JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 104 : Live or Let Die (Partie 2)

2137 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/09/2025 18:20

Propriété des Joestar, 7 ans auparavant



Guns : Alors, tu vas vraiment m’apprendre ta technique secrète ?!


Au pied du grand pommier, l’adolescent réprimait son envie de sautiller d’impatience pour son premier jour d’entraînement. Guns bombait le torse pour se faire le plus grand possible tout en affichant une expression sérieuse qui ne rêvait que de se déformer en un large sourire.


Ève : Tu m’as tellement harcelée pendant mes jours de repos que j’ai fini par comprendre à quel point tu étais impatient de commencer.... Et arrête de l’appeler comme ça ! C’est le bo-lé-ro…


L’élève suivit les lèvres de sa professeure pendant qu’elle prononçait les trois mots fatidiques. Guns tentait vainement de cacher son incompréhension mais rien n’échappait à la garde du corps.


Ève : Le boléro comme celui de Ravel ! En même temps…


La garde du corps réalisa que l’ancien enfant des rues n'avait sûrement jamais eu la chance d’écouter la moindre note de musique classique. Elle lui adressa un sourire d’excuse sans lui laisser l’occasion d’en comprendre la raison.


Ève : Si tu écoutes bien ce cours, on passera la soirée tous les deux et je te ferai écouter ma collection de musiques de 1879 à 1979 ! 


Guns sourit en rougissant à l’idée de passer un rendez-vous en tête à tête avec sa professeure. 

Guns : Il s’est passé quelque chose de particulier en 1979 ? 


Ève: Richard Wright a quitté les Pink Floyd. Allez, assez parlé, on a du pain sur la planche !  


La jeune femme donna un coup avec son doigt sur le front de son élève et craqua ses phalanges comme pour se préparer à l’entraînement. 


Ève : Sois bien attentif parce que je ne le dirais qu’une fois ! Le Boléro est une musique qui commence très bas mais progressivement, elle gagne en volume jusqu’à finir en apothéose. Le concept du style de combat que je vais t’apprendre est strictement le même…est-ce-que tu peux frapper dans l’arbre s’il-te-plaît ? Vas-y, de toutes tes forces ! 


Obéissant, le jeune domestique arma son poing comme un héros de jeu de combat. Il asséna un coup maladroit dans le tronc qui l’ignora poliment. L’écervelé agita sa main endolorie dans tous les sens pour chasser la douleur sous le rire moqueur d’Ève. Guns se mordait les lèvres pour ne pas libérer un flot de jurons.


Ève : Ahahahah ! Évite de foncer tête baissée, c’est la première leçon ! Bon, est-ce-que tu sais pourquoi tu t’es fait mal ?


Guns : Parce que tu m’as dit de taper dans l’arbre, holy hell…


Ève : Mais non, je ne te parle pas de “comment” mais de “pourquoi tu t’es fait mal?”. L’arbre ne t'a pas frappé, c’est toi qui lui a donné un coup… 


Guns se laissa tomber lourdement sur l’herbe en oubliant la douleur quelques secondes pour réfléchir à l’énigme que lui posait sa professeure. Devant son silence, la protectrice des Joestar lui donna la solution sans un chouïa de malice.


Ève : C’est une des lois fondamentales de la physique : quand tu fais une action sur un objet, tu entraînes une réaction de même importance. Maintenant, imagine que cette énergie qui t’a fait ressentir cette douleur passe de ton poing droit…


Elle donna un premier coup de poing tout à fait normal. 


Ève : A ton poing gauche.


En se concentrant, sa main fendit l’air dans un bruit faible mais perceptible qui fit sursauter le jeune adolescent. L’instant suivant, la surprise de Guns laissa sa place à un émerveillement comme un enfant découvrant un nouveau jouet.  


Guns : Je peux le faire ! Il faut une certaine façon de frapper ?! Il y a des incantations magiques à faire avant le coup ?! En combien de temps on peut apprendre ça ?!


Pour calmer les ardeurs de son élève, la professeure tapa à nouveau avec son index sur le front du jeune impatient.


