JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 103 : Live or Let Die (Partie 1)
2132 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 20/09/2025 18:20
Propriété des Joestar, 7 ans auparavant
Ève éclata de rire. Le jeune majordome ne savait pas où se mettre. Il se tenait timidement les deux bras le long de son torse comme un enfant humilié par le professeur devant le reste de la classe. Son aînée tenta de calmer son fou rire en se tenant le ventre, les larmes toujours au coin des yeux.
Ève : Excuse-moi, Guns. C’était impossible de se retenir de rire ! Tu veux vraiment que je t’apprenne à te battre comme moi ? Tu ne veux pas plutôt te former auprès du reste des employés de maison ?
Guns : J-je veux devenir plus fort…
Ève : Tu as obtenu un Stand de la flèche, n’est-ce-pas ? Tu devrais te concentrer là-dessus… Essayer d’apprendre une autre technique de combat serait une perte sèche de temps pour toi comme pour moi. Pourquoi tu veux devenir plus fort, qu’est-ce-que tu y gagnerais ?
Elle donna un coup sur une étoile fluorescente qui scintillait au milieu des brins d’herbe où elle était assise. Suivant le trait de sa constellation, le coup se répercuta sur le tronc de l’arbre qui l’abritait du soleil. Une pomme tomba d’une branche et atterrit dans la main de la jeune femme.
Guns : J-je veux protéger la famille Joestar. J-j’aimerais tellement les remercier de tout ce qu’ils ont fait pour moi au cours de toutes ces années ! Sans eux, je ne sais pas où je serais aujourd’hui…
Le ton et le phrasé du jeune adolescent semblaient mécaniques. Si ses intentions étaient honnêtes, il cherchait à leur appliquer un vernis de luxe pour s’élever à la hauteur de ceux qu’ils servaient.
Guns : E-et je m’inquiète pour Mademoiselle Joestar ! Elle est si gentille avec tout le monde…j’ai peur que son bon cœur ne la mette en danger…
La jeune femme prit la pomme dans sa paume et la dévisagea comme si la surface rouge contenait la réponse à ses questions. Elle se leva et jeta adroitement le fruit entre les mains de l’adolescent qui l’attrapa maladroitement.
Ève : Très bien, j’accepte.
Guns : Qu-Comment ? Mais pourquoi…?
La femme lui adressa un sourire malicieux. Les joues du jeune garçon, à peine entré dans l’adolescence, devinrent rouge en regardant la femme bien plus âgée que lui. En la côtoyant tous les jours, ses hormones naissantes ne s’étaient pas aperçues de la beauté de la garde du corps de la famille. Elle portait une chemise blanche encerclée par un corset dont les trois boutons supérieurs étaient ouverts. Des motifs de fleurs violettes au pistil en forme d’étoiles dessinaient les différents signes du zodiaques. Ses jambes étaient couvertes par un pantalon en cuir noir ceinturé à la taille et élancé au niveau des mollets. Pour une garde du corps à la force surhumaine, rien de son style ne rappelait sa condition. Devant la spontanéité de la réponse et la beauté d’Ève, Guns restait totalement figé, incapable de prononcer le moindre mot.
Ève : Allez, viens vite avant que je ne change d’avis. De toute façon, quand tu auras tous les os du corps brisés, tu pourras toujours abandonner !
***
Adam était agenouillé au sol au pied du cadavre de son ami, dans un bain de sang noir. La nuit qui s’étendait sur le sol refusait même de laisser le reflet du visage du vivant la pénétrer : seul le teint pâle du corps inanimé y était prisonnier.
Adam : Sale fils de pute !
Le visage d’Adam était déformé dans une émotion que Shizuka n’avait jamais affrontée auparavant. Il criait dans une longue complainte interrompue chaotiquement par des sanglots. Ziggy, quant à lui, se mordait la main jusqu’au sang pour s’empêcher d’hurler comme son frère, des larmes au coin des yeux.
Adam : Connard, salaud, enfoiré !
Il frappait le sol avec toute sa force mais, comme dans l’ascenseur, tout ce qu’il souhaitait était de briser ses phalanges. Son sang et la mélasse noir se superposaient sans se mélanger comme l’eau et l’huile. Ils formaient un yang sans passion, un yin sans espoir.
