans la seconde qui suivie. Distrait, je failli tomber moi aussi mais je pu me rattraper de ma main gauche sur un petit rebord plus bas. Mes jambes étaient pendues dans le vide, tout le reste allait devoir se jouer à la force de mes bras. Un léger grommellement s’échappa de ma bouche tandis que je balançais mon corps tel un singe pour attraper d’autres prises et ainsi descendre sans aucun risque.

Une fois le pied posé au sol, un nouveau problème, plutôt inquiétant me troubla l’esprit : ma machette avait disparue. Je l’avais pourtant vu tomber et atterrir à l’endroit même où je me situe. Agacé, je fouillai les alentours afin de la retrouver, jusqu’à me diriger vers une autre salle par l’intermédiaire d’un trou dans un mur. Quand soudain un tribut qui m’attendait sorti de sa cachette et me barra le passage tout en me tendant la machette que je ne parvenais plus à trouver.

« C’est cela que tu cherches ? Dit-il avec un léger sourire menaçant. »

Pris de peur, je me dirigeai vers une autre sortie située derrière moi quand un autre tribut fit surface, tenant une boite en métal. Etant dans ma lancée, son corps bouscula le mien et je fis tomber en même temps sa boite dont le contenu virevolta dans les airs avant de retomber au pas de la sortie de la gare. Le tribut quant à lui s’effondra lui-aussi, surpris par ce qu’il venait de se passer. En jetant un coup d’œil derrière moi, je vis le premier qui détenait ma machette aider à relever celui que je venais de bousculer en sortant avant qu’ils ne se remettent tous les deux à ma poursuite. En regardant de nouveau devant moi, je vis un large fleuve dont le courant était suffisamment rapide. Sans prendre le temps de réfléchir, je pris le risque de sauter dedans pour pouvoir échapper à mes adversaires. Mon corps percuta alors la surface de l’eau et je fus immédiatement pris par le courant. A moitié déboussolé, je m’accrochai à mon sac médical pour pouvoir mieux flotter tandis que les deux tributs sautaient par-dessus le fleuve derrière moi en tentant de me rattraper. Je vis rapidement l’un d’eux courir le long du flanc droit du canal jusqu’à bientôt atteindre mon niveau.

« Sont coriaces, ces deux-là, marmonnais-je. »

Je fus soudain immédiatement stoppé par une grille qui servait à empêcher les plus gros déchets de passer, située sous un petit pont de pétions encore intacte. Secoué, je repris assez rapidement mes esprits et me mis à escalader difficilement le pont pour enfin me retrouver au-dessus après quelques secondes. C’était néanmoins le temps nécessaires pour mes deux poursuivants de me rattraper et de barrer les deux issues terrestres possibles. En jetant un coup d’œil de l’autre côté du pont, je ne vis qu’un amas de cailloux de et de morceaux de routes ne laissant que très peu de place pour que l’eau puisse s’y installer convenablement. Fais comme un rat et complètement épuisé, la seule solution qui me restait était d’attendre la mort. Mes genoux tombèrent au sol tandis que le garçon qui détenait ma machette s’approcha de moi.

« Tu veux la reprendre ? Me dit-il en tendant la lame qui pointant vers sa direction. »

D’un geste brusque, je m’en emparai avant de me relever tout en prenant garde de mes deux adversaires. Je pu voir que l’autre tribut – plus jeune que son grand copain – avait pris soin de ramasser sa boite en métal et de la ranger avant de se mettre à son tour à ma poursuite. Mon regard se retourna immédiatement en direction du premier, qui devait avoir mon âge, peut-être plus.

« Tout doux le Neuf, on n’est pas là pour te tuer, dit-il en levant ses mains et en pliant un genou, non bien au contraire. »

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