Ève : Stop, une seule question à la fois. Le Boléro ne fonctionne qu’avec le poing bien serré. J’ai entendu dire que les premiers maîtres le pratiquaient avec la paume pour gagner en précision mais j’ai toujours eu du mal à croire qu’on puisse se passer d’une puissance aussi colossale. Regarde-moi bien.


Elle se positionna de profil et décomposa lentement son mouvement. Son corps exécutait le coup à la perfection dans une grâce et une fermeté paradoxale. Comme dans une chaîne d’assemblage, chaque muscle, chaque articulation s’activait, l’un après l’autre, le long du bras de l’athlétique garde du corps.


Ève : Le secret du Boléro, c’est le rythme. Il faut dérouler le mouvement comme une partition. Il ne faut rien laisser au hasard. C’est une technique extrêmement difficile à maîtriser mais la récompense vaut le coup : vu que la force du contrecoup est égale à celle de ton coup de poing, le Boléro double de puissance à chaque réussite. Ton deuxième coup est deux fois plus puissant, on l’appelle le “Boléro 1” ; le troisième - le “Boléro 2” - l’est quatre fois plus et, ainsi de suite…Le Boléro 10 par exemple serait…


Guns : 1000 fois plus fort !


Ève : Eh ben, si je m’attendais à ce que tu sois un petit génie du calcul mental !


En signe d’affection, elle ébouriffa les cheveux du jeune garçon dont les joues rougirent malgré lui. 


Ève : Mais si le Boléro demande une qualité, c’est bien la modestie. Si tu veux t’arrêter de monter en puissance, tu peux simplement renoncer et laisser l’énergie s’évacuer lentement de ton bras sous forme de chaleur.  


L’adolescent toucha le biceps d’Ève pour constater une hausse de chaleur le long de son muscle.


Ève : Par contre, si tu es trop imbu de toi-même et que tu essayes d’attendre un Boléro trop élevé…même si ce n’est qu’un 4 ou un 5…si tu échoues, tu recevras le contrecoup et…


Guns : Tout mon bras finira en miettes… 



***



Guns : Je ne peux pas vous affronter, Mademoiselle Shizuka. Je suis chargé de votre protection. Vous vous êtes peut-être attaché à ces kidnappeurs mais ils représentent une menace ! 


Shizuka : Je ne bougerais pas tant que tu n’aurais pas accepté de m’écouter ! 


La patience d’Adam atteignait ses limites. Il regarda droit devant lui en serrant les poings et se dirigea d’un pas décidé vers l’intrus. La silhouette de son Stand enveloppait la sienne, prête à bondir sur le majordome. Son bras commençait à s’écarter de son torse quand Job se jeta sur lui pour le plaquer au sol. 


Adam : Qu’est-ce-qui te prend, le rital ?! Tu es du côté de ce sale pingouin ?! 


Job : Stai zitto, je suis en train de te sauver la vie ! Tu ne te rends pas compte de la force de cet homme… Il a balayé le poisson et moi sans aucune difficulté ! 


Adam : Et tu crois que je vais laisser une gamine prétentieuse négocier avec lui ?! Elle s’en fout des racailles comme toi et moi ! Elle va sûrement décider de retourner dans les jupons en dentelle de sa mère ! 


Job ignora ses blessures pour attraper le jeune homme impulsif au col. Il lui hurla au visage des mots mêlant rage, inquiétude et déception. 


Job : Écoute, je ne sais pas ce qui a pu arriver entre vous là-haut mais la Signorina est en train de sauver ton sale petit cul ! 


Adam : Lâche-moi ! 


Adam le repoussa d’un geste méprisant pour lui faire lâcher prise. Par réflexe, le manieur de Light Butterfly lança un regard à quelques mètres qui se posa sur The Second Law gisant au sol, son manieur inconscient dans ses entrailles. Batya se tenait, quant à elle, à une distance raisonnable pour étudier calmement la situation. Elle avait un mauvais pressentiment. Même si ce domestique ne paraissait pas si fort, quelque chose dans son aura la poussait à ne pas s’approcher de plus près. Ses pupilles vives scrutaient les alentours pour repérer une échappatoire pour Adam et elle. Malheureusement, les bâtiments étaient trop espacés pour se cacher et les caméras de sécurité trop éloignées pour Television Man. 