Shizuka : N-non, pourquoi…?
Sur le cadavre qu’elle pensait toujours pouvoir sauver, les ronces de Shizuka s’étendaient comme des veines artificielles transmettant l’énergie dont elle faisait don au corps étendu à terre. Cependant, avant d’atteindre leur but, les bras végétaux se désagrégeaient en poussière.
Shizuka : L-le sang détruit Kiss From A Rose…et il tue les cellules avant que mon Stand ne…ne puisse les régénérer.
En tremblant, Ziggy desserra sa mâchoire et regarda dans le vide. Il répondit à la jeune fille par réflexe, inconscient du danger du liquide noir.
Ziggy : Salomon avait dit que le sang du Voyageur était un poison pour la plupart des personnes…
Shizuka sursauta par réflexe et s’éloigna de la marée noire mortelle. Elle jeta un regard inquiet à celui qui était étendu au milieu du désert ébène.
Adam : On est tous indemnes, bordel ! J’ai pas la moindre cicatrice…tout ça a servi à rien ! Il est mort pour rien !
Des larmes sur les joues, il commença à soulever le corps drapé d’un linceul noir qui s’écoulait jusqu’au sol.
Shizuka : Adam, je t’en prie, éloigne-toi ! Son sang va te tuer ! Il faut ne pas le toucher !
Par réflexe, la petite fille se jeta sur le bras d’Adam pour le retenir. Elle fut violemment repoussée. Le jeune homme lui lança un regard noir tandis qu’elle gisait, déboussolée, au sol.
Adam : Pour qui tu te prends ?! Tu veux me dire ce que je dois faire avec le corps de mon ami ?!
Shizuka : A-Adam, je ne voulais pas…
Adam : Tu ne sais pas ce qu’un ami représente pour un orphelin ! On était comme des frères ! On se serrait les coudes ! Et toi, t’as été recueilli par une famille de bourges ! T’as jamais eu à souffrir de la solitude avec…ta putain de cuillère en argent dans la bouche !
Les yeux de la petite fille se gorgèrent de larmes et ses muscles se raidirent. Elle aurait tout donné pour disparaître. Ses ronces frissonnaient de la colère qui traversait le cœur d’Adam. Entre deux sanglots et deux respirations, sa bouche essayait vainement d’articuler des excuses.
Shizuka : J-je suis désolé, A-Adam…
Adam : Putain, t’es juste une sale petite je-sais tout, un rejeton d-
Batya - qui observait silencieusement dans un coin - dressa son bras devant Adam. La photographe n’avait rien à voir avec leur altercation mais elle ne pouvait pas laisser ainsi son protégé s’attaquer à une petite fille de la sorte. C’était indigne du descendant d’un grand homme, une terrible ombre au tableau de famille.
Batya : Je ne pense pas que cela soit nécessaire. Reprends-toi.
En serrant le poing, Adam s’approcha de la jeune femme et lui lança le même regard noir qu’il avait lancé à Shizuka, presque aussi sombre que les tâches de sang qui parsemaient ses vêtements.
Adam : Espèce de…
Les veines constrictèrent son poing et, pendant une demi-seconde, la silhouette du bras de Light Butterfly se referma sur celui de son manieur. Ziggy passa rapidement son doigt sur ses larmes pour les sécher.
Ziggy : Adam, ça suffit.
Au moment précis où il entendit les mots de son frère, Adam prit conscience de son geste. Ses doigts se détendirent et la silhouette menaçante du Stand disparut de ses côtés. Il jeta un coup d'œil coupable, presque honteux, à la fillette haletante au sol.
Adam : J-je suis désolé…
Ziggy : Je vais m’occuper du corps de Salomon, Adam…J’ai besoin de…passer un peu de temps avec lui…
Après un dernier regard au cadavre étendu au sol, Adam acquiesça à contre-coeur et avança vers l’ascenseur sans se retourner. Comme la montée, la descente se fit dans un silence de mort. L’atmosphère endeuillée et les longues minutes d’attente pesèrent sur la cage en chute libre. Quand ils passèrent la porte d’entrée du bâtiment - celle qui avait tout provoqué - ils firent face à un homme en costume de majordome.