Batya : J’aurais dû être plus prudente, Monsieur Polnareff avait encore raison. 


En griffant son épaule endolorie, Guns commençait également sérieusement à perdre patience. Sa jeune maîtresse se mettait constamment dans des situations dangereuses et, la seule fois où il pouvait empêcher un malheur de se produire, il fallait qu’il perde son temps en bavardages. 


Guns : Mademoiselle Shizuka, je devrais être au chevet de votre père ! Et vous aussi ! Pourquoi ne voulez-vous pas m’écouter à la fin ?! 


Shizuka : J-je…je ne peux pas te laisser leur faire du mal ! On est presque comme une famille ! 


Guns : Une “famille” mais c’est ridicule, vous ne partagez même pas le même…


Guns réalisa ce qu’il s’apprêtait à dire et s’arrêta. Il agita la tête pour reprendre ses esprits et retrouva son ton calme de majordome.


Guns : Je vous promets de ne pas les blesser…mais vous devez venir avec moi, Mademoiselle Shizuka ! 


Shizuka : J-je ne peux pas ! Je dois rester avec eux ! On touche presque au but ! Je ne peux pas les abandonner comme ça ! Adam a besoin de moi !


Quand Adam entendit ses mots, son cœur se comprima.  Il était trop fier pour l’admettre mais Job avait raison sur les intentions de Shizuka. 


Guns : Vous avez totalement perdu la raison ! Ce sont des criminels ! J’en ai plus qu’assez de vos enfantillages ! Je vais vous ramener de force s’il le faut ! 


Shizuka : Attends, Guns ! Écoute-moi, j’ai un marché à te proposer ! Affronte-moi en duel ! Si je gagne, tu me laisses partir avec eux et tu ne cherches plus à nous retrouver.


Guns : C’est ridicule, je ne veux plus rien en-


Shizuka : Et si tu gagnes, j’accepte de rentrer avec toi et je te jure de ne plus jamais te désobéir ou me mettre en danger d’une quelconque façon ! Je serais la plus gentille fille sur la Terre !


Le majordome s’arrêta quelques secondes pour réfléchir en fermant les yeux. Son visage se froissa comme si un déplaisant souvenir avait envahi son esprit. Il soupira.


Guns : Holy hell, vu que vous avez décidé de jouer les…je veux dire, vu que vous ne semblez pas vouloir écouter ce que j’ai à vous dire, je vais accepter votre petit jeu. De toute façon…


Pendant un instant, à travers les yeux de la jeune fille, la silhouette menaçante du majordome adulte et souriante de sa version adolescente se mélangèrent. L’écho des mêmes mots prononcés des centaines de fois, juste avant de glisser la pièce dans une borne de jeu, vint la hanter. 


Guns : Il n’y a aucune chance que je perde. 


Il claqua des doigts et Love at First Sting donna trois violents coups de pied contre le sol, créant de larges fissures encerclant Adam, Batya, Job et Maneater. Adam, pour défier l’autorité, posa son pied sur la ligne.


Guns : Cela ne devrait pas durer trop longtemps mais, s’il venait l’idée à l’un d’entre vous de vouloir fuir ou de vouloir intervenir…je m’occuperais directement de lui et… je ne retiendrais aucun de mes coups. Et quand je parle de ne pas retenir mes coups…


Une série de 10 coups de poings volèrent, provoquant des détonations de plus en plus violentes à chaque impact. Le stand à épines apparut et donna le onzième coup dans un SUV qui était garé sur le parking. Comme une vulgaire pierre, la voiture ricocha trois fois sur la mare de bitume avant de s’écraser quelques dizaines de mètres plus loin dans une violente éclaboussure de débris de métal et de verre. Guns remit les mains dans ses poches et l’alarme anti-vol de la voiture se mit à crier, accompagnant les mots du musicien du Boléro.


Guns : Je parle sérieusement. 



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