Shizuka : Guns !
La fillette se jeta dans les bras de son majordome sous les yeux médusés des deux personnes qui la suivaient. Tout en la serrant dans ses bras, Guns toisait du regard les inconnus qui suivaient l’héritière des Joestar.
Adam : Jojo, tu peux nous expliquer qui est ce mec…?
Adam regarda autour de lui et aperçut l’ancien Chef d’Orchestre et Maneater au sol, à demi-conscient, recouverts de blessures et de poussière.
Adam : C’est un piège ! Cet homme a attaqué Job et la sardine, éloigne-toi de lui tout de suite !
Shizuka : Q-qu’est-ce-que tu racontes, A-
Le regard de la fillette eut à peine le temps de se poser sur les deux blessés que l’employé de la famille l’écarta d’un geste tendre et ferme. Son bras se mit devant elle pour l’écarter du danger des deux étrangers.
Guns : Tenez-vous à l’arrière, Mademoiselle Shizuka. Je vais neutraliser ces deux kidnappeurs comme je l’ai fait avec les deux précédents. J’ai pris beaucoup trop de temps à vous retrouver mais je ne vous laisserai pas à nouveau faire face au danger.
Shizuka confuse regarda les bras du majordome recouvert de bandages. Elle put suivre de ses yeux inquiets son poing s’armer en arrière, prêt à frapper. Par réflexe, elle se libéra de la barrière protectrice pour s’interposer entre ses deux familles qui se faisaient face, les bras écartés.
Shizuka : Guns, il y a un malentendu ! Ils ne me veulent aucun mal !
Guns : Voyons, Mademoiselle Shizuka, écartez-vous. Vous allez être blessée. Ne faites pas l’enfant.
Le stand à épines du majordome posa ses mains sur la taille de la fillette et la souleva pour la déposer à nouveau à l’abri du danger supposé, faisant fi de ses protestations.
Adam : J’ai pas de temps à perdre avec toi. Si tu veux reprendre la fillette pour la ramener aux Joestar, fais-toi plaisir. Je commence à me dire qu’elle était peut-être un peu trop jeune pour tout ça…
Guns remua son doigt de gauche à droite en claquant la langue à chaque balancement pour signifier que l’échange ne se terminerait pas aussi facilement. De son accent anglais moqueur, il provoqua le jeune homme face à lui.
Guns : Malheureusement, vous vous êtes attaqués à des poissons un peu trop gros cette fois-ci. J’ai quelques questions à vous poser…Qu’est-ce-qu’un groupe de manieurs comme vous cherchait à obtenir ? Aucune demande de rançon n’a été envoyée…
Adam : Je t’ai dit que tu pouvais reprendre la gamine ! T’es bouché en plus d’être coincé, le britton ?!
Le majordome ajusta prétentieusement ses gants et fit tourner son pistolet favori autour de son doigt avec dédain. Batya s’avança pour se mettre devant Adam, le doigt sur le déclencheur de son polaroïd.
Guns : Je vois que, comme les deux autres, vous ne serez prêts à coopérer qu’avec quelques côtes cassées…Bo-lé…
Au moment où Guns prononça le dernier mot, le sang de la petite fille ne fit qu’un tour. Achtung Baby déploya ses ailes pour la libérer de l’emprise du Stand. Pendant les trois syllabes décisives, ses jambes la portèrent le plus loin possible pour s’interposer à nouveau.
Guns : Mademoiselle Shizuka, éloignez-vous ! Vous êtes folle !
Shizuka : Guns, écoute-moi !
Guns : C’est hors de question, ces hommes vous manipulent ! Votre bon cœur vous empêche de voir la vérité en face ! Je suis venu vous sauver parce que c’est mon rôle !
Guns se tenait l’épaule en parlant comme si une douleur lancinante lui traversait soudainement la chair. La petite fille lui faisait face en lui lançant un regard de défi.
Shizuka : Si tu veux leur faire du mal, il faudra me passer sur le corps.
Guns éclata de rire.